Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘chronique’

La route des fourmis (Constantin Abaluta)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022




    
La route des fourmis

par la maison de ma tante passe la route des fourmis,
cette route ancestrale attestée par les chroniques de l’Orient.
Les fourmis montent du jardin de la voisine, le long d’une lézarde dans le mur.
Dans la salle de bains, elles valsent sur les dalles blanches et bleues,
traversent le panier à linge, la paroi et soudain, dans le salon,
elles défilent sur le cadre doré de la glace ronde.

***

(Constantin Abaluta)

Traduction de Carl Norac et d’Annie Bentoïu

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

La théorie de M. Sörensen (Karen Blixen)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2017




    
Seuls, quelques amis intimes connaissaient la théorie de M. Sörensen,
selon laquel les êtres humains éviteraient de commettre nombre d’actes indignes d’eux,
s’ils voulaient bien prendre l’habitude de parler en vers.

« Ce n’est pas exactement la rime qui s’impose, disait-il,
non, le langage ne devrait pas nécessairement rimer ;
le vers rimé n’est à la longue qu’une attaque sournoise
contre le caractère essentiel de la poésie.

C’est en vers blancs, non rimés,
que nous devrions exprimer nos sentiments
et communiquer les uns avec les autres.

La grossièreté de notre nature cède à l’influence des ïambes,
qui lui prêtent leur noblesse, et séparent diligemment
dans le langage humain le métal précieux
de la monnaie de billion du bavardage
et de la chronique scandaleuse. »

Dans les grands moments de sa vie,
M. Sörensen pensait en vers.

(Karen Blixen)

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Chronique (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2016



 

Alexander Deineka nayomnik_interventov

Chronique

… Et comme il refusait d’avancer
il fut abattu sur le seuil
à coups de crosses de fusil. D’autres,
pour avoir essayé de fuir,
tombèrent au-delà des collines. D’autres encore,
tirés hors du lit au petit jour
furent enfermés dans des granges
et le fracas du feu étouffa leurs cris.
Dans la ville on mourait pour avoir parlé,
ailleurs pour avoir gardé le silence
et l’aube se leva sur une terre calcinée,
la pluie la fumée et les débris
avaient effacé les frontières,
causes de tout mal.
Cependant,
de l’autre côté de la mer,
alors que de nouveaux massacres
couvaient lentement sous la cendre des ancêtres,
les jeunes filles chantaient dans les églises.

(Jean Tardieu)

Illustration: Alexander Deineka

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :