Je sais qu’c’est pas vrai mais j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans
Ça fait bientôt quinze ans que j’ai dix ans
Ça paraît bizarre mais
… Si tu m’crois pas, hé
Tar’ ta gueule à la récré
… J’ai dix ans
Je vais a l’école et j’entends
De belles paroles doucement
Moi je rigole, cerf-volant
Je rêve, je vole
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Le mercredi je m’balade
Une paille dans ma limonade
Je vais embêter les quilles à la vanille
Et les gars en chocolat
… J’ai dix ans
Je vis dans des sphères où les grands
N’ont rien à faire, j’vois souvent
Dans des montgolfières, des géants
Et des petits hommes verts
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… J’ai dix ans
Des billes plein les poches, j’ai dix ans
Les filles c’est des cloches, j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Bien caché dans ma cabane
Je suis l’roi d’la sarbacane
J’envoie des chewing-gums mâchés à tous les vents
J’ai des prix chez le marchand
… J’ai dix ans
Je sais que c’est pas vrai mais j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans
Ça fait bientôt quinze ans que j’ai dix ans
Ça paraît bizarre mais
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Si tu m’crois pas
T’ar ta gueule
À la récré
T’ar ta gueule
Il était une dame tartine,
Dans un beau palais de beurre frais,
La muraille était de praline,
Le parquet était de croquet,
La chambre à coucher,
De crème de lait,
Le lit de biscuits,
Les rideaux d’anis.
Elle épousa monsieur Gimblette
Coiffé d’un beau fromage blanc
Son chapeau était de galette
Son habit était d’vol-au-vent
Culotte en nougat,
Gilet d’chocolat,
Bas de caramel,
Et souliers de miel.
Leur fille, la belle Charlotte,
Avait un nez de massepain,
De superbes dents de compote,
Des oreilles de craquelin.
Je la vois garnir,
Sa robe de plaisirs
Avec un rouleau
De pâte d’abricot.
Le puissant prince Limonade
Bien frisé, vient lui faire sa cour
Ses longs cheveux de marmelade
Ornés de pommes cuites au four
Son royal bandeau
De petits gâteaux
Et de raisins secs
Portait au respect.
On frémit en voyant sa garde
De câpres et de cornichons
Armés de fusils de moutarde
Et de sabre en pelure d’oignons
Sur de drôles de brioches
Charlotte vient s’asseoir,
Les bonbons d’ ses poches
Sortent jusqu’au soir.
Voici que la fée Carabosse,
Jalouse et de mauvaise humeur,
Renversa d´un coup de sa bosse
Le palais sucré du bonheur
Pour le rebâtir,
Donnez à loisir,
Donnez, bons parents,
Du sucre aux enfants.
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
Mon âne, mon âne
a bien mal à sa tête,
Madame lui fait faire
un bonnet pour sa tête,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.
Mon âne, mon âne
a bien mal aux oreilles,
Madame lui fait faire
une paire de boucles d’oreille,
Une paire de boucles d’oreille,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.
Mon âne, mon âne
a bien mal à ses yeux,
Madame lui fait faire
une paire de lunettes bleues,
Une paire de lunettes bleues,
Une paire de boucles d’oreille,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.
Mon âne, mon âne
a mal à l’estomac,
Madame lui fait faire
une tasse de chocolat.
Une tasse de chocolat,
Une paire de lunettes bleues,
Une paire de boucles d’oreille,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
On veut du nougat et du chocolat,
Des bonbons au citron, des stylos,
Des poupées gentilles
Pour les petites filles
Et, pour les garçons
Des lapins qui sont
Sauteurs et polissons.
On vend de tout :
Des toutous blancs
Qui se tiennent debout,
Tout tremblants,
Des arlequins, des cailles qui rient
Et tout un lot de quincaillerie.
Dans les pharmacies,
Dans les pharmacies,
On entend parfois cet ordre sec :
« Garçon! Des petits pois ou un bifteck
Ou des choux farcis. »
Dans les pharmacies.
Ces pharmacies-là
Sont celles du Canada
Où l´on prend ses repas, parfois, par-ci, par-là.
On y vend aussi des pilules, mais sachez
Que la vente des cachets est un peu cachée,
Car ici, ce n´est pas un crime
De commander un ice-cream
Où l´on ajoute un peu de soda,
Mais des remèdes, on n´en voit pas.
