Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘danse’

L’AVENTURIER (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
L’AVENTURIER

Dans le noeud bleu des veines
que voile une peau tendre
il vit une carte des fleuves ;
combien il désirait
ces courants bleus ! S’y rendre
sans retour désormais !

Au souffle de la bouche
qui effleura son visage
il sut le sel des mers.
Là-bas, une tempête bouge
et, hors des livres des mages,
passe un songe fiévreux.

Les serpents, leurs danses : il sait ;
le venin vint d’une lèvre
quand chantonna la flûte.
Abattu, accablé,
dans le demi-jour lunaire
il rentrait par la suite.

Et combien de ses rêves
dans un sein se sont éteints ;
les rires lui étaient pleurs,
les larmes, elles, étaient gaies.
Le doigt tremblait, discret,
contre le tambourin.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Au point repos du monde qui tourne (Thomas Stearns Eliot)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023




    
Au point repos du monde qui tourne,
ni chair, ni privation de la chair,
ni venant de, ni allant vers…

Un point repos, là est la danse,
mais ni arrêt, ni mouvement,
ne l’appelez pas fixité,
passé et futur s’y marient.
Non pas mouvement de ou vers.
Non pas ascension ou déclin.
N’était le point, le point repos,
là, où il n’y aurait nulle danse,
là, il n’y a que danse.

(Thomas Stearns Eliot)

 

Recueil: 52 poèmes d’Occident pour apprendre à s’émerveiller
Editions: Pocket

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

S’il y avait un visage lui ressemblant (Rakugo)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2023




    
S’il y avait un visage lui ressemblant,
j’entrerais
dans la danse

(Rakugo)

 

Recueil: Mon année de Printemps
Traduction: Brigitte Allioux
Editions: Picquier Poche

Posted in haïku, poésie | Tagué: , , , , | Leave a Comment »

Danse du ciel à la mi-février (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2022




    
Danse du ciel à la mi-février

Danse vers moi, je t’en prie, comme
si tu étais une étoile
avec des années-lumière empilées
sur tes cheveux,
en souriant,

et je danserai vers toi
comme si j’étais l’obscurité
avec des chauves-souris empilées comme un chapeau
sur ma tête.

***

A Mid-February Sky Dance

Dance toward me, please, as
if you were a star
with light-years piled
on top of your hair,
smiling,

and I will dance toward you
as if I were darkness
with bats piled like a hat
on top of my head.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Août (Varlam Chalamov)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2022



Varlam Chalamov
    
Août

Soir. Le jardin noir éclaire
Les pommes fondantes.
Comme des boucles d’oreilles
Elles pendent aux branches.

C’est l’instant de la danse
Impétueuse des feuilles,
Des rafales de vent,
Du pourpre et de l’or des cieux,
Des lacs et des herbes.

Les oiseaux tracent avec inquiétude
Au-dessus de leur nid cercle après cercle,
Et tantôt ils reviennent,
Tantôt s’éloignent vers le sud.

Lentement les nuits s’obscurcissent.
C’est toujours la touffeur.
L’été ne veut pas attendre plus,
Mais l’automne n’est pas venu.

(Varlam Chalamov)

 

Recueil: Cahiers de La Kolyma
Traduction: du russe par Christian Mouze
Editions: Maurice Nadeau

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Comme un cri (Claude Haller)

Posted by arbrealettres sur 31 octobre 2022



Illustration: Edvard Munch
    
Comme un cri

Il a cru
tout au long de son enfance
que la terre
en son innocence
était
chant d’oiseau
danse de libellule
murmure de rivière
parfum de prairie

Et puis
le chant
la danse
le murmure
le parfum
se sont évanouis

Alors soudain
le monde fut comme un cri
un immense cri dans la nuit
et il en sera ainsi
tant qu’on n’aura pas ressuscité

L’oiseau et son chant
La libellule et sa danse
La rivière et son murmure
La prairie et son parfum

(Claude Haller)

Recueil: La révolte des poètes
Traduction:
Editions: Livre de poche Jeunesse

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Où s’arrête réellement (Cyril Dion)

Posted by arbrealettres sur 24 octobre 2022



Illustration: Maria Amaral
    
Où s’arrête réellement
ce que nous appelons « nous-mêmes »
et où commence
ce que nous appelons « autre » ?

La danse des atomes et des particules
n’établit pas ce type de limites.
Quelle certitude alors
nous permet d’affirmer que nous ne sommes
pas arbre ?
Pas fleur.
Pas chien.

Quel élément fédérateur
nous donne ce sentiment d’unité autonome
et quelle est cette frontière
qui prétend nous circonscrire ?

(Cyril Dion)

Recueil: À l’orée du danger
Traduction:
Editions: Acte Sud

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Danaë (Michel Deguy)

Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2022



klimt-danae

le ciel comme un enfant monte en haut des arbres
l’eau devenue senteur
traverse
les fleurs de Rome s’appellent Danaë dans le lit
le bruit de Rome dans les cimes
oscillantes
ivres insectes tonnelles des cris
et le soleil mis en sacs légers ici
et là
la peau s’irrite
beauté d’arbre comme un cheval musclé sur la mare
plus loin l’école de danse des jeunes pommiers

(Michel Deguy)

Illustration: Gustav klimt

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , | Leave a Comment »

La boule de feu (Paul Nougé)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2022



La boule de feu tourne en silence
un vif oiseau vit au milieu
une femme ailée, un air de danse.

(Paul Nougé)

Illustration

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

C’EST AINSI QU’ON ÉCOUTE (Marina Tsvétaïéva)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2022




    
C’EST AINSI QU’ON ÉCOUTE

Que peuvent faire le bâtard et l’aveugle
Dans un monde où chacun
A son père et des yeux ? Où passions
Et jurons traînent sur tous les remblais,
Où les larmes s’appellent rhumes de cerveau ?

Qu’ai-je à faire moi, chanteuse de métier,
Sur un fil, glace, soleil, Sibérie !
Obsessions, danses et chants sur les ponts
Moi légère, dans ce monde
de poids et de comptes ?

Qu’ai-je à faire moi — chanteur et premier-né,
Dans ce monde où l’on met les rêves en conserves,
Où le plus noir est gris… Un monde de mesure
Avec mon être — tout de démesure !

C’est ainsi qu’on écoute (l’embouchure
écoute la source).
C’est ainsi qu’on sent la fleur :
profondément — à en perdre le sens !

C’est ainsi que dans l’air, qui est bleu,
la soif est sans fond.
C’est ainsi que les enfants dans le bleu des draps
regardent dans la mémoire ;

C’est ainsi que ressent dans le sang
l’adolescent — jusqu’alors un lotus…
C’est ainsi qu’on aime l’amour :
on tombe dans le précipice.

(Marina Tsvétaïéva)

 

Recueil: Insomnie et autres poèmes
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »