Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘circulation’

Leur angoisse discrète (Peter Bakowski)

Posted by arbrealettres sur 9 octobre 2022




Illustration
    
Leur angoisse discrète

Dans les bars
les salles de billard
les bas-fonds
je vois des hommes
sans amour depuis si longtemps.

Pour continuer à vivre,
certains d’entre eux
ont du fermer leur coeur,
s’endurcir,
étriquer leur façon de voir et de penser.
Ils disent « Les hommes sont comme ci, les femmes sont comme ça… »
Des équations qui les aident
à marcher
jusqu’à l’épicier du coin.

Ils ont peint la cascade en noir, massacré le tigre,
enterré les photos cornées de l’horizon.
Ils habitent des garçonnières,
où ils écoutent
assis
les remous de la circulation,
les querelles des pigeons sur le toit.
En regardant
le jour devenir nuit,
les étoiles grandir dans le ciel.
Ils s’allongent
dans le noir
en attendant
la clémence du sommeil.

(Peter Bakowski)
Le coeur à trois heures du matin

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Tu montes sur la colline (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 22 novembre 2020



Illustration: David Caspar Friedrich
    

Tu montes sur la colline, un nuage t’attend ;
Tu descends de la colline, t’attend une source.
Happé par la circulation terre-ciel,
Consens-tu enfin à la loi mort-vie ?

(François Cheng)

 

Recueil: Enfin le royaume
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Dimanche matin (Michel Butor)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2019




    
Dimanche matin

La neige au-dessus des mimosas, les paquets de
journaux près des flaques, la fontaine dans les bois où le
receveur des contributions nettoie sa voiture.

En bas les bâches bleues et rouges tendues sur les piles
de sacs de ciment et les taches de rouille ou de minium sur
les coques des cargos qui viennent de Limassol ou d’Odessa.

Plus loin quelques fleurs mauves dans les rochers
blancs, les nudistes parcourent le sentier des douaniers,
baisers dans les coins, chiens qui flairent, la mer lape les
galets et les retourne comme des pièces fausses.

Au large les yachts frétillent après une semaine de
somnolence, les mouettes virent à l’assaut, claquent un
peu et plongent vers les épluchures que les cuisiniers
laissent tomber dans leur sillage.

Puis l’heure sonne à travers le frisson des branches
et le tintement des câbles métalliques dans l’accalmie de
la circulation.

Soudain le nid du phénix s’enflamme dans les collines et les mots éperdus, comme lâchés après des mois
de claustration, se cherchent dans ma tête au galop.

Alors je ramasse au bord du chemin les fragments
d’un vieux prospectus vantant les mérites d’une voyante, et
m’appuie sur le dossier d’un banc pour écrire ceci au verso.

(Michel Butor)

 

Recueil: Collation précédé de HORS-D’OEUVRE scandés par les SOUVENIRS ILLUSOIRES D’UN JAPON TRES ANCIENS
Traduction:
Editions: Seghers

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Ils ne croient pas que la vie les aime (Franck André Jamme)

Posted by arbrealettres sur 25 mai 2018



Illustration: Josephine Wall
    
«Ils ne croient pas que la vie les aime,
qu’elle est capable de se répandre entière :
il suffirait pourtant que le regard qu’ils posent soudain sur elle
soit réellement ému, et appelle. »

«Quel effort serait-ce pour eux de desserrer enfin les lèvres
et de prononcer : « bien aimée » ?
Dites-moi. »

[…]

«Tout variera, simplement, d’un auditeur à l’autre. »

« Un qui commencera par ne pas comprendre,
car il sera frappé de plein fouet, trop directement,
pourra quelques instants plus tard se mettre à entendre. »

«Alors, immédiatement, je serai sur sa bouche. »

« Et j’ouvrirai mon ciel entier. »

« À la circulation d’amour. »

(Franck André Jamme)

 

Recueil: La récitation de l’oubli
Traduction:
Editions: Flammarion

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’alluvion (Béatrice Douvre)

Posted by arbrealettres sur 22 avril 2018




    
L’alluvion

Au fer de ta métamorphose
Au pont d’acier de tes deux fleuves
Je t’ai nommée
La souveraine vive

Et je t’avais conviée
Parmi les nids
(L’oiseau de proie descend, calme et livide)
Parmi les nids et les gravats
Et les combes herbeuses

D’où venait que j’aimais l’ordre improbable de ton sang
Ta voix d’ivresse entre les feuilles
Et les feuillages de ton nom

J’ai aimé
J’ai vécu
Dans la circulation rêvée de ton passage
Et j’aimais que tes mains se répandent

Dans l’alluvion où l’autre preuve est la rosée.

