Gouffre de peur, d’effroi
Abîme de douleur
sans fond le mal
à ciel ouvert
à terre fendre
Au plus fort du carnage
Qui d’autre, jusqu’au cœur
peut le sonder
sinon ce cœur
de chair, de pierre
Nôtre?
(François Cheng)
Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2020
Gouffre de peur, d’effroi
Abîme de douleur
sans fond le mal
à ciel ouvert
à terre fendre
Au plus fort du carnage
Qui d’autre, jusqu’au cœur
peut le sonder
sinon ce cœur
de chair, de pierre
Nôtre?
(François Cheng)
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Posted by arbrealettres sur 26 février 2020
Illustration: Laurie Justus Pace
Ô souvenirs ! printemps ! aurore !
Ô souvenirs ! printemps ! aurore !
Doux rayon triste et réchauffant !
– Lorsqu’elle était petite encore,
Que sa soeur était tout enfant… –
Connaissez-vous, sur la colline
Qui joint Montlignon à Saint-Leu,
Une terrasse qui s’incline
Entre un bois sombre et le ciel bleu ?
C’est là que nous vivions, – Pénètre,
Mon coeur, dans ce passé charmant !
Je l’entendais sous ma fenêtre
Jouer le matin doucement.
Elle courait dans la rosée,
Sans bruit, de peur de m’éveiller ;
Moi, je n’ouvrais pas ma croisée,
De peur de la faire envoler.
Ses frères riaient… – Aube pure !
Tout chantait sous ces frais berceaux,
Ma famille avec la nature,
Mes enfants avec les oiseaux ! –
Je toussais, on devenait brave.
Elle montait à petits pas,
Et me disait d’un air très grave :
» J’ai laissé les enfants en bas. »
Qu’elle fût bien ou mal coiffée,
Que mon coeur fût triste ou joyeux,
Je l’admirais. C’était ma fée,
Et le doux astre de mes yeux !
Nous jouions toute la journée.
Ô jeux charmants ! chers entretiens !
Le soir, comme elle était l’aînée,
Elle me disait : » Père, viens !
Nous allons t’apporter ta chaise,
Conte-nous une histoire, dis ! » –
Et je voyais rayonner d’aise
Tous ces regards du paradis.
Alors, prodiguant les carnages,
J’inventais un conte profond
Dont je trouvais les personnages
Parmi les ombres du plafond.
Toujours, ces quatre douces têtes
Riaient, comme à cet âge on rit,
De voir d’affreux géants très-bêtes
Vaincus par des nains pleins d’esprit.
J’étais l’Arioste et l’Homère
D’un poème éclos d’un seul jet ;
Pendant que je parlais, leur mère
Les regardait rire, et songeait.
Leur aïeul, qui lisait dans l’ombre,
Sur eux parfois levait les yeux,
Et moi, par la fenêtre sombre
J’entrevoyais un coin des cieux !
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), aïeul, admirer, affreux, aise, astre, aube, aurore, éclore, éveiller, bête, berceau, bleu, bois, brave, bruit, carnage, chaise, chanter, charmant, ciel, coeur, coiffer, coin, colline, connaître, conte, conter, courir, croisée, doucement, doux, enfant, entendre, entretien, entrevoir, envoler, esprit, famille, fée, fenêtre, frais, frère, géant, grave, histoire, inventer, jeu, jouer, joyeux, matin, mère, nain, nature, oiseau, ombre, ouvrir, paradis, passé, père, pénétrer, personnage, petit, peur, plafond, poème, printemps, prodiguer, profond, pur, rayon, rayonner, réchauffer, regard, rire, rosée, soeur, sombre, songer, souvenir, tête, terrasse, tousser, triste, vaincre, vivre, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 février 2019
Le judicieux conseil
Pourquoi cette rage,
Ô ma chair, tu ne rêves
Que de carnage,
De baisers !
Mon âme te regarde,
En tes joutes, hagarde :
Mon âme ne veut pas
De ces folâtres pas.
Aussi, parmi cette flamme,
Que venez-vous faire,
Ô mon âme !
Ah, laissez
Vos bouquets d’ancolie,
Et faites de façon
Que l’on vous oublie.
(Jean Moréas)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Jean Moréas), ancolie, âme, baiser, bouquet, carnage, chair, conseil, flamme, folâtre, hagarde, joute, oublier, rage, rêver, regarder, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2018
J’ai tant de fois, hélas, changé de ciel,
Changé d’horreur et changé de visage,
Que je ne comprends plus mon propre coeur
Toujours réduit à son même carnage.
(Jules Supervielle)
Posted in poésie | Tagué: (Jules Supervielle), carnage, changer, ciel, coeur, comprendre, horreur, réduit, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 février 2018
Illustration: Nathalie Ragoust
La Clef des Songes
1
Cuisinière ou poétesse
Buss’nessman ou charpentier
Tout l’ monde aime la paresse
Le loisir, le sommeil et rêver
Car le rêve est un spectacle
C’est un billet de faveur
Dont la nuit fait cadeau au rêveur
Fortune qui nous est due
C’est un quotidien miracle
Une nuit sans rêver
Sans aimer
Est perdue.
