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Poésie

Posts Tagged ‘déchiré’

C’est un peu comme ça (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022



Illustration
    
C’est un peu comme ça que j’écris que je vis
un peu comme ça beaucoup comme ça
D’abord un long sommeil une grande absence
avec de loin en loin un éclair
le sursaut d’un éveil

La poésie Nella
ce n’est rien que la vie
et la vie n’est que du sommeil
tourmenté par l’éveil déchiré par l’éveil

(Christian Bobin)

 

Recueil: La Vie Passante
Editions: Fata Morgana

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Un cerf volant déchiré (Patrick Druart)

Posted by arbrealettres sur 12 avril 2021



En haut d’un grand chêne
un cerf volant déchiré
à jamais perdu
ton amour tout comme lui
désormais inaccessible

(Patrick Druart)

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J’habite sans rêver les décombres d’un cri (Luis Mizón)

Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2020



J’habite sans rêver
les décombres d’un cri
qui n’est pas le mien.

Un paysage déchiré
uniquement lu par le vent

la cigale et le grillon.

(Luis Mizón)


Illustration

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Que deviens-tu (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 27 octobre 2019


coquillage

 

Que deviens-tu pourquoi ces cheveux blancs et roses
Pourquoi ce front ces yeux déchirés déchirants
Le grand malentendu des notes de radium
La solitude me poursuit de sa rancune.

(Paul Eluard)

 

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LA LUNE JAUNE (Henri De Régnier)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2019



 

yellow-moon

LA LUNE JAUNE

Ce long jour a fini par une lune jaune
Qui monte mollement entre les peupliers,
Tandis que se répand parmi l’air qu’elle embaume
L’odeur de l’eau qui dort entre les joncs mouillés.

Savions-nous, quand, tous deux, sous le soleil torride
Foulions la terre rouge et le chaume blessant,
Savions-nous, quand nos pieds sur les sables arides
Laissaient leurs pas empreints comme des pas de sang,

Savions-nous, quand l’amour brûlait sa haute flamme
En nos coeurs déchirés d’un tourment sans espoir,
Savions-nous, quand mourait le feu dont nous brûlâmes
Que sa cendre serait si douce à notre soir,

Et que cet âpre jour qui s’achève et qu’embaume
Une odeur d’eau qui songe entre les joncs mouillés
Finirait mollement par cette lune jaune
Qui monte et s’arrondit entre les peupliers?

(Henri De Régnier)

Illustration

 

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SOIR COMPLICE… (François Mauriac)

Posted by arbrealettres sur 25 septembre 2019



Soir complice, soir triste où rôde le péché
— Ta fumée immobile au ras des toits penchés
Est là, comme un désir fiévreux que rien n’apaise.
Je suis l’enfant que trouble une pensée mauvaise
Dans l’éparse douceur d’énervants crépuscules
— Celui que j’ai connu, déchiré de scrupules,
Et qui fermait les yeux et secouait la tête…
Mais il sent mieux hélas! Que ta douceur persiste,
O chaud baiser du soir sur mon âme inquiète!
Et rêvant d’un amour qui le laisserait triste,
Et goûtant la langueur morte du paysage
— Il attend de brûlantes mains sur son visage…

(François Mauriac)

 

 

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L’automne de l’enfance est à jamais perdu (Jean-Claude Pirotte)

Posted by arbrealettres sur 13 février 2019



l’automne de l’enfance
est à jamais perdu
dans un un fouillis d’images
de linges déchirés
et d’arbres foudroyés

les cauchemars nous guident
par des sentes obscures
si nous levons les yeux
la foudre nous aveugle

(Jean-Claude Pirotte)

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Je désire le chant (Hubert Juin)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2018



 

Adrian Borda 26aec63cd4 [1280x768]

Dedans : c’est une armoirie à grands éclats.
C’est un paysage de neige avec neiges et frimas.
C’est une aumônerie, où viennent les sanglots.
Une maladrerie pour les sbires et les dévots.
C’est une aubergerie ouverte aux quatre vents
où viennent dîner les striges et sonner les olifants.

