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COUVÉE PASCALE (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2023




    
COUVÉE PASCALE

À l’aube quand vibrait encore
la gloire du monde, nous descendions
l’échelle des rêves pour chercher
dans l’herbe du jardin

l’oeuf bleu de toutes les promesses
et dans le ciel un reste du vertige
qui nous tirait des cris, mais tout
retombait vite et l’horizon

reprenait son vrai visage : enclos,
barrière, octroi. Nous rentrions couver
notre butin les yeux dans l’ombre
comme si l’aile d’un ange

allait soudain venir briser la coque.

(Guy Goffette)

Recueil: Petits riens pour jours absolus
Editions: Gallimard

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LIEDER OU L’ON SOURIT POUR NE PAS PLEURER (Léon-Paul Fargue)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2023



Illustration: Vera LP Cauwenberghs
    
LIEDER OU L’ON SOURIT POUR NE PAS PLEURER
Pour André Lebey.

MATIN

Loin de la ville
Sitôt crépite
La libellule
De linon bleu.

C’est le matin
Pauvre malade.
Il fait si doux
Qu’on est heureux.

La lampe soeur
Au col marin
Couve sa peur
Sous le clin bleu.

Elle contrôle
Qui dort encore
Et arque drôle
Sa clef d’or.

Au bleu baiser
Sur la croisée
L’oiseau commence
A chanter.

Sur la croisée
Triste ai-je dit
L’oiseau timide
Interdit.

Les hauts nuages
Qui frôlent vieux
Ont passé l’âge
D’être heureux.

Qu’est-ce qui trinque
Dans la rue bleue?
C’est un forçat
Délivré d’eux.

Un chant pas loin
Part de l’église.
Il fait si doux
Qu’on est sauvé.

(Léon-Paul Fargue)

Recueil: Poésies Tancrède. Ludions. Poëmes. Pour la musique.
Editions: Gallimard

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RAISON PERDUE (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022



Illustration: Edvard Munch
    
RAISON PERDUE

Parler des mers sans bord
Ecume au nom d’abeille
Neige désemparée
Qui tournes dans l’oreille
M’apportez-vous le frai
Que je désire encore

Le vent me brûle tout
Les poumons le visage
Et les couleurs jetées
Largement sur la page
Larmes que je n’ai pas
La douceur de sécher

Pas même sous la main
Les perles qui dérivent
Pas même d’horizon
Le sang change de rive
Il n’est plus de ruisseau
Le long de ma maison

Mes lèvres trop longtemps
Ont couvé sous la cendre
Jusqu’à mon coeur les mots
Ne peuvent plus descendre
Et n’ayant plus d’amour
Je n’ai plus de raison.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

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Piao, prince de Pai-ma (Zao Zhi)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Piao, prince de Pai-ma

Afflictions du coeur et tourments de l’âme,
Demeurez au-dehors — je ne dirai plus rien !
Les yeux de l’homme bravent l’horizon des Quatre Mer
Dix mille lis ne sont pour lui que porte voisine.
L’amour fraternel ne saurait déserter
Et la distance nous ramène sans cesse au plus près.
Il serait vain de partager nos lits,
Sans avoir jamais partagé nos peurs et nos joies.
L’angoisse trop couvée n’apporte que maux et fièvres.
Infantilité ! Sentimentalité de femme !
Mais le sang et la chair à jamais séparés
Hurlent en moi amertume et peine.
Amertume et peine — que sont ces regards du cœur ?
Les décrets du Ciel n’apportent que désespoir.
Inutile donc de courir les rangs immortels.
Maître Sung nous a fait rêver trop longtemps.
Changements et malheurs sont sur nous.
Qui pourrait bien vivre au-delà de cent ans ?
Nous sommes séparés — ce sera pour toujours.
Mais j’attends encore tes mains dans les miennes.
Prince, prends soin de ton corps digne.
Et puissions-nous, ensemble,
Connaître les jours aux cheveux blancs.
Je retourne mes larmes et retrouve ma route.
Mon pinceau scelle mes voeux de vie belle.
Au revoir désormais.

