Posts Tagged ‘croissant’
Posted by arbrealettres sur 6 avril 2023

Nous sommes ces amants sans peur,
Raison, pensée ne sont pas nos amies.
Du vin d’amour nous sommes ivres,
Jamais il ne nous étourdit.
Toujours vivants nous ne mourons pas,
Nous ne restons pas dans les ténèbres,
Ni pourriture ni poussière,
Pour nous il n’y a jour ni nuit.
Dans nos contrées lune et soleil
Se tiennent à jamais, fidèles.
Nul changement ne les atteint,
Il n’est croissant ni pleine lune.
Les roses de notre roseraie
Restent fraîches et ne se fanent pas;
A l’automne elles ne s’effeuillent pas
Il n’y a ni hiver ni printemps.
Pour avoir bu le vin d’amour,
Nous sommes partis au pays de renoncement
Tout brûlants, à ton amour enflammés,
Il ne nous faut point d’ailes pour voler.
De tout temps à la clarté du soleil
Mon corps est une goutte d’atome
Cette goutte n’est pas comme la mer
Elle n’a ni fond ni rivage.
Ô Hamid ! Laisse ce qui est
Si tu veux voir cet amant,
Tu auras la vision sacrée
Il n’est pas de perfection au delà.
(Ebou Hamid)
Recueil: Poèmes des derviches anatoliens
Traduction: Guzine Dino,Michèle Aquien,Pierre Chuvin
Editions: Fata Morgana
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Posted in poésie | Tagué: (Ebou Hamid), amant, ami, amour, atome, atteindre, au-delà, automne, à jamais, étourdir, boire, brûlant, changement, clarté, contrées, corps, croissant, enflammé, fidèle, fond, frais, goutte, hiver, jamais, jour, laisser, lune, mer, mourir, nuit, nul, partir, pays, pensée, perfection, peur, pleine lune, pourriture, poussière, printemps, raison, renoncement, rester, rivage, rose, roseraie, s'effeuiller, sacré, se faner, se tenir, soleil, ténèbres, toujours, vin, vision, vivant, voir, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 août 2022

L’HUMEUR DU POEME
On communie
au café du matin
La ville est sur ses jambes
Le temps monte dans mes veines
Au comptoir
l’humanité s’échange
un rêve de pastis
côtoie celui d’un petit blanc
C’est comme hier cet aujourd’hui
et son odeur de croissant
Paris court à ses rendez-vous
Le regard du ciel est dans les yeux des gens
Le macadam règle ses pas
sur ceux du cœur
La Seine accroche aux berges
son mouvant taffetas de souvenirs
Et moi je vais tranquille
suivant l’humeur de mon poème.
(Jacques Taurand)
Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/
Illustration: Robert Doisneau
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Posted in poésie | Tagué: (Jacques Taurand), berge, café, ciel, communier, comptoir, croissant, humanité, humeur, jambe, matin, monter, odeur, poème, rêve, regard, rendez-vous, s'échanger, souvenir, temps, tranquille, veine, ville | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 juin 2022

Illustration: Chen Chuanxi
Pour un visiteur chan
Comprendre est vain, revenez à la vérité et les soucis se vident,
Les hommes, ordinaires ou sages, sont comme grains de sable.
S’égarer c’est être un papillon de nuit qui se jette sur la flamme,
Comprendre c’est partir comme la grue libérée de sa cage.
Un même croissant de lune se reflète sur mille cours d’eau,
Le bruit d’un seul pin diffère au gré du vent des saisons.
Collez à votre coeur, collez à sa nature,
Arrêtez les efforts qui nous font vivre un rêve.
(Sengrun)
Recueil: Poèmes Chan
Traduction: du chinois par Jacques Pimpaneau
Editions: Philippe Picquier
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Sengrun), arrêter, bruit, cage, coeur, coller, comprendre, cours, croissant, différer, eau, effort, grain, gré, grue, homme, libérer, lune, nature, ordinaire, partir, pin, rêve, revenir, sable, sage, saison, se refléter, se vider, souci, vain, vérité, vent, visiteur, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 novembre 2021

La nuit croqueuse de lune
trempe son croissant
dans le lait des étoiles.
(Gilles Simonnet)
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Posted in poésie | Tagué: (Gilles Simonnet), étoile, croissant, croqueuse, lait, lune, nuit, tremper | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 9 mai 2021

EN VAIN J’ÉMIGRE
J’émigre en vain
Dans chaque ville je bois le même café
et me résigne au visage fermé du serveur
Les rires de mes voisins de table
taraudent la musique du soir
Une femme passe pour la dernière fois
En vain j’émigre
et m’assure de mon éloignement
Dans chaque ciel je retrouve un croissant de lune
et le silence têtu des étoiles
Je parle en dormant
un mélange de langues
et de cris d’animaux
La chambre où je me réveille
est celle où je suis né
J’émigre en vain
Le secret des oiseaux m’échappe
comme celui de cet aimant
qui affole à chaque étape
ma valise
(Abdellatif Laâbi)
Recueil: L’arbre à poèmes Anthologie personnelle 1992-2021
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Abdellatif Laâbi), aimant, animal, éloignement, émigrer, étape, étoile, boire, café, ciel, cri, croissant, dormir, en vain, femme, fermer, langue, lune, mélangé, musique, naître, oiseau, parler, passer, retrouver, rire, s'affoler, s'assurer, s'échapper, se résigner, se réveiller, secret, serveur, silence, soir, table, tarauder, têtu, valise, ville, visage, voisin | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2020

Chun Woo
CROISSANT DE LUNE
Depuis quand es-tu suspendu là, croissant de lune,
flottant pâle dans la nuit ?
Le vent se lève, la nuit qui tombe apporte fraîcheur
et dans les feux du couchant scintille la berge blanche.
Sur la sombre plaine aride
monte la brume glacée.
Hélas, l’hiver est froid
et la tristesse m’accable.
Dans le cœur de celle que j’aime et qui s’en va
l’amour aussi disparaît et jeunesse devient sénilité.
Aux branches sombres du roncier sauvage
s’éclairent à la tombée du soir les feuilles de fleurs fanées.
***
A HALF MOON
Since when are you hanging there, half moon,
drifting palely in the sky?
The wind rises, the nightfall brings a chill,
and the edge of the white-water glitters in the glow of the evening.
Above the dark, grassless plain,
the cold fog rises.
The winter is far advanced,
and sorrow weighs me down.
Also in the heart of the beloved who leaves,
love and youth turned to age disappears.
At the dark branches of the wild bramble,
withered petals glimmer in the faint evening light.
***
HALVE MAAN
Sinds wanneer hang je daar, halve maan,
bleek drijvend door de nacht?
De wind steekt op, de nachtval brengt kilte
en in het avondrood glinstert de witte waterrand
Boven de donkere, grasloze vlakte
stijgt de kille nevel op.
Ach, de winter is koud
en droefheid drukt mij neer.
Ook in het hart van de beminde die weggaat
verdwijnt de liefde en jeugd verandert in ouderdom.
Op de donkere takken van de wilde doornstruik lichten
bij avondval de bladeren van verwelkte bloemen op.
***
EIN HALBER MOND
Seit wann hängst du dort, Halbmond,
blass treibend durch die Nacht?
Der Wind nimmt zu, die Nacht ist frostig
und im Abendrot glitzert der weiße Wasserrand.
Über der dunklen, graslosen Ebene
steigt der kalte Nebel auf.
Ach, der Winter ist kalt
und die Traurigkeit drückt mich nieder.
Auch im Herzen der Geliebten, die geht,
verschwindet die Liebe, und die Jugend wird zum Alter.
Auf den dunklen Zweigen des wilden Dornbusches leuchten
in der Abenddämmerung die Blätter der verwelkten Blüten.
***
ΜΙΣΟΦΕΓΓΑΡΟ
Πόσο καιρό κρέμεσαι εκεί στον ουρανό
μισοφέγγαρο νωχελικά αργοπερνώντας;
Σηκώνεται ο αγέρας κι η ψύχρα της νύχτας σε παγώνει
άκρες νερού που λάμπουν μεσα στην εσπέρα
πάνω απ’ τον ολόξερο κάμπο
η ομίχλη αιωρείται
μες την καρδιά του χειμώνα
η λύπη με παιδεύει
και στην καρδιά που φεύγει της αγαπημένης
νειότης αγάπη που περνά και χάνεται
στα σκοτεινά κλαδιά αγριολυγιάς
και λάμπουν φύλλα πέταλα μέσα στο φως εσπέρας
***

