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HOSPES COMESQUE (Marguerite Yourcenar)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2022



Illustration: Ernest Pignon-Ernest
    
HOSPES COMESQUE

Corps, portefaix de l’âme, en qui peut-être croire
Serait plus vain, cher corps, que de ne t’aimer pas;
Coeur sans fin transmuté dans ce vivant ciboire;
Bouche toujours tendue aux plus récents appâts.

Mers où l’on peut voguer, sources où l’on peut boire;
Froment et vin mêlés au rituel repas;
Alibi du sommeil, douce cavité noire;
Inséparable terre offerte à tous nos pas.

Air qui m’emplis d’espace et m’emplis d’équilibre;
Frissons au long des nerfs; spasmes de fibre en fibre;
Yeux sur l’immense vide un peu de temps ouverts.

Corps, mon vieux compagnon, nous périrons ensemble.
Comment ne pas t’aimer, forme à qui je ressemble,
Puisque c’est dans tes bras que j’étreins l’univers ?

(Marguerite Yourcenar)

Recueil: Les charités d’Alcippe
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le virus à maman (Pierre Perret)

Posted by arbrealettres sur 11 janvier 2021




    
Le virus à maman

Avez-vous passé le virus à maman?
Voilà, voilà, comment on s’y prend
La toute première fois on n’pense pas à mal
Aujourd’hui l’virus ça semble banal
On va à l’EHPAD faire des embrassades
À sa pauv’ maman que le dentier fout le camp
En plus d’être cardiaque elle s’paye un cancer
Heureusement pour elle qu’elle a un Alzheimer
Virus passé, pour commencer
T’as des tuyaux plein les trous d’nez
S’il prolifère, là c’est plus moche
T’as plus qu’à faire sonner les cloches
Pour passer l’année sans choper le virus
Voilà, voilà, il faut de l’astuce
Avant qu’il n’attaque faut changer ton masque
Puis te faire tester toutes les cavités
Fais bien le contraire de c’qu’y disent de faire
Car on sait maintenant qu’ils se gourent tout l’temps
Après l’confinement, si y’a moins d’macchabés
Après l’couvre-feu y’a trois fois plus d’bébés
Leur confinement, leur couvre-feu
C’est blanc-bonnet mais pas blanc-bleu
La faute aux jeunes, la faute aux vieux
Faut un coupable, c’est jamais eux
Chez l’grand vizir et ses marquis
T’as l’remonte-pente mais pas les skis
Chez l’jupiter quoiqu’il goupille
On a l’bordel mais pas les filles
À l’Elysée la famille Tuche
Ils nous ont pris pour des nunuches
Vérantanplan et l’Salomon
Ils nous ont pris pour des couillons

(Pierre Perret)

 

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A côté de chaque ligne, il y a un vide (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 5 mars 2019



 

Illustration
    
A côté de chaque ligne, il y a un vide.
Est-ce l’ombre que la ligne projette
ou le modèle qu’elle copie ?
De toute manière, qu’est-ce qui soutient la ligne
et comment ne se perd-elle pas dans le vide ?

Sous chaque couleur, il y a un vide.
Chaque couleur est-elle la naissance d’un abîme
ou seulement sa surface habitable ?
De toute façon, que dit ainsi la couleur
et que dirait-elle s’il n’y avait pas de vide ?

Dans chaque corps, il y a un vide.
Le corps est-il un refuge du néant
ou seulement un malentendu entre ses cavités ?
Mais alors pourquoi, au lieu de corps,
n’y a-t-il pas diverses densités de vide ?

Dans la pensée même est le vide.
Est-il une condition de la pensée
ou est-ce à l’inverse la pensée qui le crée?
Néanmoins, pourquoi tant de fantômes de fantômes
et non le vide en sa plénitude de vide?

(Roberto Juarroz)

Recueil: Nouvelle Poésie Verticale
Traduction: Roger Munier
Editions: Lettres Vives

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Dans la cavité illuminée (Alejandra Pizarnik)

Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2018




Illustration: Vladimir Kush
    
Dans la cavité illuminée
où cet instant est une perle prodigue
j’écoute ma mémoire s’ouvrir éraillée
comme une porte au vent.

Si mourir est mémoire fermée.

Je travaille le silence
je le fais flamme

(Alejandra Pizarnik)

 

Recueil: Approximations
Traduction: Etienne Dobenesque
Editions: Ypfilon

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À part (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2018




Illustration: ArbreaPhotos
    
À part

À part le temps
Et ses rouages
À part la terre
En éruptions
À part le ciel
Pétrisseur de nuages
À part l’ennemi
Qui génère l’ennemi

À part le désamour
Qui ronge l’illusion
À part la durée
Qui moisit nos visages

À part les fléaux
À part la tyrannie
À part l’ombre et le crime
Nos batailles nos outrages

Je te célèbre Ô vie
Entre cavités et songes
Intervalle convoité
Entre le vide et le rien.

(Andrée Chedid)

 

Recueil: Rythmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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Regrets (André Frédérique)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2016


 

L’ouverture de Cora
Le signe de Léda
La denture de Mina
La tenture d’Alida
La cavité d’Elsa
Les replis de Frida
Le col de Virginia
Les secrets de Zina
Tout ça craquera tout ça craquera.

(André Frédérique)

 

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