Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘débauche’

Alanguie (Florence Foucart)

Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2020



Tu t’étales
Alanguie
Sur ton lit d’herbes folles
Doux pétales
En guirlande
Fragiles sépales
En offrande
Du vertueux nectar
Enfoui
Au creux confidentiel
De l’intime calice
Ardent frisson
Délicate explosion
Du virginal bouton
Ebauche de débauche

(Florence Foucart)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

FÊTES DE VILLAGE EN PLEIN AIR (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2018



 

Carl Larsson  -« Petit déjeuner dans le parc » [1280x768]

FÊTES DE VILLAGE EN PLEIN AIR

Le bal champêtre est sous la tente.
On prend en vain des airs moqueurs ;
Toute une musique flottante
Passe des oreilles aux coeurs.

On entre, on fait cette débauche
De voir danser en plein midi
Près d’une Madelon point gauche
Un Gros-Pierre point engourdi.

On regarde les marrons frire ;
La bière mousse, et les plateaux
Offrent aux dents pleines de rire
Des mosaïques de gâteaux.

Le soir on va dîner sur l’herbe ;
On est gai, content, berger, roi,
Et, sans savoir comment, superbe,
Et tendre, sans savoir pourquoi.

Feuilles vertes et nappes blanches ;
Le couchant met le bois en feu ;
La joie ouvre ses ailes franches :
Comme le ciel immense est bleu!

(Victor Hugo)

Illustration: Carl Larsson 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Tranquille comme un sage et doux comme un maudit (Charles Baudelaire)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018




Tranquille comme un sage et doux comme un maudit,
…j’ai dit:
Je t’aime, ô ma très belle, ô ma charmante…
Que de fois…
Tes débauches sans soif et tes amours sans âme,
Ton goût de l’infini
Qui partout, dans le mal lui-même, se proclame,

Tes bombes, tes poignards, tes victoires, tes fêtes,
Tes faubourgs mélancoliques,
Tes hôtels garnis,
Tes jardins pleins de soupirs et d’intrigues,
Tes temples vomissant la prière en musique,
Tes désespoirs d’enfant, tes jeux de vieille folle,
Tes découragements;

Et tes jeux d’artifice, éruptions de joie,
Qui font rire le Ciel, muet et ténébreux.

Ton vice vénérable étalé dans la soie,
Et ta vertu risible, au regard malheureux,
Douce, s’extasiant au luxe qu’il déploie…

Tes principes sauvés et tes lois conspuées,
Tes monuments hautains où s’accrochent les brumes.
Tes dômes de métal qu’enflamme le soleil,
Tes reines de théâtre aux voix enchanteresses,
Tes tocsins, tes canons, orchestre assourdissant,
Tes magiques pavés dressés en forteresses,

Tes petits orateurs, aux enflures baroques,
Prêchant l’amour, et puis tes égouts pleins de sang,
S’engouffrant dans l’Enfer comme des Orénoques,
Tes anges, tes bouffons neufs aux vieilles défroques
Anges revêtus d’or, de pourpre et d’hyacinthe,
Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir
Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.

Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,

Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.

(Charles Baudelaire)

Illustration: Eugène de Blaas

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 4 Comments »

Sourire (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 22 décembre 2017



Sourire

La blessure interne est le reflet du mal
Et le miroir révèle le masque d’un vrai visage
Tandis que l’intérieur du corps réfléchit
En les déformant les instincts les plus vils
Et que le lac renvoie le ciel à sa propre image

Sur la courbe de ta bouche
Le sourire prend sa source
Ton regard vogue sur la mer
Avant d’y faire naufrage
Tandis que le soleil jaloux
Se cache dans la vague
Vierge encore de nos désirs

Ton sourire sur ta bouche
S’estompe dans l’écume
Ton œil larmoyant
D’embruns se pose
Sur les bornes de l’horizon
Et ta voix minérale
S’élève dans la rougeur du soir

Des plaies de la nuit
Coule le pus du jour
Et une ombre plus sombre
Éclipse ton sourire
Ton corps d’ange déchu
Débauche tout le rivage
La dune emprunte la forme de ton sein
Et le bois devient plus touffu
Pour cacher ta nudité.

