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Posts Tagged ‘caveau’

Que mon flacon me semble bon ! (Charles-François Pannard)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022




    
Que mon
Flacon
Me semble bon !
Sans lui,
L’ennui
Me nuit,
Me suit ;
Je sens
Mes sens
Mourants,
Pesants.
Quand je le tiens,
Dieux ! que je suis bien !
Que son aspect est agréable !
Que je fais cas de ses divins présents !
C’est de son sein fécond, c’est de ses heureux flancs
Que coule ce nectar si doux, si délectable,
Qui rend tous les esprits, tous les coeurs satisfaits.
Cher objet de mes voeux, tu fais toute ma gloire.
Tant que mon coeur vivra, de tes charmants bienfaits
Il saura conserver la fidèle mémoire.
Ma muse, à te louer, se consacre à jamais.
Tantôt dans un caveau, tantôt sous une treille,
Ma lyre, de ma voix accompagnant le son,
Répètera cent fois cette aimable chanson :
Règne sans fin, ma charmante bouteille ;
Règne sans cesse mon cher flacon.

(Charles-François Pannard)

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C’est en moi que tu es enterrée (Richard Rognet)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2020




    
C’est en moi que tu es enterrée, non dans
ce froid caveau devant lequel je passe comme
une ombre que je ne connais pas. En moi,
tu es vivante, même ta mort est vivante,

les merles me le disent, les mésanges aussi,
et les premières pousses des cœurs de
Marie qui prendront le relais des crocus,
des anémones, des primevères. J’ai donné tes

habits, même les plus récents, quelques-uns
sont restés, dont je n’ai pu me séparer, j’ai
donné tes habits comme on offre des fleurs,

mais ils laissent dans ton armoire une place
infinie, parfois si douloureuse qu’il me
semble mourir encore plus loin que toi.

(Richard Rognet)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

 

Recueil: Dans les méandres des saisons
Traduction:
Editions: Gallimard

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JARDIN D’UNE NUIT D’ETE (Gyula Illyès)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2020



 

amandier  [1280x768]

JARDIN D’UNE NUIT D’ETE

La voûte des noyers est sombre comme un caveau,
Comme la vie ;
Mais à travers le feuillage léger d’un amandier
Brille le ciel de minuit,
Ruisselant d’étoiles.

Cet amandier, le plus ancien de tous,
Voilà qu’il a comme fruits des étoiles ;
Eternel est le sens des choses
Mais le regard est enchanté.

Jamais l’infini ne fut si proche,
Jamais ne fut si proche la paix de la mort ;

Et l’enfance luit jusqu’ici
Avec sa lumière dorée d’arbre de Noël.

(Gyula Illyès)

Illustration

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An ollzent (Anthony Lhéritier)

Posted by arbrealettres sur 1 novembre 2019



An ollzent

C’est la Toussaint de ma jeunesse
Mes petits morts, dormez en paix
Dans le caveau de ma paresse
Morts à peu près, pas tout à fait.

Dormez, mes rêves de fortune
Point n’est besoin d’un tas d’écus
Je n’ai pas décroché la lune
Pauvre naquis, pauvre vécus.

Amour, qui peu me fis la guerre
Et toutefois me déconfis
Fais ton bon somme de grand-père
Garde bien clos tes yeux rougis.

Or vous qui tentez de revivre
A me poignarder toujours prêts
Beaux gisants que la nuit délivre
Dormez aussi, vous, mes regrets.

(Anthony Lhéritier)

 

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PLOMB (George Bacovia)

Posted by arbrealettres sur 1 avril 2019



PLOMB

Les lourds cercueils dormaient de leur sommeil de plomb,
Les fleurs de plomb aussi, les habits funéraires —
Dans le caveau le vent sifflait… et solitaire
J’entendais grincer là les couronnes de plomb.

Pour toujours mon amour dormait… Amour de plomb
Couvert de fleurs de plomb. Alors, dans les ténèbres,
Seul près du corps j’ai crié son nom… froid funèbre…
Et ses ailes pendaient, ailes mortes, de plomb.

(George Bacovia)

Illustration

 

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CRÉPUSCULE (George Bacovia)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2019



CRÉPUSCULE

Vois les corbeaux — ah ! les « Corbeaux »
Du poète Demetresco —
Ils passent dans la nuit, s’enfuient
Par-dessus la ville transie,

Et tout au loin ils disparaissent…
Cependant que toute d’argent
Dans le crépuscule d’argent
La lune s’allume et caresse

De rayures couleur d’argent
Le vaste et lugubre caveau…
Ah ! ma chérie, ah ! les « Corbeaux »
Du poète Demetresco…

(George Bacovia)

Illustration

 

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LE CAVEAU DE LA MÉMOIRE (Anna Akhmatova)

Posted by arbrealettres sur 22 mars 2019



LE CAVEAU DE LA MÉMOIRE

Qui dit que je vis tristement s’égare.
Ne crois pas que les souvenirs me rongent.
Je rends peu de visites à ma mémoire,
D’autant qu’elle dit beaucoup de mensonges.

Quand, lampe en main, au caveau je descends,
A chaque fois l’avalanche, il me semble,
Dans l’escalier étroit sourdement gronde.
La lampe fume, il n’y a point de retour,
Je descends chez l’ennemi de toujours ;
Alors, comme une grâce je demande…

Mais là — finie la fête. Tout est éteint.
Les dames sont rentrées il y a trente ans,
De vieillesse est mort le boute-en-train…
Malheur à moi — je suis venue trop tard.
Vrai, je ne peux me montrer nulle part.

Mais j’effleure les ornements du mur,
Je me chauffe à l’âtre. Et, enchantement! —
Dans le moisi, les miasmes, la pourriture
Deux émeraudes vont étincelant
Et un chat miaule. À la maison, rentrons!
Mais où est ma maison ? et ma raison ?

(Anna Akhmatova)

Illustration

 

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TABLEAU D’HIVER (George Bacovia)

Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2019



TABLEAU D’HIVER

Une charogne, un corbeau, moi, un champ…
C’est l’hiver, et la neige tout inonde…
Au loin, la neige et le ciel se confondent
Personne… Neige… il neige tout le temps.

— O corbeau !
A quoi bon une âme près du tombeau…
Isolée en le désert, tristement,
Quand les ans passent je ne sais comment.
O corbeau !
A quoi bon une âme près du tombeau…
— Tu dis vrai !

— O corbeau !
A quoi bon une âme près du tombeau…
Sombre caveau, retards, mensonges,
Est-ce là vie ou est-ce songe ?
O corbeau !
A quoi bon une âme près du tombeau…
— Tu dis vrai !

Il est tard, il neige et tombe la nuit…
Je suis seul, j’écoute…
La ville est là, personne sur la route
Silence, rien, chez moi me revoici !…

(George Bacovia)

Illustration: Jean François Millet

 

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ISIS ERRANTE (Kathleen Raine)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2018



Illustration: Susan Seddon Boulet
    
ISIS ERRANTE

Cela aussi est une expérience de l’âme,
Le monde démembré qui jadis fut le dieu tout entier,
Dont les fragments brisés gisent à présent, morts.
Cette disparition de la réalité elle-même est réelle.

Recueillant sous mon manteau noir les vestiges de la vie
Qui stagnent, déchus, parmi les gens et les lieux,
Je scrute le double désert de ma solitude,
Le monde extérieur mort, et l’esprit stérile.

Jadis Il fut présent, sacré, dans la maison du monde,
Portant le jour comme un vêtement, sa beauté visible
Dans l’homme et le blé lorsqu’Il descendait la rivière fertile.
Il comblait d’amour l’espace de ma nuit.

Je trace le contour de sa main qui disparaît sur un nuage,
Et cela, son sang, coule de la blessure d’un soldat qui meurt.
Dans les champs fracassés son corps est épars, ses membres gisent

Écartelés comme une carlingue naufragée dans le sable.
Son crâne est une cathédrale morte, et les rayons de sa couronne
Brillent dans du fer-blanc et du verre cassé.
Ses yeux bleus se reflètent des lacs dans le ruisseau,
Et sa force est la pierre désolée des cités abattues.

