Posts Tagged ‘conclure’
Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022

« Vous cherchez du côté du plus grand…
C’est tellement plus simple : J’attends le printemps.
Ce que j’appelle le printemps n’est pas affaire de climat ou de saison.
Cela peut surgir au plus noir de l’année.
C’est même une de ses caractéristiques :
Quelque chose qui peut venir à tout moment pour interrompre, briser
– et au bout du compte, délivrer.
Le printemps n’est rien de compréhensible
– c’est même ce qui lui permet de tenir dans trois fois rien
– un bruit, un silence, un rire.
Il se moque de conclure.
Il ouvre et ne termine jamais.
Il est dans sa nature d’être sans fin.
Ce que j’appelle le printemps ne va pas sans déchirure.
C’est une chose douce et brutale.
Nous ne devrions pas être surpris de ce mélange.
Si nous le sommes, c’est que la vie nous rend distraits.
Nous ne faisons pas assez attention.
Si nous regardions bien, si nous regardions calmement,
nous serions effrayés par la souveraineté de la moindre pâquerette :
elle est là, toute bête, toute jaune.
Pour être là, elle a dû traverser des morts et des déserts.
Pour être là, toute menue,
elle a dû livrer des guerres sans pitié.
Ce que j’appelle le printemps est une chose du même ordre…
Dans le printemps, rien de tranquille ni de gagné d’avance.
Lorsqu’il arrive, nous ne nous y retrouvons plus.
Presque rien n’a changé et ce presque rien change tout.
Nous nous accoutumons trop vite à ce que nous avons.
Dieu merci, le printemps vient remettre du désordre dans tout ça.
Nous découvrons que nous n’avons jamais rien eu à nous,
et cette découverte est la chose la plus joyeuse que je connaisse. »
(Christian Bobin)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Christian Bobin), attendre, briser, brutal, changer, chercher, compréhensible, conclure, connaître, déchirure, découvrir, délivrer, désert, doux, grand, guerre, interrompre, joyeux, mort, pitié, printemps, s'accoutumer, saison, simple, surgir, surpris, tranquille | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 juin 2022

Le Corroyeur et le Financier
Le délicat voisin d’un puant corroyeur
Plaida pour l’éloigner, et gagna son affaire :
Pendant qu’à déloger le corroyeur diffère,
Le voisin s’accoutume à la mauvaise odeur.
Bientôt le délicat plaideur
Des peaux de son voisin ne sentit plus l’odeur :
Que conclure de là ? Que ce qui semble rude
Devient avec le temps, plus doux par l’habitude.
(Isaac de Benserade)
Recueil: Fables
Traduction:
Editions:
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Isaac de Benserade), affaire, éloigner, conclure, corroyeur, délicat, déloger, devenir, différer, doux, financier, gagner, habitude, mauvais, odeur, peau, plaider, plaideur, puer, rude, s'accoutumer, sembler, temps, voisin | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 mai 2022

Entre l’ombelle et le maïs,
Le noisetier et le hêtre,
Cette alliance fut conclue
Pour la plus fraîche odeur,
Pour la paix du regard
Qui feront verdir ce pré
Tout au creux de la mémoire.
(Georges-Emmanuel Clancier)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Georges-Emmanuel Clancier), alliance, conclure, creux, frais, hêtre, maïs, mémoire, noisetier, odeur, ombelle, paix, pré, regard, verdir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 avril 2020

Illustration: Irina Vitalievna Karkabi
ÉCHANGES
Vous donneriez volontiers
une tartine ou un cercueil
pour une paire de souliers
Je donnerais pour un oeil
une dent ou un râtelier
Nous pouvons nous arranger
Pour une bouchée de pain
vous donneriez volontiers
une bonne poignée de main
un cheval pour un royaume
l’éternité pour une pomme
Inutile de discuter
Marchés conclus
Marchés perdus
le diable n’achète plus les âmes
Tout est noir aujourd’hui Madame
les marchés
et les âmes
(Philippe Soupault)
Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset
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Posted in poésie | Tagué: (Philippe Soupault), acheter, arranger, âme, échange, éternité, bouchée, cercueil, cheval, conclure, dent, diable, discuter, donner, inutile, madame, main, marche, noir, oeil, pain, paire, perdre, poignée, pomme, pouvoir, râtelier, royaume, soulier, tartine, volontiers | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 janvier 2020