***
LUNĂ PE JUMĂTATE
De când tot stai pe cer, lună pe jumătate,
palidă arătare, plutind peste genuni?
Se întețește vântul, noaptea în ger se-mbracă
și-n tivuri albe apa clipește în amurg.
Peste întunecata câmpie pustiită
se-nalță ceața rece.
Of, iarnă înghețată,
tristețea ta m-apasă.
În inima iubitei ce pleacă e la fel,
pălesc iubiri, junețea prinde-a se ofili
din crengile ciulinului sălbatic
cad la apus petale ruginii.
***
MEZZALUNA
Da quanto sei sospesa lassù, mezzaluna,
attraversando pallida il cielo?
Si alza il vento, la notta che arriva porta freddo,
e la linea dell’acqua chiara brilla nel chiaro della sera.
Sopra l’oscurità, una pianura senza verde,
si alza una nebbia gelida.
L’inverno è ormai inoltrato,
e il dolore grava sopra di me.
Anche nel cuore di chi parte e che tu ami
scompaiono l’amore e l’età che invecchia.
Sui rami scuri di un rovo selvatico,
i petali appassiti luccicano nella luce della sera che svanisce.
***
UNA MEDIA LUNA
¿Desde cuándo estás colgada ahí, media luna,
pálida flotando a la deriva en el cielo?
El viento se levanta, con el atardecer llega el frío
y el resplandor de la noche brilla en el borde del agua.
Sobre la oscura llanura sin hierba
se eleva la fría neblina.
Ay, el invierno avanza
y me pesa la tristeza.
También en el corazón del amante que se va
desaparece el amor y la juventud troca en vejez.
Sobre las ramas oscuras del arbusto silvestre
brillan las hojas de las flores marchitas al anochecer.
***
PÓŁKSIĘŻYC
Odkąd jesteś tam zawieszony, półksiężycu,
dryfujący blado po niebie?
Wzmaga się wiatr, zmrok niesie chłód,
a skraj białej wody błyszczy w poświacie wieczoru.
Ponad ciemną doliną bez traw
unosi się zimna mgła.
Zima w pełni,
a smutek przytłacza mnie.
Także w sercu ukochanej osoby, która odchodzi,
miłość i młodość znikają wraz ze starością.
Na ciemnych gałązkach dzikich jeżyn
zwiędłe płatki jaśnieją słabym świetłem wieczoru.
***
半 月
你从何时挂在那儿,半月,
在天空中苍白地飘荡?
风起,黄昏带来寒意
白水边在夜光中闪闪发光。
在黑暗无草的平原上,
冷雾升起。
冬天已经很深,
悲伤快要压垮了我。
还在离去爱人的心中,
爱情和青春变老而消失。
在野荆棘黑暗的枝头
枯花瓣闪亮在微弱夜光中。
***

***

***

(Kim So-Wôl)
Recueil: ITHACA 621
Traduction: Français Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache / Anglais Stanley Barkan / Néerlandais Germain Droogenbroodt / Allemand Wolfgang Klinck / Grec Manolis Aligizakis / Hébreu Dorit Wiseman / Roumain Gabriela Căluțiu Sonnenberg / Italien Luca Benassi / Espagnol Rafael Carcelén / Polonais Mirosław Grudzień – Małgorzata Żurecka / Chinois William Zhou / Indi Jyotirmaya Thakur /Editions: POINT
Site:
http://www.point-editions.com/en/
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Posted in poésie | Tagué: (Kim So-Wôl), accabler, aimer, amour, apporter, aride, berge, blanc, branche, brume, coeur, couchant, croissant, disparaître, fané, feu, feuille, fleur, flotter, fraîcheur, froid, glacer, hiver, jeunesse, lune, monter, nuit, pâle, plaine, roncier, s'éclairer, s'en aller, sauvage, sénélité, scintiller, se lever, soir, sombre, suspendre, tombée, tomber, tristesse, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2020
Pourquoi tarder? Dans le pin l’écureuil
de sa queue en torche frappe l’écorce.
Le croissant de lune descend et sa corne
au soleil s’émousse. I1 fait jour.
Un souffle, et la fumée indolente tressaille,
elle se défend au point qui t’enclôt.
Rien ne finit, tout s’achève lorsque, foudre,
tu quittes le nuage.
***
Perché tardi? Nel pino lo scoiattolo
batte la coda a torcia sulla scorza.
La mezzaluna scende col suo picco
nel sole che la smorza. E giorno fatto.
A un soffio il pigro fumo trasalisce,
si difende nel punto che ti chiude.
Nulla finisce, o tutto, se tu fôlgore
lasci la nube.
(Eugenio Montale)
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Posted in poésie | Tagué: (Eugenio Montale), écorce, écureuil, corne, croissant, finir, foudre, frapper, fumée, indolente, jour, lune, nuage, pin, pourquoi, queue, quitter, s'achever, s'émousser, soleil, souffle, tarder, torche, tressaillir | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 juin 2020

Illustration: Frédéric Martin
COMPLAINTE DE LA PETITE MORT DANS L’ÂME
La petite mort dans l’âme, à force de tourner elle
s’était perdue.
Peut-être l’avez-vous rencontrée à l’Armée du Salut
ou au coin de la rue ?
La petite mort dans l’âme si fatiguée, si sale et si
grelottante,
le faux sommeil de trois heures du matin dans les salles
d’attente.
Son tablier percé, ses mains gercées, ses lèvres crevassées,
ses souliers très usés, ses bras très reprisés, ses épaules très
méprisées.
Maintenant je suis sûr de l’avoir déjà aperçue en mil neuf cent
quarante.
au Mesnil les Trois Chemins, sous une pluie battante.
La petite mort dans l’âme ce jour-là était devenue folle.
On lui avait tué son mari, il était si gentil, un si bon homme,
et il s’appelait Paul.
Elle était restée toute seule dans le village.
L’église ouverte en deux, les saints de Saint-Sulpice pleuraient
leur plâtre peint sous l’orage.
Mais la petite mort dans l’âme a bien fini par reprendre la
route.
Je l’ai revue dans les Ardennes, sa charrette arrêtée, elle cassait
la croûte.
Elle avait emporté un matelas, un édredon, les douze
casseroles de cuivre,
le panier à salade, l’horloge de grand’mère, la cage de l’oiseau
et le chien Pataud à pied pour la suivre.
La petite mort dans l’âme marchait tout le temps et ne dis
rien :
il faudra bien que ça finisse, tout a une fin, il faudra bien.
La petite mort dans l’âme, on lui a fait voir du pays
Amsterdam, Varsovie, Coventry, Cologne, Oradour,
Hiroshima, Paris.
Les voyages forment la jeunesse, et la petite mort dans l’âme
à force d’aller partout et d’en voir de toutes les couleurs
devint une vraie dame.
La petite mort dans l’âme en mil neuf cent quarante-trois
s’était mariée en Pologne au coin d’un bois l’hiver, il faisait
très grand froid.
Elle avait épousé le nommé Juif Errant Isaac Laaquedem,
mais il est mort en déportation pauvre petite, et elle n’était
pas au bout de ses peines.
(Elle n’a pas pu toucher sa pension : les papiers n’étaient pas
en ordre.
Et la petite mort dans l’âme a dû chercher du travail, ah ! ce
n’est pas commode).
Dans les ruines d’Aix-la-Chapelle que les Allemands
nomment Aachen,
la petite mort dans l’âme m’a parlé en allemand Ich nicht
spricht deutsch, nichtfertig, alors à quoi bon ta rengaine ?
La petite mort dans l’âme a été voir sa grand’mère Mort Dans
l’Âme pour lui porter, acheté au marché noir, un quart de beurre.
Mais sa grand’mère était morte de froid rue Mouffetard, et
c’est bien du malheur.
(Elle habitait au huitième dans une chambre sous les toits.
Les employés des Pompes funèbres ont eu du mal avec leur
caisse, l’escalier est étroit).
J’ai rencontré la petite mort dans l’âme, ses yeux bleus pleins
de larmes, et comme elle était belle !
parmi ce qui reste d’une maison blitzée, dans une rue triste de Whitechapel !
Mais plus tard, c’était encore elle, je ne m’y suis pas trompé,
qui disait cigarette, cigarette, à Oslo,
aux matelots anglais sur le port avec son odeur de goudron et
d’eau.
Elle avait perdu son bébé quand elle avait treize ans, il était
mort en couches,
à cause des privations, du temps des Allemands, avec qui il
avait bien fallu qu’à la fin elle couche.
La petite mort dans l’âme a été putain à Naples et à Rome,
marchande de croissants au métro Réaumur, et de piles
électriques entre Villiers et Rome.
On lui a tondu les cheveux en août 1944 et c’était une erreur,
elle n’aurait jamais cru qu’elle avait de quoi tant pleurer dans
le coeur.
Elle est toujours ici, parmi nous, au noir de notre coeur,
Et quand tu te crois seul, d’Athènes, de Madrid, de France, de
Chine ou d’Amérique,
de tous les coins de ce monde bête et triste,
voilà qu’elle est en toi, la petite mort dans l’âme, à
l’improviste.
(Claude Roy)
Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), allemand, attente, à l'improviste, âme, édredon, église, bébé, bête, beau, cage, casserole, charrette, chercher, cheveux, chien, coeur, coin, commode, complainte, coucher, couleur, crevasse, croissant, dame, déportation, dire, emporter, en ordre, escalier, fatigue, faux, finir, fou, froid, gentil, gercé, grelotter, habiter, horloge, larme, lèvres, main, malheur, marchand, marche, marcher, mari, matelas, mépriser, monde, mort, oiseau, orage, panier, papier, pays, peine, petit, plâtre, pleurer, pluie, privation, putain, rencontrer, route, rue, saint, sale, salle, se marier, se perdre, se tromper, seul, sommeil, soulier, tablier, tondre, tourner, travail, triste, tuer, user, village, voyage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 juin 2020

