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Poésie

Posts Tagged ‘convertir’

Écrire (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022



Illustration: Xavier Maitre
    
Écrire c’est convertir le trop en peu, l’excès en manque.
Aucun livre ne devrait être plus pesant qu’une lumière.
Aucune écriture ne devrait faire plus de bruit qu’un sourire.

(Christian Bobin)

 

Recueil: La vie passante
Traduction:
Editions: Fata Morgana

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Toise (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 21 mai 2022




    
Toise

L’amour ne se laisse mesurer, il mesure,
Juge incorruptible qui étalonne tout
A la toise de sa démesure.
Appelés nous le sommes tous : seuls il élit
Ceux de nous qui sauront convertir
En flamme verticale l’heure consumée.
En mains tendues les doigts retenus.

***

Craveira

Não deixa amor que o meçam, antes mede,
Incorrupto juiz que tudo afere
Na craveira da sua desmedida.
Chamados todos somos: só elege
Quantos de nós soubermos converter
Em chama vertical a hora consumida,
Em mãos de dar os dedos de reter.

(José Saramago)

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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ÉCRAN (Aron Kushnirov)

Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2020




    
ÉCRAN

Écoutez,
Celui qui vous parle, c’est moi
Écran,
Des écrins de velours
Et des cadres dorés
Trop longtemps m’ont tenu captif,
Des cloisons décorées, des murs et des clôtures
M’ont toujours isolé
Et mon clair appel
Fut converti
En hurlement mensonger des enseignes.
Aujourd’hui
Je m’adresse aux murs:
Dispersez-vous !
Plus de toitures,
Plus de planchers
Délivrez-moi l’espace,
Ici
Toutes les têtes
Créant ensemble un océan,
Pour vous j’ai surgi
Pour vous je suis né,
Plus larges les gradins au milieu de la place,
Sur le gouffre reptilien des rues, élevez
Mon estrade !
Ma semence sera le ciel
Et mon espace l’oeil multiplié des foules.

(Aron Kushnirov)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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Souvenirs et songes mûrissent l’avenir (Giuseppe Ungaretti)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2019



Souvenirs et songes mûrissent l’avenir.
Même éveillés, nous portons dans notre conscience
des points de magie sous une aile de secret : les songes.

C’est la mémoire, personnelle ou tribale, qui s’est délivrée d’elle-même
et ressurgit au-delà du temps et de l’espace.
Ces lointains de paradis perdu, tout acte d’amour les rapproche et les recrée.

La poésie consiste à convertir la mémoire en songes
et à porter d’heureuses clartés sur le chemin de l’obscur.

(Giuseppe Ungaretti)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

 

 

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TON FEU QUI TRANSFORME (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2019




    
TON FEU QUI TRANSFORME

Effleure mon coeur avec la flamme de la pierre philosophale,
Sanctifie cette vie en la consumant dans Ton feu.
Soulève mon corps afin de le convertir
En une lampe de Ton tabernacle,
Effleure mon coeur avec la flamme de la pierre philosophale.

Que Tes caresses dans le noir, de membre en membre,
Fassent s’épanouir toute la nuit de nouvelles étoiles.
Les traces d’ombre disparaîtront des regards, mes yeux
Ne percevront que Ta lumière de tous côtés.
Toute ma souffrance s’embrasera vers le haut.
Effleure mon coeur avec la flamme de la pierre philosophale.

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil: Tantôt dièse tantôt bémol
Traduction: Prithwindra Mukherjee
Editions: La Différence

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Un fakir part à la recherche de la pierre philosophale (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2019




    
Un fakir part à la recherche de la pierre philosophale,
celle qui convertit le plomb en or.
Il prend les chemins de tous les exils,
passant d’un lieu à l’autre afin de trouver cette pierre,
l’une de ces présences à peine aperçues dont la poésie tire sa fulguration.

Pour se simplifier la tâche, il s’est passé à la taille une ceinture de cuivre et,
selon qu’il va, chaque fois qu’il voit une pierre qui pourrait être celle qu’il cherche,
il s’en saisit et la frotte contre son ventre : hélas, rien ne se passe.
Les journées s’écoulent, et les années.

Il fait toujours le même geste d’une manière de plus en plus mécanique :
chaque fois qu’il trouve une pierre susceptible d’être celle qu’il quête,
il la prend, la frotte contre sa ceinture, puis la jette et continue sa route.
Car à quoi bon ?
Finalement, il désespère.

Puis un jour, par hasard, il regarde sa ceinture.
Elle brille, elle étincelle, elle flambe.
À quel moment le cuivre s’est-il métamorphosé ?
Et lui-même, où donc et quand a-t-il rencontré la pierre ?
Il ne le sait pas et sans doute ne le saura-t-il jamais.
C’est ainsi.