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration: Anders Zorn

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

NUDITÉ (Jacques Basse)

Posted by arbrealettres sur 29 juillet 2017



Illustration: Emmanuelle Not
    
NUDITÉ

l’univers de la nudité
serait-il un blasphème
et pourquoi cette gêne

serait-il malsain
qu’un sein
dénudé à dessein
soit débauche

l’ébauche d’un sein
que révèle le dessin
dans le marbre est beauté

le marbre lui-même
n’est-il pas cette nudité

le temps et l’espace
aussi dans leur entité

c’est le grand émoi
nu
je suis à ses côtés
à mes côtés

elle est à une voyelle près
dans le même état que moi

(Jacques Basse)

 

Recueil: Le temps des Résonances
Editions: Rafaël de Surtis

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Désir (Renée Vivien)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2017



Désir

Elle est lasse, après tant d’épuisantes luxures,
Le parfum émané de ses membres meurtris
Est plein de souvenirs des lentes meurtrissures.
La débauche a creusé ses yeux bleus assombris.

Et la fièvre des nuits avidement rêvées
Rend plus pâles encor ses pâles cheveux blonds.
Ses attitudes ont des langueurs énervées.
Mais voici que l’Amante aux cruels ongles longs

Soudain la ressaisit, et l’étreint, et l’embrasse
D’une ardeur si sauvage et si douce à la fois,
Que le beau corps brisé s’offre, en demandant grâce.
Dans un râle d’amour, de désirs et d’effrois.

Et le sanglot qui monte avec monotonie,
S’exaspérant enfin de trop de volupté,
Hurle comme l’on hurle aux moments d’agonie,
Sans espoir d’attendrir l’immense surdité.

Puis, l’atroce silence, et l’horreur qu’il apporte,
Le brusque étouffement de la plaintive voix,
Et sur le cou, pareil à quelque tige morte,
Blêmit la marque verte et Sinistre des doigts.

(Renée Vivien)

Illustration: Pascal Renoux

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’AMOUR MALSAIN (Jean Richepin)

Posted by arbrealettres sur 2 février 2017



amour-p61-800x600

L’AMOUR MALSAIN

Non, nous ne savons plus aimer comme nos pères.
Ils aimaient en lapins. Nous aimons en vipères.
Ils avaient l’amour calme et faisaient des enfants.
Nous, nos plaisirs fiévreux ont des nœuds étouffants.

Notre bonheur n’est point le fade cataplasme ;
C’est le vésicatoire aigu qui donne un spasme.
Vous voulons ce qui tord, nous voulons ce qui mord.
Et nous fouillons la vie en désirant la mort.

La femme de nos vœux est courtisane et sainte,
Un mélange infernal d’eau bénite et d’absinthe.
Nous cherchons le poison subtil et l’art nouveau
Qui nous crispent les sens, les nerfs et le cerveau.

Nous sommes dégoûtés de l’épouse placide
Dont le baiser n’est pas rongeant comme un acide.
Vos amours, ô bourgeois, sont des fromages mous :
Le nôtre, un océan d’alcool plein de remous.

Dans ce malstrom vorace et noir voguons sans trêve
Vers le ciel fantastique où fleurit notre rêve !
Tout le vieux monde, ainsi qu’une vieille liqueur
Rance au fond d’un flacon, nous fait lever le cœur.

Notre espoir, dédaigneux des paradis antiques,
Est en route pour des pays transatlantiques.
Là-bas, c’est le sol neuf, étrange, absurde, fou !
Nous voulons le trouver, nous ne savons pas où.

Mais nous fuyons l’amour ancien comme une geôle,
Et notre âpre débauche a l’inconnu pour pôle.

(Jean Richepin)

 Illustration

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Un azur des clameurs (Louis Calaferte)

Posted by arbrealettres sur 28 avril 2016



Un azur des clameurs le mirage des roses
Des plaines sous les blés des jardins débauchés
Le tumulte arrogant de mille apothéoses
En fleurs ces arcs-en-ciel ces feux empanaches

POSSESSIONS

(Louis Calaferte)

Illustration

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :