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Poésie

Posts Tagged ‘coller’

Papillon collé (Pascale Senk)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2023




    
papillon collé
sur la vitre ailes ouvertes
son dernier voyage

(Pascale Senk)

Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS

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COLLÉ CONTRE MOI (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2023



Illustration: Marianne Clouzot
    
COLLÉ CONTRE MOI

Petit duvet de ma chair,
Que j’ai tissé dans mes entrailles,
Petit duvet frileux,
Dors collé contre moi!

La perdrix dort dans le trèfle.
Que mon souffle qui bat
Ne te trouble pas.
Dors collé contre moi!

Petite herbe tremblante,
Tout étonnée de vivre,
Ne lâche pas mon sein.
Dors collé contre moi!

Moi qui ai tout perdu, je tremble
Maintenant de m’endormir.
Ne glisse pas de mon bras.
Dors collé contre moi!

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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Les Dames (André du Bouchet)

Posted by arbrealettres sur 4 septembre 2022


dame

Il y en a
qui vous font venir dans la bouche des pêches.

Il y a en a qui jouent du violoncelle
en vous regardant dans les yeux.

Il y a des dames
qui voyagent.

Il y en a des transparentes,
qui collent leurs lèvres aux vitres.

Il y en a qui sucent les blessures;
il en est d’autres
qui se servent de vos poumons pour respirer.

Il y a des dames visibles,
et qui le savent.

(André du Bouchet)

Illustration

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Le seul moyen de me retrouver un visage (Charles Dobzynski)

Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2022


SANTA_CECILIA_IN_TRASTEVERE_03

– Colle-toi de toutes forces
à cette vitre invisible,
à cette peau
dont je tente de t’arracher
ta délivrance.

– Je cogne, cogne,
sur la paroi d’un mutisme
qui me perfore,
et je disparais
dans les intervalles.

– Si c’est toi qui remues
sous le drap,
tu resurgiras plus sombre,
imprimée,
là où je te touche
tu deviens de plus en plus
écriture.

– Est-ce toi qui me suis
ombre dans l’ombre
sueur dans mes plis
éboulis dans mes veines?

– Je cherche à m’échapper
en claquant la porte
de ton image.

– Où est ton île
battue des vents et des voiles?

– J’ai perdu mes rivages
je n’habite plus qu’un contour.

– Je navigue sans port d’attache
sans étape annoncée
la dérive est le seul moyen
de me retrouver un visage.

(Charles Dobzynski)

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Le verger (Anna de Noailles)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2022




    

Le verger

Dans le jardin, sucré d’oeillets et d’aromates,
Lorsque l’aube a mouillé le serpolet touffu
Et que les lourds frelons, suspendus aux tomates
Chancellent de rosée et de sève pourvus,

Je viendrai, sous l’azur et la brume flottante,
Ivre du temps vivace et du jour retrouvé,
Mon coeur se dressera comme le coq qui chante
Insatiablement vers le soleil levé.

L’air chaud sera laiteux sur toute la verdure,
Sur l’effort généreux et prudent des semis,
Sur la salade vive et le buis des bordures,
Sur la cosse qui gonfle et qui s’ouvre à demi ;

La terre labourée où mûrissent les graines
Ondulera, joyeuse et douce, à petits flots,
Heureuse de sentir dans sa chair souterraine
Le destin de la vigne et du froment enclos…

Des brugnons roussiront sur leurs feuilles, collées
Au mur où le soleil s’écrase chaudement,
La lumière emplira les étroites allées
Sur qui l’ombre des fleurs est comme un vêtement,

Un goût d’éclosion et de choses juteuses
Montera de la courge humide et du melon,
Midi fera flamber l’herbe silencieuse,
Le jour sera tranquille, inépuisable et long.

Et la maison avec sa toiture d’ardoises,
Laissant sa porte sombre et ses volets ouverts,
Respirera l’odeur des coings et des framboises
Éparse lourdement autour des buissons verts ;

Mon coeur, indifférent et doux, aura la pente
Du feuillage flexible et plat des haricots
Sur qui l’eau de la nuit se dépose et serpente
Et coule sans troubler son rêve et son repos.