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil: Tantôt dièse tantôt bémol
Traduction: Prithwindra Mukherjee
Editions: La Différence

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Les figures que l’arbre abrite (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 5 mars 2019



    
Les figures que l’arbre abrite dans ses branches
deviennent soudain une rafale de figures
qui bloque ou paralyse un moment
la pression des figures de l’abîme.

Ainsi des figures en captent d’autres,
tandis que le vent du soir
semble courber des éternités
et les convertir en regards du temps.

Les figures entre-temps se confondent
et il se pourrait qu’ensuite apparaissent
dans l’arbre les traits de l’abîme
et dans l’abîme les gestes de l’arbre.

Il n’est pas de lieu sans une figure.
Il n’est pas de digues contre une rafale de figures.
Et il suffit d’une seule figure
pour coloniser ce qui n’existe pas.

Il est des choses qui ne viennent de nulle part
et il en est plus encore qui ne vont nulle part.
Mais il en est d’autres qui ne sont plus nulle part.

Plus que le lieu d’une chose,
ce sont ses non-lieux
qui permettent de la situer.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Nouvelle Poésie Verticale
Traduction: Roger Munier
Editions: Lettres Vives

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UNE invasion de paroles (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 4 mars 2019




    
UNE invasion de paroles
tente d’assiéger le silence,
mais, comme toujours, échoue.

Elle essaie alors de coincer les choses
qui habitent le silence,
mais n’y arrive pas davantage.
Elle va finalement encercler les paroles
qui cohabitent avec le silence,
alors se produit l’imprévu :
le silence se convertit en paroles
pour mieux protéger les paroles
qui cohabitent avec lui.

Et pendant que l’invasion des autres paroles
se dissipe comme un souffle furtif,
l’insolite s’accomplit :
les paroles qui restent
ressemblent alors beaucoup plus au silence
qu’aux autres paroles.

(pour René Char)

***

UNA invasión de palabras
trata de acorralar al silencio,
pero, como siempre, fracasa.

Intenta luego arrinconar a las cosas
que habitan et silencio,
pero tampoco lo consigue.
Y va por fin a cercar a las palabras
que conviven con el silencio,
pero entonces se produce lo imprevisto :
et silencio se convierte en palabra
para proteger mejor a las palabras
que conviven con él.

Y mientras la invasión de las otras palabras
se desvanece como un soplo furtivo,
se completa lo insólito
las palabras que quedan
se asemejan ahora mucho mas al silencio
que a las otras palabras.

(para René Char)

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Onzième Poésie Verticale
Traduction: Fernand Verhesen
Editions: Lettres Vives

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Soleil (J.J. Grandville)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2018



Soleil

[De la difficulté de convertir un Aztèque]
Une fois baptisé sous le nom d’Esteban, l’Aztèque se fixa à Mexico,
où il vécut d’une pension modique que lui faisait le gouvernement
en qualité de descendant de Montézuma.
Des doutes s’étaient élevés plusieurs fois sur la sincérité de sa conversion,
et on songeait à le faire passer de nouveau devant le saint-office, lorsqu’il tomba gravement malade.
Il demanda à voir un médecin: ses voisins, plus charitables, lui envoyèrent un prêtre.

—Frère Esteban, lui dit le prêtre, le moment est venu de recommander votre âme à Dieu.
—Je ne m’appelle pas Esteban, dit la cacique, on me nomme Tumilco. Allez-vous en.
—Songez à Dieu, mon frère.
—Ton Dieu n’est pas le mien, reprit Tumilco; qu’on ouvre les fenêtres.
On obéit à ce désir. Le soleil à son déclin brillait encore à l’horizon.
—Voilà mon Dieu, s’écria le cacique, c’est celui de mes pères. Soleil, reçois ton enfant dans ton sein.
—Le prêtre se cacha les yeux avec la main, fit le signe de la croix, et murmura: Vade retro Satanas.
—Vous empêcheriez plutôt le tournesol de suivre le marche du soleil,
que ces héritiques de revenir au culte de leur astre. Voilà ce qu’on a gagné à ne pas le brûler.

Le voisin charitable qui prononçait cette oraison funèbre, ne se doutait pas que Tumilco le cacique
n’était autre chose que l’incarnation du Tournesol.
En adorant le soleil, il ne faisait que suivre la loi de la nature.

(J.J. Grandville)

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Le poète (René Char)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2017



Le poète en traduisant l’intention en acte inspiré,
en convertissant un cycle de fatigues en fret de résurrection,
fait entrer l’oasis du froid par tous les pores de la vitre de l’accablement
et crée le prisme, hydre de l’effort, du merveilleux, de la rigueur et du déluge,
ayant tes lèvres pour sagesse et mon sang pour retable.

(René Char)

Illustration

 

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