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Poésie

Posts Tagged ‘circuler’

Là-bas les morts sous les cyprès (Mireille Fargier-Caruso)

Posted by arbrealettres sur 17 février 2023




    
Là-bas les morts sous les cyprès
sont à l’abri du vent
seuls

on vient parfois avec de l’eau des fleurs
s’asseoir à côté d’eux se recueillir sans bruit
prolonger leurs chemins

une pensée vers nulle part
une halte un moment une fleur sur la pierre

ces sans regard sans voix devenus
ces noms gravés en toi entre deux dates

l’absence là présente
circule comme le sang autrefois
pétales asséchés sur le marbre
les os poussière poussière lourde

coulent en lambeaux les jours
l’un après l’autre
et tout à coup
le chemin tourne court

où l’infini?

s’arrêter sa respiration lâcher
dans la lenteur heures lentes
un feu s’amenuise

un jour le corps
trahit notre confiance

l’innommé nous déborde

(Mireille Fargier-Caruso)

Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Le sommeil ouvre les portes (Paul Nougé)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2022



Le sommeil ouvre les portes
Nul ne les entend tourner
Elles tournent cependant
Et l’on perd à chaque coup au jeu des mots et de toutes les couleurs …

Des merveilles équivoques circulent au travers de nos discours changeants.

(Paul Nougé)

Illustration: F.A. Moore

 

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Suspens (Michel Leiris)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2022



Suspens

Ce prix quasi mortel
ne devais-je pas le payer
et ce grain de folie
n’était-il pas requis
pour que la sève recommence à circuler
et que l’arbre cendreux se couronne
d’une riche floraison de grandes vacances ?

(Michel Leiris)

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C’est une musique qui circulait au-dedans de nous (Gérard Bocholer)

Posted by arbrealettres sur 6 octobre 2021




    
C’est une musique qui circulait au-dedans de nous
et qui attendait que les paroles prononcées la délivrent.
Aussitôt nous en mesurons la justesse et la vérité,
que la beauté poétique conduit au jour.

(Gérard Bocholer)

 

Recueil: Le poème Exercice spirituel
Traduction:
Editions: Ad Solem

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L’usine (Leslie Kaplan)

Posted by arbrealettres sur 29 mars 2021



Illustration: Ernest Zobole
    
L’usine, la grande usine univers, celle qui respire pour vous.
Il n’y a pas d’autre air que ce qu’elle pompe, rejette.
On est dedans.

Tout l’espace est occupé : tout est devenu déchet.
La peau, les dents, le regard.

On circule entre des parois informes.
On croise des gens, des sandwichs, des bouteilles de coca,
des instruments, du papier, des caisses, des vis.
On bouge indéfiniment, sans temps.
Ni début, ni fin. Les choses existent ensemble, simultanées.

A l’intérieur de l’usine, on fait sans arrêt.

On est dedans, dans la grande usine univers,
celle qui respire pour vous.

(Leslie Kaplan)

 

Recueil: L’excès – l’usine
Traduction:
Editions: Hachette

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La fin du jeûne (Hâfez Shirâzi)(Hafiz)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2020




    
La fin du jeûne

Quand la rose et le vin et l’ami sont à toi, le
roi du monde est ton esclave, ce jour-là.

N’éclairez pas notre assemblée à la chandelle : le
clair de lune de l’ami se passe d’elle !

Le vin, certes, est licite, selon notre Loi,
mais il est illicite si tu n’es pas là !

J’écoute la voix du roseau, celle du luth, et je
cherche des yeux le rubis de tes lèvres et la
coupe de vin qui circule entre nous.

Pourquoi répandre du parfum ici, chez nous,
quand nous embaume l’odeur de ta chevelure ?

Ne parle pas du goût du candi, ni du sucre, car ma
bouche est sucrée au goût de tes deux lèvres !

Tant que gît, dans mon coeur en ruine, mon chagrin, je
prends toujours ma place au coin du temple ancien.

Que parles-tu de ma réputation infâme, car
c’est cette infamie-là qui fait mon renom ?

Et que demandes-tu, à propos de mon nom,
puisque j’ai honte d’avoir un renom infâme ?

Nous sommes vagabonds, ivrognes, libertins et
voyeurs. Mais qui ne l’est pas, dans cette ville ?

Hâfez, ne sois jamais sans amour et sans vin :
voici rose et jasmin – le jeûne va finir.

***

(Hâfez Shirâzi)(Hafiz)

Recueil: L’amour, l’amant, l’aimé
Traduction: Vincent-Masour Monteil
Editions: Actes Sud

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CHANT D’UN FANTASSIN (Charles Vildrac)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2020



 

Illustration: Erich Heckel
    
CHANT D’UN FANTASSIN
À André Bacqué

Je voudrais être un vieillard
Que j’ai vu sur une route ;
Assis par terre au soleil
Il cassait des cailloux blancs
Entre ses jambes ouvertes.
On ne lui demandait rien
Que son travail solitaire.
Quand midi flambait les blés,
Il mangeait son pain à l’ombre.

*

Je connais, dans un ravin
Obstrué par les feuillages,
Une carrière ignorée
Où nul sentier ne conduit.
La lumière y est furtive
Et aussi la douce pluie ;
Et un seul oiseau parfois
Interroge le silence.
C’est une blessure ancienne,
Étroite, courbe et profonde
Oubliée même du ciel ;
Sous la viorne et sous la ronce
J’y voudrais vivre blotti.

*

Je voudrais être l’aveugle
Sous le porche de l’église :
Dans sa nuit sonore il chante !
Il accueille tout entier
Le temps qui circule en lui
Comme un air pur sous des voûtes.
Car il est l’heureuse épave
Tirée hors du morne fleuve
Qui ne peut plus la rouler
Dans sa haine et dans sa fange.

*
Je voudrais avoir été
Le premier soldat tombé
Le premier jour de la guerre.

(Charles Vildrac)

 

Recueil: Chants du désespéré (1914-1920) –
Traduction:
Editions: Gallimard

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SÈVE ASCENDANTE (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2020



Illustration: Vincent Van Gogh
    
SÈVE ASCENDANTE

Un frisson parcourt les arbres
comme un battoir vert
Ossip Mandelstam

ce sont les arbres
du grand paysage interne
écoutons-les croître
ce sont arbres à visions

arbres résistants
aux racines comme des mains
arbres-personnages
selon Van Gogh

arbres de vie vivante
dont chaque feuille
est une prophétie
arbres aux mélancolies fulgurantes

arbres d’un Paul Klee
pénétrant dans les profondeurs de la forêt
pour se réfugier dans le vert
chaud tendre abyssal

arbres aux tendresses
qui trouent le ciel
interprètes des vents solaires
babels de toutes les géographies

arbres voyants
hommes posés sur la tête
dont la sève bleutée
circule dans notre sang

(Zéno Bianu)

Illustration: Paul Klee 

Recueil: Infiniment proche et Le désespoir n’existe pas
Traduction:
Editions: Gallimard

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TEMPLE (Jean Mambrino)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2020



TEMPLE

Le vent est de pierre.

Les grands rochers
circulent
entre les arbres.

Les feuilles fusent
en éclats blessés.

Le ciel d’or vert.

Tout est serré fermé
le dedans dehors.

Ouvert.

(Jean Mambrino)


Illustration: David Lazar

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Absence (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 9 mars 2020




Absence

Je te laisse : aussitôt
tu circules en moi, cristalline
ou tremblante
ou inquiète, blessée par moi
ou tout d’amour comblée, comme en cet instant
où tes yeux
se ferment sur le présent de la vie
que je ne cesse de t’offrir.

Mon amour,
quand nous nous sommes rencontrés
nous avions soif et nous avons
bu toute l’eau et tout le sang,
quand nous nous sommes rencontrés
nous avions faim
alors nous nous sommes mordus
comme le feu,
il nous en resta des blessures.

Mais attends-moi,
garde-moi ta douceur.
Et je t’offrirai aussi
une rose.

(Pablo Neruda)

Illustration: William Bouguereau

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