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Poésie

Posts Tagged ‘débâcle’

Le jardinier des origines (Charles Dobzynski)

Posted by arbrealettres sur 8 août 2022


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– Sois le soutien de famille
des strates
le jardinier des origines
peut-être le seul gué
dans la débâcle
des rencontres et des quanta.

(Charles Dobzynski)

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RYTHMES (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2020




    
RYTHMES

Tout débuta
Dans l’arythmie
Le chaos

Des vents erratiques
S’emparaient de l’univers
L’intempérie régna

L’indéchiffrable détonation
Fut notre prologue

Tout fut
Débâcle et dispersion
Turbulences et gaspillage
Avant que le rythme
Ne prenne possession
De l’espace

Suivirent de vastes accords
D’indéfectibles liaisons
Des notes s’arrimèrent
Au tissu du rien
Des courroies invisibles
Liaient astres et planètes

Du fond des eaux
Surgissaient
Les remous de la vie

Dans la pavane
Des univers
Se prenant pour le noyau
La Vie
Se rythma
Se nuança

De leitmotiv
En parade
De reprise
En plain-chant

La Vie devint ritournelle
Fugue Impromptu
Refrain
Se fit dissonance
Mélodie Brisure
Se fit battement
Cadence Mesure

Et se mira
Dans le destin

Impie et sacrilège
L’oiseau s’affranchissait
Des liens de la terre

Libre d’allégeance
Il s’éleva
Au-dessus des créatures
Assujetties aux sols
Et à leurs tyrannies

S’unissant
Aux jeux fondateurs
Des nuages et du vent
L’oiseau s’allia à l’espace
S’accoupla à l’étendue
S’emboîta dans la distance
Se relia à l’immensité
Se noua à l’infini

Tandis que lié au temps
Et aux choses
Enfanté sur un sol
Aux racines multiples
L’homme naquit tributaire
D’un passé indélébile

Le lieu prit possession
De sa chair
De son souffle
Les stigmates de l’histoire
Tatouèrent sa mémoire
Et sa peau

Venu on ne sait d’où
Traversant les millénaires
L’homme se trouva captif
Des vestiges d’un monde
Aux masques étranges
Et menaçants

Il s’en arrachait parfois
Grâce aux sons et aux mots
Aux gestes et à l’image
À leurs pistes éloquentes
À leur sens continu

Pour mieux tenir debout
L’homme inventa la fable
Se vêtit de légendes
Peupla le ciel d’idoles
Multiplia ses panthéons
Cumula ses utopies

Se voulant éternel
Il fixa son oreille
Sur la coquille du monde
À l’écoute
D’une voix souterraine
Qui l’escorte le guide
Et l’agrandit

Alors
De nuits en nuits
Et d’aubes en aubes
Tantôt le jour s’éclaire
Tantôt le jour moisit

Faiseur d’images
Le souffle veille

De pesanteur
Le corps fléchit

Toute vie
Amorça
Le mystère
Tout mystère
Se voila
De ténèbres
Toute ténèbre
Se chargea
D’espérance
Toute espérance
Fut soumise
À la Vie

L’esprit cheminait
Sans se tarir
Le corps s’incarnait
Pour mûrir
L’esprit se libérait
Sans périr
Le corps se décharnait
Pour mourir

Parfois l’existence ravivait
L’aiguillon du désir
Ou bien l’enfouissait
Au creux des eaux stagnantes

Parfois elle rameutait
L’essor
D’autres fois elle piétinait
L’élan

Souvent l’existence patrouillait
Sur les chemins du vide
Ou bien se rachetait
Par l’embrasement du coeur

Face au rude
Mais salutaire
Affrontement
De la mort unanime
L’homme sacra
Son séjour éphémère
Pour y planter
Le blé d’avenir.

