mon seul bagage
Ô pomme aux joues d’enfance
enfance aux joues de pomme
et l’ange en serre-file au long convoi de l’âge
(Daniel Boulanger)
Posted by arbrealettres sur 22 mars 2023
mon seul bagage
Ô pomme aux joues d’enfance
enfance aux joues de pomme
et l’ange en serre-file au long convoi de l’âge
(Daniel Boulanger)
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Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2022
Illustration: George Hyde Pownall
Nocturne
Des Irlandaises vendaient sous les portes
des pommes de terre qui me brûlaient les doigts.
Quel vent désolé vous apporte
Londres, mon Londres d’autrefois ?
Les chats cousaient les maisons l’une à l’autre
d’un fil noir, d’un fil roux, d’un fil blanc.
Ils faufilaient le jour et la nuit l’un à l’autre.
Des « derelicts » dormaient, distingués, sur des bancs.
La Tamise montait, mais en nappes légères
d’odeurs et de brouillards ténus.
Que de songes ainsi, dans l’ombre, sont venus
se prendre à vos chapeaux, nocturnes passagères !
L’Adelphi, vers le flot glissait en froides pentes
qu’une lanterne transperçait.
Et l’ivresse nouait sa forme titubante
aux « street lamps » qu’elle enlaçait.
Parfois un rat, qu’un bruit insolite déloge
s’enfonçait dans la vase avec un sifflement.
L’éternité bat dans vos cœurs comme une horloge,
Pèlerins de la nuit qui marchez en dormant.
J’ai frôlé, jeune encor, sans mesurer le risque,
ces épaves du temps perdu,
Cléopâtre dressant sa petite obélisque,
montrait le ciel d’un doigt tendu.
Elle perçait de l’aiguille,
votre opaque intensité,
nuit de Londres où scintille,
l’astre du déshérité.
Le bruit d’un pas, ce tendre ami des rues désertes
sonne encor dans mon souvenir.
Mon cœur attend au seuil d’une porte entrouverte,
ce qui ne peut plus revenir.
Mon cœur perçoit au loin le convoi qui déraille
avec ses morts et ses vivants.
Quelqu’un court dans la nuit derrière un brin de paille
mais c’est le vent, mais c’est le vent.
(Germaine Beaumont)
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Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2021
Près du rail, où souvent passe comme un éclair
Le convoi furieux et son cheval de fer,
Tranquille, l’aiguilleur vit dans sa maisonnette.
Par la fenêtre, on voit l’intérieur honnête,
Tel que le voyageur fiévreux doit l’envier.
C’est la femme parfois qui se tient au levier,
Portant sur un seul bras son enfant qui l’embrasse.
Jetant un sifflement atroce, le train passe
Devant l’humble logis qui tressaille au fracas.
Et le petit enfant ne se dérange pas.
(François Coppée)
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Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2019
Illustration: Marc Chagall
ÉTEIGNEZ LES FEUX
Éteignez les feux, que tout s’obscurcisse,
En silence, assis.
Quelqu’un, je le sens – nul convoi funèbre –
Est mort par ici.
Par une fenêtre, à la dérobée,
L’ombre se faufile,
Et si nul n’est mort – bientôt, je le sais,
Quelqu’un va mourir.
Éteignez les feux, tous assis par terre,
De deuil habillés.
L’ombre qui revient n’est plus solitaire,
Mais va, dédoublée.
(H. Leivick)
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Posted by arbrealettres sur 22 août 2018
HOUILLE
Par l’oracle muet des feuilles
il était dit que tu serais
oraison de fougères, convoi
des sigillaires au deuil du carbone.
Alors ton silence scella les langues du soleil,
figeant le feu primal dans la défroque des forêts.
(Jacques Lacarrière)
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Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2018
Un rêve
Tu entreras dans la maison désolée
lentement, au plus près de toi,
tu ne toucheras pas au heurtoir,
des pas reculeront pour toi dans l’ombre,
tu gagneras leur nuit
sans que ta main ne bouge
Ce ne seront pas les murs qui trembleront
mais l’ovale de ton visage
que tu pourras
tremper dans un lait de jasmin
Des nuages cotonneux de tes jours, de ta vie,
tu seras descendu,
et sur des marches très fidèles tu sentiras l’amour
te quitter comme une belle dame
Tu avanceras dans un long couloir bien que l’obscurité soit forte,
tu frôleras les livres de ta vie, les bibles de tes sanglots.
Les murs scintilleront d’une impossible lumière,
cadrés et droits dans ta neuve cécité.
tu respireras le parfum sec de fleurs flétries,
d’ombres apeurées,
de tissus pourpres et profonds
Tu verras tout à la devinette,
tu creuseras le chemin sans sable ni cailloux.
Les heures passées seront ton baume,
des passades tragiques entêteront tes repères et tes identités
Tu chercheras la clef n’y trouvant pas de sens,
Tu danseras de cœur et d’âme,
Une lampe muette indiquera la salle
parmi mille convois sans nom et des camisoles.
Tu te coucheras en tenant la main inconnue
et enfin la maison de ta nuit prendra feu
(Paul Le Jéloux)
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Posted by arbrealettres sur 24 mai 2018
C’est bon, je vais me taire
Assez chanté pour vous, pour moi
J’adresse mon poème au Roi
— Même pas —
Je n’adresse rien à personne
Je ne sais plus, je m’abandonne
Je m’abandonne à qui ? Je m’abandonne à quoi ?
Je ne sais plus, je crois
Que la mort suffit à soi-même
Elle est venue avec le vent
Le vent la sème
Au long du temps
Il eût été peut-être
Trop simple et trop parfait
De n’être pas, de ne pas naître
Pourquoi tant de discours, pourquoi toutes ces heures
Comme des oiseaux blancs, comme, voyez ici
Ces mouettes dans la pluie
Dans le vent, dans la vie
Dans le vent de ma vie.
Inventons-nous, inventez-vous, moi je m’invente
En ciré sous la pluie
Par des envols, dans des novembres
Je me tais mais je chante.
Au convoi de Jopic Le Louz
Chacun pour soi et Dieu pour tous
(Antony Lhéritier)
Illustration: Jean-Michel Follon
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Posted by arbrealettres sur 23 avril 2018
LES CORBEAUX
Au-dessus du coin noir s’affairent
A midi les corbeaux au cri dur.
Leur ombre effleure la biche
Et parfois on les voit, bougons, se poser.
Ô comme ils troublent le brun silence
Dans lequel un labour s’exalte
Comme femme charmée d’un lourd pressentiment,
Et parfois on entend leurs querelles
Pour une charogne qu’ils flairent quelque part,
Puis soudain ils mettent cap au nord
Et disparaissent tel un convoi mortuaire
Dans les airs qui tremblent de volupté.
***
DIE RABEN
Über den schwarzen Winkel hasten
Am Mittag die Raben mit hartem Schrei.
Ihr Schatten streift an der Hirschkuh vorbei
Und manchmal sieht man sie mürrisch rasten.
O wie sie die braune Stille stören,
In der ein Acker sich verzückt,
Wie ein Weib, das schwere Ahnung berückt,
Und manchmal kann man sie keifen hören
Um ein Aas, das sie irgendwo wittern,
Und plötzlich richten nach Nord sie den Flug
Und schwinden wie ein Leichenzug
In Lüften, die von Wollust zittern.
(Georg Trakl)
Posted in poésie | Tagué: (Georg Trakl), bîche, bougon, charogne, convoi, corbeau, disparaître, effleurer, flairer, labour, lourd, mortuaire, ombre, pressentiment, querelle, s'affairer, s'exalter, silence, trembler, troubler, volupté | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 20 avril 2018
LES CORBEAUX
Au-dessus du coin noir s’affairent
A midi les corbeaux au cri dur.
Leur ombre effleure la biche
Et parfois on les voit, bougons, se poser.
Ô comme ils troublent le brun silence
Dans lequel un labour s’exalte
Comme femme charmée d’un lourd pressentiment,
Et parfois on entend leurs querelles
Pour une charogne qu’ils flairent quelque part,
Puis soudain ils mettent cap au nord
Et disparaissent tel un convoi mortuaire
Dans les airs qui tremblent de volupté.
(Georg Trakl)
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Posted by arbrealettres sur 28 mars 2018
AMOURS INQUIÈTES
I
Tous les escaladeurs de ciel et de nuées,
Tous les porteurs de croix, tous les voleurs de feu
Qui vont vers la lumière à travers les huées
Cherchent dans un regard l’infini du ciel bleu.
