A l’orée du jour chuchote une pluie douce
Chaque goutte d’eau semble encore hésiter
puis s’enhardit, les doigts nombreux de l’averse
tambourinent légèrement la terre qui avait soif
Renverser le visage laisser la pluie ruisseler
sur le front les joues boire les gouttes d’eau
fermer les yeux et ne plus rien désirer d’autre.
(Claude Roy)
Recueil: Poèmes de Claude Roy
Traduction:
Editions : Bayard Jeunesse
Si j’ai parlé
De mon amour c’est à l’eau lente
Qui m’écoute quand je me penche
Sur elle ; si j’ai parlé
De mon amour, c’est au vent
Qui rit et chuchote entre les branches ;
Si j’ai parlé de mon amour, c’est à l’oiseau
Qui passe et chante
Avec le vent ;
Si j’ai parlé
C’est à l’écho.
Si j’ai aimé de grand amour,
Triste ou joyeux
Ce sont tes yeux ;
Si j’ai aimé de grand amour,
Ce fut ta bouche grave et douce,
Ce fut ta bouche ;
Si j’ai aimé de grand amour,
Ce furent ta chair tiède et tes mains fraîches:
Et c’est ton ombre que je cherche.
(Henri de Régnier)
Recueil: Poèmes par coeur
Traduction:
Editions: Seghers
Nous sommes allongés
Sur l´herbe de l´été.
Il est tard.
On entend chanter
Des amoureux et des oiseaux.
On entend chuchoter
Le vent dans la campagne.
On entend chanter la montagne.
J´ai ta main dans ma main.
Je joue avec tes doigts.
J´ai mes yeux dans tes yeux
Et partout, l´on ne voit
Que la nuit, belle nuit, que le ciel merveilleux,
Tout fleuri, palpitant, tendre et mystérieux.
Viens plus près, mon amour,
Ton cœur contre mon cœur
Et dis-moi qu´il n´est pas de plus charmant bonheur
Que ces yeux dans le ciel, que ce ciel dans tes yeux,
Que ta main qui joue avec ma main.
Je ne te connais pas.
Tu ne sais rien de moi.
Nous ne sommes que deux vagabonds,
Fille des bois, mauvais garçon.
Ta robe est déchirée.
Je n´ai plus de maison.
Je n´ai plus que la belle saison
Et ta main dans ma main
Qui joue avec mes doigts.
J´ai mes yeux dans tes yeux
Et partout, l´on ne voit
Que la nuit, belle nuit, que le ciel merveilleux,
Tout fleuri, palpitant, tendre et mystérieux.
Viens plus près, mon amour,
Ton cœur contre mon cœur
Et dis-moi qu´il n´est pas de plus charmant bonheur.
On oublie l´aventure et la route et demain
Mais qu´importe puisque j´ai ta main.
Mais qu´importe puisque j´ai ta main.
Mais qu´importe puisque j´ai ta main.
Avancez! Reculez ! Arrêtez ! – Des ordres
chuchotés haletants à l’oreille. Obéis !
(Capitaines cachés dans la faim et la soif)
Fuis ! Montre-toi ! Un salut !
Signe tais-toi réponds prends garde !
Que d’ordres venus de partout !
Le soleil ? – La main sur les yeux !
La pluie ? – Courbe le dos !
L’amour qui arrive ? – Attention !
Et ces morts en travers du chemin tout à coup !
Chocs et contre-temps de la ville
et de la vie je suis tranquille
seulement si mon souffle et mon pas vous rassemblent.
L’instable est mon repos.
Avancez! Reculez! Arrêtez! – Des ordres
chuchotés haletants à l’oreille. Obéis!
(Capitaines cachés dans la faim et la soif)
Fuis! Montre-toi! Un salut!
Signe, tais-toi, réponds, prends garde!
Que d’ordres venus de partout!
Le soleil? – La main sur les yeux!
La pluie? – Courbe le dos!
L’amour qui arrive? – Attention!
Et ces morts en travers du chemin tout à coup!
Chocs et contretemps de la ville
et de la vie, je suis tranquille
seulement si mon souffle et mon pas vous ressemblent.
Ecartant le rideau,
j’aperçois la lune nouvelle.
En courant, je descends
les marches de mon jardin.
Je m’incline devant elle.
Je chuchote,
personne ne m’entend,
seul le vent du nord
dénoue le ruban
de ma robe.
(Li Duan)
Recueil: Neige sur la montagne du lotus Chants et vers de la Chine ancienne
Traduction: Ferdinand Stočes
Editions: Picquier poche
La nuit dernière,
dans mon rêve
je l’ai vue clairement
sur l’oreiller.
Longtemps nous avons chuchoté.
Son visage toujours frais
comme une fleur de pêcher,
souvent elle baissait les paupières
pareilles aux feuilles de saules.
Moitié timide, moitié gaie,
prête à partir, elle s’attardait.
En me réveillant, j’ai su
que ce n’était qu’un rêve.
Une tristesse infinie
a inondé mon coeur.
(Wei Zhuang)
Recueil: Neige sur la montagne du lotus Chants et vers de la Chine ancienne
Traduction: Ferdinand Stočes
Editions: Picquier poche