Posts Tagged ‘contrat’
Posted by arbrealettres sur 22 septembre 2019

POUR CONCLURE
Je connais l’affliction des copyrettes,
des hommes mornes aux journaux jaunis,
des mères à lunettes aux avis de déménagement,
l’odeur des papiers à lettres, relevés de compte,
formulaires d’impôts, contrats de location,
cette encre de rien qui dit que nous existons.
Et j’ai vu des cités les dortoirs mort-nés,
où sans gloire les hommes contrefont des hommes,
et presque sans défaut la rue une rue.
Qui est-ce qu’ils copient ? Qui est-ce que
je copie moi-même ? Père, mère, monde, ADN,
te voilà avec un nom radieusement tien,
dans la tête un espoir habilement calqué
de repos, promotion, progéniture et chèques.
Et moi, qui glapissant habite ces tercets,
si seulement j’avais choses nouvelles à dire.
Lumière. Ciel. Amour. Maladie. Mort.
Je connais l’affliction des copyrettes.
***
TOT BESLUIT
Ik ken de droefenis van copyrettes,
van holle mannen met vergeelde kranten,
bebrilde moeders met verhuisberichten,
de geur van briefpapieren, bankafschriften,
belastingformulieren, huurcontracten,
die inkt van niks die zegt dat we bestaan.
En ik zag.Vinexwijken, pril en doods,
waar mensen roemloos mensen willen lijken,
de straat haast vlekkeloos een straat nabootst.
Wie kopiëren ze? Wie kopieer
ik zef? Vader, moeder, wereld, DNA,
daar sta je met je stralend eigen naam,
je hoofd vol snugger afgekeken hoop
op rust, promotie, kroost en bankbiljetten.
En ik, die keffend in mijn canto’s woon,
had ik maar iets nieuws, iets nieuws te zeggen.
Licht. Hemel. Liefde. Ziekte. Dood.
Ik ken de droefenis van copyrettes.
(Menno Wigman)
Recueil: L’affliction des copyrettes
Traduction: Pierre Gallissaires et Jan H. Mysjkin
Editions: Cheyne
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Posted by arbrealettres sur 3 juin 2017

Illustration: Lucas Cranach l’Ancien
CONTRAT
Si tu es heureux, je te donnerai une pomme,
si tu es anxieux, je te tordrai le bras,
et si tu permets, j’aimerais te serrer
contre mon coeur à jamais sans te faire mal.
Si je suis heureux, me donneras-tu une pomme ?
Si je suis anxieux, tu peux tordre mon bras.
Et si tu veux, ça me plairait que tu me tiennes
contre ton coeur à jamais sans me faire mal.
C’est une affaire qu’on ne peut faire qu’à deux.
C’est un contrat offert avec un calme désarroi,
n’étant pas sûr qu’amants puissent écarter les démons
avec le don d’une pomme ou la torsion d’un bras.
***
COVENANT
If you are happy, I will give you an apple,
if you are anxious, I will twist your arm,
and if you permit me, I will be glad to hold you
close to my heart forever and do you no harm.
If I am happy, will you give me an apple?
If I am anxious, you may twist my arm.
And if you would like to, I would like you to hold me
close to your heart forever and do me no harm.
This is a bargain, only two can make it.
This is a covenant offered with desperate calm,
it being uncertain that lovers can drive out demons
with the gift of an apple or the twist of an arm.
(Tennessee Williams)
Recueil: Dans l’hiver des villes
Traduction: Jacques Demarcq
Editions: Seghers
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Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2016

POÈMES BLEUS
J’allais une fois encore vers cette Bretagne
Qui m’a très jeune fasciné
Qui m’est aimant quand je suis loin
Qui m’est douleur quand de trop près
J’en subis la loi inflexible
De pierres de ciels d’horizons.
Les hommes partout se ressemblent
Les lieux n’y pourront jamais rien
Les lieux ne nous donnent à vivre
Qu’avec parcimonie
Pour renouveler le bail, le contrat qui nous lie
A nos frères, puisqu’il paraît.
Et je quittais mes amis, que j’aime bien
Qu’il m’est difficile d’aimer tous à la fois
Quand par hasard ils se connaissent
Et qu’on se retrouve autour d’une table ;
Je quittais mes amis dont j’ai besoin
Et qui me font souffrir comme un pays,
Comme la Bretagne
Que j’aurai maintenant tant de mal à quitter,
J’ai si peur de mourir ailleurs.
I1 est long à se déclarer, ce pays
On n’en perçoit pas tout de suite
Le tressaillement organique
On le trouve généralement beau
C’est une manière
De s’en débarrasser.
Il faut s’y enfoncer s’y perdre
Comme dans l’amour justement,
En connaître toutes les saisons
Et surtout celle-là où l’homme
Perd un peu de son ombre
Et surtout celle-là l’hiver
Qui rend les choses à leur nom.
Il faut que je te retire de moi, la Bretagne,
Que je t’arrache comme une grosse dent,
Que je me fasse mal, essayant
De m’oublier pour que tu vives
Sans moi, sans moi, qui ne peux plus te suivre
Dès lors que je t’aime au présent,
Que je t’ouvre comme un éventail
Comme un ventre de boeuf
Comme une huître
Et que par la grâce de cette effraction
Un peu de ta vie même
Se jette au vent
Avec tes hommes et tes femmes
Tes colères et tes langueurs,
Avec tes grand-mères, si nombreuses
Qu’on pourrait croire que ce sont elles
Qui naissent ici chaque jour.
(Georges Perros)
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Posted in poésie | Tagué: (Georges Perros), ami, arracher, éventail, beau, bleu, Bretagne, connaître, contrat, douleur, fasciné, horizon, inflexible, lier, loin, mourir, nom, ombre, ouvrir, poème, quitter, rendre, saison, se perdre, se ressembler, se retrouver, souffrir, suivre, tressaillement, vent | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 5 novembre 2016

NOTES POUR UN PLURIEL
L’aurore sait qu’il faut se vendre.
Là-bas, des fleuves
songeraient à tuer.
L’étoile, par contrat,
s’engage à devenir étoile.
Les choses :
cravate, carafon,
miroir où court la coccinelle,
complotent contre nous.
Les lilas se détestent.
Les neiges trichent.
(Alain Bosquet)
Illustration
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Posted in humour, poésie | Tagué: (Alain Bosquet), aurore, étoile, carafon, coccinelle, comploter, contrat, courir, cravate, fleuve, lilas, miroir, neige, note, pluriel, s'engager, savoir, se détester, se vendre, songer, tricher, tuer | Leave a Comment »