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Posts Tagged ‘croix’

LE CHRIST EN ALABAMA (Langston Hughes)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023



 


Illustration: Prentiss Taylor
    
LE CHRIST EN ALABAMA

Le Christ est un nègre,
Noir et battu :
Ton dos à nu!

Marie est Sa mère:
Mama du Sud,
Silence et chut.

Dieu est Son père:
Maître Blanc en Son séjour
Accorde-Lui ton amour.

Très-saint bâtard
A la bouche en sang,
Nègre le Christ
Sur la croix
Du Sud.

***

CHRIST IN ALABAMA

Christ is a nigger,
Beaten and black:
Oh, bare your back!

Mary is His mother:
Mammy of the South,
Silence your mouth.

God is His father:
White Master above
Grant Him your love.

Most holy bastard
Of the bleeding mouth,
Nigger Christ
On the cross
Of the South.

(Langston Hughes)

Recueil: La panthère et le fouet
Traduction: Pascal Neveu
Editions: YPSILON

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La Paimpolaise (Théodore Botrel)

Posted by arbrealettres sur 6 février 2023




    
La Paimpolaise

Quittant ses genêts et sa lande
Quand le Breton se fait marin
En allant aux pêches d’Islande
Voici quel est le doux refrain
Que le pauvre gars
Fredonne tout bas
J’aime Paimpol et sa falaise
Son église et son Grand Pardon
J’aime surtout la Paimpolaise
Qui m’attend au pays breton !

Le brave Islandais, sans murmure
Jette la ligne et le harpon
Puis, dans un relent de saumure
Il se glisse dans l’entrepont
Et le pauvre gars
Fredonne tout bas
Je serais bien mieux à mon aise
Devant mon joli feu d’ajonc
À côté de la Paimpolaise
Qui m’attend au pays breton !

Mais souvent l’océan qu’il dompte
Se réveillant lâche et cruel
Et lorsque que le soir on se compte
Bien des noms manquent à l’appel
Et le pauvre gars
Soupire tout bas
Pour trotter la flotte irlandaise
Puisqu’il faut plus d’un moussaillon
J’épouserons ma petite Paimpolaise
En rentrant au pays breton !

Puis, quand la vague le désigne
L’appelant de sa grosse voix
Le brave Islandais se résigne
En faisant un signe de croix
Et le pauvre gars
Quand vient le trépas
Serrant la médaille qu’il baise
Glisse dans l’océan sans fond
En songeant à sa Paimpolaise
Qui l’attend au pays breton!

(Théodore Botrel)

 

Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette

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PREMIER AMOUR (Georges Rodenbach)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022



PREMIER AMOUR

Premier amour ! Parfum de la nouvelle rose !
Sur le clavier du coeur premiers accords plaqués
Par une main de femme insaisissable et rose;
Premiers souffles du vent sur la voile morose
Qui devine la mer dans le calme des quais.

Premières floraisons dans le verger de l’âme,
Premiers jets d’eau montant au milieu des jardins
Où des noces en blanc chantent l’épithalame;
Premiers regards qu’on jette à l’horizon de flamme
Où les palais du rêve étagent leurs gradins.

Premier amour ! Souffrance heureuse ! Désirs vagues
De lui prendre les mains, plus douces que des fleurs,
A celle dont les yeux ont la couleur des vagues,
Et, feignant d’admirer le chaton de ses bagues,
De rafraîchir sa lèvre à ses doigts cajoleurs.

Délices, au milieu des fêtes et des danses,
De ressembler pour elle aux galants d’éventail;
Puis, quand on reste seul, sous les ramures denses,
Charme de chuchoter de longues confidences
A la Lune qui rit comme au fond d’un vitrail.

C’est le moment de joie unique où l’on épie
Les yeux encor voilés d’une fausse rigueur,
Où, sans s’imaginer que tout bonheur s’expie,
On tire fil à fil, comme de la charpie,
L’aveu qui guérira la blessure du coeur.

Ce qu’on aime à vingt ans, c’est la tiède atmosphère
Des premiers abandons sous un ciel vierge et bleu;
Qu’importe la liqueur, ce qu’on veut c’est le verre;
C’est le mal glorieux de monter au Calvaire,
Car on a Véronique et l’on se sent un Dieu!

Ce qu’on aime surtout, c’est bien l’amour lui-même;
On aime sans savoir ni pourquoi, ni comment !
Mais on veut être ainsi, si c’est ainsi qu’on aime
Et l’on sent à jamais que c’est le bien suprême
Et que le plus suave est le commencement !

Qu’importe son visage ou son âme ! Qu’importe
Ce qu’elle a de frivole ou de spirituel!
Aimer, c’est croire ! Aimer, cela vous réconforte,
Et quel que soit l’autel où le hasard vous porte
C’est du ciel qu’il s’agit dans chaque rituel.

Qu’importe à ce moment quelle Madone on prie.
On est assez heureux de murmurer : Je crois !
Dans l’église d’amour résonnante et fleurie
Où, parmi l’encens pâle, une vierge Marie
Vous sourit et vous tend ses bras comme une croix !

(Georges Rodenbach)

Illustration: Rémy Disch

 

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Le petit Jésus (Comptine)

Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2022



Le petit Jésus s’en va-t-à l’école
En portant sa croix dessus son épaule
S’il a bien su sa leçon
On lui donne du bonbon
Une pomme rouge
Pour mettre à sa bouche
Un bouquet de fleurs
Pour mettre à son coeur.

(Comptine)

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Dans un village dévasté par la guerre (Jean-Pierre Chambon)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022



Illustration:  Rosso Fiorentino

    

Dans un village dévasté par la guerre
un homme à demi nu
que trois silhouettes enturbannées allongent
sur une couverture ocre
la photo est dans le journal
belle comme une déposition de croix
du Quattrocento

(Jean-Pierre Chambon)

 

Recueil: Tout-venant
Traduction:
Editions: Héros-Limite

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Les quatre sans cou (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 14 juillet 2021



Les quatre sans cou

Ils étaient quatre qui n’avaient plus de tête,
Quatre à qui l’on avait coupé le cou,
On les appelait les quatre sans cou.

Quand ils buvaient un verre,
Au café de la place ou du boulevard,
Les garçons n’oubliaient pas d’apporter des entonnoirs.

Quand ils mangeaient, c’était sanglant,
Et tous quatre chantant et sanglotant,
Quand ils aimaient, c’était du sang.

Quand ils couraient, c’était du vent,
Quand ils pleuraient, c’était vivant,
Quand ils dormaient, c’était sans regret.

Quand ils travaillaient, c’était méchant,
Quand ils rôdaient, c’était effrayant,
Quand ils jouaient, c’était différent,

Quand ils jouaient, c’était comme tout le monde,
Comme vous et moi, vous et nous et tous les autres,
Quand ils jouaient, c’était étonnant.

Mais quand ils parlaient, c’était d’amour.
Ils auraient pour un baiser
Donné ce qu’il leur restait de sang.

Leurs mains avaient des lignes sans nombre
Qui se perdaient parmi les ombres
Comme des rails dans la forêt.

Quand ils s’asseyaient, c’était plus majestueux que des rois
Et les idoles se cachaient derrière leur croix
Quand devant elles ils passaient droits.

On leur avait rapporté leur tête
Plus de vingt fois, plus de cent fois.
Les ayant retrouvées à la chasse ou dans les fêtes,

Mais jamais ils ne voulurent reprendre
Ces têtes où brillaient leurs yeux,
Où les souvenirs dormaient dans leur cervelle.

Cela ne faisait peut-être pas l’affaire
Des chapeliers et des dentistes.
La gaîté des uns rend les autres tristes.

Les quatre sans cou vivent, c’est certain.
J’en connais un au moins un
Et peut-être aussi les trois autres.

Le premier, c’est Anatole,
Le second, c’est Croquignole,
Le troisième, c’est Barbemolle,
Le quatrième, c’est encore Anatole.

Je les vois de moins en moins,
C’est déprimant à la fin,
La fréquentation des gens trop malins .

(Robert Desnos)

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Dans le coeur du vide (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2020



 

Siegfried Zademack  _vertikalhorizontal

Dans le coeur du vide
Aussi bien que dans le coeur de l’homme
Il y a des feux qui brûlent
Le corps nu
D’une jeune femme en croix
Dépose
Son empreinte dans le ciel

(Zéno Bianu)

Illustration: Siegfried Zademack

 

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HOMMAGE AU SOUFFLE (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2020



 

Harumi Asada  ed3_z

HOMMAGE AU SOUFFLE

Tu t’avances pour lire
et les mots se reflètent sur ton visage
le désir prie toujours
même quand la langue se tait
tu t’avances
comme un frère universel
contre le bourdonnement du Grand Malheur
contre les dressages intensifs
tu le sais
chaque rose est une syllabe
précipitée
depuis le dernier étage de la hauteur
chaque rose
est un hommage
au souffle couleur feu
chaque rose
repousse le noir du monde
tu le sais
le souffle est le fil du chapelet
le souffle avec toi
le souffle devant toi
le souffle derrière toi
contre toutes les flaques de néant
tu inclines ton visage
vers le ciel
tu te laisses chuter
vers les constellations
le verbe en croix
et le désordre divin
la pensée est dans la bouche
dit Tzara
le vide se vide de son plein
dit Luca
tu ne laisses pas la mort
descendre vers l’été
tu ne passes rien sous silence
tu enroules l’alphabet sur lui-même
tu remontes vers ton centre
tu t’entraînes pour l’éternité
tu installes des barricades pour les vivants
les hauts vivants
fenêtres ouvertes sur la voix
neige de New York et cendres de Bénarès
les vivants de toujours
boussoles au coeur battant
les vivants qui rattrapent la lumière
les vivants aux langues d’herbes folles
les vivants
jusqu’à l’extrémité des terres
le tourbillon des exilés de tout
le compte à rebours des précipices
porteurs d’offrandes
renverseurs du coeur
les vivants aux énergies sans nombre
ceux qui prennent refuge dans l’immense
les guerriers à la peau sonore
les allumeurs d’amour

(Zéno Bianu)

Illustration: Harumi Asada

 

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Mer sinistre (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 24 août 2020



Mer sinistre

Au-dessus de l’océan
Sombre plane un goéland
La baie entrouvre sa bouche
Entre les dents des rochers
Que la lueur du phare touche
Sur ce rivage écorché

Agités par un vent froid
Les mâts brandissent leurs croix.

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration

 

 

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QUINCAILLERIE (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2020




QUINCAILLERIE

Dans une quincaillerie de détail en province
des hommes vont choisir
des vis et des écrous
et leurs cheveux sont gris et leurs cheveux sont roux
ou roides ou rebelles.
La large boutique s’emplit d’un air bleuté
dans son odeur de fer
de jeunes femmes laissent fuir
leur parfum corporel.
Ilsuffit de toucher verrous et croix de grilles
qu’on vend là virginales
pour sentir le poids du monde inéluctable.

Ainsi la quincaillerie vogue vers l’éternel
et vend à satiété
les grands clous qui fulgurent.

(Jean Follain)

Illustration

 

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