Illustration: Ira Mitchell-Kirk
S’occuper instamment des petits cailloux qui pèsent et qui chagrinent : les prendre, les rincer à grande eau, les dénoyauter, les presser, les expurger de tout leur jus noir et amer, les laisser s’adoucir dans du sucre, mettre à macérer trois jours durant sous un couvercle.
Premier jour partir, légère, dans un chemin ouvert, grand ouvert, très très grand ouvert sur un azur qui s’étale, et se clame.
Deuxième jour, se jeter à corps perdu vers les moissons du ciel, y étendre sa chanson d’amour et de lumière.
Profiter du dernier jour pour en faire sa demeure fraîche et ouverte, son lit de déraison.
Enfin tirer la couverture de la curiosité : défaire les plis un à un, se couler sous elle et déguster le chutney de petits cailloux apporté par le Tendre…
(Brigitte Sensevy)
Traduction:
Editions: L’Harmattan