Agitée sous la charrue
En paix aux jours de repos
La terre.
(Nakamura Kusatao)
Posted by arbrealettres sur 9 mai 2022
Agitée sous la charrue
En paix aux jours de repos
La terre.
(Nakamura Kusatao)
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Posted by arbrealettres sur 12 avril 2020
(Recueil Pages d’écriture)
UN PEU DE LOGIQUE IDIOTE
Avez-vous regardé, à l’horizon, les arbres qui garnissent,
avec une impeccable régularité, le bord d’une route et se
détachent sur le ciel ?
La distance les fait paraître petits, pas plus grands que
la taille humaine, et comme ils sont plantés à intervalles
égaux, ils font penser à une file de soldats en marche.
Droits et nets au long des grands labours, ils sont debout pour
« se faire voir », car enfin, s’ils étaient absents, on ne pourrait
les regarder et, s’ils sont là, c’est pour être à la place
de quelque chose d’absent.
Cette logique rigoureuse donne le coup de poing de la vérité.
Une file d’arbres à l’horizon, c’est une file d’êtres venus là pour
« témoigner » par leur présence, donc pour figurer quelque chose
qui se cache derrière eux ce sont des figurants — d’immobiles
figurants qui défilent dans un douloureux silence.
Or, de cet horizon qui les déguise en soldats, je reviens
vers moi-même et mon regard rencontre en chemin mille petits
obstacles qui sont tous là, eux aussi, pour masquer la nudité
de l’étendue, pour habiter le néant. Tous viennent également
« figurer », comblant leur présence, remplaçant leur absence.
L’un figure un ruisseau, l’autre un oiseau, l’autre une charrue,
un mur, un toit, un chou, une boîte de conserve abandonnée…
Et moi-même, je vous le demande, que suis-je ?
Que suis-je, bon sang ? Que suis-je ? Que sommes-nous ?
De quelle armée en marche sommes-nous les avant-postes ?
De quel gouvernement sommes-nous les délégués ? De quel
opéra sommes-nous les figurants ? Permettez : j’interroge,
rien de plus. Je ne suis d’ailleurs pas le premier.
Adieu, arbres de l’horizon. Piétinez le sol en cadence et
chantez sans bouger : « Partons ! Partons ! Partons ! » La question
reste et vous ne m’avez pas répondu.
(Jean Tardieu)
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Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2018
FÊTE AUX VILLAGES
Le matin, nous passerons
— Nous deux, le cousin Alphonse —
Nos joues à la pierre ponce
Et puis nous emprunterons
Le char-à-bancs du Léonce.
A la fête nous irons
– Nous deux, le cousin Alphonse —
Pour manger des macarons
Poursuivre des laiderons
Jusqu’au coeur des haies de ronces,
Tirer à la loterie
– Nous deux, le cousin Alphonse —
Pour des vases compliqués
Pour qu’au fond un oeil y rie
De nos culs alambiqués.
Le soir nous nous saoulerons
– Nous deux, le cousin Alphonse —
Dans les fossés roulerons
Au jour les jôs chanteront,
Nous n’y ferons point réponse !
L’endemain nous reprendrons
– Nous deux, le cousin Alphonse-
La charrue les mancherons
Et nous nous dessoulerons
Sur la terre où l’on enfonce
Quelle vie que nous vivons
– Nous deux, le cousin Alphonse !
(Maurice Fombeure)
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Posted by arbrealettres sur 2 novembre 2018
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Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2018
LES ÉCOLIERS
Sur la route couleur de sable
En capuchon noir et pointu,
Le « moyen », le « bon », le « passable »
Vont, à galoches que veux-tu
Vers leur école intarissable.
Ils ont dans leur plumier des gommes
Et des hannetons du matin,
Dans leurs poches, du pain, des pommes,
Des billes, ô précieux butin
Gagné sur d’autres petits hommes.
Ils ont la ruse et la paresse
— Mais l’innocence et la fraîcheur
Près d’eux les filles ont des tresses
Et des veux bleus couleur de fleur
Et de vraies fleurs pour la maîtresse.
Puis, les voilà tous à s’asseoir
Dans l’école crépie de lune,
On les enferme jusqu’au soir
Jusqu’à ce qu’il leur pousse plume
Pour s’envoler. Après, bonsoir !
Ça vous fait des gars de charrue
Qui fument, boivent le gros vin,
Puis des ménagères bourrues
Dosant le beurre et le levain.
Billevesées, coquecigrues,
Ils vous auront connues en vain
Dans leurs enfances disparues !
(Maurice Fombeure)
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Posted by arbrealettres sur 27 avril 2018
Anjela Duval
Poèmes de nuit, poèmes de jour
Si j’écris à l’ombre de ma lampe
Des vers maladroits et creux
Avec ce petit outil mal assuré dans ma main lasse
Si j’écris le soir au dos d’enveloppes
Des poèmes humbles : camelote
Où l’on ne trouve que des fleurs sauvages…
Et quelques miettes d’amour.
Car tout cela je le fais pour ceux que j’aime.