(Zao Zhi)

(192-232)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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J’ai vécu (mais pas de ma plume!) (Michel Besnier)

Posted by arbrealettres sur 25 août 2022



Illustration: Henri Galeron
    
J’ai vécu
(mais pas de ma plume!)
j’ai pondu
j’ai couvé
j’ai gratté
sans ergoter
j’ai chanté
Kot kot kot
coûte que coûte
j’ai pris des
coups dans l’aile
et travaillé du jabot

Toute une vie
doux gésier!
pour finir en
cocotte

(Michel Besnier)

 

Recueil: Mes poules parlent
Traduction:
Editions : Møtus

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La poule du jour (Max-Pol Fouchet)

Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2022



 

poule couvant [1280x768]

La poule du jour
Couve la vallée

La vallée couve
Le mur du village

Le mur du village
Couve un enfant

Le coeur de l’enfant
Couve une église

L’église couve
Un petit mort

Le petit mort
Couve le clocher

Le clocher couve
Le silence

Le silence couve
Un nouveau jour

Le nouveau jour
Une nouvelle nuit

Et la nuit couve
Un autre enfant

L’enfant couve
Le souvenir

Le souvenir couve
L’oubli

Que couve l’oubli
C’est imprécis.

(Max-Pol Fouchet)

Illustration

 

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Que couve l’oubli (Max-Pol Fouchet)

Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2022



 

La poule du jour
Couve la vallée

La vallée couve
Le mur du village

Le mur du village
Couve une église

L’église couve
Un petit mort

Le petit mort
Couve le clocher

Le clocher couve
Le silence

Le silence couve
Un nouveau jour

Le nouveau jour
Une nouvelle nuit

Et la nuit couve
Un autre enfant

L’enfant couve
Le souvenir

Le souvenir couve
L’oubli

Que couve l’oubli
C’est imprécis

(Max-Pol Fouchet)

 

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Le Feu (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2022



Le Feu

Les flammes prennent dans ton regard
Les formes et les couleurs des images
Et deviennent des coquelicots incandescents
Dans un champ de céréales
Un parterre de roses brûlantes
Des chevelures rousses comme des sables ardents

Pelage fauve
Le feu brandit ses griffes
La fumée orne le toit d’un plumet
Qui épouse le souffle du vent

Quand le feu s’éteint
Il couve encore sous la cendre
Mon cœur calciné

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration

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Comme un art poétique (Claude Haller)

Posted by arbrealettres sur 18 juin 2022




    
Comme un art poétique

Un poème toujours se cherche en toi
Qu’il sorte de ta main
Qu’il sorte de la glaise
Qu’il sorte de ton sang
Qu’il sorte de nos rêves

Un poème toujours trouve son chemin
Qu’il naisse de ta sève
Qu’il naisse de ton pain
Qu’il naisse des vieux temps
Qu’il renaisse demain

Un poème toujours craquèle sa coquille
Qu’il éclate à l’aurore
Qu’il éclate au creux du soir
Qu’il éclate en traîne d’espoir
Qu’il éclate en poussière d’étoiles

Un poème toujours couve sous la cendre
Qu’il brûle comme brindille
Qu’il brûle comme bûcher
Qu’il brûle en ses méandres
Qu’il brûle en gerbe d’or
Nervures de la terre feu ciel amor
Le poème est en marche c’est la fin de la mort

(Claude Haller)

Recueil: Poèmes du petit matin
Traduction:
Editions: Hachette

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La fille (Guy Chambelland)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2022



fille


    
La fille
(ses seins sous son chandail,
ses genoux nus,
sa tête sur fond de feuilles)
qu’entoure un groupe de garçons,
c’est la même qu’il y a vingt ans.
Ce sera toujours la même,
belle et lointaine.
La mort couve son visage,
tournesol arrêté.

(Guy Chambelland)

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