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Posts Tagged ‘copier’

Copie l’arbre (Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 7 octobre 2019




Copie l’arbre
Qui dort
Sans dormir.

(Guillevic)

Illustration: ArbreaPhotos  

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POUR CONCLURE (Menno Wigman)

Posted by arbrealettres sur 22 septembre 2019




    
POUR CONCLURE

Je connais l’affliction des copyrettes,
des hommes mornes aux journaux jaunis,
des mères à lunettes aux avis de déménagement,

l’odeur des papiers à lettres, relevés de compte,
formulaires d’impôts, contrats de location,
cette encre de rien qui dit que nous existons.

Et j’ai vu des cités les dortoirs mort-nés,
où sans gloire les hommes contrefont des hommes,
et presque sans défaut la rue une rue.

Qui est-ce qu’ils copient ? Qui est-ce que
je copie moi-même ? Père, mère, monde, ADN,
te voilà avec un nom radieusement tien,

dans la tête un espoir habilement calqué
de repos, promotion, progéniture et chèques.
Et moi, qui glapissant habite ces tercets,

si seulement j’avais choses nouvelles à dire.
Lumière. Ciel. Amour. Maladie. Mort.
Je connais l’affliction des copyrettes.

***

TOT BESLUIT

Ik ken de droefenis van copyrettes,
van holle mannen met vergeelde kranten,
bebrilde moeders met verhuisberichten,

de geur van briefpapieren, bankafschriften,
belastingformulieren, huurcontracten,
die inkt van niks die zegt dat we bestaan.

En ik zag.Vinexwijken, pril en doods,
waar mensen roemloos mensen willen lijken,
de straat haast vlekkeloos een straat nabootst.

Wie kopiëren ze? Wie kopieer
ik zef? Vader, moeder, wereld, DNA,
daar sta je met je stralend eigen naam,

je hoofd vol snugger afgekeken hoop
op rust, promotie, kroost en bankbiljetten.
En ik, die keffend in mijn canto’s woon,

had ik maar iets nieuws, iets nieuws te zeggen.
Licht. Hemel. Liefde. Ziekte. Dood.
Ik ken de droefenis van copyrettes.

(Menno Wigman)

 

Recueil: L’affliction des copyrettes
Traduction: Pierre Gallissaires et Jan H. Mysjkin
Editions: Cheyne

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Le vol le plus pur (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2019



Illustration: Henri Matisse
    
Le vol le plus pur n’est pas toujours
à l’origine des choses.
Après la chute,
le vol est plus vol encore,

son aile va vers rien ou vers tout
et la beauté qui se brise
est plus de beauté encore.
Ainsi en témoigne le jour.
La lumière naissante
copie seulement la transparence.

Lorsque cette lumière se fracture,
la transparence trouve son corps complet.

La même chose se produit avec la nuit.
L’ombre commence toujours par imiter la mort,
mais au centre vivant de l’ombre
pousse une branche obscure
que la nuit préserve
comme si elle était un chant.
Et à son extrémité la plus lente
il y a une fleur faite de mots.

Après la chute
s’achèvent les différences
entre la nuit et le jour.

Nuit-jour de ce qui veille sans cesse.

***

No siempre el vuelo mas puro
está en el origen de las cosas.
Después de la caida
el vuelo es más vuelo,
su ala va hacia nada o hacia todo,
y la belleza que se rompe
es todavía más belleza.

Así lo prueba el día.
La luz recién nacida
sólo copia la transparencia.

Cuando esa luz se quiebra
la transparencia balla su cuerpo íntegro.

Lo mismo ocurre con la noche.
La sombra comienza siempre por imitar a la muerte,
pero en el centro vivo de la sombra
crece una rama oscura
que la poche preserva
como si fuera un canto.
Yen su extremo más lento
hay una flor hecha de palabras.

Después de la caída
cesan las diferencias
entre la noche y el dia.

Nochedía de lo siempre despierto.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Quatorzième poésie verticale
Traduction: Sivia Baron Supervielle
Editions: José Corti

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Tous les fous font leurs affaires (Ernesto Calzavara)

Posted by arbrealettres sur 2 février 2019



 

Charley Harper limb

« Tous les fous font leurs affaires. »
Et les chats ? Où? On ne sait.
Mais sur le toit de la maison,
nuit et jour ils reniflent
les antennes, les appuis de fenêtres, les béquilles
qui soutiennent l’opinion des non-chats,
la « télé » avec ses paroles et les faits
des non-chats
qui fait pêcher des poissons sur terre
et des merles dans l’eau.
Mais il n’importe de comprendre,
Il suffit de dire, de regarder et de copier.
Par les rues et par les cinémas eux-mêmes
errent belletés et beautés
avec «la livrée de l’empereur ».
Il semble que de cette manière cette manière
avec l’esprit pur
d’une maison de cure,
fissures, murs
ils murissent.

(Ernesto Calzavara)

Illustration: Charley Harper

 

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Du fond du rêve (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2018




    
Du fond du rêve,
comme un poing illuminé
émergeant de la créature solitaire endormie,
surgit la volonté irrésistible
de continuer la narration.

Il ne s’agit pas de conter ceci ou cela,
ni de copier ou de traduire
ou d’enjôler le jour aux abois.
Il s’agit d’une pulsion bien plus forte
et qui ne peut s’interrompre :
poursuivre simplement la narration.

Narration qui n’a pas de début ni de fin,
narration qui n’est pas un genre,
qui nе lie pas une intrigue.
Images qui coulent comme un fleuve,
se prennent et se dessaisissent,
étrange manière de dire et de dédire
en arrière et en avant des choses.