(Andrée Chedid)

 

Recueil: Rythmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’ORGUE (Gilles Vigneault)

Posted by arbrealettres sur 27 octobre 2018



 

orgues

L’ORGUE

Cet instrument
Naît, a lieu et prend place
Sur un lac assez grand
Juste avant les jours où la glace
Se fait débâcle
Et dérive de fond
Percée par le ciseau subtil
Du dernier vent de mars
Un matin,
Voici que mille bouches
Se mettront à chanter.
On les prendra pour une volée d’outardes
Non. C’est trop tôt.
De l’air en cage
Entre la glace et l’eau
Sortira du gosier de l’hiver qui s’attarde
Et cela dit des chants d’été…

Vous y verrez
Algues, poissons, bateaux, voilures,
Mêlés aux mots de la froidure
Avertissement :
L’orgue ne joue qu’une fois l’an.
Emmener les enfants.

(Gilles Vigneault)

Illustration

 

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Dans le ciel du néant avec presque rien (Katerina Anghelàki-Rooke)

Posted by arbrealettres sur 5 août 2018



Dans le ciel du néant avec presque rien

Par le trou de la serrure je guette la vie
je l’espionne pour comprendre
pourquoi c’est toujours elle qui gagne
tandis que nous perdons tous.
Pourquoi toutes les valeurs naissent et s’imposent
à ce qui pourrit d’abord :
le corps.
Je meurs en esprit sans trace de maladie
je vis sans nul besoin d’encouragement
je respire que je sois près ou loin
de ce qu’on touche
de chaud, qui embrase…
Je me demande quels autres arrangements
la vie va inventer
entre la débâcle d’une disparition définitive
et le miracle de l’immortalité chaque jour.
Je dois ma sagesse à la peur :
je jette
pétales, soupirs, nuances.
L’air, la terre, les racines je les garde –
je veux lâcher le superflu
pour entrer dans le ciel du néant
avec presque rien.

(Katerina Anghelàki-Rooke)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

 

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Je crois au Soleil (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 11 décembre 2017




    
Je crois au Soleil du Testament,
Je vois les lueurs lointaines.
J’attends que l’universelle lumière
Monte de la terre printanière.

Tout ce qui respire le mensonge
Se détourne, en tremblant d’effroi.
Devant moi — vers les routes en débâcle
S’enfuit un sillon doré.

Je m’en vais, traversant
Des lys la forêt interdite.
Et les ailes des anges bruissent
Dans le ciel au-dessus de moi.

D’une lumière inconnaissable
A jailli le tremblé.
Je crois au Soleil du Testament,
Ce sont Tes yeux que je vois.

(Alexandre Blok)

 

Recueil: Le Monde terrible
Traduction:Pierre Léon
Editions: Gallimard

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Il ne nous reste guère plus de temps (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 11 décembre 2017




    
Il ne nous reste guère plus de temps
Pour admirer les festins d’ici-bas :
Bientôt, les énigmes se dévoileront,
Et resplendiront des mondes lointains.

Nous vivons dans une cellule antique,
À l’orée des crues.
Au printemps la joie bouillonne,
Et le fleuve chante.

Mais, présage de la joie,
Au printemps d’orages,
Par la porte de la cellule
L’azur clair se glisse.

Et pleins du frisson sacré
Des années d’attente,
Nous irons par les routes en débâcle,
Vers l’indicible lumière.

(Alexandre Blok)

 

Recueil: Le Monde terrible
Traduction:Pierre Léon
Editions: Gallimard

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Assise chez moi (Lorine Niedecker)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2017



 

glace

Assise chez moi
à l’abri,
j’observe la débâcle de l’hiver
à travers la vitre.
Des pains de glace
glissent à vau-l’eau
cygnes sauvages
d’aujourd’hui.

(Lorine Niedecker)

Illustration

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Il faut refermer la cendre (Dominique Sampiero)

Posted by arbrealettres sur 29 juin 2016




il faut refermer la cendre
réduire la griffe jusqu’à la fleur l’instant

les mains clouent leurs brasiers
flambeaux fortifiés d’un temps ébloui

une débâcle du signe lève d’étoile
en étoile: on s’endort pour voir

un peu d’éternité mourir et sursauter
au réveil découvrir que l’on revient

de nulle part

(Dominique Sampiero)

 

 

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