Le soleil tapait
sérieusement
j’ai enlevé mon tee-shirt
mes chaussures
mes chaussettes
et j’ai posé sur ma tête
ce chapeau ridicule
de coupeur de coton
l’herbe sentait bon l’herbe
des fourmis couraient
sur les dalles chaudes
j’ai attrapé un livre
et je me suis couché
sur la pelouse
un bourdon s’est envolé
du coeur éclatant
d’une fleur de pissenlit
près de mon oreille
rien
de
moins
(Thomas Vinau)
Recueil: Juste après la pluie
Traduction:
Editions: Alma
« Il vaut mieux montrer que raconter» dit-on, et je suis d’accord :
alors voilà, regardez mon corps nu, dont
je ne vous dirai rien, et voilà mon âme nue,
dans laquelle je sauterai à pieds joints vêtu
seulement de mes chaussettes, les rouge vif qui font
des étincelles tandis que je file vers ses profondeurs.
(Ron Padgett)
Recueil: On ne sait jamais
Traduction: Claire Guillot
Editions: Joca Seria
Habiter une chambre, qu’est-ce que c’est?
Habiter un lieu, est-ce se l’approprier?
Qu’est-ce que s’approprier un lieu?
A partir de quand un lieu devient-il vraiment vôtre?
Est-ce quand on a mis à tremper ses trois paires de chaussettes
dans une bassine de matière plastique rose?
Est-ce quand on s’est fait réchauffer des spaghettis
au-dessus d’un camping-gaz?
Est-ce quand on a utilisé tous les cintres dépareillés de l’armoire-penderie?
Est-ce quand on a punaisé au mur une vieille carte postale
représentant le Songe de sainte Ursule de Carpaccio?
Est-ce quand on y a éprouvé les affres de l’attente,
ou les exaltations de la passion,
ou les tourments de la rage de dents?
Est-ce quand on tendu les fenêtres de rideaux à sa convenance,
et posé les papiers peints, et poncé les parquets?
Ce soir
Ce soir ou un autre
La corde
Pour rire cinq cents personnes
Et la corde
Qu’est-ce qu’on fera d’un mort
Qu’est-ce qu’on fera de cet idiot qui s’est tué
Comme ça avec toutes les lampes allumées
La corde et la fausse note
Mais dans la roulotte arrêtée
Un soir
Pas d’allumette sous le réchaud
Pas de visage dans la cuvette
Le pied qui manque
Les chaussettes vertes
Cinq cents personnes
La corde.
(René Guy Cadou)
Recueil: Poésie la vie entière
Traduction:
Editions: Seghers
Promenons-nous dans les bois
Pendant que le loup n’y est pas.
Si le loup y était
Il nous mangerait
Mais comme il n’y est pas,
Il nous mangera pas.
Loup y es-tu ?
Entends-tu ?
Que fais-tu ?
Je mets ma culotte.
Je mets mes chaussettes (…)
Je prends mon fusil et j’arrive….