Je serai libre enfin de crainte et d’amertume,
Lasse comme un jardin sur lequel il a plu,
Calme comme l’étang qui luit dans l’aube et fume,
Je ne souffrirai plus, je ne penserai plus,

Je ne saurai plus rien des choses de ce monde,
Des peines de ma vie et de ma nation,
J’écouterai chanter dans mon âme profonde
L’harmonieuse paix des germinations.

Je n’aurai pas d’orgueil, et je serai pareille,
Dans ma candeur nouvelle et ma simplicité,
À mon frère le pampre et ma soeur la groseille
Qui sont la jouissance aimable de l’été,

Je serai si sensible et si jointe à la terre
Que je pourrai penser avoir connu la mort,
Et me mêler, vivante, au reposant mystère
Qui nourrit et fleurit les plantes par les corps.

Et ce sera très bon et très juste de croire
Que mes yeux ondoyants sont à ce lin pareils
Et que mon coeur, ardent et lourd, est cette poire
Qui mûrit doucement sa pelure au soleil…

(Anna de Noailles)

 

Recueil: Poésie au féminin
Traduction:
Editions: Folio

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Retouche à la ferveur (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 21 juin 2022


pomme rouge 500

l’été garde la chambre

sur la pomme de l’après-midi
le soleil a les ailes collées

de même les reflets des amants sur la vitre

(Daniel Boulanger)

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Pour un visiteur chan (Sengrun)

Posted by arbrealettres sur 13 juin 2022



Illustration: Chen Chuanxi
    

Pour un visiteur chan

Comprendre est vain, revenez à la vérité et les soucis se vident,
Les hommes, ordinaires ou sages, sont comme grains de sable.
S’égarer c’est être un papillon de nuit qui se jette sur la flamme,
Comprendre c’est partir comme la grue libérée de sa cage.
Un même croissant de lune se reflète sur mille cours d’eau,
Le bruit d’un seul pin diffère au gré du vent des saisons.
Collez à votre coeur, collez à sa nature,
Arrêtez les efforts qui nous font vivre un rêve.

(Sengrun)

Recueil: Poèmes Chan
Traduction: du chinois par Jacques Pimpaneau
Editions: Philippe Picquier

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QUE C’EST BEAU DE PENSER A TOI… (Nâzim Hikme)

Posted by arbrealettres sur 31 mai 2022




    
QUE C’EST BEAU DE PENSER A TOI…

Que c’est beau de penser à toi
à travers les rumeurs de mort et de victoire, en prison,
alors que j’ai franchi la quarantaine.

Que c’est beau de penser à toi :
ta main, oubliée sur une étoffe bleue,
et dans tes cheveux,
la fière tendresse de ma terre d’Istanbul.
C’est comme un second être en moi
le bonheur de t’aimer.
Au bout de tes doigts demeure
le parfum de la feuille de géranium.
Une paix ensoleillée,
Et l’appel de la chair :
une obscurité dense,
chaude,
striée de rouge.

Que c’est beau de penser à toi,
d’écrire des choses sur toi,
de penser à toi, couché sur le dos en prison.
Un mot que tu as dit tel jour à tel endroit,
pas le mot lui-même,
mais le ton sur lequel il fut dit,
et l’univers qu’il contenait…

Que c’est beau de penser à toi.
Je vais encore te sculpter quelque chose en bois,
un coffret,
une bague,
te tisser trois mètres de soie très fine.
Et tout à coup,
me levant d’un bond,
me collant aux barreaux de ma fenêtre,
vers le bleu clair de la liberté,
je dois te crier de toute ma voix
ce que j’ai écrit pour toi.

Que c’est beau de penser à toi
à travers les rumeurs de mort et de victoire, en prison,
alors que j’ai franchi la quarantaine…

(Nâzim Hikme)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction: Munevver Anday
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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Les amours du chat (Taïgi)

Posted by arbrealettres sur 5 avril 2022




    
Les amours du chat
Oublieux même du riz
Qui colle à ses moustaches.

(Taïgi)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

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Les arbres se plaisent à écouter l’espace (Adonis)

Posted by arbrealettres sur 13 octobre 2021




Illustration: ArbreaPhotos

    
Les arbres se plaisent à écouter l’espace.
Ainsi l’arbre colle-t-il son oreille
à la poitrine du vent.

(Adonis)

 

Recueil: Mémoire du vent
Traduction: André Velter
Editions: Gallimard

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