Posts Tagged ‘débat’
Posted by arbrealettres sur 20 avril 2019

Illustration: Abanindranath Tagore
OBSCURCISSEMENT
Une sombre appréhension servant de linceul
Enveloppe le monde,
En son centre demeure par-delà l’appréhension
Une ferme conviction.
Au milieu d’un orage de mots et la poussière de débats
L’ intelligence aveuglée tâtonne désespérément,
La conviction reste inébranlable, au fond,
Sans une ombre de peur.
Des centaines d’épreuves sur le chemin de la vie
Errent en un tourbillon,
Tandis qu’au centre règne la paix imperturbable
Sous l’ombre d’un arbre immortel.
Des flèches empoisonnées fusent sans relâche
La censure, la perte, la mort et la séparation
Éternelle, la Joie reste calme dans sa transe :
Elle ne connaît nulle destruction.
(Rabindranath Tagore)
Recueil: Tantôt dièse tantôt bémol
Traduction: Prithwindra Mukherjee
Editions: La Différence
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Rabindranath Tagore), appréhension, arbre, aveuglé, épreuve, éternel, calme, censure, centre, chemin, connaître, conviction, débat, désespérément, demeurer, destruction, empoisonné, envelopper, errer, fermé, flèche, fond, fuser, immortel, imperturbable, inébranlable, intelligence, joie, linceul, monde, mort, mot, obscurcissement, ombre, orage, paix, par-delà, perte, peur, poussière, règner, séparation, sombre, tâtonner, tourbillon, transe, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2019

Les objets sont nos voisins,
sans rêve, seulement là et proches,
posés très lourds
sur un lit de silence.
Mais le temps est en eux, il mûrit,
va son chemin comme en nous,
sans limite perceptible, il creuse,
sans poids, dans d’invisibles lointains.
En débat avec la nuit, plus
nocturne que toute nuit, il dépose
en eux sa parole de sable
Tandis que, sans mémoire, sans voix, ses marteaux
frappent de grands coups de silence
en nous et contre nous.
(Lionel Ray)
Recueil: Syllabes de sable Poèmes
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Lionel Ray), chemin, contre, coup, creuser, débat, déposer, frapper, invisible, limite, lit, lointain, lourd, marteau, mémoire, mûrir, nocturne, nuit, objet, parole, perceptible, poids, poser, proche, rêve, sable, silence, temps, voisin, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2017

Illustration
Exil
III
« … Toujours il y eut cette clameur,
toujours il y eut cette splendeur,
« Et comme un haut fait d’armes en marche par le monde,
comme un dénombrement de peuples en exode,
comme une fondation d’empires par tumulte prétorien, ha !
comme un gonflement de lèvres sur la naissance des grands Livres,
« Cette grande chose sourde par le monde
et qui s’accroît soudain comme une ébriété.
« … Toujours il y eut cette clameur,
toujours il y eut cette grandeur,
« Cette chose errante par le monde,
cette haute transe par le monde,
et sur toutes grèves de ce monde,
du même souffle proférée, la même vague proférant
« Une seule et longue phrase sans césure à jamais inintelligible…
« … Toujours il y eut cette clameur,
toujours il y eut cette fureur
« Et ce très haut ressac au comble de l’accès,
toujours, au faîte du désir,
la même mouette sur son aile, la même mouette sur son aire,
à tire-d’aile ralliant les stances de l’exil,
et sur toutes grèves de ce monde, du même souffle proférée,
la même plainte sans mesure
« A la poursuite, sur les sables, de mon âme numide… »
Je vous connais, ô monstre ! Nous voici de nouveau face à face.
Nous reprenons ce long débat où nous l’avions laissé.
Et vous pouvez pousser vos arguments comme des mufles bas sur l’eau :
je ne vous laisserai point de pause ni répit.
Sur trop de grèves visitées furent mes pas lavés avant le jour,
sur trop de couches désertées fut mon âme livrée au cancer du silence.
Que voulez-vous encore de moi, ô souffle originel ?
Et vous, que pensez-vous encore tirer de ma lèvre vivante,
Ô force errante sur mon seuil,
ô Mendiante dans nos voies et sur les traces du Prodigue ?
Le vent nous conte sa vieillesse, le vent nous conte sa jeunesse…
Honore, ô Prince, ton exil !
Et soudain tout m’est force et présence, où fume encore le thème du néant.
« … Plus haute, chaque nuit, cette clameur muette sur mon seuil,
plus haute, chaque nuit, cette levée de siècles sous l’écaille,
« Et, sur toutes grèves de ce monde, un ïambe plus farouche à nourrir de mon être !…
« Tant de hauteur n’épuisera la rive accore de ton seuil,
ô Saisisseur de glaives à l’aurore,
« Ô Manieur d’aigles par leurs angles,
et Nourrisseur des filles les plus aigres sous la plume de fer !
« Toute chose à naître s’horripile à l’orient du monde,
toute chair naissante exulte aux premiers feux du jour !
« Et voici qu’il s’élève une rumeur plus vaste par le monde, comme une insurrection de l’âme…
« Tu ne te tairas point clameur !
que je n’aie dépouillé sur les sables toute allégeance humaine.
( Qui sait encore le lieu de ma naissance ? ) »
(Saint-John Perse)
Recueil: Apologie du poète
Editions: Fata Morgana
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Saint-John Perse), allégeance, argument, aurore, âme, ébriété, épuiser, cancer, césure, chair, clameur, comblé, conter, couché, débat, déserte, désir, empire, en marche, errant, exode, exulter, faîte, face-à-face, feu, fille, force, glaive, grève, humain, inintelligible, insurrection, jeunesse, jour, lèvres, lieu, livre, livrer, mendiant, mouette, muet, mufle, naissance, originel, pause, peuple, phrase, plainte, poursuite, présence, prodigue, proférer, répit, ressac, sable, seuil, silence, souffle, sourdre, splendeur, taire, trace, transe, tumulte, vague, voie | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 juin 2017

Vis sans efforts et sans débats,
Garde tes torts, reste toi-même,
Qu’importent tes défauts ? Je t’aime
Comme si tu n’existais pas,
Car l’émanation secrète
Qui fait ton monde autour de toi
Ne dépend pas de tes tempêtes,
De ton cœur vif, ton cœur étroit,
C’est un climat qui t’environne,
Intact et pur, et dans lequel
Tu t’emportes, sans que frissonne
Ton espace immatériel :
L’anxieux frelon qui bourdonne
Ne peut pas altérer son ciel…
(Anna de Noailles)
Illustration: Bec Winnel
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Posted in poésie | Tagué: (Anna de Noailles), aimer, altérer, anxieux, émanation, bourdonner, ciel, climat, coeur, débat, défaut, effort, espace, exister, frelon, frissonner, intact, pur, secrète, tempête, tort, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 juin 2017

Vis sans efforts et sans débats,
Garde tes torts, reste toi-même,
Qu’importent tes défauts ? Je t’aime
Comme si tu n’existais pas,
Car l’émanation secrète
Qui fait ton monde autour de toi
Ne dépend pas de tes tempêtes,
De ton cœur vif, ton cœur étroit,
C’est un climat qui t’environne,
Intact et pur, et dans lequel
Tu t’emportes, sans que frissonne
Ton espace immatériel :
L’anxieux frelon qui bourdonne
Ne peut pas altérer son ciel…
*****
Puisque je ne puis pas savoir
Ce que tu penses, je t’écoute;
Ta voix en vain peut se mouvoir,
Je poursuis mon songe et mon doute.
Tu m’étonnes en étant toi,
En ayant ton élan, ta vie;
Je me sens toujours desservie
Par ce que tu prétends ou crois.
Mais quelquefois, dans le silence,
Je sens, comme une calme chance,
Se révéler notre unité,
Et j’entends les mots que tu penses
Et que je n’ai pas écoutés…
(Anna de Noailles)
Découvert chez Lara ici
Illustration: Alan Ayers
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Posted in poésie | Tagué: (Anna de Noailles)silence, aimer, altérer, anxieux, écoutés, écouter, émanation, calme, chance, ciel, climat, coeur, débat, défaut, dépendre, doute, effort, entendre, espace, exister, frelon, frissonner, poursuivre, révéler, savoir, secrète, songe, tempête, tort, vif, vivre | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 23 mai 2017

Jetant mes notes et brouillons
je mets du temps à la poubelle.
Évocations en strates :
telle année fut écrit tel livre
je parlais
en telle ville
à des inconnus, d’un sujet oublié depuis.
Des heures, des jours de moi ont perdu tout à fait leur trace
je suis habitée
par une route à grande vitesse, à sens unique,
au terminus inconnu mais certain.
Me voici maintenant, vieil animal qui flaire l’horizon
s’interrogeant sur la nécessité de durer encore
mais toi présent, je n’ai plus débat avec la mémoire
ton corps a la même odeur qu’il y a cinquante ans
ce morceau-là du temps n’est pas jetable.
Ah, que la route aille
en avant encore,
encore un peu
en avant!
(Marie-Claire Bancquart)
Recueil: Terre Energumène
Editions: Le Castor Astral
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Marie-Claire Bancquart), aller, animal, écrit, évocation, brouillon, certain, corps, débat, durer, en avant, encore, flairer, habité, horizon, inconnu, jetable, jeter, livre, mémoire, nécessité, note, odeur, oublié, parler, poubelle, route, s'interroger, sens unique, strate, temps, terminus, trace, vieil, ville | Leave a Comment »