C’est quoi la musique? C’est du son qui se parfume
C’est quoi l’émotion? C’est l’âme qui s’allume
C’est quoi un compliment? Un baiser invisible
Et la nostalgie? Du passé comestible
C’est quoi l’insouciance? C’est du temps que l’on sème
C’est quoi le bon temps? C’est ta main dans la mienne
C’est quoi l’enthousiasme? C’est des rêves qui militent
Et la bienveillance? les anges qui s’invitent
Et c’est quoi l’espoir? Du bonheur qui attend
Et un arc-en-ciel? Un monument aux vivants
C’est quoi grandir? C’est fabriquer des premières fois
Et c’est quoi l’enfance? De la tendresse en pyjama
Mais dis, papa
La vie c’est quoi?
Petite, tu vois
La vie, c’est un peu de tout ça, mais surtout c’est toi
C’est toi
C’est quoi le remord? C’est un fantôme qui flâne
Et la routine? Les envies qui se fanent
C’est quoi l’essentiel? C’est de toujours y croire
Et un souvenir? Un dessin sur la mémoire
C’est quoi un sourire? C’est du vent dans les voiles
Et la poésie? Une épuisette à étoiles
C’est quoi l’indifférence? C’est la vie sans les couleurs
Et c’est quoi le racisme? Une infirmité du cœur
C’est quoi l’amitié? C’est une île au trésor
Et l’école buissonnière? Un croche-patte à Pythagore
C’est quoi la sagesse? C’est Tintin au Tibet
Et c’est quoi le bonheur? C’est maintenant ou jamais
Mais dis, papa
La vie c’est quoi?
Petite, tu vois
La vie, c’est un peu de tout ça, mais surtout c’est toi
C’est toi
Dans tes histoires, dans tes délires, dans la fanfare de tes fous rires
La vie est là, la vie est là
Dans notre armoire à souvenirs, dans l’espoir de te voir vieillir
La vie est là, la vie est là
Je vous l’avais bien dit Ah
C’est bien de votre faute Ah
Bien la peine de faire le malin Ah
Vous l’avez bien cherché Ah
Ça vous fera une belle jambe Ah
Vous voilà dans de beaux draps Ah
Maintenant vous êtes bien avancé Ah
Je vous fais bien mes compliments Ah
Vous parlez d’une belle réussite Ah
En effet voilà du beau travail Ah
Vous êtes un joli monsieur Ah
Il y a bien de quoi se vanter Ah
Vous avez fait un joli coup Ah
Et tout est bien qui finit bien Ah
(Philippe Soupault)
Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset
Quand je serai mort, quand je serai de nos chers morts
(Au moins, me donnerez-vous votre souvenir, passants
Qui m’avez coudoyé si souvent dans vos rues?)
Restera-t-il dans ces poèmes quelques images
De tant de pays, de tant de regards, et de tous ces
visages
Entrevus brusquement dans la foule mouvante?
J’ai marché parmi vous, me garant des voitures
Comme vous, et m’arrêtant comme vous aux devantures.
J’ai fait avec mes yeux des compliments aux Dames;
J’ai marché, joyeux, vers les plaisirs et vers la gloire,
Croyant dans mon cher coeur que c’était arrivé;
J’ai marché dans le troupeau avec délices,
Car nous sommes du troupeau, moi et mes aspirations.
Et si je suis un peu différent, hélas, de vous tous,
C’est parce que je vois,
Ici, au milieu de vous, comme une apparition divine,
Au-devant de laquelle je m’élance pour en être frôlé,
Honnie, méconnue, exilée,
Dix fois mystérieuse,
La Beauté Invisible.
(Valéry Larbaud)
Recueil: Les Poésies de A.O. Barnabooth
Traduction:
Editions: Gallimard
Allez, celle-là on la fait à l’ancienne
Oli, t’es prêt? Bien
Louis prend son bus, comme tous les matins
Il croisa cette même fille, avec son doux parfum
Qu’elle vienne lui parler, il espère tous les jours
Ce qu’il ressent au fond d’lui, c’est ce qu’on appelle l’amour
Mais Louis, il est timide et elle, elle est si belle
Il ne veux pas y aller, il est collé au fond d’son siège
Une fois elle lui a souri quand elle est descendue
Et depuis ce jour là, il ne l’a jamais revue
Ah il aurait du y aller, il aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
Yasmine a une belle voix, elle sait qu’elle est douée
Dans la tempête de sa vie, la musique est sa bouée
Face à sa mélodie, le monde est à ses pieds
Mais son père lui répétait « trouve-toi un vrai métier »
Parfois elle s’imagine sous la lumière des projecteurs
Sur la scène à recevoir les compliments et les jets de fleurs
Mais Yasmine est rouillée, coincée dans la routine
Ça lui arrive de chanter quand elle travaille à l’usine
Ah elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
Elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
Diego est affalé au fond du canapé
Il engueule son p’tit frère quand il passe devant la télé (pousse-toi!)
Ses amis sont sortis, il ne les a pas suivi
Comme souvent seul, la lune viendra lui tenir compagnie
Diego est triste, il ne veut rien faire de sa nuit
Il déprime de ne pas trouver la femme de sa vie
Mais mon pauvre Diego, tu t’es tellement trompé
C’était à cette soirée que t’allais la rencontrer
Ah il aurait du y aller, il aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
Pauline elle est discrète, elle oublie qu’elle est belle
Elle a sur tout le corps des taches de la couleur du ciel
Son mari rentre bientôt, elle veut même pas y penser
Quand il lui prend le bras, c’est pas pour la faire danser
Elle repense à la mairie, cette décision qu’elle a prise
À cet après-midi où elle avait fait sa valise
Elle avait un avenir, un fils à élever
Après la dernière danse, elle s’est pas relevée
Ah elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, ah c’est dommage, ah c’est dommage »
« Ah c’est dommage, ah c’est dommage, ah c’est dommage, ah c’est dommage »
Elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
Elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
Elle aurait du y aller, elle aurait du le faire, crois-moi
On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois »
Vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets
Vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets
Vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets
Vaut mieux vivre avec des remords, c’est ça le secret
Source de mes plaisirs, belle et divine bouche,
Qui tirez d’une rose un air délicieux,
Dont vous charmez nos sens et parfumez ces lieux,
Et dont vous pourriez même animer une souche.
Lorsque vous permettez que ma lèvre vous touche,
Je suis dessus la terre ainsi que dans les cieux;
Je savoure un nectar si désiré des Dieux,
Qu’ils dédaignent au prix les plaisirs de leur couche.
Ce qui peut amoindrir pourtant cette faveur,
Ce baiser animé d’une aimable saveur
Qui me flatte les sens d’une si douce atteinte,
Belle bouche, où la grâce établit son séjour.
C’est que vous me donnez par respect et par feinte,
Ce que vous pourriez bien me donner par amour.
(Guillaume Colletet)
Recueil: Anthologie universelle des baisers (III France)
Editions: H. Daragon
Il y a des traîtres dans la maison…
Ils viennent quand je somnole, en m’offrant un compliment,
une histoire palpitante ou drôle, des fleurs et des friandises…
Ils parlent à la première personne, c’est ma voix que je crois entendre,
c’est ma voix que je crois émettre : « je suis…, je sais…, je veux… »