Refrain 1
La Clef des Songes m’a dit
Rêver d’eau claire
Et de soleil qui resplendit
Ou qu’on perd une molaire
C’est bon signe
Voir un cygne
C’est bon signe
Voir des vignes
C’est bon signe
C’est l’amour le bonheur qui la nuit
Sont venus visiter votre lit
Écoutez la Clef des Songes
Même si c’est des mensonges
Rêvez en dormant
Car le jour on n’a pas le temps.
2
L’autre jour ma p’tite amie
Avec un gros va-nu-pieds
M’a trompé quelle infamie
Je l’ai su, je l’ai épiée
Et le soir dans ma colère
J’achetais un revolver
À six coups, bien en main, pour gangster
Méditant crime et suicide
J’hésitais sur la manière
Dont j’allais me venger
Et juger
La perfide.
Refrain 2
La Clef des Songes m’a dit
Dans son langage
Le lendemain après un’ nuit
De cauch’mars et de carnages
Bon présage
— L’encornage
Bon présage
— Rêver d’cage
Bon présage
Oui l’amour le bonheur cette nuit
Sont venus te bercer dans ton lit
Écoute la Clef des Songes
Et pardonne les mensonges
Pardonne à l’instant.
Car demain il n’ serait plus temps.
3
Au dernier tour de lot’rie
Je n’ai pas gagné un clou
Et j’ai juré sur ma vie
De ne plus risquer un sou
Dans un’ belle tirelire
J’aurais caché en secret
Mes gros sous, mon argent, mes billets
J’aurais amassé fortune
Pour ach’ter ce que j’ désire
Un’ maison un château
Une auto
Ou la lune.
Refrain 3
La Clef des Songes m’a dit
Dans son langage
Le lendemain après un’ nuit
D’additions et de mirage
Bon présage
Héritage
Bon présage
Bon présage
Prends courage
La chance et la fortun’ cette nuit
Sont venues t’inspirer dans ton lit
Écoute la Clef des Songes
Car ce n’est pas un mensonge
Prends l’ billet gagnant
Car demain il n’ sera plus temps.
(Robert Desnos)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Robert Desnos), acheter, addition, aimer, amasser, ami, amour, argent, auto, épier, bercer, billet, bon, bonheur, businessman, cacher, cadeau, cage, carnage, cauchemar, chance, charpentier, château, clair, clef, clou, colère, courage, crime, cuisinier, désirer, devoir, eau, faveur, fortune, gagnant, gagner, gangster, héritage, hésiter, infâmie, inspirer, jour, juger, jurer, langage, lit, loisir, loterie, lune, méditer, mensonge, miracle, mirage, nuit, pardonner, paresse, perdu, perfide, poète, présage, quotidien, rêve, rêver, rêveur, resplendir, revolver, risquer, savoir, se venger, secret, signe, soleil, sommeil, songe, sou, spectacle, suicide, temps, tirelire, tour, tromper, va-nu-pieds, vie, vigne, visiter, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2017
Le muscle de l’espoir
J’ai traversé des seuils rencontré le partage
J’imaginais des sons des saveurs des reflets
J’inventais une durée par-delà tout naufrage
J’ai gravé l’avenir dans la moelle du passé
Je réduisais les murs
Transperçais les enceintes
J’ai aimanté les mots
J’ai dansé le silence
Sur les nervures du temps
J’ai comblé d’herbes
Les gouffres les brèches les failles
Enroulé de soleils la spirale des nuits
Au versant des carnages
J’ai sauvegardé l’oiseau.
(Andrée Chedid)
Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), aimanter, au-delà, avenir, brèche, carnage, combler, danser, durée, enceinte, enrouler, espoir, faille, gouffre, graver, imaginer, inventer, moelle, mot, mur, muscle, naufragé, nuit, oiseau, partage, passé, réduire, reflet, rencontrer, sauvegarder, saveur, seuil, silence, soleil, son, spirale, transpercer, traverser | 4 Comments »
Posted by arbrealettres sur 7 juillet 2017
Il y a des centaines de fenêtres.
Il y a des centaines d’yeux aux fenêtres,
des pupilles sur toutes ces portées de ciment
qui jour et nuit nous regardent.
Soleil, néon, soleil, lumière grise
transpercent tour à tour notre maison de verre
où je te cherche où tu me fuis
où tu te souviens quand j’oublie
où parfois nous nous rejoignons.
Les yeux sont toujours là immobiles et ronds.
Pas de rideaux à nos fenêtres.
Pas de rideaux dans toute la ville.
Les yeux sont toujours là.
Tu es vêtue de nylon rose sur ta peau,
tu es couchée sur le lit qui est comme un plateau.
Des projecteurs s’allument dans la nuit
découvrant mes mains posées sur tes hanches
découvrant ton corps de nylon nu
sous mes mains que je retire
sous mes mains
que je cache derrière mon dos tandis que tu caches ton visage,
que nous tentions mollement d’échapper à cette lueur de carnage,
de gagner l’ombre étroite d’un pan d’acier
où le rayon de feu commence à te fouiller.
