Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘confier’

Fleur de lune (Guy Meunier)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2023



Illustration
    
Fleur de lune

L’endymion est une fleur qui
En dit long sur les sous-bois qui
Sont revenus de leur maquis
Où l’hiver les avait requis.

L’endymion est une fleur que
Je m’en vais retrouver dès que
Décembre nous montre sa queue
Et que Mars devient belliqueux.

L’endymion est une fleur dont
La délicatesse est un don
Pour le timide céladon
Oui lui confie ses abandons.

L’endymion est une fleur dont
Le nom usuel est clochette ou
Bien jacinthe des bois, et qui
Fleurit lorsque la lune est … bleue.

(Guy Meunier)

Recueil: On fait comme on a dit
Editions: Lavillatte
  

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

S’il était inéluctable pour moi (Mundhr Masri)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2023



    

S’il était inéluctable pour moi

S’il était inéluctable pour moi
de choisir un dieu
à adorer et à servir
le dieu de ma grand-mère
celui qu’elle envoyait pour m’accompagner
où que j’aille
celui à qui elle confiait de me surveiller où que je sois
serait mon dieu.

Il m’arriva d’adorer le feu autrefois
il m’arriva d’adorer une idole
autrefois j’adorais un chef
autrefois j’adorais une femme
autrefois
je n’adorais personne
puis je n’ai pas trouvé d’autre échappatoire que
d’incliner ma tête
quand ma grand-mère m’a dit :
il vaut mieux
que tu remettes ta vie
entre les mains de dieu
plutôt qu’entre les mains
des hommes.

Le dieu de ma grand-mère est mon dieu

***

(Mundhr Masri)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Je te confie vieux désert (Tahar Bekri)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2022



Illustration
    
Je te confie vieux désert
La soif des caravanes illustres
Dans la traversée des fièvres solennelles
Sans armatures remèdes à la félonie
Les poitrines indifférentes à l’opprobre
Ouvertes et hospitalières
Sous le soleil sans monopole
Les aigles en provenance des plateaux
Comme des pléthores épanouies
Dis vieux désert
Combien de dunes résistantes à l’ossature
Dois-tu remuer
Pour libérer la tempête de son dû
Combien d’années dois-tu nourrir
Pour alléger la rose de sable
De son silence de verre

(Tahar Bekri)

 

Recueil: Je te nomme Tunisie
Editions: Al Manar

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Depuis la toute légère enfance (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2022


christian bobin  _4

Depuis la toute légère enfance je suis en pourparlers avec moi-même,
je mène de moi à moi un entretien que le monde s’évertue à interrompre.
Pour continuer à me parler, j’ai commencé d’écrire.

Ce qui se dit en moi n’est pas dans mes livres.

Les livres sont un contre-bruit au bruit du monde.
Ce qui se dit en moi est confié au silence, n’est rien que du silence.
Les livres frôlent ce silence.
Ils ne le touchent pas, ils le frôlent.

Les livres sont presque aussi intéressants que le silence.
Ecrire est presque aussi passionnant que ne rien faire
et attendre les premières gouttes de pluie dans les concertos pour piano de Mozart.

(Christian Bobin)

Découvert chez la boucheaoreilles ici

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Où es-tu? (Zen)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2021



    

Où es-tu?

Le disciple confie au maître :

«Je suis dépassé.
Je n’arrête pas d’osciller entre deux états :
soit je me noie, soit je flotte.
Quand vais-je me libérer de ce monde de souffrance ?
Quand serai-je libre?»

Le maître ne répond rien.
Au bout de quelques minutes,
le disciple surpris intervient à nouveau :

« Maître ! Ne suis-je pas là, assis en face de vous,
en train de vous poser une question?

— Où es-tu maintenant? demande le maître.
En train de flotter ou en train de te noyer?»

(Zen)

 

Recueil: Le doigt et la lune (Alexandro Jodorowsky)
Traduction:
Editions: Albin Michel

Posted in méditations | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Comment vous confier (Antonio Ramos Rosa)

Posted by arbrealettres sur 24 juin 2021



Comment vous confier
ce que je ne sais pas?