Mais j’écris, moi, d’autres poèmes
Et ce n’est pas à l’ombre de ma lampe
Mais à la lumière du soleil
Ce n’est pas au dos d’enveloppes
Mais sur la poitrine nue de Celui que j’aime
Sur la peau nue du Pays que j’aime
Ce n’est pas avec un outil que j’écris
Mais avec des instruments d’acier.
Je ne parle pas de lance ou d’épée
Mes instruments sont de paix et de culture.
Je n’écris pas des vers de douze pieds
En comptant sur mes doigts
Mais de douze fois douze enjambées… et plus.
Mes vers, je les écris avec l’acier tranchant de ma faux
Andain après andain dans les cheveux blonds de mon Pays
Le soleil en fait des poèmes aromatiques
Que mes vaches ruminent pendant les nuits d’hiver
Mes vers je les écris avec le soc de la charrue
Dans la chair vivante de ma Bretagne, sillon après sillon
— J’y dissimule des graines d’or —
Le Printemps en fera des poèmes :
Mers d’émeraude ondulant dans la brise
L’été en fera des étangs d’épis
Le vent d’août les mettra en musique
Et le chœur de la batteuse me chantera
Les journées ardentes du huitième mois
Les journées de peine de poussière de sueur.
Mes Poèmes sacrés et… méprisés !
(Anjela Duval)
Posted in poésie | Tagué: (Anjela Duval), aimer, amour, andain, ardent, écrire, émeraude, épée, batteuse, brise, camelote, chair, chanter, charrue, choeur, creux, culture, dissimuler, enjambée, enveloppe;poème, faux, fleur, graine, humble, instrument, jour, journée, lampe, lance, las, lumière, main, maladroit, mépriser, mer, miette, musique, nu, nuit, ombre, onduler, outil, paix, parler, plante, poème, poitrine, poussière, sacré, sillon, soc, soleil, sueur, vache, vent, vers | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 février 2018
VOCATION
Jeune fille du caboulot,
De quel pays es-tu venue
Pour étaler ta gorge nue
Aux yeux du public idiot?
Jeune fille du caboulot,
Il te déplaisait au village
De voir meurtrir, dans le bel âge
Ton pied mignon par un sabot.
Jeune fille du caboulot.
Tu ne pouvais souffrir
Nicaise,
Ni les canards qu’encor niaise
Tu menais barboter dans l’eau.
Jeune fille du caboulot,
Né penses-tu plus à ta mère,
A la charrue, à ta chaumière?…
Tu ne ris pas à ce tableau.
Jeune fille du caboulot,
Tu préfères à la charrue
Écouter les bruits de la rue
Et nous verser l’absinthe à flot.
Jeune fille du caboulot,
Ta mine rougeaude était sotte,
Je t’aime mieux ainsi, pâlotte,
Les yeux cernés d’un bleu halo.
Jeune fille du caboulot,
Dit un sermonneur qui t’en blâme,
Tu t’ornes le corps plus que l’âme,
Vers l’enfer tu cours au galop.
Jeune fille du caboulot.
Que dire à cet homme qui plaide
Qu’il faut, pour bien vivre, être laide,
Lessiver et se coucher tôt?
Jeune fille du caboulot,
Laisse crier et continue
A charmer de ta gorge nue
Les yeux du public idiot.
(Charles Cros)
Posted in poésie | Tagué: (Charles Cros), absinthe, blâmer, caboulot, canard, charrue, chaumière, continuer, crier, déplaire, enfer, gorge, halo, idiot, jeune fille, laide, lessiver, mère, meurtrir, niaise, nue, plaider, public, rougeaude, sermonneur, sotte, souffrir, village | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2017
Illustration: William Blake
Proverbes de l’Enfer (1)
Étudie au temps des semailles, enseigne à la moisson,
amuse-toi en hiver.
Fais passer ta charrette et ta charrue sur les os des morts.
Le chemin de l’excès mène au palais de la sagesse.
La Prudence est une vieille fille, riche et laide,
courtisée par l’Impuissance.
Qui désire et n’agit pas engendre la peste.
Le ver coupé pardonne à la charrue.
Plonge dans la rivière celui qui aime l’eau.
Un sot ne voit pas le même arbre qu’un sage.
Celui dont le visage est sans lumière
ne deviendra jamais étoile.
***
In seed time learn, in harvest teach, in winter enjoy.
Drive your cart and your plow over the bones of the dead.
The road of excess leads to the palace of wisdom.
Prudence is a rich ugly old maid courted by Incapacity.
He who desires but acts not, breeds pestilence.
The cut worm forgives the plow.
Dip him in the river who loves water.
A fool sees not the same tree that a wise man sees.
He whose face gives no light, shall never become a star.
(William Blake)
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Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2017
PAYSANNES EN VILLE
Par la pluie et la boue elles sont descendues
Des coteaux où l’ajonc est tondu par la dent
Du bétail et, les doigts gênés par des gants blancs,
Puissantes, elles ont l’allure des charrues.
(Francis Jammes)
Posted in poésie | Tagué: (Francis Jammes), ajonc, allure, bétail, charrue, coteau, dent, descendue, gant, paysanne, pluie, ville | Leave a Comment »