qu’y faire ?
sur mes contradictions
le vent souffle
***
(Santoka)
Traduction: Cheng Wing fun & Hervé Collet
Editions: Moundarren
Posted by arbrealettres sur 28 août 2021
qu’y faire ?
sur mes contradictions
le vent souffle
***
(Santoka)
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Posted by arbrealettres sur 15 juin 2021
Et là, soudain, le mental coule.
Qu’est-ce qu’une pensée ?
Cri silencieux dans la bouche blanche.
Cela unit, cela déchire.
Viol et puis la douceur.
La contradiction est le foyer de l’identité.
Etats du corps, états de la veille:
mêmes tranches de vif.
Entre les choses, entre nos dents, le vide :
ici et là, quel besoin de langue !
Il y a battement et manque.
Il y a présence et absence.
Désir, désir — désir. Les mots, les images :
où est le positif et où le négatif?
(Bernard Noël)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Bernard Noël), absence, battement, bouche, contradiction, corps, coulé, couler, cri, déchirer, désir, douceur, foyer, identité, image, manque, mental, mot, négatif, pensée, positif, présence, silencieux, soudain, tranche, unir, vif, viol | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2019
Je demande
Je me demande chaque heure mille fois
D’où me vint cette conscience d’un poids,
Ce souffrir sourd, toujours plus profond.
J’ai perdu depuis longtemps toute joie
De m’éprouver dans l’épuisement,
Je suis tourmentée dans mon cheminement
Et amère de ne savoir me garder.
Je me secoue en m’exhibant vers les cieux,
M’essaie à la jouissance et à la frénésie.
J’ai rompu avec Dieu et son monde
Et même à genoux n’ai jamais senti
Qu’existe cette paix humble
Que les autres atteignent si facilement.
Cependant, je dois être de Dieu, en toute contradiction.
Pour le croire comme il me faut croire,
Il faut bien qu’il me donne de son rayonnement.
Comme tu es las, monde qui m’as enfantée,
Pour n’être prêt qu’à m’imposer des chaînes et,
Alors que je peux m’enflammer, m’enchanter,
Ensevelir en moi plus fixement tes ombres.
***
Ich frage
Ich frage mich aile Stunden tausendmal,
Woher mir dieses Lastbewußtsein kam,
Dies dumpfe immer tiefer Schmerzen.
Ich habe aile Freude längst verloren,
Mich zu empfinden in den Mattigkeiten,
Ich bin gequält in meinem Weiterschreiten
Und bitter, daß ich mich nicht wehren kann.
Ich schüttel mich in himmelwärt’ger Schau,
Versuch mich in Genuß und Raserei.
Ich bin mit Gott und seiner Welt zerfallen
Und habe selbst im Knieen nie gefühlt,
Daß es den Demutfrieden gibt,
Den aile andern sich so leicht erdienen.
Ich doch Gottes sein, in allem Widerspruch.
Ihn so zu glauben, wie ich glauben
Mie er notwendig mich aus seinem Strahle geben.
Wie bist du müde, Welt, die mich geboren,
Einzig bereit, mir Ketten aufzudrücken
Und, wo ich lodern kann und mich entzücken,
Mir deine Schatten fester einzugraben.
(Ingerborg Bachmann)
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Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2019
Suis-je en contradiction avec moi-même?
Alors c’est parfait, je me contredis.
(Walt Whitman)
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Posted by arbrealettres sur 6 avril 2019
Rose, pure contradiction, volupté
De n’être le sommeil de personne
Sous tant de paupières.
(Rainer Maria Rilke)
Vers choisis par Rilke pour son épitaphe
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Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2018
Dans la parole de l’air
L’air n’est pas épais, la fumée éclaire
L’heure n’écrase plus ni grain
Ni souvenir d’aucune moisson, ô moulin d’ombre
Puisque vieillir est mon lot favorable
Dans l’automne rouge où crie la pie
L’air est léger ce matin
Les fumées des feux s’élèvent dans la pluie
Rien ne pèse en vain
Il n’y a plus ni fuites de feuilles ni vieillissement dans ces réseaux sans mémoire
L’air ne parle pas des haies d’avant
La pie ne regrette plus
L’éclair de la mésange traverse un songe nommé
forêt
L’odeur des petits feux endort les paysages
Même les noms des choses passent
Comme dans les errances des sages
Et la tranquillité de l’air ou de l’eau
n’est plus en cause
Aucune grâce n’est coupable
Dans la parole de l’air sans menace
Hors de toute contradiction à défaire
(Jacques Chessex)
Posted in poésie | Tagué: (Jacques Chessex), air, automne, éclair, éclairer, écraser, épais, chose, contradiction, coupable, crier, défaire, eau, en vain, endormir, errance, feu, feuille, forêt, fuite, fumée, grain, grâce, haie, heure, léger, matin, mémoire, mésange, menace, moisson, moulin, nom, odeur, ombre, parler, parole, passer, paysage, peser, pie, pluie, réseau, regretter, rouge, s'élever, sage, songe, souvenir, tranquillité, traverser, vieillir, vieillissement | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2018
Contradictions
Ils cohabitent en moi.
Se battent sans qu’on le voie :
Le passé le présent
Le futur et maintenant
L’illusion et le vrai
Le maussade et le gai
La bêtise la raison
Et les oui et les non
L’amour de ma personne
Les dégoûts qu’elle me donne
Les façades qu’on se fait
Et ce qui derrière est
Et les peurs qu’on avale
Les courages qu’on étale
Les envies de dire zut
Et les besoins de lutte
Et l’humain et la bête
Et le ventre et la tête
Les sens et la vertu
Le caché et le nu
L’aimable et le sévère
Le prude et le vulgaire
Le parleur le taiseux
Le brave et le peureux
Et le fier et le veule…
Pour tout ça je suis seul.
(Esther Granek)
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Posted by arbrealettres sur 14 septembre 2018
À votre avis, qu’est-ce autre chose
qu’un pinson, un rossignol, un musicien, un homme ?
Et quelle autre différence trouvez-vous
entre le serin et la serinette ?
Voyez-vous cet œuf ?
C’est avec cela qu’on renverse
toutes les écoles de théologie et tous les temples de la terre.
Qu’est-ce que cet œuf ?
Une masse insensible avant que le germe y soit introduit ;
et après que le germe y est introduit, qu’est-ce encore ?
Une masse insensible, car ce germe n’est lui-même
qu’un fluide inerte et grossier.
Comment cette masse passera-t-elle à une autre organisation,
à la sensibilité, à la vie ?
Qu’y produira la chaleur le mouvement ?
Quels seront les effets successifs du mouvement ?
Au lieu de me répondre, asseyez-vous,
et suivons-les de l’œil de moment en moment.
D’abord c’est un point qui oscille,
un filet qui s’étend et qui se colore ;
de la chair qui se forme ;
un bec, des bouts d’ailes, des yeux, des pattes qui paraissent ;
une matière jaunâtre qui se dévide et produit des intestins ;
c’est un animal.
Cet animal se meut, s’agite, crie ;
j’entends ses cris à travers la coque ;
il se couvre de duvet ; il voit.
La pesanteur de sa tête, qui oscille,
porte sans cesse son bec
contre la paroi intérieure de sa prison ;
la voilà brisée ; il en sort,
il marche, il vole, il s’irrite, il fuit,
il approche, il se plaint, il souffre,
il aime, il désire, il jouit ;
il a toutes vos affections ;
toutes vos actions,
il les fait.
Prétendrez-vous, avec Descartes,
que c’est une pure machine imitative ?
Mais les petits enfants se moqueront de vous,
et les philosophes vous répliqueront
que si c’est là une machine, vous en êtes une autre.
Si vous avouez qu’entre l’animal et vous
il n’y a de différence que dans l’organisation,
vous montrerez du sens et de la raison, vous serez de bonne foi ;
mais on en conclura contre vous qu’avec une matière inerte,
disposée d’une certaine manière, imprégnée d’une autre matière inerte,
de la chaleur et du mouvement,
on obtient de la sensibilité, de la vie,
de la mémoire, de la conscience, des passions, de la pensée.
Il ne vous reste qu’un de ces deux partis à prendre ;
c’est d’imaginer dans la masse inerte de l’œuf un élément caché
qui en attendait le développement pour manifester sa présence,
ou de supposer que cet élément imperceptible
s’y est insinué à travers la coque dans un instant déterminé du développement.
Mais qu’est-ce que cet élément ?
Occupait-il de l’espace, ou n’en occupait-il point ?
Comment est-il venu, ou s’est-il échappé, sans se mouvoir ?
Où était-il ?
Que faisait-il là ou ailleurs ?
A-t-il été créé à l’instant du besoin ?
Existait-il ?
Attendait-il un domicile ?
Était-il homogène ou hétérogène à ce domicile ?
Homogène, il était matériel ;
hétérogène, on ne conçoit ni son inertie avant le développement,
ni son énergie dans l’animal développé.
Écoutez-vous,
et vous aurez pitié de vous-même ;
vous sentirez que, pour ne pas admettre une supposition simple
qui explique tout, la sensibilité,
propriété générale de la matière, ou produit de l’organisation,
vous renoncez au sens commun,
et vous précipitez dans un abîme de mystères,
de contradictions et d’absurdités.
(Denis Diderot)
Posted in méditations | Tagué: (Denis Diderot), abîme, absurdité, action, affection, aimer, animal, approcher, attendre, école, énergie, besoin, chair, chaleur, conscience, contradiction, créer, crier, développement, différence, duvet, fluide, fuir, germe, grossier, hétérogène, homme, homogène, imperceptible, inerte, inertie, insensible, machine, marcher, masse, matériel, matière, mémoire, mouvement, musicien, mystère, oeuf, organisation, passion, patte, pensée, philosophe, pinson, renverser, rossignol, s'irriter, se former, se plaindre, sensibilité, sentir, serin, serinette, souffrir, tête, temple, théologie, trouver, vie, voir, voler, yeux | 2 Comments »