(Antonio Ramos Rosa)


Illustration: Jean-Baptise Carpeaux

Posted in méditations | Tagué: , , , | Leave a Comment »

Il y a en moi une inquiétude (Etienne de Senancourt)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2021



Il y a en moi une inquiétude qui ne me quittera pas;
c’est un besoin que je ne connais pas, que je ne conçois pas,
qui commande, qui m’absorbe, qui m’emporte au-delà des êtres périssables.

(Etienne de Senancourt)


Illustration

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Graine d’amour (Hâfez Shirâzi)(Hafiz)

Posted by arbrealettres sur 22 décembre 2020



 

Illustration: Oleg Zhivetin
    
Graine d’amour

Ô toi, si loin de mes regards,
c’est à Dieu que je te confie.
Tu m’as brûlé l’âme, pourtant
moi, je t’aime plus que ma vie.
Tant que je ne tirerai pas
le pan de mon linceul sous terre,
Ne crois pas que j’ôte ma main
du pan de ta robe légère.
Laisse-moi voir l’arcade sainte
de tes sourcils : au petit jour,
J’étendrai les bras pour prier
et les mettre autour de ton cou.
Même si je dois m’adresser
à l’ange déchu de Babel,
Je ferai cent tours de magie
pour te ramener, ô ma belle !
Je voudrais mourir avant toi,
ô mon médecin infidèle !
Vas donc ausculter ton patient :
je suis dans une attente telle !
J’ai fait ruisseler de mes yeux
sur mon sein cent ruisseaux de larmes,
pour arroser les grains d’amour
que je sèmerai dans ton coeur.
Le Bien-Aimé versa mon sang,
me sauvant des peines de coeur :
Voici ton clin d’oeil assassin
qui me transperce comme une arme.
Mais je pleure, et mon seul désir,
au sein de ce torrent de larmes,
C’est de pouvoir semer en toi
la seule graine de l’amour.
Sois généreux ! Reçois-moi donc,
pour que, dans l’ardeur de mon âme,
Mes larmes tombent à tes pieds,
comme des perles, tour à tour.

Vin, amour et libertinage,
Hâfez. ne sont pas ton partage ; –
Et pourtant. c’est ce que tu fais.
Tant pis pour toi, c’est bien dommage

***

(Hâfez Shirâzi)(Hafiz)

 

Recueil: L’amour, l’amant, l’aimé
Traduction: Vincent-Masour Monteil
Editions: Actes Sud

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Officiers de la garde blanche (Louise de Vilmorin)

Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2020



Officiers de la garde blanche,
Gardez-moi de certaines pensées la nuit.
Gardez-moi des corps à corps et de l’appui
D’une main sur ma hanche.
Gardez-moi surtout de lui
Qui par la manche m’entraîne
Vers le hasard des mains pleines
Et les ailleurs d’eau qui luit.
Épargnez-moi les tourments en tourmente
De l’aimer un jour plus qu’aujourd’hui,
Et la froide moiteur des attentes
Qui presseront aux vitres et aux portes
Mon profil de dame déjà morte.
Officiers de la garde blanche,
Je ne veux pas pleurer pour lui
Sur terre. Je veux pleurer en pluie
Sur sa terre, sur son astre orné de buis,
Lorsque plus tard je planerai transparente,
Au-dessus des cent pas d’ennui.
Officiers des consciences pures,
Vous qui faites les visages beaux,
Confiez dans l’espace au vol des oiseaux
Un message pour les chercheurs de mesure
Et forgez pour nous des chaînes sans anneaux.

(Louise de Vilmorin)

 

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Les morts sont parmi nous (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2020




    
Les morts sont parmi nous, plus vifs que les vivants,
Nous intimant d’être à l’écoute. Initiés
Par-delà douceur et douleur au grand secret,
Ils n’auront de cesse qu’ils ne nous l’aient confié.

(François Cheng)

 

Recueil: Enfin le royaume
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :