Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘croc’

Bien au chaud (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



Bien au chaud, le chat derrière la vitre
guette un pigeon qui dehors fait le beau
Le danger viendra de l’espace libre
où ne brillera ni regard ni croc

Que dans nos dos soient fermées les fenêtres
si nous risquons l’amour sur les façades
oiseaux roucouleurs et poètes
gibier de ciel et d’embuscade…

(Robert Mallet)

Illustration

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

LE CHAT (Maurice Rollinat)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    

LE CHAT

Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire
Par son être magique où s’incarne le sphinx ;
Par le charme câlin de la lueur si claire
Qui s’échappe à longs jets de ses deux yeux de lynx,
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire.

Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Il ondule, se cambre et regimbe aux doigts lourds ;
Et lorsque sa fourrure abrite une chair grasse,
C’est la beauté plastique en robe de velours :
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,

Vivant dans la pénombre et le silence austère
Où ronfle son ennui comme un poêle enchanté,
Sa compagnie apporte à l’homme solitaire
Le baume consolant de la mysticité
Vivant dans la pénombre et le silence austère.

Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre,
C’est bien l’âme du gîte où je me tiens sous clé ;
De la table à l’armoire et du fauteuil à l’âtre,
Il vague, sans salir l’objet qu’il a frôlé,
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre.

Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue
Où livres et cahiers gisent ouverts ou clos,
Il passe comme un souffle, effleurant de sa queue
La feuille où ma pensée allume ses falots,
Sur le bureau couvert de taches d’encre bleue.

Quand il mouille sa patte avec sa langue rose
Pour lustrer son poitrail et son minois si doux,
Il me cligne de l’œil en faisant une pause,
Et je voudrais toujours l’avoir sur mes genoux
Quand il mouille sa patte avec sa langue rose.

Accroupi chaudement aux temps noirs de décembre
Devant le feu qui flambe, ardent comme un enfer,
Pense-t-il aux souris dont il purge ma chambre
Avec ses crocs de nacre et ses ongles de fer ?
Non ! assis devant l’âtre aux temps noirs de décembre

Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes
À la face bizarre, aux tétons monstrueux,
Il songe à l’angora, mignonne des mignonnes,
Qu’il voudrait bien avoir, le beau voluptueux,
Entre les vieux chenets qui figurent deux nonnes.

Il se dit que l’été, par les bons clairs de lune,
Il possédait sa chatte aux membres si velus ;
Et qu’aujourd’hui, pendant la saison froide et brune,
Il doit pleurer l’amour qui ne renaîtra plus
Que le prochain été, par les bons clairs de lune.

Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve,
Et quand nous en sortons encor pleins de désir,
Il nous jette un regard jaloux et presque fauve
Car tandis que nos corps s’enivrent de plaisir,
Sa luxure s’aiguise aux râles de l’alcôve.

Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte,
Comme pour y cueillir un brin de volupté,
La passion reluit dans sa prunelle verte :
Il est beau de mollesse et de lubricité
Quand il bondit enfin sur la couche entr’ouverte.

Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante,
Dans le creux où son corps a frémi dans mes bras,
Il se roule en pelote, et sa tête charmante
Tourne de droite à gauche en flairant les deux draps,
Pour humer les parfums qu’y laisse mon amante.

Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule,
Et quand il s’est grisé de la senteur d’amour,
Il s’étire en bâillant avec un air si drôle,
Que l’on dirait qu’il va se pâmer à son tour ;
Alors il se pourlèche, il ronronne et miaule.

Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières
Où, matou lovelace et toujours triomphant,
Il s’amuse à courir pendant des nuits entières
Les chattes qu’il enjôle avec ses cris d’enfant :
Son passé ressuscite, il revoit ses gouttières.

Panthère du foyer, tigre en miniature,
Tu me plais par ton vague et ton aménité,
Et je suis ton ami, car nulle créature
N’a compris mieux que toi ma sombre étrangeté,
Panthère du foyer, tigre en miniature.

(Maurice Rollinat)

Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

Entrechat (Maurice Rollinat)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2021



 

chat-tigre  [1280x768]

Entrechat

Longue oreille, des crocs intacts, des vrais ivoires,
Le corps svelte quoique râblu,
Son beau pelage court et gris à barres noires
Lui faisant un maillot velu ;

Des yeux émeraudés, vieil or, mouillant leur flamme
Qui, doux énigmatiquement,
Donnent à son minois le mièvre et le charmant,
D’un joli visage de femme.

Avec cela rôdeur des gouttières, très brave,
Fort et subtil, tel est ce chat,
Pratiquant à loisir le bond et l’entrechat,
Au grenier comme dans la cave.

(Maurice Rollinat)

Découvert chez la boucheaoreilles ici

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Silencieux, invisible immense (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 26 août 2018



Illustration: Francisco Goya
    
Silencieux, invisible
immense, un mufle
avant de le happer
flaire l’homme
que l’on voit renifler
bruyamment
l’odeur de ses proies
qui reniflent l’odeur
des leurs
qui…

Ainsi de suite
jusqu’au souffle
où toutes proies
vivant de proies
meurent
sous les crocs
d’on ne sait qui

(Robert Mallet)

 

Recueil: Presqu’îles presqu’amours
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Est-il étoile plus ouverte que le terme coquelicot ? (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2018



Crachent-ils fumée, feu, vapeur
les trois o des locomotives ?

