
NATARAJA
I
TEMPS, rythme
De formes qui s’ouvrent,
Formes qui passent,
Parfaites ou manquées,
Le pied du Dieu
Est sur le monde,
Danseur terrible
Dont la lourde foulée
Écrase le mal et le bien,
Le flot de son fleuve
Est dans notre sang,
Fin et commencement,
Un battement du coeur
Notre tout, notre néant.
Destructeur des mondes,
Le purificateur,
Indifférent son pas,
Rouge son vêtement.
II
Comment
Sinon écrasés par ce pied
Peuvent être effacés
Nos cités de cauchemar,
Les voies sans issue, le dédale,
Les culs-de-sac,
Les pièces verrouillées, les prisons
Sans fenêtre, les esprits fermés,
Les positions retranchées,
Les coffres-forts, les caves,
Les abris à l’épreuve de la mort,
Les tours d’habitation de la solitude?
Qui
Sinon le destructeur du monde
Peut nous délivrer de cet état
Et lieu de non-retour,
La conséquence inéluctable,
Impasse, fin de la route.
Nous, déchus, ne pouvons déchoir
Plus avant, espoirs et craintes
Convergent en ce
Terme de ce qui est fait,
Pensée, parole et action finissent ici
Dans l’entropie. Il n’y a nulle part où s’enfuir.
Moi, qui suis devenue
Ce que je suis,
Suis ce que j’ai fait,
Le libre-arbitre est parvenu à ce point.
Au pied du mur
Je parle pour tous ceux
Qui, aux abois,
Se trouvent in extremis:
Seule cette Force peut
Qui nous détruira, nous délivrer.
Qu’il efface notre trace, le feu,
Le purificateur!
***
NATARAJA
I
TIME, rhythm
Of forms that open,
Forms that pass,
Perfect or marred,
The foot of the God
Is on the world,
Terrible dancer
Whose trampling tread
Crushes evil and good,
The flow of his river
Is in our blood,
End and beginning,
A beat of the heart
Our all, our nothing.
Destroyer of worlds,
The purifier,
His step indifferent,
His garment red.
II
How else
But by that trampling foot
Can be effaced
Our nightmare cities,
The dead-ends, the maze,
The culs-de-sacs,
The locked rooms, the windowless
Prisons, the closed minds,
The entrenched positions,
The safes, the cellars,
The death-proof shelters,
The high-rise towers of loneliness?
Who else
But the world-destroyer
Can free us from this state
And place of no return,
The inescapable consequence,
Impasse, end of the road.
We, fallen, can fall
No farther, hopes and fears
Converge in this
Term of what’s done,
Thought, word and deed here end
In entropy. There is no-where to run.
I, who have become
What I am,
Am what I have done,
Free-will has come to this.
Back to the wall
I speak for all
Who, at bay,
Stand in extremis:
Only that Power can
Who will destroy us, free us.
Obliterate our trace, the fire,
The purifier!
(Kathleen Raine)