(Béatrice Douvre)

 

Recueil: Oeuvre poétique
Traduction:
Editions: Voix d’Encre

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Un peintre (Béatrice Douvre)

Posted by arbrealettres sur 18 avril 2018




    
Un peintre

Un grand départ d’oiseaux pousse le ciel très haut
Tous les nuages délivrent ton aurore,
Une aurore quand ton corps est nu et reposé
Quand l’âge des lueurs t’abandonne

Mouvement encore ardent de ton enfance
Élevant des tentes grises dans le vent
Ô loi parfaite et vive de ton sang
Et la circulation secrète de tes sueurs

Tu pars pour un repos immense des images
Et tu désires déjà les feuilles
Celles seulement fragiles et jaunes des patries
Quand pour toi j’en recueille en mon fragile sein

Et tu désires encore que l’apparence soit
Toutes les vitres dévoilées
Entrouvre alors cette fenêtre sourde

Pour un ciel un grand ciel sans nuage d’oiseaux.

(Béatrice Douvre)

 

Recueil: Oeuvre poétique
Traduction:
Editions: Voix d’Encre

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Battement vif du cœur (Carl Gustav Carus)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2018



Illustration: Malel
    
Battement vif du cœur, circulation plus libre du sang dans ses vaisseaux les plus fins et respiration plus libre,
de même ces mouvements, accomplis dans l’inconscient, disposent le conscient à la joie,
mais sont, à leur tour, stimulés quand le conscient conçoit des idées joyeuses ;

on doit carrément appeler ces impulsions la joie inconsciente de l’organisme lui-même,
comme on dit métaphoriquement d’une plante : elle verdit et fleurit joyeusement.

(Carl Gustav Carus)

Découvert ici: https://marinegiangregorio.wordpress.com/

Recueil: Psyché
Traduction:
Editions:

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Un livre (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 7 août 2017




    
Mesure-t-on véritablement la grande réserve des mots qui nous habitent,
savons-nous réellement l’immensité de notre mandala verbal ?

Laissons-nous prendre, reprendre et surprendre encore
par la plasticité charnelle des mots,
par leur circulation amoureuse, illimitée.

Un livre, c’est toujours une respiration, un rythme — une providence.

(Zéno Bianu)

 

Recueil: Satori Express
Editions: Le Castor Astral

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Printemps (Jean-Claude Touzeil)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2017



Printemps
(A Jean L’Anselme)

Avec la montée de la sève
Mon Dieu ! Quelle circulation dans les bois !
On nous signale
De très nombreux accidents dans les cassis
Des ralentissements dans les frênes
Et
Du côté des chênes-lièges
Quinze kilomètres de bouchons

(Rosny-sous-bois – Avril 1983)

(Jean-Claude Touzeil)

Posted in humour, poésie | Tagué: , , , , , , , | 1 Comment »

Je demande (Paol Keineg)

Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2017



A la pluie je demande de marcher pieds nus le long des prairies à double fond
Au soleil je demande de ne pas bouger puis de résumer d’un jet la naissance et la mort
A la route je demande d’organiser par la campagne obnubilée dissidence et circulation des idées
Au cheval je demande son galop choquant et sa présence constructive
Au village je demande la secousse du déjà vu et un rien de vulgarité
A la forêt je demande de transparaître et de signaler à notre évidence raisonnable la certitude qu’elle est une île
A l’arbre je demande le cri de l’homme seul et son effort à jaillir du cocon de l’hiver
Qui suis-je pour exiger moi qui ne vis que par poussées et me délite à toute vitesse dans l’odeur des terres après la pluie ?

(Paol Keineg)

 

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :