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Poésie

Posts Tagged ‘cultiver’

COMME UN LABOUR (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 13 mai 2023




    
COMME UN LABOUR

Je me revois au coeur d’une maison d’amour
Où mon père et ma mère à l’intuitive flamme
Nous chérissaient des yeux en éduquant notre âme
Sachant la cultiver comme on fait au labour.
Très sûrs d’enraciner en elle l’espérance
Montraient qu’en toute vie apparaît la souffrance
Leur exemple entraînait bien mieux qu’un long discours
Si même au fil des ans subsiste un long parcours.
Oui, près d’eux je reviens comme pour rajeunir
Accorder ma pensée et refaire ma force
Rien ne semble plus fort qu’un vivant souvenir
Tant fut marqué mon cœur en sa première écorce…

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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ART DU VOYAGE (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 29 mars 2023



    

ART DU VOYAGE

Voyager sans but plaît à la jeunesse,
Mais l’âge en venant m’affadit ce goût
Et je ne pars plus sans savoir pour où,
Sans qu’un but précis, un désir me presse.

Hélas, pour celui qui suit un dessein,
Voyager n’a plus la douceur première
Dont étincelait forêt ou rivière
A chaque nouveau détour du chemin.

Pour rendre à l’instant la fraîche innocence
Que n’occulte plus quelque astre rêvé,
Voyager doit être un art retrouvé :

Du vaste univers partager la danse
Et vers un lointain longtemps cultivé,
Même sans bouger, rester en partance.

***

REISEKUNST

Wandern ohne Ziel ist Jugendlust,
Mit der Jugend ist sie mir erblichen ;
Seither bin ich nur vom Ort gewichen,
War ein Ziel und Wille mir bewußt.

Doch dem Blick, der nur das Ziel erfliegt,
Bleibt des Wanderns Süße ungenossen,
Wald und Strom und aller Glanz verschlossen,
Der an allen Wegen wartend liegt.

Weiter muß ich nun das Wandern lernen,
Daß des Augenblicks unschuldiger Schein
Nicht erblasse vor ersehnten Sternen.

Das ist Reisekunst : im Weltenreihn
Mitzufliehn und nach geliebten Fernen
Auch im Rasten unterwegs zu sein.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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L’ARBRE AUX SOUHAITS (Michel Butor)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2022



Illustration: Catherine Ernst
    
L’ARBRE AUX SOUHAITS

Si l’on pouvait réussir à cueillir l’une des feuilles
on lirait sur ses nervures comment il faut procéder
pour sortir de la misère et cultiver à l’entour
l’étude et la liberté

(Michel Butor)

 

Recueil: Montagnes en gestation
Traduction:
Editions: Notari

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A FLEUR DE CHANCE (Georges Henein)

Posted by arbrealettres sur 21 juin 2022


 


Paige Bradley (6)

A FLEUR DE CHANCE

tu n’es pas venue d’aussi loin qu’on le penserait
tu n’as fait que ralentir ta marche à ma hauteur
j’ai trouvé ta tête près de moi comme une lettre sur ma table
comme une lettre que je n’ai pas besoin de décacheter
pour savoir ce qu’elle contient
et que tout s’y décline en clins d’herbe
en chevauchées d’écume à la poursuite du plus haut diamant rétif dans son nid d’aigle
désormais l’imprévu et l’habituel se confondent pour nous dans un grand cri de distraction
une seule rue suffit à nous rendre semblables
la barricade de la vie c’est un sourcil qui se hausse
la petite chanson de l’écolier puni qui trompe l’ennui dans un coin sombre
l’inaperçu nous berce comme un domaine acquis d’une seule caresse de la main
nous nous dirigeons l’oreille légère au fil rompu des torrents,
sur les deux rives les éventails mettent une pudeur d’enlèvement
nous sautons d’une roche à l’autre
notre sourire est le cerceau qui nous précède à fleur de chance
notre rôle n’a jamais été aussi beau
nous cultivons la première morsure des superstitions de l’avenir.

(Georges Henein)

Illustration: Paige Bradley

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La pluie printanière et les nuages au printemps (Fenyang Shanzhao)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2022




    
La pluie printanière et les nuages au printemps
Redonnent vie à toute la création.
L’émeraude des collines parsème la campagne,
Du vert des plantes, les nuances s’étalent.
Que la pluie cesse et c’est le calme du vide,
Que les nuages disparaissent et le ciel montre sa vraie couleur.
Je le dis à qui veut cultiver le Tao:
Quoi d’autre pourrait mieux le révéler!