Volonté de poursuivre la narration,
énergie éparse dans l’ici de partout,
qui ne distingue pas les vies des morts
ni l’homme d’autre chose

C’est l’histoire qui s’écoule tout au fond,
l’histoire sans et avec histoire
qui joint dans un bouquet délié
l’arôme de l’être
et le parfum du néant.

Le service demandé à l’homme
n’est que poursuite de la narration
quel que soit l’argument.

Et même sans aucun.

 

Recueil: Poésie et Réalité
Traduction: Jean-Claude Masson
Editions: Lettres Vives

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La vie dessine un arbre (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 juin 2018



Illustration
    
La vie dessine un arbre
et la mort en dessine un autre.
La vie dessine un nid
et la mort le copie.
La vie dessine un oiseau
pour qu’il habite le nid
et la mort aussitôt
dessine un autre oiseau.

Une main qui nе dessine rien
se promène entre tous les dessins
et de temps à autre en change un de place.
Par exemple :
l’oiseau de la vie
occupe le nid de la mort
sur l’arbre dessiné par la vie.

D’autres fois
la main qui ne dessine rien
efface un dessin de la série.
Par exemple :
l’arbre de la mort
soutient le nid de la mort,
mais aucun oiseau ne l’occupe.

Et d’autres fois
la main qui ne dessine rien
se convertit elle-même
en image excédente,
à figure d’oiseau,
à figure d’arbre,
à figure de nid.
Et alors, seulement alors,
rien ne manque ni n’est de trop.
Par exemple :
deux oiseaux
occupent le nid de la vie
sur l’arbre de la mort.
Ou l’arbre de la vie
soutient deux nids
où habite un seul oiseau.

Ou un unique oiseau
habite un seul nid
sur l’arbre de la vie
et sur l’arbre de la mort.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Poésie et Réalité
Traduction: Jean-Claude Masson
Editions: Lettres Vives

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Les bras copiés collés (Didier Carhen)

Posted by arbrealettres sur 12 décembre 2017



Illustration
    
Les bras copiés collés
unis au ras du sexe
beaucoup de bruit
la nuit
une fente de noir
greffée dans la matière
Sa tête
tachée de rouge exprès
bien mal payée la chair
Les yeux fermés
on se dit tout
ou presque
Mots tièdes
hachés menu
on cerne le silence
on parle sous la lumière

(Didier Carhen)

 

Recueil: Les septs livres
Traduction:
Editions: La lettre volée

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AUX JEUNES POÈTES (Pierre Albert-Birot)

Posted by arbrealettres sur 14 novembre 2017



Illustration: René Baumer
    
AUX JEUNES POÈTES
POÈME GENRE DIDACTIQUE

Pour faire un poème
Pardonnez-moi ce pléonasme
Il suffit de se promener
Quelquefois sans bouger

Regardez dehors et dedans
Avec toutes les cellules
De votre vous

Et voici que vous êtes riche
Mais n’en dites rien à personne
Pour aujourd’hui
Ne faites pas le nouveau-riche
Apprenez les bonnes manières
Car la fortune est peu de chose
A qui ne sait pas s’en servir

Vous voici fécondés

Travaillez façonnez polissez assemblez
Tous ces immatériels matériaux

Maintenant
Que vous avez reçu le monde en vous
Portez le monde qui va naître

Obéissez
Parfois aux lois des autres
Parfois aux vôtres
Parfois encore et surtout

À la Loi
Qui n’est ni des autres ni de vous

Et vous serez aimés
Des mots des sons des rythmes
Qui s’ordonneront pour vous plaire

Soyez triple comme un dieu
Ou plutôt comme une mère
Et naîtra le poème

Mais j’aurais dû tout simplement vous dire
Copiez copiez
Religieusement
La Vérité que vous êtes
Et vous ferez un poème

À condition que vous soyez poète

(Pierre Albert-Birot)

 

Recueil:La Lune ou le livre des poèmes

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PRIERE (Alain Bosquet)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2017




    
PRIERE

Donne-moi ta façon de dresser
les dix mille animaux de ce livre;
donne-moi ton poème blessé
qui m’explique pourquoi il faut vivre;
donne-moi la tiédeur de ton sang
que je lis comme on lit une fable;
donne-moi, quel que soit son accent,
ta chanson de statue impalpable;
donne-moi ton poulain qui accourt
à l’approche des jeunes comètes;
donne-moi, au moment de l’amour,
ce qu’il faut pour flatter un poète;
donne-moi, sans vraiment me l’offrir,
ton grand verbe qui dompte l’orage,
et enfin donne-moi le plaisir
de copier sur ta peau cette page.

(Alain Bosquet)

 

Editions: Cahiers du Sud

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Il y a un vide (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2015



A côté de chaque ligne, il y a un vide.
Est-ce l’ombre que la ligne projette
ou le modèle qu’elle copie?
De toute manière, qu’est-ce qui soutient la ligne
et comment ne se perd-elle pas dans le vide?

Sous chaque couleur, il y a un vide.
Chaque couleur est-elle la naissance d’un abîme
ou seulement sa surface habitable ?
De toute façon, que dit ainsi la couleur
et que dirait-elle s’il n’y avait pas de vide?

Dans chaque corps, il y a un vide.
Le corps est-il un refuge du néant
ou seulement un malentendu entre ses cavités?
Mais alors pourquoi, au lieu de corps,
n’y a-t-il pas diverses densités de vide?

Dans la pensée même est le vide.
Est-il une condition de la pensée
ou est-ce à l’inverse la pensée qui le crée?
Néanmoins, pourquoi tant de fantômes de fantômes
et non le vide en sa plénitude de vide?

(Roberto Juarroz)

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