Posted by arbrealettres sur 28 octobre 2022

APERCEPTION DE LA MORT
Quand les maisons se penchent un peu
des filles aux fenêtres se montrent
tandis qu’au fond d’une pièce noire
luit le peu d’or d’une montre
suspendue au clou rouillé
et les vengeances au faubourg
font jaser ;
la marâtre arrive
et sourit tenant des lilas
chacun a fortement prédit
que bientôt enfin elle sera
prête pour la fosse commune.
Savates à la crasse cirée
vous serez sur le carreau rouge
dépossédées de ses pieds noirs,
prises de l’hirsute chiffonnier
ou jeu de quelque chat sauvage,
savates vous irez rejoindre
un amas de vieux étendards
tandis qu’elle ne sera plus là
cachant des lettres en son corsage
dans le quartier qu’an reconstruit
épiant les démolitions
dans le quartier qu’on reconstruit
et criant un pain sous son bras
à l’entour des mortiers fumants.
(Jean Follain)
Illustration: Salvadore Dali
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Follain), aperception, étendard, corsage, crasse, crier, démolition, dépossédée, jaser, lilas, luire, marâtre, montre, mort, mortier, noire, pain, prédire, quartier, rouille, se pencher, sourire, vengeance | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 août 2020

Illustration
RONDEAU DE LA CHAIR TROP LOURDE
Toujours ce poids qui t’attache à la terre,
Ce pied de plomb tirant sur le genou,
Et cette tête à ton tronc peu légère,
Mal emmanchée à ton douloureux cou;
Toujours le fiel dans cette bouche amère,
Des yeux piquants l’âcre larme qui sourd,
La cire épaisse au creux du tympan sourd;
Du gros cerveau que la tempe resserre
Toujours ce poids!
Toujours ces dents dont l’ivoire s’altère,
Ce crin hirsute en guerre avec le pou,
Toujours ce ventre enflant en demi-sphère
La pommaison de son grotesque chou.
A sa grinçante et peineuse charnière
Toujours ce bras qui pend débile et gourd,
Cette main moite où toute crasse accourt;
Du sang, de l’os, du muscle et du viscère
Toujours ce poids!
Nul réconfort au fond de ta misère
Que de presser un être encor plus mou,
Encor plus creux : tel lard en souricière,
Offrant l’appât de son funeste trou.
Lors sans bonnet sur ton occiput glabre,
Sans gant le carpe et le fémur sans bas,
En toute paix par les luneux sabbats
Tu branleras le tarse au bal macabre.
Courage encor!
(André Berry)
Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard
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Posted in poésie | Tagué: (André Berry), accourir, amer, appât, attacher, âcre, épais, être, bal, bas, bonnet, bouche, branler, bras, carpe, cerveau, chair, charnière, chou, ciré, cou, courage, crasse, creux, crin, débile, dent, douloureux, emmancher, enfler, fémur, fiel, funeste, gant, genou, glabre, gourd, grincer, grotesque, guerre, hirsute, ivoire, lard, larme, léger, lourd, luneux, macabre, main, misère, moite, mou, muscle, occiput, offrir, os, paix, peineux, pendre, pied, piquer, plomb, poids, pommaison, pou, presser, réconfort, rondeau, s'altérer, sabbat, sang, se resserrer, sourdre, souricière, sphère, tarse, tête, tempe, terre, tirer, toujours, tronc, trou, tympan, ventre, viscère, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 octobre 2019

Elle fait mal aux charnières
mal aux morts mal à la scie
et mal aux vieilles prières
elle tue le sabre aussi
Rampe et jamais ne s’enlise
elle est l’eau elle est le feu
elle est déjà dans la brise
au premier souffle de Dieu
Mieux que rage mieux que foudre
elle est la crasse du ciel
et passerelle de poudre
entre l’abeille et le miel
Je sens bien sa langue brune
à chaque tour de mon sang
à grands efforts sur l’enclume
mon coeur lui forge des dents.
(Henri Gougaud)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Henri Gougaud), brise, charnière, coeur, crasse, dents, enclume, forger, foudre, mal, passerelle, prières, ramper, rouille, s'enliser, sabre, sang, scie, souffle, tuer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2018

Illustration: Maurice Ehlinger
FLEUR DU JAPON
Fille en fièvre dans un drap d’eau
S’ouvre se ferme s’épanouit
Comme une fleur japonaise.
Le jeu simule une treille
Tout autour de la peau qui luit
Tout au long de la peau complice
Feuilles rouillées feuilles mortes
Sous la chute des soupirs.
Pétales vains papillonneries
Entre deux gouffres de sommeil
Les ailes dorées des caresses
Ne remuent que poussière
Leurs grâces caduques
Ne nous arrêteront plus.
Mais les eaux brunes du regard
Oû dort le bruit de la mer
La terre fauve au fond des yeux
À la lisière de la personne
Aux bords glacés de l’être
Et de la nuit de tous les temps.
Perdre pied gagner l’air
Dans la nuit des bois de la mer.
Une autre vie à d’autres tempes
Dans le noir de toute la vie
Une autre vie obscurément
Sève ruisselant vers la rose
Glace qui casse au printemps
Tourterelles envolées
Dans la crasse d’un ciel de suie.
Puis le sang reflue en ce corps
Qui se croyait le coeur du monde.
(André Pieyre de Mandiargues)
Recueil: L’âge de craie suivi de Dans les années sordides Astyanax et Le Point où j’en suis
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (André Pieyre de Mandiargues), caduc, ciel, coeur, complice, corps, crasse, drap, eau, feuille, feuille morte, fièvre, fille, fleur, glace, gouffre, grâce, Japon, jeu, lisière, luire, noir, papillon, pétale, peau, printemps, refluer, regard, rose, rouille, ruisseler, s'épanouir, s'ouvrir, sang, sève, se fermer, sommeil, suie, vie | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 7 septembre 2018

