Posts Tagged ‘courber’
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023
Illustration: Marianne Clouzot
L’ENFANT SEUL
A Sara Hubner.
Entendant pleurer, je m’arrêtai sur le chemin en pente
et m’approchai jusqu’à la porte de la cabane.
Un enfant aux yeux de douceur me regarda de son lit
et une immense tendresse m’enivra comme vin!
Sa mère s’attardait, courbée sur le chaume;
l’enfant, à son réveil, avait cherché le sein
et s’était mis à pleurer. Je le pris dans mes bras
et une berceuse monta, tremblante, jusqu’à mes lèvres.
Par la fenêtre ouverte, la lune regardait.
L’enfant s’était rendormi et la chanson baignait
comme d’un autre éclat, mon sein riche de son faix.
Et lorsque la femme tremblante ouvrit la porte,
elle dut voir sur mon visage un bonheur si vrai
qu’elle laissa dans mes bras l’enfant endormi.
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
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Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), éclat, baigner, berceuse, bonheur, bras, cabane, chanson, chaume, chemin, chercher, courber, douceur, endormi, enfant, enivrer, entendre, faix, femme, fenêtre, immense, laisser, lèvres, lit, lune, mère, monter, ouvert, ouvrir, pente, pleurer, porte, prendre, réveil, regarder, riche, s'approcher, s'arrêter, s'attarder, se rendormir, sein, seul, tendresse, tremblant, trembler, vin, visage, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2023

RÉSISTER
(pour Gérard Trougnou)
Je résiste
Et me rebelle
Je me révolte
Contre moi-même
En fronde
En jacquerie
Je m’insurge
Contre la vie
Je rejette
Ce monde
Voué à mort
Et vieillesse
Que sont devenus
Ces temps étoilés
Ces temps lumineux
Où les regards étincelaient
Ces temps offerts
Entre un miracle
Et l’autre
Ces temps d’amour
Et de partage
Où l’on bondit
D’île en île
Bravant la nuit ?
Résister aux temps
Qui nous courbent
Et nous voûtent
Résister aux vents
Qui fracassent
Notre chant
Résister
A tous ceux
Qu’on redoute
Résister
Et debout
Clamer
Notre liberté.
(Andrée Chedid)
Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion
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Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), amour, étinceler, étoile, île, bondir, chant, clamer, courber, devenir, fracasser, fronde, jacquerie, liberté, lumineux, miracle, monde, mort, offrir, partage, résister, redouter, regard, rejeter, s'insurger, se révolter, se rebeller, temps, vent, vieillesse, voûter, vouer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2022

La terre penchée
C’est un drôle de pays
Où tout semble courbé
Les herbes les buissons
Les roches et les arbres
Et même les maisons
Sous leurs chapeaux d’ardoises
Se penchent
Vers cette terre noire
Que des femmes et des hommes
Écorchent vainement
Et qu’ils creusent un jour
Pour enfouir un semblable
(Franck Bouysse)
Recueil: Fenêtre sur Terre
Traduction:
Editions: Phébus
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Posted in poésie | Tagué: (Franck Bouysse), arbre, ardoise, écorcher, buisson, chapeau, courber, creuser, drôle, enfouir, femme, herbe, homme, jour, maison, noir, pays, pencher, roche, se pencher, semblable, sembler, terre, vainement | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2021

Tant d’herbes diverses
Qui se courbent
Ensemble
Dans la même respiration du vent.
Leur souffle
Indivisible
Qu’aucun vent
Ne peut séparer.
