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Poésie

Posts Tagged ‘continu’

Pas un silence (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2018


pas un jour sans ton nom continu.
pas une larme sans ton nom.
pas une vie sans ton nom.
il ne cesse d’être.
multiple comme un recueil de contes.
pas une minute sans ton nom.
pas un pas. pas une nuit. pas un silence.

(Lionel Ray)

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J’avais cessé de nommer (Roger Munier)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2018



Illustration: Vincent Van Gogh
    
J’avais cessé de nommer.
J’étais le lieu seulement comme d’une avancée végétale.

La proie d’un moutonnement vert, argenté sur ses crêtes par les jeunes feuilles,
et qui venait à moi, en marche vers moi.

Il n’y avait colline ni pente ni prairie ni bocage.
Une masse fluide coulait vers moi, m’immergeant lentement.

La fine pluie qui se déplaçait en nuages bas, de l’est,
en abolissant tout recul de quelque importance, en noyant les confins, même proches,
rendait d’autant plus immédiat et instant ce qui m’entourait.

La tiédeur humide de l’air accusait encore la continuité, le continu, mettait tout en contact.
Une lumière irréelle, opaline et dorée, baignait, c’est bien le mot, toutes choses.

Je fus un temps sous l’effet de cette instance en marche, sans nommer, ni presque percevoir.
En proie seulement. Envahi. Bienheureux. Délivré.
N’étant pas plus, mais cela.
Et de la sorte venant moi-même à moi comme du dehors, me rejoignant peu à peu.

Quand ce fut fini, quand j’eus en quelque sorte regagné mes limites, mes fonds,
quand de nouveau je me reconnus, je reconnus aussi ce qui était venu… et qui s’était évanoui.

(Roger Munier)

 

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En descendant l’escalier d’une maison (Arthur Bidegain)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2018



 

en descendant l’escalier d’une maison
de pierre
j’ai entendu sourdre du sous-sol
l’ancien
le continu
l’avenir
et j’étais
en suspens
les lèvres étaient immenses

(Arthur Bidegain)

Illustration: Escher

 

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REPOS (Nikiforos Vrettakos)

Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2018




    
REPOS

Les fleurs quand j’étais
fatigué me procuraient
du silence pour me reposer.
Tellement, qu’il ne leur échappait
un son jusqu’au matin.

Et même à l’univers
avec ses étoiles flottantes
le silence avait
(phénomène rare)
clos les lèvres.

Et ma mère retira
sa voix qui est,
même à présent que j’ai vieilli,
une musique douce
et continue :

« Dors, mon enfant « .

(Nikiforos Vrettakos)

 

Recueil: LA MYTHOLOGIE DES FLEURS
Traduction: N. Lygeros
Editions:

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LES POÈMES (Philippe Delaveau)

Posted by arbrealettres sur 28 février 2018



Illustration
    
LES POÈMES

Les poèmes vieillissent confusément,
Parlant encore de forêts, d’or et de roses. Toutefois
Quel sage aurait pu dans une seule fable
Serpentant au-dessus des hommes et des fleurs,
Dire comme la perle un peu l’attente
Qui est au creux du monde, et peut-être à la fin composer,
Pour un prince las du soleil et des livres,
Un autre chant qui ne vieillirait pas,
Qui parlerait sans fin de ce qui recommence,
Au gré des libellules bleues, des armoiries de l’onde ?

Alors l’image en ce poème serait plus limpide
Que le bruit continu de l’eau, plus sombre qu’un silence
Au pied de l’arbre à qui écoute
La nuit parfaire les saisons
En quête de sagesse nébuleuse et d’ordonnance.

