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LES LITANIES DE LA SOLITUDE (Pascal Bonetti)

Posted by arbrealettres sur 25 mai 2018




LES LITANIES DE LA SOLITUDE

O fille de l’orgueil et mère de la force,
Maitresse-vierge dont la voix est le silence,

O Palais des miroirs où se confronte l’âme,
Tour d’ivoire où les nuits même sont translucides,

Trône de la sagesse, Arche où font alliance
Les souvenirs fanés et les espoirs vivaces,

Etoile des matins et des molles vesprées
Qui luis, guidant cerveaux et coeurs comme des voiles,

Porte du ciel promis aux prunelles voyantes,
Firmament constellé des désirs et des rêves,

Vase spirituel et cassolette ardente
Où brûlent les parfums des plus rares pensées,

Rose mystique ouverte aux âmes idéales,
Grenade mûre offerte aux chairs passionnelles,

Festin où les esprits prédestinés s’enivrent
Jusqu’à trouver toute clarté dans leur ivresse,

Manne apaisante aux faims de Jésus et d’Orphée,
Vin qui fais les héros, Pain qui nourris les vierges,

Refuge des pécheurs, douce Consolatrice
Des affligés, Salut des infirmes, Viatique

Pour les marcheurs lassés par nos époques lourdes,
Fleuve d’oubli où les oublis mêmes s’oublient,

Soleil sur les glaciers de nos amours défuntes,
Pluie d’or sur les déserts de nos amitiés mortes,

Reine des saints et des martyrs et des poètes,
Reine des vraiment rois, reine des vraiment reines,

O Colombe, ô Vautour, inlassable couveuse
Des germes du génie humain et de ses fièvres,

Toi, la seule par qui les hommes
Trouvent l’entendement des célestes silences,

Accueille-nous, accueille-nous, ô Solitude !

(Pascal Bonetti)

Illustration: Tatiana Yushmanova

 

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Les Conversants (Salah Stétié)

Posted by arbrealettres sur 28 avril 2018



 

Sam Wolfe Connelly Harvest_main

Les Conversants –

Nous avons donc parlé sous la tonnelle
De la diversité concertante des anges
Des fourmis affairées dans le jardin
Où l’eau brillait parmi ses catégories
Jusqu’au lointain des cruches

La poésie dormait dans ses racines d’arbre
Depuis l’antiquité comme une jeune fille
Agrippée au désastre de la parole
Pour ce naufrage où la terre est consolatrice

La terre était l’enfant de nos viscères
Où déjà des fleurs de formaient préparant
Notre silence vide le plus intime
Sous le ciel dur invisiblement défait
Par la mêlée des grues et des nuages

(Salah Stétié)

Illustration: Sam Wolfe Connelly

 

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La Lune consolatrice (Renée Vivien)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2017



Illustration: Caroline Duvivier
    
La Lune consolatrice

Et voici que mon coeur s’épanouit et rit…
Moi qui longtemps souffris, me voici consolée
Par ce noir violet d’une nuit étoilée,
Moi qui ne savais point que la lune guérit !

Moi qui ne savais point que la lune console
De tout le chagrin lourd, de toute la rancoeur !
Sa consolation illumine le coeur
D’un rayon éloquent autant qu’une parole.

Et d’un rayon furtif comme un furtif bienfait
Elle se glisse au fond torturé de mon âme,
Elle se glisse avec une douceur de femme.
Et c’est insinuant comme un obscur bienfait.

Comme un obscur bienfait s’insinue, elle glisse…
Tout le ciel émergeant de l’ombre est radieux.
Eternellement chère à mon coeur, à mes yeux,
Sois louée à jamais, Lune consolatrice !

(Renée Vivien)

 

Recueil: Dans un coin de violettes
Editions: E. SANSOT & Cie

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L’homme collait sa poitrine aux barreaux (Guy Lévis Mano)

Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2017



 

Júlia Fernández Sánchez 9518

L’homme collait sa poitrine aux barreaux d’une baraque pauvre entre les pauvres
Il était seul seul parmi trente compagnons tenaces
compagnons témoins sans papilles de son jour
témoins sans prunelles de sa nuit et des crispations
de sa face et des rictus dévoilés de l’âme
La vie était dehors achevant son travail quotidien
avec les mains humaines avec les mains des arbres
avec les battements du coeur de la mer et les battements des coeurs charnels
avec l’intelligence dure et fertile de la terre et l’intelligence infectée de l’homme
La vie était dehors – malaxant vie et mort mort et vie

et la bouée du sommeil.

L’homme fixait le grand corps mou de la nuit s’infiltrant
souplement en ondes sombres parmi les cimes des sapins
Il regardait il écoutait isolé dans son espacement morne
Isolé dans son cerveau et dans sa demande malgré ses compagnons et le sort commun
Il était seul comme un homme est seul parmi les hommes.
Cet homme regardait la nuit Il écoutait la nuit
bavarde la nuit silencieuse comme la méditation des yeux clairs d’un chat
L’homme fermé s’ouvrait devant la nuit salvatrice
devant la nuit consolatrice de toutes peines

(Guy Lévis Mano)

Illustration: Júlia Fernández Sánchez

 

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