Mon corps las en dormant a réchauffé mon lit…
Ma fatigue d’hier est restée en mes membres
Et mon maître déjà, le matin de décembre,
M’appelle dans la rue où la rumeur grandit.
Dresse tes os, debout. Lève-toi. Lève-toi, debout femme !
Mais est-ce bien la peine, ô Dieu, d’avoir une âme ?
(…)
Huit heures, cours laver à la rivière où l’eau
Attend sous un glaçon tes poignets pour les mordre,
Le linge qu’ont sali les autres va le tordre,
Râpe afin qu’il soit blanc sa crasse avec ta peau.
Frotte, les jours sont courts, le pain cher, frotte femme !
Mais est-ce bien la peine, ô Dieu, d’avoir une âme ?
(…)
Midi… cherche la croûte en ta poche cachée,
Vite, donne à ta chair de pauvre la bouchée
Dont pour s’user à gagner l’autre elle a besoin.
Mange ton pain, ton pain te mange, mange ô femme.
Mais est-ce bien la peine, ô Dieu, d’avoir une âme ?
(…)
Sans repos, sans espoir, use ta vie ô femme…
Mais est-ce bien la peine ô Dieu d’avoir une âme ?
(Marie Noël)
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Posted in poésie | Tagué: (Marie Noël), âme, besoin, bouchée, chair, corps, crasse, croûte, donner, dormir, espoir, fatigue, femme, frotter, glaçon, las, linge, lit, maître, membre, midi, mordre, pain, peau, peine, poche, poignet, râper, réchauffer, repos, rivière, rumeur, se dresser, se lever, tordre, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 août 2018

SUR DES CHRYSANTHEMES
Des chrysanthèmes,
Secouant leurs oripeaux,
Hagards de vent et saoulés d’eau,
Tanguent, roulent de la tête.
Cheveux éplorés, — et si mouillés ! —
La vieille s’en va, la tête nue,
Par les chemins gris et par les rues,
Gros mouchoir en boule à son poing crispé…
Drame… deuil… douleur… La vieille est folle ;
Et ses cheveux blancs s’emmêlent, s’envolent,
Ét ses cheveux blancs se plaquent, se collent,
Quelques-uns verdis, d’autres rouillés.
*
Des chrysanthèmes,
Lassés de vent, bavant l’eau,
Dodelinent de la tête.
L’étique roulotte est embourbée…
Diaphane de faim, grise de crasse,
En vieilles savates, une finasse
S’attèle à la roue, et sa tignasse
Jaune égoutte au long de son grand nez…
De très nobles chrysanthèmes,
Profanés de vent et d’eau,
Sont prostrés par leur défaite…
Les grands oiseaux blancs en gris exil,
Plantés sur leur patte, corail frêle,
La tête en sommeil au fond de l’aile,
Rêvent à des Gange ou à des Nil…
Mais ce parc ! ce parc alentour grelotte ;
Oh le fond boueux des flaques d’eau
Où piteux, si long ! trempe et clapotte
Le plumage déchu de ces oiseaux…
*
Oh cueillez et recueillez
Le chrysanthème au coeur noyé !
Quoi, elle est tombée à la mare !
Ah dans quel état, ses longs rubans !
Voici qu’elle en sort en claquant les dents :
Ét son chapeau ! Et son écharpe !
— C’est qu’elle a voulu aller en barque
Malgré les claques de la bourrasque :
Elle a glissé sur la banquette.
(Charles Vildrac)
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Posted in poésie | Tagué: (Charles Vildrac), aile, égoutter, éploré, barque, bourrasque, chapeau, chrysanthème, clapoter, crasse, diaphane, dodeliner, faim, glisser, hagard, lasse, maré, oripeau, plumage, prostré, rouille, roulotte, ruban, sommeil, tanguer, vent, vieille | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 juin 2018

LE BOURDON
Ce poème
Je l’écris pour le vendre.
Certes, il n’est pas terrible,
Mais j’utiliserai tous les moyens possibles :
Je taperai du poing,
Je couperai la parole,
J’adapterai mon image,
Je montrerai ma culotte,
Je travaillerai mon sourire,
Je soudoierai les journalistes,
Je collaborerai avec les ennemis,
Je coucherai avec tous les obstacles,
Je ferai des crasses à mes meilleurs amis,
Je développerai les subtilités de l’hypocrisie.
Car pour réussir, il faut développer des talents de
c
l
o
c
h
e
(Benoît Pastisson)
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Posted in humour, méditations, poésie | Tagué: (Benoît Pastisson), écrire, bourdon, cloche, couper, crasse, culotte, ennemi, hypocrisie, image, obstacle, poème, réussir, soudoyer, sourire, subtilité, talent, taper | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 octobre 2015
on ne sait pas pourquoi
on est venu là
peut-être seulement
se retrouver
seul
au pied du mur
vivre
laver la crasse des rêves
dans les premières vagues
et le beige sale du sable
on se relève
la lumière baisse
tout est d’étain
on avale un grand coup de vent
on est reparti
(Antoine Emaz)
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Posted in poésie | Tagué: (Antoine Emaz), avaler, étain, baisser, crasse, là, lumière, rêve, repartir, se relever, vague, venir, vent, vivre | Leave a Comment »