Posts Tagged ‘cours’
Posted by arbrealettres sur 30 mars 2023

Illustration: Albert Lynch
MONDE ARDENT
Ah, toujours, jeune ou vieux, je ressens cette même chimère :
Une montagne la nuit ; au balcon, en silence, une femme ;
Blanche route qui prend son élan quand la lune l’éclaire ;
Comme alors un désir passionné fait se tordre mon âme!
Monde ardent, forme blanche de femme à son balcon qui songe,
Aboi d’un chien dans la vallée, sourd roulement d’un train,
Vous fûtes bien des fois pièges, amers mensonges ;
Vous restez le plus doux de mes rêves ainsi que le plus vain.
Souvent j’ai pris la voie des réalités rudes :
Assesseur, cours du change, ou bien mode, ou bien loi,
Mais déçu, libéré, j’ai rejoint bientôt ma solitude,
Où jaillit le naïf idéal, où le rêve est chez soi.
Trouble vent de la nuit dans l’arbre, ô bohémienne noire,
monde de désirs fous, poèmes pleins d’odeur,
monde splendide auquel toujours j’ai voulu croire,
Quand ta voix vient vers moi au milieu des éclairs de chaleur.
***
O BRENNENDE WELT
Immer und immer fühl ich’s, ob alt oder jung :
Ein Gebirg in der Nacht, am Balkon ein schweigendes Weib,
Eine weiße Straße im Mondschein mit sanftem Schwung,
Das reißt mir vor Sehnsucht das bange Herz aus dem Leib.
O brennende Welt, o du weißes Weib am Balkon,
Bellender Hund im Tal, fernrollende Eisenbahn,
O wie loget ihr, o wie bitter betrogt ihr mich schon —
Dennoch seid ihr noch immer mein süßester Traum und Wahn !
Oft versucht ich den Weg in die schreckliche « Wirklichkeit »,
Wo Assessor, Gesetz, Mode und Geldkurs gilt,
Aber einsam entfloh ich immer, enttäuscht und befreit,
Dort hinüber, wo Traum und liebliche Narrheit quillt.
Schwüler Nachtwind im Baum, schwarze Zigeunerin,
Welt voll törichter Sehnsucht und Dichterduft,
Herrliche Welt, der ich ewig verfallen bin,
Wo dein Wetterleuchten mir zuckt, wo deine Stimme mir ruft!
(Hermann Hesse)
Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti
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Posted in poésie | Tagué: (Hermann Hesse), aboi, amer, arbre, ardent, assesseur, âme, éclair, éclairer, élan, balcon, blanc, bohémien, chaleur, changé, chien, chimère, cours, croire, déçu, désir, doux, femme, forme, fou, idéal, jaillir, jeune, libérer, Loi, lune, mensonge, milieu, mode, monde, montagne, naïf, noir, nuit, odeur, passionné, piège, plein, poème, prendre, réalité, rêve, rejoindre, ressentir, rester, rouler, route, rude, silence, solitude, songer, sourd, splendide, tordre, toujours, train, trouble, vain, vallée, venir, vent, vieux, voie, voix, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 février 2023

C’est facile, d’écosser les petits pois.
Une pression du pouce sur la fente de la gousse
et elle s’ouvre, docile, offerte.
Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes
– une incision de l’ongle de l’index
permet alors de déchirer le vert,
et de sentir la mouillure et la chair dense,
juste sous la peau faussement parcheminée.
Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt.
La dernière est si minuscule.
Parfois, on a envie de la croquer.
Ce n’est pas bon, un peu amer,
mais frais comme la cuisine de onze heures,
cuisine de l’eau froide, des légumes épluchés
– tout près, contre l’évier,
quelques carottes nues brillent sur un torchon,
finissent de sécher.
Alors on parle à petits coups,
et là aussi la musique des mots
semble venir de l’intérieur, paisible, familière.
On parle de travail, de projets, de fatigue
– pas de psychologie.
L’écossage des petits pois n’est pas conçu pour expliquer,
mais pour suivre le cours, à léger contretemps.
Il y en aurait pour cinq minutes, mais c’est bien de prolonger,
d’alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées.
On passe les mains dans les boules écossées
qui remplissent le saladier.
C’est doux ; toutes ces rondeurs contiguës
font comme une eau vert tendre,
et l’on s’étonne de ne pas avoir les mains mouillées.
Un long silence de bien-être clair
[…]
(Philippe Delerm)
Recueil: La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules
Traduction:
Editions: L’Arpenteur
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Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2023

Goutte d’huile
Tu ne trébucheras pas dans les ténèbres …
c’est la plus lumineuse des lanternes de ma maison.
Tu l’as emportée à mon insu après que ton orgueil
t’eut menée de nuit jusque chez moi.
Tu ne t’es pas retournée vers les joies et les peines
que tu as causées au cours de ma vie.
Que n’as-tu pensé à la goutte d’huile
quand tu marchais dans sa lumière !
(Umar Abu Rishah)
***

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral
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Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2022

Illustration: Chagall
Triste est ta lyre, Orphée.
Elle ne peut changer le cours des choses
et pour la captive bien-aimée dans la cage close des morts
elle ne peut créer
un lit d’amour, ni bras, ni tresse.
meurent ceux qui meurent, Orphée.
Le temps qui accourt dans tes yeux s’effondre
et dans tes mains
la lyre s’est brisée.
La mort maintenant est sur la rive
— rien qu’une tête — et chaque fleur
chante et l’eau est une voix.
Je t’écoute maintenant
Je te vois, ombre qui fuit hors du centre.
Et commente l’errante giration.
***

(Adonis)
Traduction de Lionel Ray
Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted by arbrealettres sur 4 novembre 2022

Des milliards d’yeux changent ta peau
En une étoffe de regards
Ma caresse joue ton plaisir
Lève des milliards de paupières
Et, dès lors, tu lis l’horizon
Les soleils braqués, le silence
Tu nais, lumineuse, à ton cours
Tu t’abats en toi, tu t’éclaires
Tu enflammes l’air alentour
Tu as le poids du sang, des signes
Tu luis de consumer le feu
D’être ce milliard de prunelles
Qui voient juste, qui t’ont changée
En une étoile à ton usage.
(Luc Bérimont)
Recueil: Le sang des hommes
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted by arbrealettres sur 8 juillet 2022

Illustration: Rupi Kaur
comment fais tu pour transformer
un feu de forêt comme moi
si doucement que je me transforme
en cours d’eau
(Rupi Kaur)
Recueil: lait et miel
Traduction: de l’anglais (USA) par Sabine Rolland
Editions: Charleston
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Posted by arbrealettres sur 8 juillet 2022

Au cours des funérailles
Des hommes aux cheveux gris
L’air angoissé
De part et d’autre
***
Au cours des noces
Des hommes aux cheveux gris
L’air angoissé
De part et d’autre
(Abbas Kiarostami)
Recueil: Un loup aux aguets
Traduction: Nahal Tajadod & Jean-Claude Carrière
Editions: La table ronde
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Posted by arbrealettres sur 13 juin 2022

Illustration: Chen Chuanxi
Pour un visiteur chan
Comprendre est vain, revenez à la vérité et les soucis se vident,
Les hommes, ordinaires ou sages, sont comme grains de sable.
S’égarer c’est être un papillon de nuit qui se jette sur la flamme,
Comprendre c’est partir comme la grue libérée de sa cage.
Un même croissant de lune se reflète sur mille cours d’eau,
Le bruit d’un seul pin diffère au gré du vent des saisons.
Collez à votre coeur, collez à sa nature,
Arrêtez les efforts qui nous font vivre un rêve.
(Sengrun)
Recueil: Poèmes Chan
Traduction: du chinois par Jacques Pimpaneau
Editions: Philippe Picquier
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Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2022

Cet air qu’on ne voit pas
porte un oiseau lointain
et les graines sans poids
dont germera demain la
lisière des bois.
Oh ! le cours de la vie
entêté vers en bas !
(Philippe Jaccottet)
Recueil: L’encre serait de l’ombre
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2021

Le majestueux Escaut campagnard
A soixante ans, il me remonte aux yeux et poursuit son cours dans les profondeurs de ma conscience :
tout ce que j’aperçois, tout ce que j’éprouve, se résout en tempête d’eau, de vent et de ciel.
L’étrangeté de ce sentiment, c’est l’impression d’ordre qu’il laisse en se retirant,
comme une certitude de victoire.
Nature étang prairie et bois et de l’écluse
Matin et soir le chant que la lumière éteint…
(Franz Hellens)
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Triste est ta lyre, Orphée (Adonis)
Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2022
Illustration: Chagall
Triste est ta lyre, Orphée.
Elle ne peut changer le cours des choses
et pour la captive bien-aimée dans la cage close des morts
elle ne peut créer
un lit d’amour, ni bras, ni tresse.
meurent ceux qui meurent, Orphée.
Le temps qui accourt dans tes yeux s’effondre
et dans tes mains
la lyre s’est brisée.
La mort maintenant est sur la rive
— rien qu’une tête — et chaque fleur
chante et l’eau est une voix.
Je t’écoute maintenant
Je te vois, ombre qui fuit hors du centre.
Et commente l’errante giration.
***
(Adonis)
Traduction de Lionel Ray
Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers
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