(Fenyang Shanzhao)

Recueil: Poèmes Chan
Traduction: du chinois par Jacques Pimpaneau
Editions: Philippe Picquier

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Faites votre propre sentier (Jean-Pierre Siméon)

Posted by arbrealettres sur 8 juin 2022



Illustration: ArbreaPhotos
    
Faites votre propre sentier,
cherchez derrière les buissons,
soulevez les pierres, perdez-vous,
prenez des raccourcis si ça vous chante.
C’est là qu’il faut cultiver sa paresse:
il faut savoir flâner, bader, traîner les pieds,
s’asseoir à tout bout de champ,
s’arrêter au drôle de petit détail
et, si d’un coup la pente devient trop forte,
faites un détour.

(Jean-Pierre Siméon)

 

Recueil: Aïe un poète
Traduction:
Editions: Seuil

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Regarde aux miroirs du trépas (Louise de Vilmorin)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020



Regarde aux miroirs du trépas
Rougissante des nuits prochaines,
Ta lèvre où mon baiser soupa,
Attends la fin de ma semaine,
Regarde aux miroirs du trépas.

Femme, mon ange fiancée,
Nous marierons nos souvenirs.
Cultive un jardin de pensées
Qu’ensemble nous allons cueillir.
Femme, mon ange fiancée.

(Louise de Vilmorin)

Illustration: Paul Delvaux

 

 

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Mais qu’est-ce que je fais, moi, avec mes roses ? (Eugène Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2020



Illustration: Lacey Lewis

    
Mais qu’est-ce que je fais,
Moi, avec mes roses ?

Qu’est-ce que je fais
Avec ces roses
Que j’ai cultivées, avec ces roses
Qui sont là?

Je ne sais qu’une chose :
Je ne veux pas
Qu’on me les prenne,

Je ne veux pas, mais
Qu’est-ce que je peux faire
Avec ces roses ?

(Eugène Guillevic)

 

Recueil: Ouvrir
Traduction:
Editions: Gallimard

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Et si l’on vous demande (Barbara Auzou)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020




    
Et si l’on vous demande

Et si l’on vous demande
Vous répondrez que je ne suis qu’une crieuse d’herbes
Cultivant son âge et sa déraison dans un rire frais
Découpé dans les clairières de l’enfance et que je répare
En toutes saisons l’oiseau que le vent indocile a cassé
Qu’il aurait été trop facile de faire rimer demande avec amandes
Dans ces conditions et au coin de votre oeil hilare.

(Barbara Auzou)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Revue Traction-Brabant 88
Traduction:
Editions: Patrice Maltaverne

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LE RETOUR À LA CAMPAGNE (Tao Yuan Ming)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2020




    
LE RETOUR À LA CAMPAGNE

Jeune je n’aimais pas la vie agitée.
J’ai grandi dans l’amitié des montagnes
C’était une erreur d’entrer dans le monde.
J’ai perdu treize ans de ma seule vie.
L’oiseau en cage songe aux forêts d’antan,
le poisson du bassin à l’ancienne rivière.
Ainsi je suis retourné vivre dans le midi.
Je bêche mon jardin, je cultive mes champs.
J’ai peu de terre, dix mous à peine.
Ma maison est petite. Un orme et un saule
me font de l’ombre. J’ai des pêchers et des
abricotiers en face de la maison. Au loin
il y a les maisons des paysans. Je vois fumer
leurs cheminées dans le ciel calme. Un chien
aboie. Perché sur un mûrier, un coq chante.
Le silence habite chez moi. J’ai de l’espace.
J’ai du temps. Si longtemps j’ai vécu
en cage. Me voilà rendu à moi-même.

Il n’arrive pas grand-chose chez nous.
Il passe peu de voitures sur le chemin.
Pendant le jour les portes restent closes.
Dans la maison calme les désirs se calment.
Quelquefois je rencontre un voisin sur la route.
On parle peu. La récolte de chanvre sera bonne.
Il y aura cette année beaucoup de mûriers.
La moisson sera belle. La terre s’enrichit.
Pourvu qu’il ne gèle pas, que le gel ne tue pas
tout, laissant seulement broussaille morte.

Je me lève tôt pour aller bêcher,
Quand je reviens avec ma bêche, je porte aussi le clair de lune
sur mon épaule.
Le sentier est étroit, hautes les fleurs sauvages et l’herbe.
Mes habits sont trempés de rosée. Ça m’est égal,
si rien ne vient troubler ma paix.
Sur le versant sud j’ai planté des haricots.
Il y a beaucoup de mauvaises herbes. Les semis sont maigres.

(Tao Yuan Ming)

 

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