Quel que soit leur Calvaire, il leur faut une femme !
Parfums de Madeleine, oh ! tombez sur leurs pieds
Linge de Véronique, approchez, comme une âme,
Pour garder dans vos plis leurs masques copiés.
Combien s’en vont tout seuls dans de froids paysages
Grandis par la chimère ou courbés par l’affront !
Linge de Véronique, étanchez leurs visages,
S’ils vont s’y imprimer, c’est la couronne au front
II
Oh ! bonheur ! Rencontrer une autre âme touchante
Qui dans votre abandon vous donne un peu d’amour,
Et, tous deux enlacés dans la nuit approchante,
Causer d’éternité devant la mort du jour!
Ivresse de goûter la sourdine de l’heure,
Ivresse d’être deux, qu’on veut diviniser,
Et mêlant tout un soir, malgré le vent qui pleure,
Des lèvres qui déjà ne sont plus qu’un baiser !
Et dans ce clair-obscur, les douloureux poètes
Interprètent leur âme et commentent leurs voeux,
Et ce sont des miroirs où se mirent leurs têtes
Pour voir confusément se mêler leurs cheveux.
Comme d’une brûlure ils ont peur de la lampe
Où leur songe de neige aurait bientôt fondu,
Et l’insecte blessé de la parole rampe,
Et l’on ne dit plus rien, sans savoir qu’on s’est tu !..-
III
Parfois en plein amour on a rompu le charme;
On se blesse, on s’afflige involontairement,
Ainsi que des enfants jouant avec une arme,
Et l’on se fait beaucoup de mal tout en s’aimant.
On souffre quelques jours; puis, vaincu par l’absence,
On cherche à se revoir dans un faubourg lointain;
Mais on sent dans sa voix comme une réticence,
Et l’on sent clans son coeur quelque chose d’éteint.
On va par la grand’route où des brouillards opaques
Amassent du mystère à l’horizon qui fuit,
Tandis qu’au loin de grands oiseaux élégiaques
Sur leurs ailes de deuil apportent de la nuit !
Et tous deux, tristement, sentent que quelque chose,
Quelque chose de doux est mort, bien mort en eux,
Que c’est leur pauvre amour, leur enfant frêle et rose,
Et qu’il est mort du mal des enfants trop heureux !
Qu’ils s’en vont maintenant le mettre dans sa tombe
Comme dans de l’ouate un cadavre d’oiseau;
Car depuis le matin beaucoup de neige tombe
Et sa fosse aura l’air d’un calme et blanc berceau.
On s’attendrit; la femme a de vagues reproches
En disant à mi-voix comme on s’aimait jadis;
Et, douloureusement, de très lointaines cloches
Dispersent dans le soir quelques De Profundis
IV
Mangeant des larmes et du vent
On va toujours, par la grand’route;
On s’aime encore, on pleure, on doute…
Oh ! si l’amour était vivant!
Comme la neige est abondante !
Elle est silencieuse. On peut
Lui confier tout ce qu’on veut;
C’est une sûre confidente
Qui n’a jamais rien répété,
Gardant comme une blanche idole
Le secret du vain bruit frivole
Que deux lèvres ont chuchoté.
On avance encore. Il fait morne;
Les maisons dans le vent du nord
Ont l’air d’avoir chacune un mort.
Un garde-barrière, au loin, corne !
Et le convoi noir en passant
Avec ses vitres allumées
Arbore au milieu des fumées
Comme des linges pleins de sang.
Par la plaine mourante et nue
Il s’éloigne, d’un air fatal;
Et son hurlement de métal
Dans l’ombre immense s’atténue.
Les fanaux rouges dans le soir
Pâlissent bientôt et trépassent…
C’est ainsi que nos amours passent :
Convois de feu sur un fond noir!
(Georges Rodenbach)
Posted in poésie | Tagué: (Georges Rodenbach), amour, âme, éternité, baiser, blesser, bonheur, brûlure, brouillard, calvaire, charmé, ciel, confiance, convoi, croix, deuil, enfant, escaladeur, fatal, femme, feu, froid, fumée, horizon, hurlement, idole, infini, inquiet, larme, masque, mort, rencontrer, rien, s'aimer, seul, touchante, vent, voleur | Leave a Comment »