Dans quel parler tombe la pluie
sur les villes de la douleur ?

Quelles syllabes harmonieuses
le vent marin répète à l’aube ?

Est-il étoile plus ouverte
que le terme coquelicot ?

Est-il deux crocs plus affilés
que les syllabes de chacal ?

(Pablo Neruda)


Illustration: ArbreaPhotos

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Masqué (Jean Joubert)

Posted by arbrealettres sur 8 juin 2018




    
Masqué

La forêt grogne
assiège la maison.

Pour t’affoler, enfant,
ton chien s’est déguisé en loup,
il porte un masque
des gants de fer
mais sous ses gants
les griffes crissent
et sous le masque
les crocs luisent de vraie fureur.

Et le voici dehors, qui laboure le seuil,
mord le vent,
hurle à la lune.

Sois vigilant,
ferme la porte,
pousse bien le verrou,
garde ta main du père.

(Jean Joubert)

 

Recueil: Longtemps j’ai courtisé la nuit
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

D’AUTRES TIGRES (Eduardo Lizalde)

Posted by arbrealettres sur 13 février 2018



tigre- -sommeil-bengale

 

D’AUTRES TIGRES

Le tigre dort avec un œil sur le chat
un autre sur les crocs, avec les écluses
de l’ouïe ouvertes, dans la forêt ou à la maison,
au Jardin des Plantes parisien,
ou dans le Bestiaire de Chapultepec.
Et dans tous ces territoires ennemis,
chambres rondes ou campagnes, prisons
sombres, il y a un silence mortel à l’occasion.
Nous entendons, nous écoutons, que percevons-nous ?
Il n’y a pas de vent, personne ne nous dit mot,
silencieux est l’appareil de son,
la pluie ne tambourine pas, les insectes n’étourdissent pas,
la nuit, ne craquent pas
les meubles plaintifs d’habitude,
qui retrouvent endormis leurs meurtrissures oubliées.
Mais nous essayons toujours d’entendre quelque chose,
car il n’y a pas de zéro absolu dans notre acoustique
et quelque vieux râle, tout au fond,
se perçoit dans ce puits de surdité.

C’est la rumeur du monde, l’inaudible fracas chaud
de ce qui est vivant,
le bruit vague que nous faisons en vivant,
d’ici à la pause aveugle,
sèche et finale de ce si bref
concert d’existence que nous donnons

(Eduardo Lizalde)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Les ronces m’ont déchiré (Clause Esteban)

Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2018




Les ronces m’ont déchiré, le gel
a crevassé mon âme

et j’ai dit que cette lande était maudite,
mauvaise et sans espoir

maintenant je sais
qu’il est un lieu où les contraires
se répondent

que le feu peut dormir dans une pierre ou
traverser le croc d’un serpent

mes amis, je vous avais
perdus comme tant d’autres choses
dans mon rêve

voilà que nous nous retrouvons, souriants
sur le seuil du monde, presque guéris.

(Clause Esteban)

Illustration: Filippo Vitale

Poème découvert chez Lara ici

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Nature morte (Paul Celan)

Posted by arbrealettres sur 2 mai 2016



Nature morte

Bougies avec les bougies, scintillances avec les scintillances,
lueurs avec les lueurs.

Et ici en dessous, ceci : un œil,
dépareillé et clos,
frangeant de cils le Tard qu’on voyait poindre
sans être le soir.

Devant, le Non-connu, dont tu es l’hôte ici :
le chardon sans lumière
dont l’Obscur fait cadeau aux siens,
depuis le Lointain,
pour demeurer inoublié.

Et puis encore, ceci, porté disparu dans le Sourd :
la bouche,
pétrifiée et les crocs refermés sur des pierres,
hélée par la mer
qui toutes les années roule vers le haut ses glaces.

(Paul Celan)

Illustration: Salvador Dali

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Chatterie (Louis Bouilhet)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2016



Marcel Nino Pajot _500

Chatterie

Je la vis seule, aux derniers rangs assise ;
Des feux du lustre éclairée à demi,
Elle courbait, comme un chat endormi,
Son dos frileux, sous sa fourrure grise.

Sa main mignarde, aux gestes ambigus,
Dans un gant paille avait rentré ses griffes ;
Ses longs yeux verts, comme deux escogriffes,
Dévotement fermaient leurs cils aigus.

À peine, au bord de ses lèvres félines,
Passait le bout des petits crocs d’émail,
Et son nez mince, au rose soupirail,
D’un souffle frais baignait ses barbes fines.

Soudain la belle (un homme était entré)
Sembla frémir sous ses noires dentelles,
Et j’entendis comme un bruit d’étincelles
Qui s’échappait de son jupon moiré !…

(Louis Bouilhet)

Illustration: Marcel Nino Pajot

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :