Posts Tagged ‘cisaillé’
Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020

Illustration: Edouard Manet
NATURE MORTE AVEC DES CISAILLES
Cet homme qui quitte la ville
au matin pluvieux
son cœur emballé sous un imperméable
cache une gomme dans la main.
Tour à tour il efface
la vision du chameau de Marrakech
agenouillé au bord du lit
où une lune toute mouillée
allaitait son impatience,
les sanglots des jarres le long du couloir
et l’avertissement de la machine à coudre
exilée sous l’escalier en bois.
Il descend la rue pavée
une clé brûlante dans sa poche
et il jette un dernier regard
vers la maison
où, dans leur ignorance,
dorment encore
côte à côte
la rose et les cisailles.
Mais la pluie a déjà retaillé les rideaux
des saisons et inondé la serrure.
(Aksinia Mihaylova)
Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020

CONSTELLATIONS D’HUMILITÉ
Je n’ai pas pu être ton printemps…
STANKA PENTCHEVA
Pendant que j’évoque les esprits
de mes ancêtres païens
pour qu’ils m’apprennent les pas de la ronde
qui peut amener deux jours d’été
en plein décembre,
il aiguise les cisailles rouillées
de ses devoirs familiaux
et découpe les soleils
que je dessine au-dessus de la ville.
Tu n’étais pas encore née
quand j’ai vécu mon printemps,
me dit-il, tu es venue trop tard
pour être mon automne
et je ne sais que faire
avec tous ces soleils
qui font mal aux yeux
de mon quotidien.
Chaque matin depuis lors j’étale
tous les soleils et lunes découpés
pour composer une nouvelle carte céleste :
celle des constellations d’humilité.
Chaque matin il s’assoit sur le balcon
pour boire son café
mais un brouillard épais et humide
s’empare de son corps
et j’ai du mal à trouver
sur ma carte
où placer le soleil noir
qui apparaît
au fond de sa tasse de café.
(Aksinia Mihaylova)
Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 19 février 2020

Illustration: Paul Hey
Chanson du rémouleur
Donnez-moi je vous prie
Vos ciseaux
Vos couteaux
Vos sabots
Vos bateaux
Donnez-moi tout je vous prie
Je rémoule et je scie
Donnez-moi je vous prie
Vos cisailles
Vos tenailles
Vos ferrailles
Vos canailles
Donnez-moi tout je vous prie
Je rémoule et je scie
Donnez-moi je vous prie
Vos fusils
Vos habits
Vos tapis
Vos ennuis
Je rémoule et je fuis
(Philippe Soupault)
Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset
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Posted by arbrealettres sur 27 avril 2018

LA DORMEUSE
Les yeux ouverts au coeur de la nuit
Les coudes enfoncés dans l’herbe moite
Cette fille fardée d’alluvions
Ecoute au-dessus des fumées du fleuve
Remuer la guerre dans sa bauge de béton
Comme une bête de flamme et d’acier.
Quand elle déploie son ombre dans le ciel
Les villes ont peur de respirer.
L’oreille contre la terre
Elles attendent que les usines s’endorment
Que les feux cessent de brûler
Pour s’étendre dans les ténèbres.
Comme de grands oiseaux antédiluviens
Perchées sur leur patte huileuse
Les machines brillent au fond des temps
Les mâchoires ouvertes dans l’ombre.
Elles rêvent au bonheur des hommes,
Aux habitudes des nuages,
Aux fleurs qui poussent dans les campagnes,
Mais aussitôt qu’elles s’éveillent
Elles referment leurs cisailles.
La dormeuse soulève sa chevelure,
Elle la dénoue et la nuit s’éclaire,
Elle déplie les jambes et les nuées s’entrouvrent,
Elle croise les bras sous la nuque
Et son souffle efface la terreur du ciel.
(Albert Ayguesparse)
Illustration: Henri Matisse
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Posted by arbrealettres sur 11 septembre 2016
Pauvre arbre, comme ils t’ont taillé!
Quelle étrange et triste figure!
Tu n’es plus, cent fois cisaillé,
Que défi, que volonté pure.
Comme toi tronqué, tourmenté,
Sans me briser, ma vie entière,
Jour après jour j’ai résisté,
Dressant mon front dans la lumière.
Ce qui fut en moi doux, sensible,
Le monde l’a crucifié.
Mais mon être est indestructible:
Je vis heureux, pacifié.
Je pousse mes feuilles nouvelles
Malgré mes rameaux douloureux,
Toujours, dans mes peines cruelles,
De ce monde absurdes amoureux.
**************
Gestutzte Eiche
Wie haben sie dich, Baum, verschnitten
Wie stehst du fremd und sonderbar!
Wie hast du hundertmal gelitten,
Bis nichts in dir als Trotz und Wille war!
Ich bin wie du, mit dem verschnittnen,
Gequälten Leben brach ich nicht
Und tauche täglich aus durchlittnen
Roheiten neu die Stirn ins Licht.
Was in mir weich und zart gewesen,
Hat mir die Welt zu Tod gehöhnt,
Doch unzerstörbar ist mein Wesen,
Ich bin zufrieden, bin versöhnt,
Geduldig neue Blätter treib ich
Aus Ästen hundertmal zerspellt,
Und allem Weh zu Trotze bleib ich
Verliebt in die verrückte Welt.
(Hermann Hesse)
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Posted in poésie | Tagué: (Hermann Hesse), absurde, amoureux, amputé, arbre, étrange, briser, chêne, cisaillé, crucifié, cruel, douloureux, doux, lumière, pacifié, pauvre, résister, sensible, tailler, tourmenté, tronqué | 2 Comments »