Dans les pharmacies,
Dans les pharmacies,
J´entre par hasard et, le plus bizarre,
Je n´en sors qu´après deux heures et quart,
Les poches gonflées
De pommes soufflées,
De rasoirs à main
En duralumin,
De mille produits humains.
Un phonographe immense et lourd
Y joue des chansons d´amour
Et pour vingt cents, on peut entendre
Un baryton à voix tendre.
Les oiseaux sont couchés dans leur nid
Et moi, je suis couché dans mon lit.
Il fait froid ce soir, il fait nuit,
Alors tendrement, je dis :
« Bonne nuit, bonne nuit, Suzy.
Bonne nuit, bonne nuit, Suzy,
Suzy, oh oui, bien sûr.
Certainement, oui, bonne nuit,
Bonne nuit, Suzy jolie… euh…
Bonne nuit. »
{Off: C´est une chanson qui s´appelle « Bonne nuit Suzy »}
Dans les pharmacies,
Dans les pharmacies,
Je suis très heureux
Car j´y viens joyeux parler français
pt ce plaisir-là est unique là-bas,
Dans les pharmacies
Si, si, si bémol…
Du Canada.
Une fillette brune qui n’a plus qu’un bras
Le tend sans conviction vers le soldat qui passe.
Il a perdu son casque et sous ses cheveux ras
Sa pensée s’éparpille, inconséquente et lasse.
Il lui vient un moment à l’esprit le désir
De donner une tablette de chewing-gum
Ou de chocolat à l’enfant pour son plaisir
Mais sent l’inanité d’un geste minimum.
Il se penche et saisit dans ses deux grosses pattes
Doucement le petit corps malingre et meurtri.
Le grand soldat roux s’assoit sur un tas de lattes,
Près d’un mur effondré, et bientôt il sourit
A l’infirme sur ses genoux en l’embrassant
Puis sort son pistolet, appuie sur la gâchette,
Visant au sein l’orpheline au coeur innocent,
Et se tire ensuite une balle dans la tête.
Maman est actrice de cinéma.
Elle est belle comme les images de chocolat
Et l’on voit souvent
Des hommes qui se tuent pour l’embrasser sur les dents!
Mais à force, ce n’est plus maman.
A force de la voir
Avec un tas de gens qui ont un tas d’histoires
Avec un tas de gens que je ne connais pas
Et qui ont toujours l’air de l’aimer plus que moi
A force, ce n’est plus maman.
Et les soirs qu’elle vient me border
Encore toute peinturlurée
Dans une robe avec des voiles comme un grand navire,
Vite je lui souris et fais semblant de dormir.
Alors elle s’envole sur la pointe des pieds
Et je puis tranquillement pleurer
Sous les draps
Pour que le monde entier ne m’entende pas.
Les champs de blés mauves et les près rouge sang
Le tronc des arbres bleu le feuillage ocre ou brun
Les agneaux verts les chèvres jaunes et les vaches argentées
Le ruisseau de mercure et la mare de plomb
La ferme en sucre roux l’étable en chocolat
Pourquoi pas pourquoi pas pourquoi pas pourquoi pas
Tu me dis baluchon ça veut dire grosse bête.
Fourbi ? C’est un poisson. Lézard ? Saule pleureur.
Les mots ne savent plus où donner de la tête :
friture de fourbis, ou lézard rose en fleurs ?
Suppose et supposons une supposition
que le mot ver luisant se prononce escarcelle,
que le mot chocolat se prononce violon,
que le mot tirelire se prononce hirondelle.
Est-ce escarcelle ou escargot ? Est-ce cargo
ou tire-l’air, ou tire-l’eau, ou tire-d’aile ?
Est-ce chacal ou chocolat ? Est-ce hirondelle ? Est-ce rondeau?
Est-ce vol-au-vent ? Est-ce violoncelle ?
Les dictées tout à coup ont un air bien bizarre.
On regarde voler les tirelires en l’air,
On regarde briller l’escarcelle très tard,
On mange à son goûter du pain et du violon.
Si on commence à faire trop de suppositions
tout s’en va de travers et rien ne va plus droit
personne ne demande aux mots la permission
et je signe Hérisson – qui veut dire Claude Roy.
(Claude Roy)
Recueil: Le rire en poésie
Traduction:
Editions: Gallimard