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Poésie

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SANS TÊTE (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023




    
SANS TÊTE

Plus de couvercle à la marmite,
La vapeur s’envole gaiement.
Pour peu que l’on vous décapite,
La vie est pleine d’agrément.
Plus de rhume, de nez, de gouttes,
De rages de dents, de maux d’yeux,
Les migraines s’effacent toutes,
On vit au pays merveilleux.
Mais sans tête, plus de pensée…
Faut-il s’en plaindre ? Le bon vin
Dont votre gorge est arrosée
Reste un gargarisme divin.
Dès lors, que d’heures claires, nettes,
Sans lumières, sans bruits pervers !
On ne cherche plus ses lunettes,
On ne fait jamais plus de vers.

***

KOPFLOS

Man nehm den Deckel nur vom Topfe
Und sieh, wie froh der Dampf entweicht !
Wie lebt nach abgeschnittnem Kopfe
Das schwere Leben sich so leicht !
Kein Schnupfen mehr, kein Nasentropfen,
Kein Zahnweh und kein Augenbrand
Noch Stirnkatarrh noch Schläfenklopfen,
Es ist wie im Schlaraffenland.
Zwar gibt es ohne Kopf kein Denken,
Doch ist es darum nicht so schad,
Man kann mit Wein die Kehle tränken,
Es ist das beste Gurgelbad.
Und ach, wie lebt es sich so stille :
Kein Wort, kein Lärm, kein grelles Licht !
Und nie mehr sucht man seine Brille
Und nie mehr macht man ein Gedicht.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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Boîte à musique (Franck Bouysse)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2022




    
Boîte à musique

Le jour soulève le couvercle
D’une boîte à musique
Entre l’aube et le soir
S’animent les sujets
Fiables mécaniques
Que remonte la nuit
Une main invisible

(Franck Bouysse)

Recueil: Fenêtre sur Terre
Traduction:
Editions: Phébus

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S’occuper instamment des petits cailloux qui pèsent et qui chagrinent (Brigitte Sensevy)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2021



Illustration: Ira Mitchell-Kirk
    
S’occuper instamment des petits cailloux qui pèsent et qui chagrinent : les prendre, les rincer à grande eau, les dénoyauter, les presser, les expurger de tout leur jus noir et amer, les laisser s’adoucir dans du sucre, mettre à macérer trois jours durant sous un couvercle.

Premier jour partir, légère, dans un chemin ouvert, grand ouvert, très très grand ouvert sur un azur qui s’étale, et se clame.

Deuxième jour, se jeter à corps perdu vers les moissons du ciel, y étendre sa chanson d’amour et de lumière.

Profiter du dernier jour pour en faire sa demeure fraîche et ouverte, son lit de déraison.
Enfin tirer la couverture de la curiosité : défaire les plis un à un, se couler sous elle et déguster le chutney de petits cailloux apporté par le Tendre…

(Brigitte Sensevy)

 

Recueil: Bruissement d’elles
Traduction:
Editions: L’Harmattan

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Qu’un puits recèle de mystères! (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2020



Qu’un puits recèle de mystères!
voisine venue d’un autre univers
nul n’a jamais vu les bords
Sinon ce couvercle de verre –
Par où contempler à loisir
La face d’un abîme

(Emily Dickinson)

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Tout tourne (Janine Tavernier)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2019



Mitsuo Shiraishi  MANEGE_ROUGE--2270_1 

Tout tourne
c’est la ronde qui tourne
sourire de femme
fauteuil rouge
tourne moulin moulin rouge
ta présence mille
ton absence une
Tourne mon présent renversé sur mon passé
comme un couvercle sur un plat vide
Le monde tourne
mon coeur tourne
Une étoile fixe
mon espoir

(Janine Tavernier)

Illustration: Mitsuo Shiraishi

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Soleil ! sors de ton trou (René Daumal)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2018



Trouver les mots pour appeler le soleil

Et moi qui m’étais cru poète,
je ne savais pas trouver les mots pour appeler le soleil. Je lui disais :
Soleil ! sors de ton trou,
casse le couvercle,
frappe les brouillards,
mange la nuit, dissous le noir, montre-toi,
montre-nous le monde,
montre-nous au monde,
parle, Soleil, sors de ton trou,
parle, montre que tu es, montre qui tu es !

C’était trop maladroit. Je jetais du bois au feu et j’essayais un autre ton.
Sors donc de là, si tu peux !
Montre-toi, si tu l’oses !
Mais tu as bien trop peur de l’ombre,
tu crèves de peur dans ton trou, petit trou toi-même, petite absence ronde!

Je n’avais pas plus de succès. Après avoir donné au feu quelques planches d’une vieille armoire, je reprenais:
Viens, Soleil, la table est servie pour toi.
Tous les arbres, toutes les herbes,
toutes les bêtes et tous les hommes,
toutes les mers et tous les fleuves
attendent que tu viennes les saisir de tes bras brûlants,
les élever jusqu’à ta gueule, dévorante bouche du ciel ;
viens boire et manger,
la table est servie de l’Est à l’Ouest.