Dedans : c’est un désert que la soif décore.
C’est un amour qui ne sait retrouver son bien.
C’est un chasseur perdant son chien. Un mur
planté en vain.
Dedans, il n’y a rien.

J’écoute, déchiré de vent, le vent qui vient
en la chanson.
Je désire le chant,
je le guette. Je perds mon temps dans le dedans.
Je me défends,

(Hubert Juin)

Illustration: Adrian Borda

 

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CE JOUR TANT ATTENDU (Charles Aznavour)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2018



 

CE JOUR TANT ATTENDU

Ce jour tant attendu
S’était levé pour nous,
Tu étais étendue,
Moi, j’étais comme fou…
Deux coeurs battaient en toi
Au rythme de mon coeur
Et y’avait tant de joie
Dans tes cris de douleur…
Notre amour prenait corps
Par ton corps torturé,
Et rien n’était plus fort
Que l’instant qu’on vivait..
Ce dont nous avions peur
Nous unissait bien plus
Que le plus grand bonheur
Ce jour tant attendu…

Ce jour tant attendu
S’était levé enfin,
J’étais comme perdu,
Mais je ne pouvais rien…
Rien pour toi qui souffrais,
Luttais contre le temps…
Rien pour toi qui criais
Tout en te débattant…
Tes yeux cherchaient mes yeux
Qui regardaient les tiens
Et tes ongles furieux
Se plantaient dans mes mains
Annonçant le bonheur
Pour deux êtres éperdus,
Naissait dans la douleur
Ce jour tant attendu…

Et ton corps déchiré
Soudain s’est apaisé
En mettant au grand jour
Le fruit de notre amour.

(Charles Aznavour)

Illustration: Printemps-Eté-Automne-Hiver

 

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Kaspar (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 30 août 2018



Albrecht Durer - Les rois mages [800x600]

La floraison du bâton

[41]
Personne ne saura jamais comment cela se fit,
mais nous avons le droit de nous demander

si cela n’avait pas un rapport
avec le voeu qu’il avait fait —

eh bien, pas exactement un voeu,
une idée, un souhait, une lubie, peut-être une prémonition,

cette prémonition, nous la connaissons tous,
c’est arrivé auparavant ailleurs,

ou cela arrivera encore — où ? quand ?
car, en posant sa jarre sur le sol de l’étable,

il se souvint du vieil Azar… le vieil Azar
lui avait souvent dit que, au moment des pluies soudaines d’hiver,

après la sécheresse mémorable d’automne,
les arbres avaient été déchirés et tués,

quand le gel brutal était venu ;
mais Azar mourut quand Kaspar était encore jeune,

et si le récit d’Azar faisait référence
à l’année de la production de myrrhe,

distillée dans cette même jarre,
ou à une autre — Kaspar ne s’en souvenait pas ;

mais Kaspar pensait, il y avait toujours deux jarres,
les deux étaient toujours ensemble,

pour quoi n’ai-je apporté les deux ?
ou aurais-je dû choisir l’autre ?

car Kaspar se rappelait le vieil, vieil Azar marmonnant,
autres temps et meilleures manières, et on avait toujours soutenu

qu’une jarre était meilleure que l’autre,
mais il grommelait et secouait la tête,

personne ne savait laquelle était la bonne
maintenant que ton arrière grand-père est mort.

[42]
Ce n’était qu’une pensée,
un jour j’apporterai l’autre,

en posant la jarre
sur le sol de l’étable à boeufs ;

Balthasar avait offert le baume d’aspic,
Melchior les anneaux d’or ;

ils étaient tous deux un peu plus âgés que Kaspar
et il s’était donc tenu un peu à l’écart,

comme si son présent était une idée de dernière minute
et ne pouvait être comparé aux leurs ;

quand Balthasar poussa la porte ou le portail
de l’étable, un berger se trouvait là,

plutôt — une sorte de berger, un homme âgé avec un bâton,
peut-être une sorte de veilleur de nuit ;

comme Balthasar hésitait, il dit, Sire,
je crains qu’il n’y ait pas de place à l’Auberge,

comme pour leur éviter d’entrer plus loin,
en demandant peut-être où faire dormir

leurs bêtes de grande valeur ; mais Balthasar
salua la courtoisie paisible de l’homme

et continua ; et Balthasar entra dans l’étable à boeufs,
et Balthasar toucha son front et sa poitrine,

comme il le faisait aux côtés du Grand-Prêtre
devant la Présence-Sacrée-Manifeste ;

et Balthasar prononça le Grand Mot,
et Balthasar se courba, comme si le poids de cet honneur

le ployait, comme saisi
par sa Grâce écrasante,

et Balthasar fit un pas de côté
et Melchior prit sa place.

