Maman, l’hiver, m’en donnait un petit morceau pour la gorge, quand je partais à l’école.
L’instituteur m’apprit un jour qu’on ne dit pas le sucre candide mais le sucre candi.
Quelle déception ! Le lendemain je doutais du Père Noël et un peu plus tard, je réfléchis à l’existence de Dieu …
J’entends en moi ouvrir fermer claquer
des portes des bruits de pas dans un escalier
parler à voix basse dans un corridor
quelqu’un tousse puis étouffe sa toux
quelqu’un vient hésite s’arrête
fait demi-tour un long silence
On entend seulement une tuyauterie se plaindre
Puis de nouveau des pas On approche
Il y a quelqu’un derrière la porte
Quelqu’un retient son souffle puis respire à nouveau
J’entends de l’autre côté craquer le plancher
On frappe enfin Deux coups très nets
Je vais ouvrir Ce n’est que moi
Une fois encore quitte pour la peur
ou la déception J’attendais donc quelqu’un
que je n’attendais pas ?
(Claude Roy)
Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse
Lorsque Lucie s’amuse
A me parler tout bas
J’ai la mine confuse
Et rougis malgré moi
Ell’ me dit tu es bête
Car ell’ ne comprend pas
Ce qu’il y a dans ma tête
Que mes pensées s’arrêtent
Lorsque Lucie me frôle
J’ai le coeur en émoi
Et ça me fait tout drôle
Je ne sais pas pourquoi
Je ne vois plus personne
Il n’y a qu’elle et moi
Mais elle m’impressionne
Et souvent je frissonne
Lorsque Lucie m’ignore
Je ne sais où aller
Le chagrin me dévore
J’ai envie de pleurer
Mes idées se mélangent
Elle rit sans arrêt
Moi pour donner le change
Je dis des choses étranges
Lorsque Lucie me quitte
Je reste dans mon coin
Ma vie part à sa suite
L’accompagne de loin
Mes amis ça les choque
Ils ne comprennent rien
Ils ne sont plus d’époque
Et bêtement se moquent
Parc’ que j’aime une môme
Qui n’a que dix-huit ans
Parc’ que je suis un homme
Et qu’elle n’est qu’un enfant
Ma déception est vive
Car ils ne savent pas
Que lorsque Lucie arrive
L’amour entre chez moi
Ô et la nuit, la nuit,
quand le vent tout chargé de l’espace du monde
nous dévore la face –
elle la désirée,
à qui ne s’attacherait-elle pas
avec sa douce déception, elle qui se dresse, ardue,
devant le coeur solitaire?
Est-elle plus aisée aux amants?
Hélas, ils de cachent seulement l’un à l’autre leur sort.
Cela, l’ignores-tu donc encore?
Rejette de tes bras le vide
vers les espaces que nous respirons;
au point que les oiseaux
peut-être
en sentent l’air élargi,
dans un vol plus fervent.
***
O und die Nacht, die Nacht, wenn der Wind voller Weltraum
uns am Angesicht zehrt –, wem bliebe sie nicht, dei ersehnte,
sanft enttäuschende, welche dem einzelnen Herzen
mühsam bevorsteht. Ist sie den Liebanden leichter ?
Ach, sie verdecken sich nur mit einander ihr Los.
Weißt du’s noch nicht ? Wirf aus den Armen die Leere
zu den Raümen hinzu, die wir atmen ; vielleicht daß die Vögel
die erweiterte Luft fühlen mit innigerm Flug.
La plus belle lecture vaut-elle la plus tremblotante de nos illuminations ?
Nous écrivons parce que nous ne savons pas comprendre.
Nous exigeons du monde ses éclairs.
Il se révèle lui-même, car c’est encore de lui que provient la lumière qui le traverse,
par où il se donne en spectacle.
Il ne cesse de recommencer à naître pour nous ;
il se reforme sous nos yeux, célébrant la liturgie de ses épiphanies pour quelques fidèles.
Moments où paraît ce qu’il veut dire :
il n’y a qu’à lire et l’éclair entoptique aveugle encore notre mémoire refermée.
Profonde rêverie.
Peut-être alors le juste récit est-il celui qui ne prétend pas nous livrer une peinture sincère,
mais qui prend son parti plutôt, de connivence même avec l’inévitable déception du lecteur,
de l’insuffisance de l’œuvre à combler un autre, et regagne ainsi notre attention.
1. Ma chérie ma chérie ma Youki
2. Je n’aime et n’aimerai que toi
3.Et tu m’aimeras je t’appelle Youki
4.Reviens ma chérie
5.Les heures coulent à t’attendre
6. Je ne pense qu’à toi
7.Souviens-toi de tes paroles d’espoir Youki
8.Ne me prépare pas une déception plus
9.Grande ma chérie
10. Toi et pas d’autre que toi
11. Et pas d’autre que moi
12. N’est-ce pas mon amour