Oh, dans les débris de vaisselle de mes rêves,
Me tournant vers les tessons des jours passés,
Découvrirai-je son visage aimé profané?
Les fonds inexplorés du sommeil sont-ils sa tombe?

Après la fin dangereuse estompée de la nuit
Dans les caveaux de la peur ses os reposent-ils,
Et le dédale du cauchemar mène-t-il vers la puissance qui est là cachée?
Les eaux infernales menaçantes recouvrent-elles le roi ichtien?

Je rassemble les fragments divins dans le mandala
Dont le centre est la puissance créatrice perdue,
Le soleil, le cœur de Dieu, le lotus, l’électron
Qui fait palpiter monde après monde, rayon après rayon
Pour que celui qui vivait au commencement renaisse au dernier jour.

***

ISIS WANDERER

This too is an experience of the soul
The dismembered world that once was the whole god
Whose broken fragments now lie dead.
This passing of reality itself is real.

Gathering under my black cloak the remnants of lift
That lie dishonoured among people and places
I search the twofold desert of my solitude,
The outward perished world, and the barren mind.

Once he was present, numinous, in the bouse of the world,
Wearing day like a garment, bis beauty manifest
In corn and man as he journeyed down the fertile river.
With love he filled my distances of night.

I trace the contour of bis hand fading upon a cloud,
And this bis blond flows from a dying soldier’s wound.
In broken fields bis body is scattered and bis limbs lie
Spreadeagled like wrecked fuselage in the sand.

His skull is a dead cathedral, and bis crown’s rays
Glitter from worthless tins and broken glass.
His blue eyes are reflected from pools in the gutter,
And his strength is the desolate stone of fallen cities.

Oh in the kitchen-midden of my dreams
Turning over the postherds of post days
Shall I uncover his loved desecrated face?
Are the unfathomed depths of sleep his grave?

Beyond the looming dangerous end of night
Beneath the vaults of fear do his bons lie,
And does the mate of nightmare lead to the power within?
Do menacing nether waters cover the fish king?

I piece the divine fragments into the mandala
Wjhose centre is the lost creative power,
The sun, the heart of God, the lotus, the electron
That pulses world upon world, reg upon ray
That he who lived on the first me rire on the hast day.

(Kathleen Raine)

 

Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit

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La Famille Dupanard de Vitry-sur-Seine (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2018



    

La Famille Dupanard
de Vitry-sur-Seine

1
La tribu Dupanard
Les parents les moutards
Habit’nt dans un gourbi
A Vitry
À Vitry-sur-Seine
Ah! quelle veine!

2
Le papa Dupanard
A jadis fait son lard
Au retour d’ Biribi
A Vitry
À Vitry-sur-Seine
Ah! quelle aubaine!

3
La maman Dupanard
S’est rangé’ sur le tard
E11′ buvait des anis
À Vitry
À Vitry-sur-Seine
Ah! quelle haleine!

4
Le p’tit Louis Dupanard
D’habitude couche au quart
Puis il fait son fourbi
A Vitry
À Vitry-sur-Seine
Ah! quell’ vilaine!

5
La Louison Dupanard
A des patt’s de canard
Des poils de ouistiti
A Vitry
À Vitry-sur-Seine
Ah! quell’ Sirène!

6
Au musé’ Dupuytren
Il y en a encor un
Il n’a pas fait son lit
À Vitry
À Vitry-sur-Seine
Ah! quelle peine!

7
Dans l’caveau familial
Ils iront c’est fatal
C’est la mort c’est la vi’
À Vitry
À Vitry-sur-Seine
Ah! quel domaine!

8
Puis on les oubliera
Tôt ou tard c’est comm’ ça!
À Pékin à Paris
A Vitry
A Vitry-sur-Seine
Faridondaine !

(Robert Desnos)

 

Recueil: Les Voix intérieures
Traduction:
Editions: L’Arganier

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