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Poésie

Posts Tagged ‘déchiffrer’

Je voudrais être né de ton ventre (Tomas Segovia)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2023




    
Je voudrais être né de ton ventre
avoir vécu un temps à l’intérieur de toi
depuis que je te connais je me sens plus orphelin

O tendre grotte
rouge éden de chaleur
quelle joie d’avoir été cette cécité

je voudrais que ta chair se souvienne
de m’avoir emprisonné
et que quand tu me regardes
quelque chose se resserre dans ton ventre
et que tu te sentes orgueilleuse au souvenir
de la générosité sans pareille de ta chair
se dénouant pour que je sois libre

pour toi je me suis mis à déchiffrer les signes de cette vie
que de toi je voudrais avoir reçue.

(Tomas Segovia)

Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud

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À l’improviste (Mireille Fargier-Caruso)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2023



    

À l’improviste
des tableaux des images
ce qui se faufile se transmet malgré

nommer
ces glissements
à la croisée des routes

lentement
déchiffrer ces séquences
leur lumière
leur envers

l’ombre portée du monde

écrire dans l’écart
des marges différentes
une langue désordonnée
permet de voir dans la nuit

(Mireille Fargier-Caruso)

Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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SOLEIL DE MES VINGT ANS… (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2023



Illustration: Alexis Leborgne
    
SOLEIL DE MES VINGT ANS…

Soleil de mes vingt ans vous offensez mes ombres
Par vos jeux indiscrets
Car d’un temple inconnu je déchiffre les nombres
Et les calculs secrets.

Du sommeil de l’amour j’avais chanté l’étude.
Son flux et son reflux
Peuplaient et dépeuplaient l’île de solitude
Où je n’habite plus.

Vers un lieu sous-marin environné de pieuvres
Dans mon sommeil parti
Mon regard de noyé observe de mes œuvres
Le navire englouti.

J’avais pour vous rêvé, navire, des voyages
Toutes voiles dehors…
Et voilà maintenant qu’algues et coquillages
Recouvrent vos trésors.

Vitesse enivrez-vous je vous cède la place
Passez votre chemin
Votre orgueilleuse gloire étant que je vous fasse
Un signe de la main.

Passez m’éclaboussant de boue et de lumière.
Je ne le ferai pas.
Je vous laisse à vos buts. Le mien c’est la manière
Dont je pose mes pas.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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Nous cherchons du sublime dans la boue (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 23 janvier 2022




Quand le soleil palpe les fruits
Et caresse la toiture
Quand les abeilles butinent la lumière
Nous déchiffrons des signes

Quand le pavé résonne dans la ville déserte
Esclaves de la pluie
Nous cherchons du sublime dans la boue
Et dans un au-delà du hasard
Nous abordons l’éternel
Sous le regard de glace
De l’étoile la plus froide.

(Jean-Baptiste Besnard)

Illustration

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Cependant que la mort s’arrière (Kamal Ibrahim)

Posted by arbrealettres sur 15 juin 2021



Cependant que la mort s’arrière
Je déchiffre le Drap qui marche un peu
Je démonte sa peau
Je l’aide à voir CE genou de mots

(Kamal Ibrahim)

Illustration

 

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LES SECRÉTAIRES (Czeslaw Milosz)

Posted by arbrealettres sur 28 mars 2021



LES SECRÉTAIRES

je ne suis que le secrétaire d’une chose invisible,
Qui m’est dictée, et à quelques autres avec moi.
Inconnus les uns des autres, nous parcourons la terre,
Sans comprendre grand-chose. On commence à mi-phrase,
On s’arrête aussi sec. L’ensemble un jour constitué
N’est pas notre affaire, aucun de nous ne le déchiffrera.

(Czeslaw Milosz)


Illustration: Didier Platel

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PIERRE OUVERTE (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2020


 


 

Richard Texier 3

(sur une « pierre trouée » de Richard Texier)

PIERRE OUVERTE

je parle de la pierre ouverte
écriture innombrable

chambre d’échos
de la voix de la pensée
à la rumeur du monde

parcours ébloui
traversée des voix
et des signes

je parle de la pierre ouverte
plongée dans le blanc
du temps
happée vers son propre centre
comme un dieu sans visage

je parle de la pierre ouverte
dans la nuit des filons
je parle de sa pensée
qui remonte les fleuves
de sa morsure
d’éternité

je parle de la pierre
où s’écrit
la passion des étoiles
noyau de tendresse
élégance à vif

je parle d’une pierre
qui me dit
laisse-toi guider
par mon chaos
laisse-toi toucher
par l’immensité

je parle de la pierre ouverte
qui met le cap
au seul vertige
je parle de la pierre
qui apprivoise
tous les hasards

dans le déploiement
de sa nuit solide
en son très lent foudroiement
creusant sans fin
son exil intérieur

je parle d’une pierre
qui est depuis toujours
ce qu’elle veut devenir

je parle de cette pierre
où se déchiffre encore
la fournaise des jeunes soleils

je parle
d’une boussole éperdue
qui me dit
il n’y a jamais
de pourquoi
quand la création
commence à chaque seconde

je parle de la pierre ouverte
comme d’une empreinte
imprimée
par le coeur
piège à rosée
séisme alangui

je parle de la pierre ouverte
pour aimanter les comètes
faire ricocher
l’infini

je parle d’une pierre
aux yeux de lune brûlée
égarée
dans le pur frémissement
de ses syllabes nocturnes

je parle d’une pierre
qui me demande
de quel côté le cosmos
est-il posé
de quel côté le vertige
de quel côté la brèche

je parle de la pierre ouverte
qui pense
en eau profonde
qui prie
au fond des mondes

je parle de la pierre ouverte
en chute libre
vers la lumière

(Zéno Bianu)

Illustration: Richard Texier

 

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La minute suivante (Carlos Drummond de Andrade)

Posted by arbrealettres sur 8 mai 2020



La minute suivante

Nudité, dernier voile de l’âme
qui cependant demeure celée.
Le langage fertile du corps
ne la détecte ni la déchiffre.
Mais au-delà de la peau, des muscles,
et des nerfs, et du sang, et des os,
elle esquive l’intime contact,
le mariage floral, l’étreinte
divinisante de la matière
grisée et enivrée pour toujours
par cette sublime conjonction.
Pauvres de nous, mendiants affamés:
Nous ne pressentons que les reliefs
de ce banquet au-delà des nues
si contingentes de notre chair.
C’est pourquoi triste est la volupté
dans la minute suivant l’extase.

(Carlos Drummond de Andrade)


Illustration: Egon Schiele

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Poésie (Jamel Eddine Bencheikh)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2020




Poésie proue jetée vers l’amont de la déraison
j’entends tes flancs s’écorcher à des
rives immobiles
Tu dénoues les ténèbres et leurs mensonges
Tu déchiffres les légendes
qui s’enflamment dans nos os
Tu déracines jusqu’à l’ombre
des ruses plantées dans nos yeux
Tu nous redonnes un corps éblouissant

(Jamel Eddine Bencheikh)

Illustration

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Renaissance (Sri Aurobindo)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2020



Illustration: Nicholas Roerich

    

Renaissance

La félicité divine n’atteint pas si tôt sa plénitude en nous,
tout ne finit pas pour nous en une vie ;
il n’est pas de terme à notre esprit
ni à la joie qu’il recherche.

Nos âmes et le ciel sont d’égale stature
et de naissance immémoriale ;
impérissable semence, moule infini de la Nature,
ils ne furent point façonnés sur terre,

ni à la terre ne lèguent-ils leurs cendres,
mais en eux-mêmes ils perdurent.
Un avenir sans fin affleure sous tes paupières,
enfant d’un passé sans fin.

De vieux souvenirs nous reviennent, de vieux rêves nous submergent,
êtres disparus que nous avons connus,
fictions et portraits ; cadres insaisissables –
ils se détachent, austères et solitaires.

Tous nos espoirs, tous nos rêves, trésors du souvenir,
sont prévisions mal déchiffrées,
mais de quelle vie, de quel lieu? Seul peut le dire
qui mesura les cieux illimités.

Le Temps est une convention tenace ; avenir et présent
vivaient dans le passé ;
ils sont une même image que nos volontés complaisantes
en trois plans ont projetée.

Le passé oublié est en nous immortel,
nos naissances et la fin proche
déjà accomplies. Vers une cime, à bout de souffle,
parfois nos âmes s’élèvent,

d’où notre pensée revient fortifiée ; car en surgit
l’immense océan du Temps
dont la houle infinie s’étend devant nos yeux,
et ses sublimes symphonies ;

et parfois, levant ce voile du mental
l’esprit regarde et voit
les âges disparus dont héritent nos vies
et les siècles à venir :

il voit des royaumes labourés par les vagues refouler l’océan –
là où surgi des troubles profondeurs
se dresse maintenant Himâlaya, il voit la marche formidable
des flots mesurer la moitié du monde ;

ou bien derrière nous, la trame se dénoue
et sur ses fils nous contemplons –
courses anciennes des étoiles, lieux jadis parcourus
dans un temps dont le souvenir s’est effacé.

(Sri Aurobindo)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Français Cristof Alward-Pitoëff
Editions: Sri Aurobindo Ashram Trust

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