(Alain Vircondelet)
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Posted in poésie | Tagué: (Alain Vircondelet), courber, ensemble, herbe, respiration, séparer, souffle, vent | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 8 mars 2021

Puisse mon amour…
Puisse mon amour des dessins changeants
des corps, des eaux et des vents de ce monde
avec les martinets voler encore ce soir
certitude d’un instant dans la joie
d’une vie d’un coup d’aile dépliée
comme si dans le geste de s’ouvrir
il y avait une braise éternelle –
Reviens près de ces pierres
où quelques mots respirent –
écoute-les de toute ta nuit
tout le poids de l’oubli courbé
sur un feu qui consent aux gris
lumineux et fragiles de ces cendres –
poignée de semences
que dispersent les vents –
(Lorand Gaspar)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
Recueil: Derrière le dos de Dieu
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Lorand Gaspar), aile, amour, écouter, éternel, braise, cendre, certitude, changer, consentir, corps, coup, courber, déplier, dessin, disperser, eau, feu, fragile, geste, gris, instant, joie, lumineux, martinet, monde, mot, nuit, oubli, pierre, poids, poignée, pouvoir, respirer, revenir, s'ouvrir, semence, soir, vent, vie, voler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2021
Illustration: Freydoon Rassouli
Tu peux, comme il te plaît, me faire jeune ou vieux.
Comme le soleil fait serein ou pluvieux
L’azur dont il est l’âme et que sa clarté dore,
Tu peux m’emplir de brume ou m’inonder d’aurore.
Du haut de ta splendeur, si pure qu’en ses plis
Tu sembles une femme enfermée en un lys,
Et qu’à d’autres moments l’œil qu’éblouit ton âme
Croit voir, en te voyant, un lys dans une femme,
Si tu m’as souri, Dieu ! tout mon être bondit ;
Si, madame, au milieu de tous, vous m’avez dit,
À haute voix : Bonjour, monsieur, et bas : Je t’aime !
Si tu m’as caressé de ton regard suprême,
Je vis ! je suis léger, je suis fier, je suis grand ;
Ta prunelle m’éclaire en me transfigurant ;
J’ai le reflet charmant des yeux dont tu m’accueilles ;
Comme on sent dans un bois des ailes sous les feuilles,
On sent de la gaîté sous chacun de mes mots ;
Je cours, je vais, je ris ; plus d’ennuis, plus de maux ;
Et je chante, et voilà sur mon front la jeunesse !
Mais que ton cœur injuste un jour me méconnaisse ;
Qu’il me faille porter en moi jusqu’à demain
L’énigme de ta main retirée à ma main :
— Qu’ai-je fait ? qu’avait-elle ? Elle avait quelque chose.
Pourquoi, dans la rumeur du salon où l’on cause,
Personne n’entendant, me disait-elle vous ? —
Si je ne sais quel froid dans ton regard si doux
A passé comme passe au ciel une nuée,
Je sens mon âme en moi toute diminuée ;
Je m’en vais courbé, las, sombre comme un aïeul ;
Il semble que sur moi, secouant son linceul,
Se soit soudain penché le noir vieillard Décembre ;
Comme un loup dans son trou, je rentre dans ma chambre ;
Le chagrin — âge et deuil, hélas ! ont le même air —
Assombrit chaque trait de mon visage amer,
Et m’y creuse une ride avec sa main pesante.
Joyeux, j’ai vingt-cinq ans ; triste, j’en ai soixante.
(Victor Hugo)
Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
Traduction:
Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), aïeul, accueillir, aile, aimer, air, aller, amer, assombrir, au milieu, aurore, azur, âge, âme, éblouir, éclairer, énigme, être, bois, bondir, bonjour, brume, caresser, causer, chagrin, chambre, chanter, charmant, ciel, clarté, coeur, courber, courir, creuser, croire, décembre, demain, deuil, Dieu, diminuer, dorer, doux, emplir, enfermer, ennui, entendre, femme, feuille, fier, froid, front, gaîté, grand, injuste, inonder, jeune, jeunesse, joyeux, las, léger, linceul, loup, lys, madame, main, mal, méconnaître, monsieur, mot, nuée, oeil, passer, pencher, personne, pesant, plaire, pli, pluvieux, porter, pourquoi, pouvoir, prunelle, pur, reflet, regard, rentrer, retirer, ride, rire, rumeur, salon, secouer, sembler, sentir, serein, soleil, sombre, sourire, splendeur, suprême, trait, transfigurer, triste, trou, vieillard, vieux, visage, vivre, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 juillet 2020
![Anne-François-Louis Janmot (11) [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/08/anne-franc3a7ois-louis-janmot-11-1280x768.jpg?w=863&h=678)
NE croyez pas,
—Pour ce qu’avril rit rose
Dans les vergers,
Ou pâlit de l’excès voluptueux des fleurs —,
Que toutes choses
Sont selon nos gais coeurs,
Et qu’il n’est plus une soif à étancher.
Ne croyez pas,
— Glorieux des gloires automnales,
Ivres des vins jaillis que boit l’épi qu’on foule —,
Qu’il n’est plus une faim que rien ne soûle :
Car Décembre est en marche dans la nuit pâle.
Oui, mais ne croyez pas
—Parce qu’autour de vous toute âme est vile,
Et que la foule adore son vice servile,
Parce que, sur la plaine où le Mystère halète
Courbant l’épi, froissant la feuille, d’ailes inquiètes,
Grandit la ville —,
Ne croyez pas,
—Bien que tout coeur soit bas —,
Que le vieil Angelus sonne à jamais le glas,
Croyez, sachez, criez à pleine voix
Que l’Amour est vainqueur et que l’Espoir est roi!
(Francis Vielé-Griffin)
Illustration: Anne-François-Louis Janmot
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Posted by arbrealettres sur 22 juin 2020

Mille chemins, un seul but
Le chasseur songe dans les bois
À des beautés sur l’herbe assises,
Et dans l’ombre il croit voir parfois
Danser des formes indécises.
Le soldat pense à ses destins
Tout en veillant sur les empires,
Et dans ses souvenirs lointains
Entrevoit de vagues sourires.
Le pâtre attend sous le ciel bleu
L’heure où son étoile paisible
Va s’épanouir, fleur de feu,
Au bout d’une tige invisible.
Regarde-les, regarde encor
Comme la vierge, fille d’Ève,
Jette en courant dans les blés d’or
Sa chanson qui contient son rêve !
Vois errer dans les champs en fleur,
Dos courbé, paupières baissées,
Le poète, cet oiseleur,
Qui cherche à prendre des pensées.
Vois sur la mer les matelots
Implorant la terre embaumée,
Lassés de l’écume des flots,
Et demandant une fumée !
Se rappelant quand le flot noir
Bat les flancs plaintifs du navire,
Les hameaux si joyeux le soir,
Les arbres pleins d’éclats de rire !
Vois le prêtre, priant pour tous,
Front pur qui sous nos fautes penche,
Songer dans le temple, à genoux
Sur les plis de sa robe blanche.
Vois s’élever sur les hauteurs
Tous ces grands penseurs que tu nommes,
Sombres esprit dominateurs,
Chênes dans la forêt des hommes.
Vois, couvant des yeux son trésor,
La mère contempler, ravie,
Son enfant, cœur sans ombre encor,
Vase que remplira la vie !
Tous, dans la joie ou dans l’affront,
Portent, sans nuage et sans tache,
Un mot qui rayonne à leur front,
Dans leur âme un mot qui se cache.
Selon les desseins du Seigneur,
Le mot qu’on voit pour tous varie ;
– L’un a : Gloire ! l’autre a : Bonheur !
L’un dit : Vertu ! l’autre : Patrie !
Le mot caché ne change pas.
Dans tous les cœurs toujours le même ;
Il y chante ou gémit tout bas ;
Et ce mot, c’est le mot suprême !
C’est le mot qui peut assoupir
L’ennui du front le plus morose !
C’est le mystérieux soupir
Qu’à toute heure fait toute chose !
C’est le mot d’où les autres mots
Sortent comme d’un tronc austère,
Et qui remplit de ses rameaux
Tous les langages de la terre !
C’est le verbe, obscur ou vermeil,
Qui luit dans le reflet des fleuves,
Dans le phare, dans le soleil,
Dans la sombre lampe des veuves !
Qui se mêle au bruit des roseaux,
Au tressaillement des colombes ;
Qui jase et rit dans les berceaux,
Et qu’on sent vivre au fond des tombes !
Qui fait éclore dans les bois
Les feuilles, les souffles, les ailes,
La clémence au cœur des grands rois,
Le sourire aux lèvres des belles !
C’est le nœud des prés et des eaux !
C’est le charme qui se compose
Du plus tendre cri des oiseaux,
Du plus doux parfum de la rose !
C’est l’hymne que le gouffre amer
Chante en poussant au port des voiles !
C’est le mystère de la mer,
Et c’est le secret des étoiles !
Ce mot, fondement éternel
De la seconde des deux Romes,
C’est Foi dans la langue du ciel,
Amour dans la langue des hommes !
Aimer, c’est avoir dans les mains
Un fil pour toutes les épreuves,
Un flambeau pour tous les chemins,
Une coupe pour tous les fleuves !
Aimer, c’est comprendre les cieux.
C’est mettre, qu’on dorme ou qu’on veille,
Une lumière dans ses yeux,
Une musique en son oreille !
C’est se chauffer à ce qui bout !
C’est pencher son âme embaumée
Sur le côté divin de tout !
Ainsi, ma douce bien-aimée,
Tu mêles ton cœur et tes sens,
Dans la retraite où tu m’accueilles,
Aux dialogues ravissants
Des flots, des astres et des feuilles !
La vitre laisse voir le jour ;
Malgré nos brumes et nos doutes,
Ô mon ange ! à travers l’amour
Les vérités paraissent toutes !
L’homme et la femme, couple heureux,
À qui le cœur tient lieu d’apôtre,
Laissent voir le ciel derrière eux,
Et sont transparents l’un pour l’autre.
Ils ont en eux, comme un lac noir
Reflète un astre en son eau pure,
Du Dieu caché qu’on ne peut voir
Une lumineuse figure !
Aimons ! prions ! les bois sont verts,
L’été resplendit sur la mousse,
Les germes vivent entr’ouverts,
L’onde s’épanche et l’herbe pousse !
Que la foule, bien loin de nous
Suive ses routes insensées.
Aimons, et tombons à genoux,
Et laissons aller nos pensées !
L’amour, qu’il vienne tôt ou tard,
Prouve Dieu dans notre âme sombre.
Il faut bien un corps quelque part
Pour que le miroir ait une ombre.
(Victor Hugo)
Recueil: Les rayons et les ombres
Traduction:
Editions: Bayard Jeunesse
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Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), accueillir, affront, aile, aimer, amer, amour, arbre, assis, assoupir, astre, attendre, austère, âme, éclat, éclore, épreuve, été, éternel, étoile, baisser, battre, beauté, belle, berceau, bien-aimé, blé, bleu, bois, bonheur, bouillir, bruit, but, cacher, champ, changer, chanson, chanter, charmé, chasseur, chêne, chemin, chercher, ciel, clémence, coeur, colombe, composer, comprendre, contempler, contenir, corps, coupe, couple, courant, courber, couver, cri, croire, danser, dessein, destin, dialogue, Dieu, divin, dominateur, dormir, dos, eau, embaumer, empire, en fleur, enfant, ennui, entr'ouvrir, entrevoir, errer, esprit, Eve, faute, femme, feu, feuille, figure, fil, fille, flambeau, flanc, fleur, fleuve, flot, foi, fondement, forêt, forme, foule, front, gémir, genoux, germe, gloire, gouffre, hameau, herbe, heure, homme, hymne, implorer, indécis, insensé, invisible, jaser, jeter, joie, joyeux, lac, lampe, langage, langue, lèvres, loin, lointain, luire, lumière, lumineux, main, matelot, mère, mêler, mer, mille, miroir, morose, mot, mousse, musique, mystère, mystérieux, navire, noeud, noir, obscur, oiseau, oiseleur, ombre, onde, or, oreille, paisible, paraître, parfum, patrie, paupière, pâtre, pencher, pensée, penser, penseur, phare, plaintif, poète, pousser, pré, prêtre, prendre, prier, prouver, pur, rameau, ravir, rêve, refléter, reflet, regarder, remplir, resplendir, retraite, rire, roi, rose, roseau, route, s'épancher, s'épanouir, se cacher, se chauffer, se mêler, se pencher, se rappeler, se sentir, secret, seigneur, sens, soir, soldat, soleil, sombre, songer, souffle, soupir, sourire, souvenir, suivre, suprême, tache, tendre, terre, tige, tombe, tomber, transparent, trésor, tressaillir, tronc, vague, vase, vérité, veiller, verbe, vermeil, vert, vertu, veuf, vie, vierge, vivre, voile, voir | 4 Comments »
Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2020

Illustration: Marilyne Bertoncini
DAME EN NOIR
Maigres oignons
offerts à personne
Hospitalité précaire d’un coin d’immeuble
et dallage aseptisé
pour inhumanité urbaine à l’œuvre
Vertige que cette solitude
Petite dame
en noir
vieillie courbée
Courbée
de tant d’années
à préserver sa dignité.
(Françoise Coulmin)
Recueil: DE QUOI SE SOUVENIR ?
VAGABONDAGES dans BUCAREST À l’occasion du FESTIVAL INTERNATIONAL DE POÉSIE mai 2019
Traduction:
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Posted in poésie | Tagué: (Françoise Coulmin), année, aseptiser, coin, courber, dallage, dame, dignité, hospitalité, immeuble, inhumanité, maigre, noir, offrir, oignon, personne, petit, précaire, préserver, solitude, urbain, vertige, vieillir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2020

Illustration: Stéphane Pellennec
SOIR
Ciel ! un fourmillement emplit l’espace noir ;
On entend l’invisible errer et se mouvoir ;
Près de l’homme endormi tout vit dans les ténèbres.
Le crépuscule, plein de figures funèbres,
Soupire ; au fond des bois le daim passe en rêvant ;
À quelque être ignoré qui flotte dans le vent
La pervenche murmure à voix basse : je t’aime
La clochette bourdonne auprès du chrysanthème
Et lui dit paysan, qu’as-tu donc à dormir ?
Toute la plaine semble adorer et frémir.
L’élégant peuplier vers le saule difforme
S’incline ; le buisson caresse l’antre ; l’orme
Au sarment frissonnant tend ses bras convulsifs ;
Les nymphaeas, pour plaire aux nénuphars pensifs,
Dressent hors du flot noir leurs blanches silhouettes ;
Et voici que partout, pêle-mêle, muettes,
S’éveillent, au milieu des joncs et des roseaux,
Regardant leur front pâle au bleu miroir des eaux,
Courbant leur tige, ouvrant leurs yeux, penchant leurs urnes,
Les roses des étangs, ces coquettes nocturnes.
Des fleurs déesses font des lueurs dans la nuit,
Et dans les prés, dans l’herbe où rampe un faible bruit,
Dans l’eau, dans la ruine informe et décrépite,
Tout un monde charmant et sinistre palpite.
C’est que là-haut, au fond du ciel mystérieux,
Dans le soir, vaguement splendide et glorieux,
Vénus rayonne, pure, ineffable et sacrée,
Et, vision, remplit d’amour l’ombre effarée.
(Victor Hugo)
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Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), adorer, aimer, amour, antre, élégant, étang, blanc, bourdonner, bras, bruit, buisson, caresser, charmant, chrysanthème, ciel, clochette, convulsif, courber, daim, déesse, difforme, dormir, dresser, eau, effaré, emplir, endormi, entendre, errer, espace, fleur, flotter, fourmillement, frissonner, homme, ignoré, ineffable, invisible, jonc, lueur, miroir, muet, murmurer, mystérieux, nénuphar, noir, nymphaea, ombre, orme, palpiter, passer, paysan, pêle-mêle, pencher, pensif, pervenche, peuplier, plaire, pré, pur, rayonner, rêver, regarder, remplir, rose, roseau, ruine, s'éveiller, s'incliner, sacré, sarment, saule, se mouvoir, silhouette, sinistre, soir, soupirer, ténèbres, tige, urne, Vénus, vent, vision, vivre | Leave a Comment »