Et Melchior fit des gestes avec ses mains
comme pour danser ou jouer,

pour montrer sans parler, son peu de mérite,
pour indiquer que ceci, son présent, était symbolique,

sans valeur en soi (ces lourds anneaux d’or),
et Melchior se courba et baisa la terre, sans voix,

car c’était là le rituel
du deuxième ordre des prêtres.

Et Kaspar se tenait un peu de côté
tel un acolyte insignifiant,

et posa son présent
un peu à l’écart des autres,

pour montrer par déduction
son insignifiance en comparaison ;

et Kaspar, debout,
n’inclina qu’à peine la tête,

comme pour montrer,
par respect pour les autres,

plus âgés, extrêmement honorés,
que sa part dans ce rituel

était presque négligeable,
car les autres s’étaient courbés très bas.

***

No one will know exactly how it came about,
but we are permitted to wonder

if it had possibly something to do
with the vow he had made—

well, it wasn’t exactly a vow,
an idea, a wish, a whim, a premonition perhaps,

that premonition we all know,
this has happened before somewhere else,

or this will happen again—where? when?
for, as he placed his jar on the stable-floor,

he remembered old Azar … old Azar
had often told how, in the time of the sudden winter-rain,

after the memorable autumn-drought,
the trees were mortally torn,

when the sudden frost came;
but Azar died while Kaspar was still a lad,

and whether Azar’s tale referred
to the year of the yield of myrrh,

distilled in this very jar,
or another—Kaspar could not remember;

but Kaspar thought, there were always two jars,
the two were always together,

why didn’t I bring both?
or should I have chosen the other?

for Kaspar remembered old, old Azar muttering,
other days and better ways, and it was always maintained

that one jar was better than the other,
but he grumbled and shook his head,

no one can tell which is which,
now your great-grandfather is dead.

It was only a thought,
someday I will bring the other,

as he placed his jar
on the floor of the ox-stall;

Balthasar had offered the spikenard,
Melchior, the rings of gold;

they were both somewhat older than Kaspar
so he stood a little apart,

as if his gift were an after-thought,
not to be compared with theirs;

when Balthasar had pushed open the stable-door
or gate, a shepherd was standing there,

well—a sort of shepherd, an older man with a staff,
perhaps a sort of night-watchman;

as Balthasar hesitated, he said, Sir,
I am afraid there is no room at the Inn,

as if to save them the trouble of coming further,
inquiring perhaps as to bedding-down

their valuable beasts; but Balthasar
acknowledged the gentle courtesy of the man

and passed on; and Balthasar entered the ox-stall,
and Balthasar touched his forehead and his breast,

as he did at the High Priest’s side
before the Holy-Presence-Manifest;

and Balthasar spoke the Great Word,
and Balthasar bowed, as if the weight of this honour

bent him down, as if over-come
by this overwhelming Grace,

and Balthasar stood aside
and Melchior took his place.

And Melchior made gesture with his hands
as if in a dance or play,

to show without speaking, his unworthiness,
to indicate that this, his gift, was symbolic,

worthless in itself (those weighty rings of gold),
and Melchior bent and kissed the earth, speechless,

for this was the ritual
of the second order of the priests.

And Kaspar stood a little to one side
like an unimportant altar-servant,

and placed his gift
a little apart from the rest,

to show by inference
its unimportance in comparison;

and Kaspar stood
he inclined his head only slightly,

as if to show,
out of respect to the others,

these older, exceedingly honoured ones,
that his part in this ritual

was almost negligible,
for the others had bowed low.

(Hilda Doolittle)

Illustration: Albrecht Durer

 

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