Vénus, passant la mer de Paphos jusqu’à Cnide,
Curieuse de voir sa fameuse statue,
Dit, en l’examinant sous toutes ses coutures :
«Mais où donc Praxitèle a-t-il pu me voir nue?»
(Platon)
Recueil: Anthologie de l’épigramme de l’Antiquité à la Renaissance
Traduction: Pierre Laurens
Editions: Gallimard
Des vielles bouteilles restées dans comme un fond
de caisse, fenêtre
avec des ustensiles fer blanc rouillé tout çа
rassemblé pourquoi ?
une poignée de plantes qui ne sèchent plus graine
oubliée
un jour forcément faudra nettoyer en attendant çа fait
un curieux ensemble de poussière et de couleurs
quelque chose
comme si de la solitude et du sourire,
le silence.
(James Sacré)
Recueil: Bocaux, bonbonnes, carafes et bouteilles (Comme)
Traduction:
Editions: Le Castor Astral & Le Noroît
Tous les arbres couleurs les érables surtout
un jour d’automne pourtant gris
que dedans c’est comme on pourrait pleurer
parce que la solitude et rien
çа fait quand même ces feuillages
des sortes de verreries comme à la fois simples
et curieusement compliquées
on les aurait disposées
dans les buissons sur le pré dehors
dedans c’est comme on pourrait sourire
la solitude en couleurs quand même rien.
(James Sacré)
Recueil: Bocaux, bonbonnes, carafes et bouteilles (Comme)
Traduction:
Editions: Le Castor Astral & Le Noroît
Heureux, curieux de s’ouvrir
dans leur durée intime, ils ont scellé
plus que poussé la porte.
Et voilà qu’il oublie son désir
pour mieux percevoir les noeuds
en cette femme et les défaire.
Et voilà qu’avec l’ultime énergie
elle s’écarte pour mieux saisir
le cri d’où naîtra cet homme.
Et voilà qu’ils sont une exclamation vraie,
un mystère autour du partage,
un midi à hauteur des lèvres,
un futur parmi le mordre !
Ecureuil du printemps, écureuil de l’été, qui domines
la terre avec vivacité, que penses-tu là-haut de notre
humanité ?
— Les hommes sont des fous qui manquent de gaîté.
Ecureuil, queue touffue, doré trésor des bois, ornement
de la vie et fleur de la nature, juché sur ton pin vert, dis-
nous ce que tu vois ?
— La terre qui poudroie sous des pas qui murmurent.
Ecureuil voltigeant, fier du pic bavard, cousin du
rossignol, ami de la corneille, dis-nous ce que tu vois par
delà nos brouillards ?
— Des lances, des fusils menacer le soleil.
Ecureuil, cul à l’air, cursif et curieux, ébouriffant ton
col et gloussant un fin rire, dis-nous ce que tu vois sous
la rougeur des cieux ?
— Des soldats, des drapeaux qui traversent l’empire.
Ecureuil aux yeux vifs, pétillants, noirs et beaux, hu-
mant la sève d’or, la pomme entre tes pattes, que vois-tu
sur la plaine autour de nos hameaux ?
— Monter le lac de sang des hommes qui se battent.
Ecureuil de l’automne, écureuil de l’hiver, qui lances
vers l’azur, avec tant de gaîté, ces pommes… que vois-tu ?
— Demain tout comme Hier.
Dans la barque oubliée,
le fil des reflets
nous emporte le
long des rives
aux verts contrastés.
Jaillissent des boutons rosés,
curieux, par milliers,
tendus vers le bleu du ciel.
Avec urgence
ils froissent leurs pétales de soleil.
Les friselis des arbres fleurissent
retiennent leur rire
devant le vert franc
des nuages de canopée bien taillés.
bambous
bambous noirs
bambous
bambous droits
pulse le vert tendre
A travers les entrelacs des branches
la transparence s’apprivoise.
Elle verdit
au plus près des nervures,
le grand écart de la sève
qui n’attend plus.
Lumière à ne plus savoir
à voguer sur l’instant
à fermer nos paupières chlorophylles.
Les pierres ont guidé nos errances.
Le pont moussu n’a pas arrêté notre barque
et sans cesser
la lumière douce du couchant
nous berce encore dans son sillage.
jusqu’au quinzième étage
de l’édifice moderne en béton armé.
Le rythme
forestier du ferraillage dressé
architectoniquement dans l’air
Et un passant curieux
qui demande :
– Quelqu’un est-il déjà tombé des échafaudages?
Le ronronnement modéré des
moteurs aux huiles lourdes
et la réponse tranquille de l’entrepreneur:
– Personne. Rien que deux Noirs.
(José Craveirinha)
In amigos-de-mocambique.org
traduit du portugais par Marie-Claire Vromans
Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
Pierrot
Prit son coeur,
Et l’accrocha
Au mur du chemin.
Il dit:
« Regardez, les Passants,
Voici mon coeur! »
Mais aucun n’était curieux,
Personne ne se souciait
De voir accroché là
Le coeur de Pierrot
Sur le mur Public.
Aussi Pierrot
Prit son coeur
Et alla le cacher
Très loin.
Maintenant les gens se demandent
Où se trouve son coeur
Aujourd’hui.
***
HEART
Pierrot
Took his heart
And hung it
On a wayside wall.
He said,
« Look, Passers-by,
Here is my heart! »
But no one was curious.
No one cared at all
That there hung
Pierrot’s heart
On the public wall.