Quand je lis,
mon crâne devient du cristal.
(Christian Bobin)
Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022
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Posted by arbrealettres sur 29 mai 2022
Nulle Vierge à l’Enfant ne pourrait se mesurer
à cette image de la tendresse maternelle
pour un fils qu’elle devrait bientôt oublier.
L’air était lourd d’odeurs
de diarrhée d’enfants non lavés
aux côtes délavées et aux derrières
décharnés qui avancent d’un pas laborieux
traînés par des ventres vides et gonflés. Tant
de mères avaient cessé depuis longtemps
de prodiguer leurs soins, mais pas celle-ci; elle arborait
un sourire fantôme entre ses dents
et dans ses yeux le fantôme de l’orgueil
d’une mère tandis qu’elle peignait telle la touffe de cheveux
couleur rouille qui restait sur son crâne et puis –
dans ses yeux un chant – elle a commencé à les
séparer avec soin… Dans une autre vie ça
aurait été un peu banal
un acte sans conséquence avant son
petit-déjeuner et l’école; mais en cet instant
son geste était de fleurir
une tombe minuscule
(Chinua Achebe)
Traduit de l’anglais par Frieda Ekotto, &ware Sou! Brother, Heinemann, 1971.
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Posted by arbrealettres sur 22 mars 2022
Illustration: Bing Wright
LE JOUR OÙ TOUT SE BRISE EN TOI
Le jour où tout se brise en toi
est un jour de vacances, ou bien
un jour de bureau, ou encore
un jour de retrouvailles, un jour
de famille, d’amis, de mariage ou de sexe.
Le jour où tout se brise en toi
ressemble aux autres jours de l’année : bien
sûr il y eut des signes de cet effondrement
mais tout est toujours sur le point de
s’effondrer, les immeubles, les piles de
linge propre, les actions en bourse,
alors pourquoi accorder à ces alarmes
quotidiennes la moindre importance ?
Le jour où tout se brise en toi —
je dis bien « tout » car il ne s’agit pas seulement
du coeur cassé comme le cou d’une volaille
la veille d’un dimanche à la campagne,
je parle du corps, de l’os du genou à celui de la mâchoire,
je parle de l’âme dans ses derniers retranchements,
je parle des plaies qui s’ouvrent, toutes en même temps.
Je parle de la raison qui se jette contre les murs,
du crâne mordu du sommet au
menton, des doigts de la main gauche
pliés entre ceux de la main droite.
Le jour où tout se brise en toi,
le pire n’est pas la quantité ahurissante de larmes
que tu bois des paupières à la bouche,
ni la migraine qui paralyse le visage et la nuque,
le pire, le jour où tout se brise en toi,
c’est le langage qu’on abandonne pour
des reniflements, le langage qu’on roue de coups
pour qu’il cesse d’aboyer ses mots d’amour
et de respect, le langage qu’on étouffe
dans la pornographie, le langage auquel on croyait tant
qui s’effondre avec le reste.
Le jour où tout se brise en toi
tu t’en veux si fort d’y avoir cru.
(Cécile Coulon)
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Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2021
Quand je ferme les yeux, je crois voir des étoiles
Comme si, dans mon crâne, était un univers,
Ressemblant à celui qui nous est découvert
Quand la nuit chaque soir en déchire les voiles.
A qui notre intellect a-t-il servi de toile
Pour que, dans la pensée, se fasse le transfert ?
Irréel et réel vont souvent de concert,
Nous sommes imprégnés des deux jusqu’à la moelle ;
Tous deux sont bien présents, prompts à nous égarer
Si bien que nous avons du mal à séparer
Quelquefois ce qui est de ce qu’on imagine.
Le monde n’est perçu qu’à travers l’instrument :
Télescope géant ou lunette marine,
Avons-nous bien idée de notre dénuement ?
(Louis Delorme)
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Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2021
Ste-Denise
Les nuages passent là-haut
Sans bruit
Comme des pensées
Peut-être vivons-nous
A l’intérieur
Du crâne-créateur
A quoi pense-t-il ce soir
(Pierre Albert-Birot)
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Posted by arbrealettres sur 7 avril 2021
Fantaisie érotique
Un rêve de plaisir navigue dans mon crâne :
Une fille dansant sur un vieil air profane
Qui, langoureuse, enlève un par un ses habits
Avec des gestes lents, voluptueux et habi-
Les : d’abord, les boutons de nacre du corsage
Qui, en s’ouvrant, révèle un corps encore sage
Mais qui s’offre déjà dans l’éclat de sa chair
Alors que pointe un bout de sein du plus beau clair.
L’agrafe, qui retient la robe courte, comme
Une ancre de frégate à la voile bien blanche
S’ouvre pour montrer la courbe d’une hanche.
Je voguerai vers elle… et nous croquons la pomme,
Enlacés au milieu d’un immense verger.
Alors que je croyais sommeiller sur la grève
Et vivre sur le sable un si merveilleux rêve :
Tu étais ma fermière et j’étais ton berger.
(Jean-Baptiste Besnard)
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Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2020
Kateb Yacine
Poussières de Juillet
(Extrait)
Le sang
Reprend racine
Oui
Nous avions tout oublié
Mais notre terre
En enfance tombée
Sa vieille ardeur se rallume
Et même fusillés
Les hommes s’arrachent la terre
Et même fusillés
Ils tirent la terre à eux
Comme une couverture
Et bientôt les vivants n’auront plus où dormir
Et sous la couverture
Aux grands trous étoilés
Il y a tant de morts
Tenant les arbres par la racine
Le coeur entre les dents
Il y a tant de morts
Crachant la terre par la poitrine
Pour si peu de poussière
Qui nous monte à la gorge
Avec ce vent de feu
Ainsi qu’un boulet rouge
Aveugle
Sans retour
Quel ancêtre abattu t’oublia dans son crâne
Fleur de poussière éclose aux lèvres du Rhummel
Laitance d’enfant sevré
Qui fit pousser nos dents toutes neuves?
Tant de fois abattu
L’ancêtre au loin s’obstine
Sa tête
Au fond du fleuve Et du soleil
Détale
[…]
(Kateb Yacine)
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Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2020
LE SQUELETTE
L’immense vent du spectacle
Passait aussi dans le bois sec de mon thorax
Eh! dites-moi quelle différence
Entre ce jour mort
Très haut sous des fumées
Et les pierres glacées du torrent de la mort?
Aujourd’hui quelle différence
Que ce soit ma buée
Mon gémissement
Ou la buée de la terre
Qui traînera ce crâne
Encore tenu par mes joues?
(Pierre Morhange)
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Posted by arbrealettres sur 15 juin 2020
KALEIDOSCOPE
Secoue de toutes tes forces
Comme un kaléidoscope
Ton propre crâne.
Et regarde ensuite
Par les trous de tes yeux
Pour voir ce qui en est sorti.
Si rien n’en est sorti, tout va bien,
Secoue encore une fois,
Trois fois, sept fois, neuf fois.
Si rien n’en est sorti, c’est toujours quelque chose;
Secoue, mon vieux, secoue,
Regarde encore une fois.
Et si tu vois de la beauté,
Secoue de sorte que la maison soit ébranlée,
Que le chemin se torde,
Que les montagnes tombent à genoux,
Que clignotent vite, vite, les étoiles
Et que l’homme pose sa main sur son coeur.
Mais s’il y a de la laideur,
Empoigne le crâne comme un pot fêlé,
Et jette-le !
Ou bien non !
Remplis-le plutôt de terre,
De bon engrais végétal
Et plantes-y
Un géranium rouge.
(Mihai Beniuc)
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