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Posts Tagged ‘citadelle’

Je suis un voyageur en noir (Louise de Vilmorin)

Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2021



Je suis un voyageur en noir.
Qui voudrait suivre mes empreintes?
Qui voudrait m’entendre et savoir?
Bateau de deuil, bateau de plaintes,
Je suis un voyageur en noir.

Je suis un navire en détresse
Sous l’offense du mauvais sort.
Ma cargaison n’est que tristesse,
Ah! ne montez pas à mon bord,
Je suis un navire en détresse.

Je suis un voyageur en noir.
Toute saison m’est étrangère.
Un souvenir veut me revoir,
Ma pensée est sa messagère,
Je suis un voyageur en noir.

Enfants, beaux oiseaux demoiselles,
Citadelles d’enlacements,
Dites, la parole peut-elle,
Peut-elle égarer le tourment?
Enfants, beaux oiseaux demoiselles,

Peut-elle égarer le malheur,
Lui faire quitter son ouvrage,
Le changer en saule pleureur
Drapant une chambre d’ombrage?
Peut-elle égarer le malheur?

Mes mains sont herbier de caresses.
Herbes d’amour, fleurs de mes soins
Ne sont plus qu’ombre et sécheresse
En ma paume et bruissant au loin.
Mes mains sont herbier de caresses.

Notre lit était un pays,
Une île, une gorge bien creuse,
La plaine où nous avons cueilli
Des fleurs du nom d’aventureuses.
Notre lit était leur pays.

Jeunes filles battant des ailes,
Premiers rayons, premier oubli.
Dites, la parole peut-elle
Plier le drap de l’ancien lit ?
Jeunes filles battant des ailes,

Peut-elle égarer le chagrin,
Le changer en rose des vents marins,
Soit en forêt, soit en prairie ?
Peut-elle égarer le chagrin ?

Si vous montez du puits des larmes,
Enfants, vous venez de mon coeur.
Vous êtes, peut-être, en vos charmes
Ma morte libre de mes pleurs?
Si vous montez du puits des larmes

Vais-je m’arrêter à jamais
Auprès de vous, mes patineuses ?
Comme vous, celle que j’aimais
Etait en étant nombreuse.
Vais-je m’arrêter à jamais

Pour votre chaleur à ma hanche,
Pour goûter à votre pâleur
Et pour vos doux bras de peau blanche ?
Ne serais-je plus voyageur
Pour votre chaleur à ma hanche?

Sous quelque auvent, guettant mon pas,
Un petit garçon me supplie,
Il crie :  » Oh! ne t’attarde pas,
Ma mère croit que tu l’oublies
Sous quelque auvent, guettant un pas  »

Femme, mon ange fiancée,
Nous marierons nos souvenirs.
Cultive un jardin de pensées
Je viendrai bientôt les cueillir.
Femme, mon ange fiancée,

Regarde aux miroirs du trépas,
Rougissante des nuits prochaines,
Ta lèvre où mon baiser soupa.
Attend la fin de ma semaine,
Regarde aux miroirs du trépas.

(Louise de Vilmorin)

Illustration: Max Mitenkov

 

 

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RONDEAU DE L’HOMME LAS DE PENSER (André Berry)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2019



    

RONDEAU DE L’HOMME LAS DE PENSER

Combien de temps, tête sempiternelle,
Te faudra-t-il penser et repenser,
Tel l’aiguilleur reclus dans sa tourelle,
Guetteur raidi du train qui va passer ?
Au roulement des rapides idées
Ouvrant ou non les disques lumineux,
Combien de temps, leviers vertigineux,
Dois-je mouvoir vos tiges recoudées?
Combien de temps?

Combien de temps, radoteuse cervelle,
Dois-je sentir ta roue en moi tourner,
Virer au vent et voleter ton aile,
Et sous ta meule un grain dur s’enfourner?
Combien de temps, machine tyrannique,
De ton tiquant, de ton taquant moulin,
Où toujours entre et d’où sort un sac plein,
Me faudra-t-il servir la mécanique?
Combien de temps?

Combien de temps,
Dans la guérite où je
Me faudra-t-il garder
Tenace Esprit qui ne
nocturne sentinelle,
dois m’enfermer,
ta citadelle,
veux désarmer?
Le poing toujours sur le pommeau du glaive,
Prêt à jeter l’anxieux Qui va là,
Combien de temps, dans le trou que voilà,
Me faudra-t-il attendre la relève?
Combien de temps?

(André Berry)

 

Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard

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TEMPÊTE D’ÉTÉ (Liu Ji)

Posted by arbrealettres sur 24 mai 2019



TEMPÊTE D’ÉTÉ

Poussé par le vent vigoureux l’orage s’abat
sur la haute citadelle
Sous le poids des nuages, des coups de tonnerre
tambourinent sur la terre
L’averse apaisée, on ne sait plus où est le dragon
Seules des milliers de grenouilles coassent
dans l’étang vert

(Liu Ji)

Illustration

 

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Lilas (Georges Friedenkraft)

Posted by arbrealettres sur 4 février 2019



 


    
Lilas citadelle
de bucolique candeur
te voilà drapé.

(Georges Friedenkraft)

 

Recueil: Images d’asie et de femmes – poèmes pour l’exotisme en amour
Traduction:
Editions: De la Jointée

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Je creuserais (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2018



Je me soucierais peu — de Murs —
L’Univers fût-il — un Roc —
Tant que viendrait son Appel clair
De l’autre côté du Bloc —

Je creuserais — jusqu’à ce que mon Tunnel
S’ouvre soudain sur le sien —
Ma face aurait alors sa Récompense —
Mes yeux dans ses Yeux —

Mais il s’en faut d’un Cheveu —
D’un filament — d’une loi —
D’une Toile — tissée dans l’Acier —
D’un Rempart — de Paille —

D’un seuil pareil au Voile
Sur le visage de la Dame —
Mais chaque Maille — une Citadelle —
Et des Dragons — dans les Plis —

***

I had not minded — Walls —
Were Universe — one Rock —
And far I heard his silver Call
The other side the Block —

I’d tunnel — till my Groove
Pushed sudden thro’ to his —
Then my face take her Recompense —
The looking in his Eyes —

But ’tis a single Hair —
A filament — a law —
A Cobweb — wove in Adamant —
A Battlement — of Straw —

A limit like the Vail
Unto the Lady’s face —
But every Mesh — a Citadel —
And Dragons — in the Crease —

(Emily Dickinson)


Illustration

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Attente (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 26 août 2018



 

Bai Guowen   9687baiguowen-6

Attente

Monte, écureuil, monte au grand chêne,
Sur la branche des cieux prochaine,
Qui plie et tremble comme un jonc.
Cigogne, aux vieilles tours fidèle,
Oh ! vole et monte à tire-d’aile
De l’église à la citadelle,
Du haut clocher au grand donjon.

Vieux aigle, monte de ton aire
A la montagne centenaire
Que blanchit l’hiver éternel.
Et toi qu’en ta couche inquiète
Jamais l’aube ne vit muette,
Monte, monte, vive alouette,
Vive alouette, monte au ciel !

Et maintenant, du haut de l’arbre,
Des flèches de la tour de marbre,
Du grand mont, du ciel enflammé,
A l’horizon, parmi la brume,
Voyez-vous flotter une plume
Et courir un cheval qui fume,
Et revenir mon bien-aimé ?

(Victor Hugo)

Illustration: Bai Guowen 

 

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Travaillez le « comment» qui est tout (Max Jacob)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2018



Max Jacob  
    

Travaillez le « comment» qui est tout.
Le « qui ?» Le « quoi ? » Le «pourquoi ?».

Le premier geste du travail est la séparation.
Il faut, présent et visible,
se séparer de ce qui est présent et visible.

Creuser un abîme entre le toi et le moi,
bâtir une citadelle du moi

– quand cet abîme sera creusé vous aurez déjà bien travaillé :
il y faut du temps et une application minutieuse.

Le deuxième geste du travail est
le silence.

(Max Jacob)

 

Recueil: Conseils à un jeune poète
Traduction:
Editions: Gallimard

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LA GRÂCE (Max Jacob)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2018



Illustration: Viviane-Josée Restieau
    
LA GRÂCE

Si la grâce est votre parole
que mon ouïe soit aux aguets.
Si votre grâce interroge
ne me rendez pas muet !
Si Ta grâce est un regard
que mes deux yeux s’en emparent
si la grâce est un moteur .
aux Paradis de ton coeur
mon Dieu vers ces citadelles
fais qu’à mon tour j’aie des ailes.

(Max Jacob)

 

Recueil: Actualités éternelles
Traduction:
Editions: De la Différence

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Au secret (Max Alhau)

Posted by arbrealettres sur 17 mai 2018



Au secret,
à l’intérieur d’une citadelle dévastée,
nous misons sur des alliés
qui ne viendront jamais.

(Max Alhau)

Illustration

 

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Des flocons de soie (James Denis)

Posted by arbrealettres sur 25 septembre 2017




    
Des flocons de soie

― On a vidé le lit de nos âges poudrés
Par des frimas, l’hiver est une citadelle
Sculptée de sable fin, des beaux grains micacés,
D’un écran flamboyant ! Jaillit une étincelle !

Ma mémoire repeint les murs des autrefois,
Le verbe parfumé s’est fait chair élégante,
Brasille la beauté d’un ravissant minois
Revêtu d’un levant à la folie fringante.

Le temps a transpercé l’hôtel d’une avenue
Bordée d’une promesse engagée, le lointain
A façonné mes feux, une flamme apparut
Dans les ruines de l’aube ainsi fleurit la fin.

L’ange enleva son voile embelli de poussières
D’étoiles, un baiser s’assoit avec douceur
A l’orée de l’amour, ses lèvres cotonnières
Sont ourlées de flocons de soie, et de bonheur !

(James Denis)

 

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