(Philippe Delaveau)

 

Recueil: Le Veilleur amoureux précédé d’Eucharis
Traduction:
Editions: Gallimard

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LE TRAVAIL CONTINU (Raymond Queneau)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2017




    
LE TRAVAIL CONTINU

À l’ombre du mot tilbury
se reposait un soir de juin
un homme qui tentait d’enter
un vers marron sur de la prose
Cette opération monstrueuse
l’occupait de telle façon
qu’il ne vit point passer la phrase
qui l’aurait tiré d’embarras
Il s’acharnait en grommelant
cependant que sous le ciel rose
la lune d’un pas turbulent
traversait des nuages lyriques
Lorsque l’entracte fut fini
l’horticulteur pédagogique
remit dans l’ombre le lexique
et saisissant sa douce hie
il se pencha de nouveau sur
son travail presque minéral
Paveurs Pavés êtes ainsi
lorsque tombe le crépuscule
l’écho des poètes passés
dans cette rue presque nocturne

(Raymond Queneau)

 

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Il n’y a pas de rupture (Krishnamurti)

Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2017




    
Il n’y a pas de rupture
entre l’observateur et l’observé,
entre le sujet et l’objet:
ils forment un tout homogène et continu.

(Krishnamurti)

 

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ROUGE HORIZON (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 7 août 2017




    
ROUGE HORIZON

j’avance
le long de ce fil rouge qui court
entre nos vies

tout au long
de cette ligne de plein coeur
qui fuse en continu

fil tendu
entre deux rêves
prisme de tous les possibles

j’avance
par cette ligne de faille
ligne de force

ligne de feu
ligne de chance
au fil des aubes

j’avance
sur cette ligne de partage des âmes
au fil des secondes éclairantes

ou crépusculaires
au fil des secondes cuivrées
et je glisse

chaviré
jusqu’au jour des jours
jusqu’à la nuit des nuits

danseur de corde
sur le rouge poudroyant
des vents magnétiques

(Zéno Bianu)

 

Recueil: Satori Express
Editions: Le Castor Astral

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Incommensurable (Hannah Arendt)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2016



Incommensurable, l’étendue, juste,
quand nous nous apprêtons à mesurer,
ce dont notre coeur avait ici pour mission de s’emparer.

Insondable, la profondeur, juste,
quand, approfondissant, nous sondons,
ce qui, dans notre chute, nous accueille comme fond.

Inaccessible, l’altitude, juste,
quand nos yeux s’épuisent à scruter
ce qui, flamme devenu, s’élève au-dessus du firmament.

Inévitable, la mort, juste,
quand, assoiffés d’avenir,
nous ne supportons pas le pur continu d’un instant.

***

Unermessbar, Weite, nur,
wenn wir zu messen trachten,
was zu fassen unser Herz hier ward bestellt.

Unergründlich, Tiefe, nur,
wenn wir ergründend loten,
was uns Fallende als Grund empfángt.

Unerreichbar, Höhe, nur,
wenn unsere Augen mühsam absehn,
was als Flamme übersteigt das Firmament.

Unentrinnbar, Tod, nur,
wenn wir zukunftsgierig
eines Augenblickes reines Bleiben nicht ertragen.

(Hannah Arendt)

 

 

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Un regard en arrière (Mary Low)

Posted by arbrealettres sur 9 juin 2016



Un regard en arrière

J’écoute le lent et continu tic-tac des ténèbres,
Et questionne, comme parfois jadis :
« Es-tu là ? »

Le vent bâille, je l’ennuie ;
sa longue main caressante
réconforte les feuilles énervées,
applatit leurs pennes.

De hautes ombres se dressent
comme statues contre le ciel.
La nuit est tombée sans qu’on s’en aperçoive.
Me voici seule, derechef.

« Es-tu là ? »
Bien sûr que non.
Personne n’est jamais là.
Je savais déjà la réponse.
Alors pourquoi questionner ?

Je referme mes lèvres sur l’air sans état d’âme,
j’accepte tout
j’embrasse l’obscurité.

Pas question de pleurer :
à mon âge les larmes coûtent cher,
trop dures à produire,
et regrettées ensuite comme diamants perdus.

Je sais que tu n’es pas là,
que tu ne le seras jamais plus.
Quelle différence, au fond ?
Donne-moi ta main.

(Mary Low)

Découvert ici: http://revuedepoesie.blog.lemonde.fr /

 

 

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