COMMENT L’HOMME EST VENU
L’inquiétude s’en vint, grosse de l’homme,
Et l’inquiétude contempla le sans-espoir,
Le sans-espoir a soupiré devant le doute,
Le doute l’entendit avec perplexité,
La perplexité fut indécise face au qui-sait,
Le qui-sait discuta avec le peut-être,
Et le peut-être interrogea le si-jamais,
Le si-jamais creusa vers le probable,
Le probable en conclut c’est possible,
Le possible montra le vraisemblable,
Le vraisemblable fit un signe au pourquoi-pas,
Le pourquoi-pas se faufila vers le vraiment
Le vraiment chuchota certainement,
Certainement railla l’indubitable,
L’indubitable tempêta le défini,
Le défini frappa du poing: assurément,
Assurément se jeta sur le vrai,
Et le vrai tomba sur le coeur.
C’est ainsi qu’est advenu l’homme,
C’est ainsi qu’a survécu l’homme
Avec toutes sortes de doutes
Toutes vérités jamais sûres.
(Aron Lutski)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Aron Lutski), coeur, comment, conclure, creuser, défini, discuter, doute, entendre, espoir, gros, homme, indécis, indubitable, inquiétude, interroger, jamais, perplexité, peut-être, possible, probable, railler, savoir, sûr, se faufiler, signe, soupirer, survivre, tempêter, tomber, vérité, venir, vrai, vraiment, vraisemblable | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2019

Baguenaude en quête de baisers
Cette baguenaude en quête de baisers
qui prolonge les visites et jamais ne conclut
et puis s’échine à inventer des excuses,
ma spécialité, ma spécialité.
Hors de moi en amour,
de moi-même exclue,
nécessité rapide,
c’est ça le salut.
(Patrizia Cavalli)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Patrizia Cavalli), amour, baguenauder, baiser, conclure, exclue, excuse, inventer, nécessité, quête, rapide, s'échiner, salut, spécialité, visite | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2019

La vie a noué sa cravate,
s’est aspergée d’eau de Cologne
et s’en est allée au théâtre.
Elle a chaussé ses lunettes
– la vie est un peu myope –
et s’est mise à observer la scène.
Au premier acte, sur le plateau,
c’était une fête exceptionnelle,
une fête comme elle n’en avait jamais vu.
Des amoureux apparaissaient
qui parlaient un langage tel que la vie, depuis qu’elle vit,
n’en avait jamais entendu.
Dieu, la vie ouït-elle jamais de pareils propos !
Au deuxième et au troisième acte survinrent des malheurs
si originaux que la vie dut ôter ses lunettes pour les essuyer.
Jamais, en nul lieu, en nul temps,
la vie n’avait vu des gens se comporter de cette façon.
Le rideau est tombé sur le dernier acte
et la vie a applaudi, crié bravo.
Quand la vie a quitté la représentation, il était déjà tard.
Elle a comparé ce qu’elle avait vu au théâtre
et en a conclu que la vie ne sait pas du tout vivre.
Qu’il lui faudrait, de temps à autre, faire un saut au théâtre
pour apprendre comment les gens se comportent,
afin de savoir quoi faire en des circonstances analogues.
Et, depuis lors, la vie va régulièrement au théâtre,
et la vie devient chaque jour plus intéressante,
meilleure, plus raffinée, plus dramatique.
(Moshe Nadir)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in humour, méditations, poésie | Tagué: (Moshe Nadir), acte, amoureux, apparaître, applaudir, apprendre, ôter, bravo, chausser, comparer, conclure, cravate, crier, dramatique, eau de Cologne, entendre, essuyer, exceptionnel, fête, gens, intéressant, langage, lieu, lunette, malheur, meilleur, myope, nouer, observer, original, parler, plateau, propos, quitter, raffiné, régulier, représentation, rideau, s'asperger, s'en aller, saut, scène, se comporter, survenir, tard, temps, théâtre, tomber, vie, vivre, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 septembre 2019

