Trouve l’Amour de tous les commencements,
Connais-le,
Alors chaque jour est émotion durable
Jamais ne se rompra le commencement.
Si le doux sage joue, subtil, du Plein Amour,
Pierre précieuse,
Lotus flottant sur le lac,
Alors la lune s’élève dans le ciel bleu,
L’étoile accrochée,
Les deux prises l’une à l’autre ;
Deux lettres enlacées pour être,
Trois pour le rituel,
L’extase portée vers.
L’Amour agit
Si tu sais mourir vivant à l’Amour,
Immortel tu deviendras dans le monde mortel
Trouve l’Amour de tous les commencements,
Connais-le.
(Dîn Doyal)
Recueil: Un feu au coeur du vent Trésor de la poésie indienne Des Védas au XXIème siècle
Traduction:
Editions: Gallimard
La voir est un Tableau —
L’entendre est une Mélodie —
La connaître, le dénigrement de toute autre Bénédiction
Ne pas la connaître, Affliction —
L’avoir pour Amie
Une chaleur aussi proche que si le Soleil
Rayonnait dans votre Main —
***
To see her is a Picture —
To hear her is a Tune —
To know her, a disparagement of every other Boon —
To know her not, Affliction —
To own her for a Friend
A warmth as near as if the Sun
Were shining in your Hand —
(Emily Dickinson)
Recueil: Ses oiseaux perdus
Traduction: de l’américain par François Heusbourg
Editions: Unes
La voix de la cigale a résonné du côté de la route occidentale ;
Elle jette dans une rêverie profonde l’hôte qui porte une coiffe du sud.
Comment supporterais-je patiemment la vue de ce frêle insecte,
Qui vient, tout près de ma tête blanche, répéter son chant douloureux !
La rosée, trop lourde pour ses ailes, appesantit sa marche, et l’empêche de prendre son vol
Le vent, qui souffle avec violence, emporte ses cris étouffés.
Les hommes ne veulent pas croire à ce qu’il y a de pur et d’élevé dans le secret de son existence
Puis-je espérer qu’il s’en trouve un, pour faire connaître à tous ce que renferme mon coeur
(Luo Binwang)
(milieu du VIIe-début du VIIIe siècle)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
Afflictions du coeur et tourments de l’âme,
Demeurez au-dehors — je ne dirai plus rien !
Les yeux de l’homme bravent l’horizon des Quatre Mer
Dix mille lis ne sont pour lui que porte voisine.
L’amour fraternel ne saurait déserter
Et la distance nous ramène sans cesse au plus près.
Il serait vain de partager nos lits,
Sans avoir jamais partagé nos peurs et nos joies.
L’angoisse trop couvée n’apporte que maux et fièvres.
Infantilité ! Sentimentalité de femme !
Mais le sang et la chair à jamais séparés
Hurlent en moi amertume et peine.
Amertume et peine — que sont ces regards du cœur ?
Les décrets du Ciel n’apportent que désespoir.
Inutile donc de courir les rangs immortels.
Maître Sung nous a fait rêver trop longtemps.
Changements et malheurs sont sur nous.
Qui pourrait bien vivre au-delà de cent ans ?
Nous sommes séparés — ce sera pour toujours.
Mais j’attends encore tes mains dans les miennes.
Prince, prends soin de ton corps digne.
Et puissions-nous, ensemble,
Connaître les jours aux cheveux blancs.
Je retourne mes larmes et retrouve ma route.
Mon pinceau scelle mes voeux de vie belle.
Au revoir désormais.
(Zao Zhi)
(192-232)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
La confiance est la matière première de celui qui regarde :
c’est en elle que grandit la lumière.
La confiance est la capacité enfantine
d’aller vers ce que l’on ne connaît pas
comme si on le reconnaissait.
« Tu viens d’apparaître devant moi
et je sais qu’aucun mal ne peut me venir de toi puisque je t’aime,
et c’est comme si je t’aimais depuis toujours. »
La confiance est cette racine minuscule
par laquelle le vivant entre en résonance avec toute la vie
— avec les autres hommes, les autres femmes,
comme avec l’air qui baigne la terre
ou le silence qui creuse un ciel.
Sans confiance, plus de lien et plus de jour.
Sans elle, rien.