C’était aussi peu efficace. Bientôt, il n’y eut plus rien à brûler dans la salle.
J’allai chercher la literie qui était dans la soupente et la donnai peu à peu aux flammes.
Soleil,
toi le plus vieux, toi le plus jeune,
toi le plus sage et le plus fou,
toi qui n’es jamais diminué, jamais partagé,
toujours seul, et pourtant contenu tout entier dans chaque oeil vivant,
toi le plus grand qui peux emplir l’espace,
toi le plus petit, qui passes par le trou d’une aiguille,
toi le plus libre, que rien n’atteint, mais aussi le plus enchaîné à la loi,
toi
qui ne peux pas
ne pas te lever tout à l’heure

(René Daumal)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

 

 

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Si grand était son amour pour elle (Paul Celan)

Posted by arbrealettres sur 13 mai 2018



Si grand était son amour pour elle
qu’il aurait suffi à faire sauter le couvercle de son cercueil
– si la fleur qu’elle y avait déposée
n’avait pas été si lourde.

(Paul Celan)

Illustration

 

 

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Huitième élégie (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 1 mai 2018




Illustration: ArbreaPhotos
    
De tous ses yeux la créature voit l’Ouvert.
Seuls nos yeux sont comme retournés et posés autour d’elle
tels des pièges pour encercler sa libre issue.

Ce qui est au-dehors nous ne le connaissons
que par les yeux de l’animal.
Car dès l’enfance on nous retourne
et nous contraint à voir l’envers,
les apparences, non l’ouvert,
qui dans la vue de l’animal est si profond.
Libre de mort.

Nous qui ne voyons qu’elle, alors que l’animal
libre est toujours au-delà de sa fin:
il va vers Dieu; et quand il marche,
c’est dans l’éternité, comme coule une source.

Mais nous autres, jamais nous n’avons un seul jour
le pur espace devant nous, où les fleurs s’ouvrent
à l’infini. Toujours le monde, jamais le
Nulle part sans le Non, la pureté
insurveillée que l’on respire,
que l’on sait infinie et jamais ne désire.

Il arrive qu’enfant l’on s’y perde en silence,
on vous secoue. Ou tel mourant devient cela.
Car tout près de la mort on ne voit plus la mort
mais au-delà, avec le grand regard de l’animal,
peut-être. Les amants, n’était l’autre qui masque
la vue, en sont tout proches et s’étonnent…

Il se fait comme par mégarde, pour chacun,
une ouverture derrière l’autre…
Mais l’autre, on ne peut le franchir, et il redevient monde.
Toujours tournés vers le créé nous ne voyons
en lui que le reflet de cette liberté
par nous-même assombri.
A moins qu’un animal, muet, levant les yeux,
calmement nous transperce.

Ce qu’on nomme destin, c’est cela: être en face,
rien d’autre que cela, et à jamais en face.

S’il y avait chez l’animal plein d’assurance
qui vient à nous dans l’autre sens une conscience
analogue à la nôtre –, il nous ferait alors
rebrousser chemin et le suivre. Mais son être
est pour lui infini, sans frein, sans un regard
sur son état, pur, aussi pur que sa vision.
Car là où nous voyons l’avenir, il voit tout
et se voit dans le Tout, et guéri pour toujours.

Et pourtant dans l’animal chaud et vigilant
sont le poids, le souci d’une immense tristesse.
Car en lui comme en nous reste gravé sans cesse
ce qui souvent nous écrase, – le souvenir,
comme si une fois déjà ce vers quoi nous tendons avait été plus proche,
plus fidèle et son abord d’une infinie douceur.

Ici tout est distance, qui là-bas était souffle.
Après cette première patrie, l’autre lui semble équivoque et venteuse.
Oh! bienheureuse la petite créature
qui toujours reste dans le sein dont elle est née;
bonheur du moucheron qui au-dedans de lui,
même à ses noces, saute encore: car le sein
est tout. Et vois l’oiseau, dans sa demi-sécurité:
d’origine il sait presque l’une et l’autre chose,
comme s’il était l’âme d’un Etrusque
issue d’un mort qui fut reçu dans un espace,
mais avec le gisant en guise de couvercle.

Et comme il est troublé, celui qui, né d’un sein,
doit se mettre à voler!

Comme effrayé de soi,
il sillonne le ciel ainsi que la fêlure à travers une tasse,
ou la chauve-souris qui de sa trace raie le soir en porcelaine.

Et nous: spectateurs, en tous temps, en tous lieux,
tournés vers tout cela, jamais vers le large!
Débordés. Nous mettons le l’ordre. Tout s’écroule.
Nous remettons de l’ordre et nous-mêmes croulons.

Qui nous a bien retournés que de la sorte
nous soyons, quoi que nous fassions, dans l’attitude du départ?
Tel celui qui, s’en allant, fait halte sur le dernier coteau
d’où sa vallée entière s’offre une fois encor, se retourne et s’attarde,
tels nous vivons en prenant congé sans cesse.

(Rainer Maria Rilke)

 

Recueil: Élégies de Duino
Traduction: François-René Daillie
Editions: La Différence

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Elle a commencé par enlever le couvercle (Albane Gellé)

Posted by arbrealettres sur 8 avril 2018




    
elle
a commencé par enlever le cou
vercle et puis tout doucement elle
est sortie de son bocal.

(Albane Gellé)

 

Recueil: Je te nous aime
Traduction:
Editions: Cheyne

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Mon sang repose dans la boite du coeur (Gérard Le Gouic)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2017



mon sang
repose
dans la boite du coeur,
mon mur
dans la boite du corps,
mon corps
dans la boîte du lit,
mon lit
dans la boite de la chambre,
et ainsi de suite
jusqu’à la boite du néant
qui commande le couvercle
de toutes les autres.
Et pour le soulever
il me faudra me hisser
de boite en boite jusqu’à lui.
Mais une fois atteint
aurai-je encore envie de le décoller
ou de me lancer au contraire
à nouveau dans le vide ?

(Gérard Le Gouic)

Illustration: Tanni Koens

 

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