L’écolier qui balayait la classe
à tour de rôle était choisi
alors il restait seul
dans la crayeuse poussière
près d’une carte du monde
que la nuit refroidissait
quelquefois il s’arrêtait, s’asseyait
posant son coude sur la table aux entailles
inscrit dans l’ordre universel.
Le bouquet de tes rêves
La nuit le met en mes mains
Il suffit de mes lèvres
Pour briser tes songes
Tu es fleuve je suis rive
Je te serre et tu fuis
Voici le calme coude
De ton sommeil en mes bras
Je tiens dans ma nuit
La brassée de la tienne
Tu es le galet poli
Que l’eau ne possède pas
Comme elle je te tiens
Et tu ne m’appartiens pas
Je vais dans la nuit
Chargé de tes songes
Il y aura toujours une aile
La dureté de l’eau qui danse
Et tu t’en vas loin de moi
Qui vais fidèle au long de toi.
Je dis que c’est bien moi qui ai vécu
Je dis que c’est bien moi qui suis venu, qui pars
Je le prouve en parlant plus haut que les miroirs
Je dis que j’ai ma place entre les gens qui bougent
Je le prouve en fumant leur tabac, leur chagrin
Je dis que j’ai des droits sur la Colchide
Je le prouve en montrant sa forme en creux dans ma poitrine
Je dis que j’ai des droits sur le néant lui-même
Je le prouve en mangeant mon pain
Le coude sur ma bêche au-dessus de ma tombe.
Ton corps d’alcool est l’arête et l’encoignure
tes coudes s’effacent dans les impasses
tu combles les interstices des pavés
tu es le pieu et la lierne des palissades
et tes paupières clignent dans les balustres des balcons
elle avait une façon de laisser les bras
accompagner le déplacement de son corps
qui désarmait toute analyse et disait, fort
bien, que la marche existe ailleurs que dans les pas
c’est de l’épaule que partait la courbe libre
volontaire et l’oeil commençait juste à la suivre
que déjà l’évasement du coude passé
le dessin se perdait dans l’isthme du poignet
jamais telle douceur n’avait paru plus ferme
ni l’évidence d’une peau plus éclatante
parcours sans faute d’une ligne dont la pente
pouvait surprendre par un geste qui la ferme
puis qui de nouveau l’ouvre et de nouveau l’oriente
écart inattendu qui comble notre attente
(Patrick Le Divenah)
Recueil: Blasons du corps féminin
Traduction:
Editions: L’Échappée Belle
le trait dessine leur corps deux à deux
immergés l’un dans l’autre par la limite
mais distincts par désir de l’un vers l’autre
. et elle femme dessinée par la main de l’autre
il la regarde hanche et épaule et jambe dormante
le visage enfoui aux cheveux et nuque blanche
. les ombres fusain et sanguine vivante aux lèvres
et les lacunes ombrées aux plis et traces
elle dort ensuite dans le geste du coude
. respire dans la couleur de nuit
(Jean-Pierre Faye)
Recueil: Eclat Rançon
Traduction:
Editions: De la Différence
Mon cœur pose ses coudes
Sur l’épaule de ses paupières
Et carde ma poésie
De chants les plus suaves
Et je bois son regard
Jusqu’au fond de mon ventre
Je voyage un instant
Un éternel instant.
Et la mort n’aura pas d’empire
Les cadavres nus ne feront plus qu’un
Avec l’homme dans le vent et la lune d’ouest
Quand leurs os rongés à blanc auront disparu
Ils auront des étoiles aux coudes et aux pieds
Ils seront fous, ils seront saint d’esprit
Engloutis par les fléaux, ils émergeront à nouveau
Les amants se perdront mais l’amour restera
Et la mort n’aura pas d’empire
Et la mort n’aura pas d’empire.
Dans les méandres de la mer
Gisant de tout leur long ils n’y mourront pas;
Se tordant sur des chevalets quand leur tendons lâcheront,
Ligotés sur une roue ils ne se briseront pas;
La confiance en leurs mains se fendra en deux,
Et les démons unicornes courront les transpercer
Ecartelés de toutes parts ils ne craqueront pas;
Et la mort n’aura pas d’empire.
Et la mort n’aura pas d’empire.
Pas plus que les cris des mouettes n’atteindront leurs oreilles
Ou le déferlements des vagues les rivages;
Là ou s’ouvrait une fleur aucune fleur jamais plus
Ne dressera sa tête sous les coups de la pluie;
Bien qu’ils soient insensé et morts comme des clous,
Leurs têtes tels des marteaux enfonçant les marguerites;
Frapperont le soleil jusqu’à ce que le soleil s’écroule,
Et la mort n’aura pas d’empire.
***
And death shall have no dominion.
Dead man naked they shall be one
With the man in the wind and the west moon;
When their bones are picked clean and the clean bones gone,
They shall have stars at elbow and foot;
Though they go mad they shall be sane,
Though they sink through the sea they shall rise again;
Though lovers be lost love shall not;
And death shall have no dominion.
And death shall have no dominion.
Under the windings of the sea
They lying long shall not die windily;
Twisting on racks when sinews give way,
Strapped to a wheel, yet they shall not break;
Faith in their hands shall snap in two,
And the unicorn evils run them through;
Split all ends up they shan’t crack;
And death shall have no dominion.
And death shall have no dominion.
No more may gulls cry at their ears
Or waves break loud on the seashores;
Where blew a flower may a flower no more
Lift its head to the blows of the rain;
Though they be mad and dead as nails,
Heads of the characters hammer through daisies;
Break in the sun till the sun breaks down,
And death shall have no dominion.