Le malheur est pressant, les cloches sonnent,
Et voici, hélas ! que j’ai perdu la tête !
Le printemps et deux beaux yeux
Contre mon coeur se sont conjurés.
Le printemps et deux beaux yeux
Attirent mon coeur sous un nouvel envoûtement !
Je crois que roses et rossignols
Sont grands complices de cette conjuration.
(Heinrich Heine)
Recueil: Nouveaux poèmes
Traduction: Anne-Sophie et Jean Guégan
Editions: Gallimard
De temps à autre je me laisse aller, pour moi-même,
à de petites professions de foi, de menus credos, tel que celui-ci :
« Je crois à une joie collective éternelle et totale, dans l’espace de l’éternité. »
… La matière de l’instrument sera réduite avec toutes les autres à ses éléments,
magnifique et sublime accord de tous les sons dans une seule note, comme dans le finale d’un choeur.
Il n’y aura plus place pour un souvenir,
mais toute place sera faite à l’harmonie composée d’une seule mémoire,
nommons-la divine.
Toute cette histoire au fond, qui prend fin,
qui prend date sans nous concerner :
les grands sapins qui furent neige,
ce que l’on peut nommer, je crois, d’émotion blanche,
et qui ne s’achevait que dans le soir.
Toi, tu étais fait de soleil,
tu étais fait de miel et d’enfance.
Est-ce que cela s’avoue,
est-ce que cela se compte :
les pas qui tremblent, le regret, le silence
et puis le désespoir;
dans un crépuscule qui n’en finissait pas de t’attendre ?
Et
Pouvait-on parler d’étoiles de musique
quand la fête aux gants rouges
s’était tellement ouverte sur ton épaule ?
A moins d’être la pierre,
sommes-nous jamais assez vêtus
pour l’ombre !
(Claude de Burine)
Recueil: Le Passeur Passeur
Editions: Saint Germain des Prés
Fuyez, amants, fuyez l’amour et ses ardeurs;
sa flamme est âpre ; sa blessure mortelle.
Qui ne le fuit soudain, lui opposera vainement plus tard
le courage et la force, l’absence et la raison.
Fuyez : que le trait mortel qui m’a frappé
ne soit pas pour vous une stérile leçon!
Voyez en moi les maux qui vous attendent,
et combien sont barbares les jeux de cet enfant.
Fuyez-le , sans tarder, fuyez dès le premier regard.
Je crus pouvoir en tout temps obtenir de lui le repos :
hélas ! voyez maintenant le feu qui me dévore.
Insensé , celui qui, violemment épris d’une beauté séduisante,
égaré par de trompeurs désirs,
ferme l’oreille et les yeux à son propre bonheur,
pour courir au-devant des traits empoisonnés de l’amour!
Elle croyait qu’j’étais James Dean,
américain d’origine – le fils de Buffalo Bill,
Alors admiration
Faut dire qu’j’avais la chemise à carreaux,
la guitare derrière dans l’dos
Pour faire le cow-boy très beau
Mais composition
Elle me parlait anglais tout l’temps
J’lui répondais 2, 3 mots bidon
Des trucs entendus dans des chansons,
Consternation
Elle croyait qu’j’étais coureur,
qu’j’arrivais des 24 heures
Avec mon casque en couleur,
Alors admiration
J’lui disais drapeau à damiers dérapage bien contrôlé
Admirateurs fascinés,
Télévision
Elle me dit partons à la mer, dans ton bolide fendons l’air
Elle passe pas l’80 ma traction,
Consternation
J’suis mal dans ma peau en coureur très beau
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis qu’un mec à frime, bourré d’aspirine
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
Elle croyait qu’j’étais chanteur,
incognito voyageur, tournées, sonos, filles en pleurs,
Alors admiration
Faut dire qu’j’avais des talons aiguilles,
le manteau d’lapin d’une fille
Des micro-bracelets aux chevilles,
Exhibition
Elle me dit chante moi une chanson
J’ai avalé 2, 3 maxitons
Puis j’ai bousillé « Satisfaction »,
Consternation
J’suis mal dans ma peau en chanteur très beau
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis qu’un mec à frime bourré d’aspirine
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’habite chez ma grand-mère, derrière le garde-barrière
And I just go with ma pince à vélo
Je suis bidon, je suis bidon
J’suis mal dans ma peau en chanteur très beau
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis mal dans ma peau en coureur très beau
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
Je suis qu’un mec à frime, bourré d’aspirine
And I just go with my pince a vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’habite chez ma grand-mère, derrière le garde-barrière
And I just go with my pince à vélo
J’suis bidon, j’suis bidon
J’suis bidon
Je sais qu’c’est pas vrai mais j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans
Ça fait bientôt quinze ans que j’ai dix ans
Ça paraît bizarre mais
… Si tu m’crois pas, hé
Tar’ ta gueule à la récré
… J’ai dix ans
Je vais a l’école et j’entends
De belles paroles doucement
Moi je rigole, cerf-volant
Je rêve, je vole
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Le mercredi je m’balade
Une paille dans ma limonade
Je vais embêter les quilles à la vanille
Et les gars en chocolat
… J’ai dix ans
Je vis dans des sphères où les grands
N’ont rien à faire, j’vois souvent
Dans des montgolfières, des géants
Et des petits hommes verts
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… J’ai dix ans
Des billes plein les poches, j’ai dix ans
Les filles c’est des cloches, j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Bien caché dans ma cabane
Je suis l’roi d’la sarbacane
J’envoie des chewing-gums mâchés à tous les vents
J’ai des prix chez le marchand
… J’ai dix ans
Je sais que c’est pas vrai mais j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans
Ça fait bientôt quinze ans que j’ai dix ans
Ça paraît bizarre mais
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Si tu m’crois pas
T’ar ta gueule
À la récré
T’ar ta gueule
Au coeur de la nuit,
parmi ses feux, ses silences,
laisse aller le message,
la mémoire vive frémir…
Laisse venir à toi
ces espaces frangés d’or
ces saveurs, ces inflexions,
les mots, les rythmes,
l’eau et le sang,
l’intime écoulement d’azur
des écrits et des contes…
Page après page,
l’oreille écoute
au-dehors,
au-dedans,
l’écoulement
de la vie
pour croire
encore
à plus grand
que soi…
(Bernard Perroy)
Recueil: Une gorgée d’azur
Traduction:
Editions: Al Manar
De toi, de moi, d’où sortait la lumière?
Dans la grande bienveillance de l’âtre profond
où je me flattais de brûler pour me découvrir
comme un rayon de flammes et m’éclairer à ma lumière,
quand celle-ci était l’amour qui sortait de moi
parce qu’il était destiné à qui j’étais voué.
Et je multipliais les feux, j’embrasais l’alentour.
Je croyais en un pouvoir d’aurore, perpétuel.
(André Frénaud)
Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard