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Posts Tagged ‘choyer’

Neige (Béatrice Bastiani-Helbig)

Posted by arbrealettres sur 20 août 2022



 

Illustration
    

Neige

Maman venait nous réveiller,
Elle disait : « Il a neigé ! »
Et nous courions à la fenêtre
Mais le savions déjà peut-être

A cause des bruits étouffés
(Tout alentour était silence).
Notre bonheur était immense
Et nous sortions emmitouflés.

Nous nous lancions dans la bataille,
Nous défendant vaille que vaille,
Et nous poussions des cris de joie.
Nous n’avions que faire du froid.

Pour moi, la neige, c’est l’enfance,
La beauté, l’émerveillement.
Mais ce peut être la souffrance
De celui qui pleure en marchant.

Il a fui son pays en guerre,
A traversé bien des contrées,
Il a risqué sa vie en mer
Et parcourt la montagne à pied.

Il n’a jamais connu la neige,
Il n’a jamais connu le froid.
Il prie son dieu : « Allah, où vais-je ?
Allah, prends pitié, guide-moi ! »

Oh ! Qu’elle est loin, notre innocence !
Nous ignorions la cruauté
Et ne mesurions pas la chance
Que nous avions d’être choyés.

(Béatrice Bastiani-Helbig)

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AUX PETITS ENFANTS (Alphonse Daudet)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2020




    
AUX PETITS ENFANTS.

Enfants d’un jour, ô nouveau-nés,
Petites bouches, petits nez,
Petites lèvres demi-closes,
Membres tremblants,
Si frais, si blancs,
Si roses !

Enfants d’un jour, ô nouveaux-nés,
Pour le bonheur que vous donnez,
À vous voir dormir dans vos langes,
Espoir des nids
Soyez bénis,
Chers anges !

Pour vos grands yeux effarouchés
Que sous vos draps blancs vous cachez.
Pour vos sourires, vos pleurs même,
Tout ce qu’en vous,
Êtres si doux,
On aime ;

Pour tout ce que vous gazouillez,
Soyez bénis, baisés, choyés,
Gais rossignols, blanches fauvettes ;
Que d’amoureux
Et que d’heureux
Vous faites !

Lorsque sur vos chauds oreillers,
En souriant vous sommeillez,
Près de vous, tout bas, ô merveille !
Une voix dit :
« Dors, beau petit ;
Je veille. »

C’est la voix de l’ange gardien ;
Dormez, dormez, ne craignez rien,
Rêvez, sous ses ailes de neige :
Le beau jaloux
Vous berce et vous
Protège.

Enfants d’un jour, ô nouveau-nés,
Au paradis, d’où vous venez,
Un léger fil d’or vous rattache.
À ce fil d’or
Tient l’âme encor
Sans tache.

Vous êtes à toute maison
Ce que la fleur est au gazon,
Ce qu’au ciel est l’étoile blanche,
Ce qu’un peu d’eau
Est au roseau
Qui penche.

Mais vous avez de plus encor
Ce que n’a pas l’étoile d’or,
Ce qui manque aux fleurs les plus belles :
Malheur à nous !
Vous avez tous
Des ailes.

(Alphonse Daudet)

 

Recueil: Les amoureuses
Traduction:
Editions:

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Animal (Jacques Chessex)

Posted by arbrealettres sur 26 mars 2019



Illustration: Pascal Renoux
    
Animal

Madame un jour je caressais quelque pelage
D’égaré ou de fantasque au soleil poudreux
C’était un chat soyeux, tigre ou chat des chartreux
Qu’importe si ce chat était tendre ou sauvage

Ou si le nombre des félins par moi flattés
Dépasse le millier par toutes les années
Où j’ai choyé leur patience illimitée
Dans tellement de fourrures et de fumets

Que je les confonds tous, parfum fort et souplesse
Dans le même creuset où leur ardeur se coule
Mais ce jour-là c’est la toison de toi,
Maîtresse

Qui s’est creusée à mes doigts souples sur la fente
Où l’animal cède à la rondeur de la pente
Sûre de sa ferveur et d’humidité soûle

(Jacques Chessex)

 

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BLASON SECRET (Jacques Chessex)

Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2018



BLASON SECRET

Si dans le pli quadruple moire
La lèvre a ce cours clair et fauve
Encore caché, la quatrefeuille
Jardin à choyer buissonneux

Si la bouche appliquée à Bouche
Où ne trouver dents ni palais
La langue allant dans la claire ombre
Et l’odeur de mer, son travail

Ô mort toi tu n’auras ce lait
Qu’après le sonnet, soie du jour
Au creux de la cuisse l’enclos
Printanier de Secrète chose
Je me voue à ta braise rose
Caverne où mourir, chant dispos

(Jacques Chessex)

Illustration: Paul Avril

 

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Assieds-toi (Robert Creeley)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2018



 

beignet

Assieds-toi. Mange
un beignet.

La constance de l’amour
me choie.

(Robert Creeley)

Illustration

 

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CHOSES À EMPOIGNER ET CHOYER (Chawqi Baghdadi)

Posted by arbrealettres sur 31 mai 2018



 

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CHOSES À EMPOIGNER ET CHOYER

Il est certaines choses…

Je ne cherche pas à percer les secrets
Si j’entre dans la caverne surveillée
et franchis des murs
je ne cède à l’opium
ni ne m’abandonne aux rêves des marchands
Je sais…
Il est des portes verrouillées
des coursiers à l’inflexible croupe
des galaxies refusant le retour
des femme ignorantes de l’amour
des hommes aux sourires creux
Ce que je cherche
Je ne sais
Il est certaines choses…
Pain cuit à point
amour très pur

Certaines choses qui adviennent…
Partage entre les enfants
sincérité dite avant la mort
fleur sauvage
pointant dans la fange d’une tranchée
et donnant vaillance au combattant
histoire d’amour
née dans l’effroi
et survivant aux armes

Certaines choses qui adviennent…
Si ma main pouvait s’étendre
ne point sombrer dans l’abîme
je saisirais un appui
moi qui vacille sur l’étroite passerelle
poussé
dépassé
piétiné par un cheval
rejeté par une femme
quand un soir
je lui vouai
corps et folie
Il est des choses
qui ne peuvent grandir
sans voix pour les animer
dans tant de bruit
flûte unique
langage secret
coeur se souvenant

Il est certaines choses qui adviennent
que révèle ce monde
que nous empoignons
ne lâchons
choyons faisons croître
et offrons ailleurs.

(Chawqi Baghdadi)

Découvert chez Lara ici

Illustration: ArbreaPhotos

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Comment, ô mort, avoir peur de toi ? (Juan Ramón Jiménez)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2017



 

Hans Baldung Grien (7)

Comment, ô mort, avoir peur
de toi ? N’es-tu point ici avec moi, au travail ?
N’es-tu pas sur mes yeux, ne dis-tu pas
que tu ne sais rien, que tu es creuse,
inconsciente, pacifique ? Ne jouis-tu pas,
avec moi, de tout : gloire, solitude,
amour, jusqu’à la moelle ?
N’es-tu point là à supporter,
ô mort, debout ma vie ?
Ne suis-je pas l’enfant, ô aveugle,
qui te suit et te guide ? Ne répètes-tu pas
de ta bouche passive
ce que je veux que tu dises ? Ne supportes-tu pas
esclave, ma bonté qui t’oblige ?
Que verras-tu, que diras-tu, où iras-tu
sans moi ? Ne serai-je pas,
ô mort, ta mort, que toi, ô mort,
tu dois craindre, choyer, aimer ?

***

¿Cómo, muerte, tenerte
miedo? ¿No estás aquí conmigo, trabajando?
¿No te toco en mis ojos; no me dices
que no sabes de nada, que eres hueca,
inconsciente y pacífica? ¿No gozas,
conmigo, todo: gloria, soledad,
amor, hasta tus tuétanos?
¿No me estás aguantando,
muerte, de pie, la vida?
¿No te traigo y te llevo, ciega,
como tu lazarillo? ¿No repites
con tu boca pasiva
lo que quiero que digas? ¿No soportas,
esclava, la bondad con que te obligo?
¿Qué verás, qué dirás, adónde irás
sin mí? ¿No seré yo,
muerte, tu muerte, a quien tú, muerte,
debes temer, mimar, amar?

(Juan Ramón Jiménez)

Illustration: Hans Baldung Grien

 

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Pas de destin (Hölderlin)

Posted by arbrealettres sur 28 août 2015



Pas de destin : les dieux du ciel
Vivent comme l’enfant qui dort
Chaste enclose
En un simple bourgeon
Fleurit leur âme en
Eternité
Et leurs yeux bienheureux
Ne voient que paisible,
Eternelle clarté.

Mais nous, notre sort,
Ce n’est nulle part de repos,
Ils souffrent, les hommes
Ils passent et tombent
Pris et jetés
D’une heure dans l’autre
Comme de récif en
Récif l’eau aveugle,
Tout au long des années
Dans l’incertain ils choient.

(Hölderlin)

 

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