Dans l’air clarifié,
quand déjà le croissant de la lune
glisse ses rayons verts,
envieusement, parmi la pourpre du couchant :
— ennemi du jour,
glissant à chaque pas, furtivement,
devant les bosquets de roses,
jusqu’à ce qu’ils s’effondrent
pâles dans la nuit :
ainsi suis-je tombé moi-même jadis
de ma folie de vérité,
de mes désirs du jour,
fatigué du jour, malade de lumière,
— je suis tombé plus bas, vers le couchant et l’ombre :
par une vérité
brûlé et assoiffé
— t’en souviens-tu, t’en souviens-tu, coeur chaud,
comme alors tu avais soif ? —
Que je sois banni
de toute vérité !
Fou seulement ! Poète seulement !
(Frédéric Nietzsche)
Illustration: Gao Xingjian
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Posted in poésie | Tagué: (Frédéric Nietzsche), air, assoiffé, banni, clarifié, coeur, couchant, croissant, désir, ennemi, folie, fou, lumière, lune, malade, ombre, poète, pourpre, rose, s'effondrer, soif, vérité | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020
![tableau-joueur-de-trompette [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/10/tableau-joueur-de-trompette-1280x768.jpg?w=723&h=723)
LE JOUEUR DE TROMPETTE (52è rue)
Le Noir
Avec la trompette à ses lèvres,
Porte sous les yeux sa lassitude
En sombres croissants de lune
Là où couve la braise mémorable
Des vaisseaux négriers
Que rallume le claquement des fouets
Autour des cuisses.
Le Noir
Avec la trompette à ses lèvres,
Sa tête frémissante de cheveux
Maintenant matés
Et lisses comme cuir qu’on a tant verni
Qu’ils brillent
Comme jais…
Si le jais pouvait lui faire une couronne.
La musique
De la trompette à ses lèvres
Est miel
Coulé dans le feu.
Le rythme
De la trompette à ses lèvres
Est extase
Exhalé d’antique désir…
Désir
Qui aspire à la lune
Quand sa lumière n’est qu’un projecteur
Au fond de ses yeux,
Désir
Qui aspire à la mer
Quand la mer n’est qu’un verre au comptoir
A la taille du nigaud.
Le Noir
La trompette à ses lèvres,
Dans son veston
Parfaitement boutonné
Ne sait pas
Sur quel motif la musique enfonce
Son aiguille hypodermique
Et le pénètre jusqu’à l’âme…
Mais doucement
Quand le chant monte de sa gorge,
Sa douleur mûrit
Et se change en note d’or.
***
Trumpet Player
The Negro
With the trumpet at his lips
Has dark moons of weariness
Beneath his eyes
where the smoldering memory
of slave ships
Blazed to the crack of whips
about thighs
The negro
with the trumpet at his lips
has a head of vibrant hair
tamed down,
patent-leathered now
until it gleams
like jet-
were jet a crown
the music
from the trumpet at his lips
is honey
mixed with liquid fire
the rhythm
from the trumpet at his lips
is ecstasy
distilled from old desire-
Desire
that is longing for the moon
where the moonlight’s but a spotlight
in his eyes,
desire
that is longing for the sea
where the sea’s a bar-glass
sucker size
The Negro
with the trumpet at his lips
whose jacket
Has a fine one-button roll,
does not know
upon what riff the music slips
It’s hypodermic needle
to his soul
but softly
as the tune comes from his throat
trouble
mellows to a golden note
(Langston Hughes)
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Posted in poésie | Tagué: (Langston Hughes), aspirer, braise, comptoir, couronné, croissant, cuisse, désir, douleur, feu, fouet, frémissante, gorge, joueur, lassitude, lèvres, lisse, lumière, lune, mûrir, musique, note, or, pénétrer, rythme, trompette, vaisseau, verni, veston | Leave a Comment »