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Poésie

Posts Tagged ‘courageux’

L’Oreille cassée (Michel Serres)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2019




    
L’Oreille cassée
Le vivant, le vrai

Nos visages ravagés de rides se souviennent des sillons de larmes
et notre colonne vertébrale se voûte sous le poids des tristesses passées.

Un corps vivant ne reste pas longtemps vierge et lisse;
la santé, la joie de vivre n’excluent pas les coups ;

bien au contraire, nous n’existons que de souffrances vaillantes contre l’adversité ;
les bons organismes présentent une tête burinée, un corps las et courageux,
une puissance dévastée, mais toujours debout.

Avant le premier coup de corne,
comment savoir si le torero se conduit avec courage ?

Il n’y a de vrai vivant que déchiré.
Les cicatrices renforcent.

Il n’y a de vérité que falsifiée.
Le faux plaide pour le vrai.

Il n’y a de bonté que tentée.

Quelle vertu sans tribulations ?
Il n’y a de bon système que cassé.
Si tout marche, rien ne marchera.

Chaque épreuve me précipite au devant de ce fétiche :
il n’y a de vrai dieu que blessé.

(Michel Serres)

 

Recueil: Hergé mon ami
Traduction:
Editions: Le Pommier

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Hôpital, médecine B (Bernard Lorraine)

Posted by arbrealettres sur 17 août 2018



Hôpital, médecine B

Marche vaille que vaille
Et geint à qui mieux mieux,
Le vieux vient voir sa vieille
Ou la vieille son vieux.

Vue basse, dur d’oreille
Et les genoux cagneux,
Le vieux vient voir sa vieille
Ou la vieille son vieux.
Ainsi, à qui vieux vieille
Ou à qui vieille vieux,
La braise de la veille
Tiédit à petit feu.

Jusqu’au jour… « non Monsieur… »
On l’arrête à la porte,
«c’est fini… courageux…
dans la nuit… elle est morte… »

Jusqu’au jour… « non Madame…
attendez… corridor…
il vient de rendre l’âme…
nous préparons le corps… »

(Bernard Lorraine)

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Je vous lâche (Balbino)

Posted by arbrealettres sur 17 août 2018


 


 

fenetre -1

Je vous lâche

Je vous lâche
vous serez courageux.
Pour s’enfuir
il faut
être deux.
J’étais
seul.

Je suis sorti
pour
mes dernières courses.
Label 5
cigarettes
légères.
Il faisait beau
un enfant courait
rien n’aurait pu
l’arrêter.

La caissière
m’a regardé
derrière ses chiffres.
J’ai voulu
lui laisser
la monnaie.

J’ai ouvert la fenêtre
aérer
pour toujours
cette unique pièce

nous fumions
ensemble.

(Balbino)

 

 

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TOUT PETIT POÈME (Hervé Le Tellier)

Posted by arbrealettres sur 8 juillet 2018



Illustration: Bronia Sawyer
    
TOUT PETIT POÈME

tout petit poème sauve-moi
tout petit poème aide- moi
dans la jungle il y a le vrai tigre
et tant d’heures dans un vrai jour
toi tu es si petit mon poème
si petit et si grande ma peine
sois courageux pour deux petit poème
sois fort sois doux fais-toi beau vraiment beau
sois le plus beau des petits poèmes
de tous les petits poèmes
regarde comme je l’aime
et vois vois tout ce que je te donne pour ta route
range tout bien
ne perds rien sur le chemin
je sais que tu n’es pas grand-chose
et que dehors il y a l’absence et le tigre et la vie
mais tu es tout ce que j’ai ma sentinelle de papier
alors
tu dois l’attendre elle viendra bien un jour
elle te prendra elle te lira
ce jour-là tiens-toi droit ne pleure pas
fais juste ce que je t’ai dit rien de plus
offre-lui tout ce que tu as tout
tes syllabes tes mots de rien
et puis parle-lui avec ma voix tu la connais
comme je l’ai fait la dernière fois tout bas
tu dois avoir confiance en toi en elle en nous
n’aie pas honte d’être si petit
un brave petit poème comme toi ça peut tuer les tigres
un brave petit poème comme toi ça peut sauver l’amour
tout petit poème aime-la
sauve-nous tout petit poème

(Hervé Le Tellier)

 

Recueil: Zindien
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Le monastère (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2017



Illustration
    
Le monastère où, mécréant, je me languis —
C’est du granit fondu par la raison torride.
J’étouffe dans le noir de cette ardeur trompeuse,
Et je pars pour un autre ermitage brûlant…

Mais ce sera l’ardeur d’une terre banale.
La boule de sang fondra mon cerveau.
Et je perdrai l’esprit, plus calme et courageux
Qu’ici, où chair et sang sont harassés.

Ermitage, où es-tu ? Où es-tu, monastère ?
Tu n’es pas dans le ciel où règne un noir mortel,
Mais sur la terre, où, trivial et plein de forces,
Je saurai trouver tout, quand je perdrai l’esprit!…

(Alexandre Blok)

 

Recueil: Le Monde terrible
Traduction:Pierre Léon
Editions: Gallimard

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Va au delà torche éteinte (Georges Bataille)

Posted by arbrealettres sur 7 juillet 2017



Poèmes
pas courageux
mais douceur
oreille de délice
une voix de brebis hurle
au delà va au delà
torche éteinte

(Georges Bataille)

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IMPONDÉRABLE (Magda Székely)

Posted by arbrealettres sur 14 février 2017



IMPONDÉRABLE

A peine quelque chose en décide
si c’est ici ou là
de menus gestes un état
impondérable

A peine qui le courageux
et qui le lâche
d’où pourtant l’ultime clarté
de se situer

(Magda Székely)

Illustration: Raymond Peynet

 

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Je me demande (Stephen Crane)

Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2017


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Je me demande si parfois au crépuscule,
Lorsque les lampes courageuses qui dorent tes soirées
N’ont pas encore été allumées,
Je me demande si parfois au crépuscule
Tu te souviens du temps,
Du temps où tu m’aimais
Et notre amour était tout pour toi.
Ces souvenirs ne sont-ils plus que décombres?
Vêtements démodés
Quand a changé la mode?
Pauvre de moi, oh, pauvre de moi perdu;
Cet amour est devenu
Un rêve céleste,
Blanc, blanc, blanc dans le rayonnement
de nombreux soleils.

(Stephen Crane)

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Certains disent très courageux j’aurais mon heure (Georges Perros)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2016



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Certains disent très courageux
j’aurais mon heure C’est à peine
si je m’espère une seconde
dans le grenier de mon prochain
Je n’en suis pas le moins du monde
amer ou triste ou malheureux
Mourir de même ne me semble
ni injuste ni ténébreux
Je ne suis pas né pour me plaire
mon état de vie c’est la guerre
qu’un jour je me suis déclaré
et ce passage entre les cieux
et ce qu’on appelle la terre
me ferait plutôt l’effet d’être
comme un cadeau non dénué
de l’humour le moins contestable
Connaissons-en la vanité
et jouissons du grain de sable
blé de la mer qui le travaille.

(Georges Perros)

 

 

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