POUR CONCLURE
Je connais l’affliction des copyrettes,
des hommes mornes aux journaux jaunis,
des mères à lunettes aux avis de déménagement,
l’odeur des papiers à lettres, relevés de compte,
formulaires d’impôts, contrats de location,
cette encre de rien qui dit que nous existons.
Et j’ai vu des cités les dortoirs mort-nés,
où sans gloire les hommes contrefont des hommes,
et presque sans défaut la rue une rue.
Qui est-ce qu’ils copient ? Qui est-ce que
je copie moi-même ? Père, mère, monde, ADN,
te voilà avec un nom radieusement tien,
dans la tête un espoir habilement calqué
de repos, promotion, progéniture et chèques.
Et moi, qui glapissant habite ces tercets,
si seulement j’avais choses nouvelles à dire.
Lumière. Ciel. Amour. Maladie. Mort.
Je connais l’affliction des copyrettes.
***
TOT BESLUIT
Ik ken de droefenis van copyrettes,
van holle mannen met vergeelde kranten,
bebrilde moeders met verhuisberichten,
de geur van briefpapieren, bankafschriften,
belastingformulieren, huurcontracten,
die inkt van niks die zegt dat we bestaan.
En ik zag.Vinexwijken, pril en doods,
waar mensen roemloos mensen willen lijken,
de straat haast vlekkeloos een straat nabootst.
Wie kopiëren ze? Wie kopieer
ik zef? Vader, moeder, wereld, DNA,
daar sta je met je stralend eigen naam,
je hoofd vol snugger afgekeken hoop
op rust, promotie, kroost en bankbiljetten.
En ik, die keffend in mijn canto’s woon,
had ik maar iets nieuws, iets nieuws te zeggen.
Licht. Hemel. Liefde. Ziekte. Dood.
Ik ken de droefenis van copyrettes.
(Menno Wigman)
Recueil: L’affliction des copyrettes
Traduction: Pierre Gallissaires et Jan H. Mysjkin
Editions: Cheyne
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Posted in poésie | Tagué: (Menno Wigman), ADN, affliction, amour, avis, calquer, chèque, chose, ciel, cité, conclure, connaître, contrat, contrefaire, copier, copyrette, défaut, déménager, dire, dortoir, encre, espoir, exister, formulaire, glapir, gloire, habile, habiter, homme, impôt, jauni, journal, location, lumière, lunette, maladie, mère, morne, mort, mort-né, nom, nouveau, odeur, papier, père, progéniture, promotion, radieux, relève, repos, rien, rue, tête, tercet | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 octobre 2018

Comme horizon la neige, n’avons-nous appris
qu’à nous résigner ? Ce mot qui veut conclure
nous appartient, mais le silence nous déborde
autant qu’il nous rassemble, l’amitié, la prière,
a-t-elle une autre fin, que nos dieux y renaissent ?
Nous ne respirons que pour eux,
sans les nommer, sans borner le chemin,
sans asservir l’élan farouche, et comme viatique
douleur, louanges égales, indivisibles.
(Pierre Dhainaut)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Pierre Dhainaut), amitié, appartenir, apprendre, asservir, égal, élan, borner, chemin, conclure, déborder, dieux, douleur, farouche, fin, horizon, indivisible, louange, mot, neige, nommer, prière, rassembler, renaître, respirer, se résigner, silence, viatique | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 juillet 2018

JE
(Extraits)
L’aventure touchée au ventre
Se casse en deux. Il est midi.
Je n’ai pas faim. La ville rentre
A son impavide appétit.
Un peu de monde, une voiture,
Un mort tout neuf sur le pavé :
A la police de conclure
Quelle soif la terre approuvait…
A la terre un jour de me dire
Quelle sagesse m’a perdu.
Je m’en vais. Cela doit suffire
Au bonheur, un homme étendu.
*
Ombre qui me revient
par la vertu des lampes
et me fuit aussitôt
je t’appelle ma vie.
Rafales de plein fouet,
le vent grille pour moi
la lourde cigarette
des condamnés sans mort.
Un jour de lâcheté
va s’ajouter aux autres.
Une arme au cran levé
tiédit contre le coeur.
(Axel Toursky)
Illustration: Ernest Pignon-Ernest
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COMMENT L’HOMME EST VENU (Aron Lutski)
Posted by arbrealettres sur 5 janvier 2020
COMMENT L’HOMME EST VENU
L’inquiétude s’en vint, grosse de l’homme,
Et l’inquiétude contempla le sans-espoir,
Le sans-espoir a soupiré devant le doute,
Le doute l’entendit avec perplexité,
La perplexité fut indécise face au qui-sait,
Le qui-sait discuta avec le peut-être,
Et le peut-être interrogea le si-jamais,
Le si-jamais creusa vers le probable,
Le probable en conclut c’est possible,
Le possible montra le vraisemblable,
Le vraisemblable fit un signe au pourquoi-pas,
Le pourquoi-pas se faufila vers le vraiment
Le vraiment chuchota certainement,
Certainement railla l’indubitable,
L’indubitable tempêta le défini,
Le défini frappa du poing: assurément,
Assurément se jeta sur le vrai,
Et le vrai tomba sur le coeur.
C’est ainsi qu’est advenu l’homme,
C’est ainsi qu’a survécu l’homme
Avec toutes sortes de doutes
Toutes vérités jamais sûres.
(Aron Lutski)
Traduction:
Editions: Gallimard
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