(Jean Joubert)
Illustration: Katerina Belkina
Posted in poésie | Tagué: (Jean Joubert), acier, carnage, fenêtres, feu, fouiller, immobiles, néon, nu, nylon, oublier, pupilles, regarder, rideaux, rose, se rejoindre, soleil, souvenir, transpercer, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 juin 2017
LUI :
L’odeur épanouie de ta faim
éveille une envie de carnage
Mon regard s’enflamme en tes yeux
Je deviens un volcan qui bascule !
Que soient balayés la Morale
et les reproches des horloges!
Que soient culbutés en oubli
ceux qui se gardent spectateurs et juges
Je veux brûler dans ta blessure
mon ciel et mon enfer
Que mon désir dardé creuse sa tombe en toi.
ELLE :
Ma main paralysée sur ta vie triomphante
je renais à la joie
Mon tumulte s’enivre à ton odeur de fauve
Le soleil pénètre en moi
m’illumine !
Les trépidations me ravagent
Mes mains s’agrippent à des crinières
Je crie d’amour dans la douleur.
Locomotive emballée
tu brûles les gares
m’oubliant en fumée vivante
derrière toi
Je hurle de faim sauvage
Ton évasion m’affole et m’exaspère
J’ai des visions de comètes et d’usines
Je me disloque et me fragmente
Un vertige agressif m’entraîne
et me béatifie
LUI :
Hors de toi
rien que de la nuit
rien que du vent perdu
du bruit qui s’illusionne
Je nie que j’aie pu vivre hors de tes bras
tel un haut vent dédaigneux des formes
de la terre
Mais
déjà
Voici surgir le cri qui te délivre !
et m’abandonne…
Nous fûmes toujours en plénitude
la flamme et l’eau se mariant en incendie
Sous la neige de ton absence
mon désir est un tison brûlant
Ma fièvre chante et t’appelle
Toi seule me pacifie.
(Pierre Béarn)
Posted in poésie | Tagué: (Pierre Béarn), agressif, appeler, épanoui, évasion, éveiller, basculer, blessure, bruit, carnage, chanter, crier, délivrer, désir, douleur, elle, envie, faim, fièvre, horloge, hurler, illuminer, juge, lui, morale, pacifier, ravager, reproche, sauvage, spectateur, tison, vertige, volcan | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 avril 2017
Les feux de ronces qui tremblaient dans la poussière,
tirant de l’ombre une forêt de chevelures
où des bouches voilées s’entrouvrent et murmurent,
dès que le vent faiblit se fondent dans la terre.
Et vous, filles de ronce et cendres du matin
dont s’offrirent un jour les lèvres, le visage
et le corps étonné aux flammes du carnage,
la nuit de mort déjà s’est couchée sur vos seins.
A peine si je sens votre passage, à peine
si je retrouve en songe votre voix et si
mes mains savent encor le contour attiédi,
après ce grave amour, de votre hanche vaine.
La pluie vous mêle et vous éteint. Il ne demeure
sur la plaine déserte où vous fûtes brasier
– chacune se rêvant flamme d’éternité –
qu’une confuse nuit pleine de vos rumeurs.
(Jean Joubert)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Joubert), éternité, brasier, carnage, cendre, chevelure, feux, fille, forêt, lèvres, mains, mort, murmurer, nuit, ombre, passage, pluie, poussière, ronce, ronces, rumeur, s'offrir, se fondre, seins, trembler, vent, visage, voilées, voix | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 février 2017
HÉLAS !
S’égarer avec toute passion jusqu’à ce que mon âme
Soit un luth et que sur ses cordes puissent jouer
Tous les vents, est-ce pour lui que j’ai délaissé
L’antique et dure sagesse, pour lui que je me pâme ?
ll me semble que la vie, la Loi dont je me réclame,
Je ne sais quels gamins en maraude y ont gribouillé
De folles chansons pour leurs pipeaux et
Leurs violes, qui nous en cachent aujourd’hui le
secret sous les gammes.
J’ai connu des heures pourtant où j’aurais
Escaladé des sommets éblouis et du haut du carnage
Su pincer la corde qu’il entendrait.
Est-ce trop tard ? Las ! Je n’ai pu qu’effleurer
De ma baguette l’ombre du mirage
— Que reste-t-il, mon âme, de ton héritage ?
***
HÉLAS !
To drift with every passion till my soul
Is a stringed lute on with all winds can play,
Is it for this that I have given away
Mine ancient wisdom, and austere control ?
Methinks my life is a twice-written scroll
Scrawled over on some boyish holiday
With idle songs for pipe and virelay,
Which do but mar the secret of the whole.
Surely there was a time I might have trod
The sunlit heights, and from life’s dissonance
Struck one clear chord to reach the ears ofGod :
Is that time dead ? to ! with a little rod
I did but touch the honey of romance—
Andmust I lose a soul’s inheritance ?
(Oscar Wilde)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Oscar Wilde), âme, ébloui, carnage, chanson, corde, délaisser, effleurer, escalader, gribouiller, hélas, héritage, jouer, Loi, luth, maraude, ombre, passion, réclamer, s'égarer, sagesse, se pâmer, sommet, vent, viole | Leave a Comment »