Les poèmes n’ont pas servi
Les chansons n’ont pas servi
La danse n’a pas servi
Les pleurs et les cris n’ont pas servi
Les sourires des enfants n’ont pas servi
N’a pas servi Daraya
Tes roses et les branches d’olivier
pour les soldats de la mort
Ni vos bougies magnifiques, grande dame de Salamieh
Ni ton pain Halfaya
Rien n’a pu
freiner l’avancée des chars.
(Maram al-Masri)
Recueil: Elle va nue la liberté
Editions: Bruno Doucey
Il faudrait de ma nuit atteindre les écluses
Les ouvrir et traquer les muses dévêtues
L’injurier de feux jusqu’à ce que ces muses
Perdissent leur dégaine antique de statues.
Je vivrais enfin calme et ce serait leur tour
De trébucher d’aller s’aveugler aux lumières
Entre elles de se battre et de mettre en plein jour
Leur visage de torche où flambe une crinière.
Je vivrais calme enfin et je regarderais
Un cheval maladroit à déployer ses ailes
Les neuf soeurs de ma nuit se déchirer entre elles
Et ces dames criant leurs augustes secrets.
J’ai pour voisine une dame entre deux âges
– quarante et soixante-dix ans –
qui passe beaucoup de temps à s’occuper de ses volets:
les ouvrir, les fermer, les entre-fermer…
de l’intérieur, de l’extérieur…
le matin, le midi, le soir…
Il y a une infinité combinaisons.
(Laurent Graff)
Recueil: Au nom de sa majesté
Editions: Le dilettante
Il y a des bouches qui se fanent de s’être fermés.
Quand elles sont associés à de beaux yeux,
il se creuse un regret dans le visage.
A la dame loueuse de vélos,
commerce pas très florissant.
(Laurent Graff)
Recueil: Au nom de sa majesté
Editions: Le dilettante
Entre vos mains, ma gente dame,
je remets cet esprit qui se meurt :
il s’en va si dolent qu’Amour le regarde
avec pitié quand il le congédie.
Vous l’avez lié à sa domination
si bien qu’il n’a plus aucune force
pour l’invoquer sinon pour dire : « Seigneur,
tout ce que tu veux de moi, je le veux. »
Je sais que tout tort vous déplaît :
aussi la mort, que je n’ai pas méritée,
entre bien plus amère en mon coeur.
Ma douce dame, tant que je suis en vie,
afin que je meure en paix et consolé,
pour mes yeux daignez ne pas être avare.
***
Ne le man vostre, gentil donna mia,
raccomando lo spirito che more :
e’ se ne va si dolente ch’Amore
lo mira con pietà, che ‘l manda via.
Voi lo legaste a la sua signoria,
sí che non ebbe poi alcun valore
di poter lui chiamar se non : « Signore,
qualunque vuoi di me, quel vo’ che sia. »
Io so che a voi ogni torto dispiace :
però la morte, che non ho servita,
molto più m’entra ne lo core amara.
Gentil mia donna, mentre ho de la vita,
per tal ch’io mora consolato in pace,
vi piaccia agli occhi miei non esser cara.
Des yeux de ma dame s’envole
une lumière si belle que lorsqu’elle apparaît
on voit des choses qu’on ne peut décrire
pour leur noblesse et pour leur nouveauté ;
et de ses rayons pleut sur mon coeur
une telle peur qu’elle me fait trembler
et dire : « Ici je ne veux jamais revenir » ;
mais bientôt je perds toutes mes forces :
et je reviens là où je suis vaincu,
réconfortant mes yeux épouvantés,
qui ont d’abord senti cette grande valeur.
Quand j’arrive, hélas, ils sont clos ;
le désir qui les mène ici est éteint :
qu’Amour pourvoie donc à ma survie.
***
De gli occhi de la mia donna si move
un lume si gentil che, dove appare,
si veggion cose ch’uom non pò ritrare
per loro altezza e per for esser nove :
e de’ suoi razzi sovra ‘1 meo cor piove
tanta paura che mi fa tremare
e dicer : « Qui non voglio mai tornare » ;
ma poscia perdo tutte le mie prove :
e tornomi colà dov’io son vinto,
riconfortando gli occhi päurusi,
che sentier prima questo gran valore.
Quando son giunto, lasso, ed e’ son chiusi ;
lo disio che li mena quivi è stinto :
però proveggia a lo mio stato Amore.
Sur la route de Louviers (bis)
Y avait un cantonnier (bis)
Et qui cassait (bis)
Des tas d’cailloux (bis)
Et qui cassait des tas d’cailloux
Pour mettre sur l’passage des roues.
Un’ belle dam’ vint à passer (bis)
Dans un beau carrosse doré (bis)
Et qui lui dit (bis)
« Pauv’ cantonnier » (bis)
Et qui lui dit « pauv’ cantonnier
Tu fais un foutu métier »
Le cantonnier lui réponds (bis)
« Faut qu’ j’ nourrissions nos garçons (bis)
Car si j’ roulions (bis)
Carrosse comme vous (bis)
Car si j’ roulions carrosse comme vous
Je n’ casserions point d’ cailloux »!
Cette réponse s’ fait remarquer (bis)
Par sa grande simplicité (bis)
C’est c’ qui prouve que (bis)
Les malheureux (bis)
C’est c’ qui prouve que les malheureux
S’ils le sont c’est malgré eux !
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
Il était une dame tartine,
Dans un beau palais de beurre frais,
La muraille était de praline,
Le parquet était de croquet,
La chambre à coucher,
De crème de lait,
Le lit de biscuits,
Les rideaux d’anis.
Elle épousa monsieur Gimblette
Coiffé d’un beau fromage blanc
Son chapeau était de galette
Son habit était d’vol-au-vent
Culotte en nougat,
Gilet d’chocolat,
Bas de caramel,
Et souliers de miel.
Leur fille, la belle Charlotte,
Avait un nez de massepain,
De superbes dents de compote,
Des oreilles de craquelin.
Je la vois garnir,
Sa robe de plaisirs
Avec un rouleau
De pâte d’abricot.
Le puissant prince Limonade
Bien frisé, vient lui faire sa cour
Ses longs cheveux de marmelade
Ornés de pommes cuites au four
Son royal bandeau
De petits gâteaux
Et de raisins secs
Portait au respect.
On frémit en voyant sa garde
De câpres et de cornichons
Armés de fusils de moutarde
Et de sabre en pelure d’oignons
Sur de drôles de brioches
Charlotte vient s’asseoir,
Les bonbons d’ ses poches
Sortent jusqu’au soir.
Voici que la fée Carabosse,
Jalouse et de mauvaise humeur,
Renversa d´un coup de sa bosse
Le palais sucré du bonheur
Pour le rebâtir,
Donnez à loisir,
Donnez, bons parents,
Du sucre aux enfants.
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette