Elle est sauvage et craintive,
elle s’enferme dans ses mains de verre,
ses mains qui l’étonnent comme le passage des saisons,
les rébellions de sa chevelure et de ses rêves.
L’ombre de l’été est incertaine.
Elle s’épaissit mais devient courte.
Il ne lui reste qu’un liséré d’ombre.
Encore un peu, c’en est fait, la lumière la brûlera vive.
Ses yeux vont s’ouvrir, ses mains se briser,
si le paysage soudain gelé ne s’unissait au ciel
pour faire ainsi un bloc transparent,
pour les craintes d’Elise une prison de verre
jusqu’à la fin des temps.
Je campe dans tes chevelures
Le chant se plie à tes pieds et prie
Le bec de tes seins m’ouvre
Voici des fontaines des renards pris aux cris
Alors tu danses Tatouée Cristal nu
Je n’irai jamais plus avant que ta nuit
Pour moi tu inventes les siècles les batailles les épopées les légendes
Tu fais l’Histoire obscène
Tu chevauches l’envers des mots
Je te veux lente peureuse un peu lourde d’ornements ôtés
Je t’ai logée dans le creux des arbres où rien ne vient
que l’air craintif le péché et la salsepareille
Cherche qui veut les grands honneurs, les pompes,
Les hauts monuments, les places, les temples,
Les plaisirs, les trésors, accompagnés
De cent dures pensées, de cent douleurs.
Un petit pré vert, plein de belles fleurs,
Un ruisselet, qui arrose l’herbette,
Un oiselet, que fait Amour se plaindre,
Peuvent bien mieux apaiser mes ardeurs,
Et les bois ombreux, les rocs, les hauts monts,
Les antres noirs, les bêtes fugitives,
Avec quelque jolie nymphe craintive.
Là-bas je vois en mes pensées errantes
Les beaux yeux tels que s’ils étaient vivants;
Ici m’en prive une chose ou une autre.
***
CANZONIERE
Cerchi chi vuol le pompe e gli alti onori,
Le piazze, i templi e gli edifizi magni,
Le delizie e il tesor, quale accompagni
Mille duri pensier, mille dolori.
Un verde praticel piem di be’ fiori,
Un rivo che l’erbetta intorno bagni,
Un augelletto che d’amor si lagni,
Acqueta molto meglio i nostri ardori;
L’ombrose selve, i sassi e gli alti monti,
Gli antri oscuri e le fère fuggitive,
Qualche leggiadra ninfa paurosa:
Quivi vegg’io con pensier vaghi e pronti
Le belle luci corne fussin vive,
Qui me le toglie or una or altra cosa.
(Lorenzo De Medici)
Recueil: Petite anthologie Poésie européenne
Traduction:
Editions: Singulières
Tous les coquelicots ou les lèvres des femmes
reflétées dans le ciel
Il a plu
Les enfants se noient sur le trottoir
Et le flot de la rue
La ville en entonnoir
De profil la journée glisse vers le couchant
Le pavé de descelle
Et les bêtes craintives
au bruit que fait le vent
s’en vont
Et elles s’appellent
Sur les balcons les vitres tremblent
– un moment –
La maison a la fièvre
5 heures
à part la nuit qui se mêle au tournant
Les arbres en prières
Tu gardes dans tes yeux la volupté des nuits,
Ô Joie inespérée au fond des solitudes !
Ton baiser est pareil à la saveur des fruits
Et ta voix fait songer aux merveilleux préludes
Murmurés par la mer à la beauté des nuits.
Tu portes sur ton front la langueur et l’ivresse,
Les serments éternels et les aveux d’amour,
Tu sembles évoquer la craintive caresse
Dont l’ardeur se dérobe à la clarté du jour
Et qui te laisse au front la langueur et l’ivresse.
A ***
Pourquoi se livrer avant l’heure à l’ennui
et pourquoi le nourrir de songeries sinistres ?
Pourquoi languir en attendant, craintif,
le fatal moment des adieux ?
Tu souffriras bien assez tôt !
Seul, face aux champs muets et vides,
tu voudras rappeler à toi le souvenir
de ces jours que tu as gâchés,
prêt à payer alors de ta mort, de l’exil,
malheureux ! un seul mot des lèvres chéries
ou le bruit de ces pas légers.
L’amour,l’amour,l’amour
Dont on parle toujours
À l’amour, c’est un printemps craintif
Une lumière attendrie, ou souvent une ruine
L’amour, l’amour, c’est le poivre du temps
Une rafale de vent, une feuillée de lune
L’amour, l’amour, à l’amour
Dont on parle toujours
L’amour, met la nuit a un bonnet
Et le jour porte un masque
Qui veulent que l’on grimace
L’amour, l’amour
C’est parfois même aussi, que le visage d’un autre
Qui n’est ni lui ni l’autre
À l’amour, à l’amour, à l’amour
Dont on parle toujours
À l’amour, à l’amour c’est plus d’une fois
Un panier vide aux bras l’arc-en-ciel sur deux coeurs
À l’amour, à l’amour
À l’amour c’est quand je t’aime
À l’amour c’est quand tu m’aimes
Sans me le dire
Sans te le dire
À l’amour, à l’amour
L’amour c’est quand tu m’aimes
L’amour c’est quand je t’aime
Sans te le dire
Sans me le dire
Pardonnes-tu ma jalousie en rêve
Et mon amour follement agité?
Tu m’es fidèle, alors pourquoi sans trêve
Rendre craintif mon esprit tourmenté?
Dis-moi pourquoi tu veux paraître aimable
Envers chacun de tes admirateurs,
Donner à tous, espoir invraisemblable,
Ton beau regard, triste ou plein de douceur?
Tu m’as saisi, m’as fait perdre la tête,
Asservissant mon amour malheureux,
Ne me vois-tu, seul et silencieux,
Plein de tourment, de dépit, quand s’apprête
A t’encenser tout ce monde étranger?
Pour moi, cruelle, aucun mot, aucun geste!
Veux-je m’enfuir, prêt à te supplier,
De ton regard, tu ne me dis pas: reste!
Une beauté me tient-elle un discours
A double sens, toi tu restes tranquille,
Et même gaie en blâmant cette idylle,
Et moi j’en meurs: tu parles sans amour.
Si mon rival éternel t’a surprise
A mes côtés, en tête à tête assise,
Pourquoi vient-il te saluer, narquois?
Qu’est-il pour toi? Dis-moi donc de quel droit
Devient-il blême et pris de jalousie?
Et quand vient l’heure indiscrète du soir,
Pourquoi dois-tu, seule, le recevoir,
Nue à moitié, quand ta mère est partie?
Mais je suis préféré. Seule avec moi
Tu es si tendre. Et que tu es ardente
Dans tes baisers ! Ton âme est éloquente
Quand tu me dis ton amour avec foi.
Tu crois que mes tourments, je les invente.
Mais je suis préféré: je te comprends.
Epargne-moi, s’il te plaît, toute offense:
Ne sait-tu pas que j’aime fortement,
Ne sais-tu pas qu’atroce est ma souffrance.